Annoncé numéro 1 de la Draft il y a 1 an, comment se fait-il qu’Isaiah Collier se retrouve désormais aussi bas à en entendre certains ? C’est la question à laquelle Sapphire et Penny vont tenter de répondre en proposant un scouting report complet du guard tanké de USC.
Les qualités
La première chose à savoir avec Isaiah Collier est son profil physique de buffle. C’est avant tout ça que vous achetez avec lui et qui a fait de lui un candidat au 1st pick avant la saison universitaire. Avec une taille supérieure à pas mal de meneurs, couplée à une puissance rare chez un prospect et des qualités athlétiques (vitesse/explositivité/jump) très sérieuses, il est certain qu’il n’aura aucune lacune à ce niveau en NBA, bien au contraire.
Il utilise d’ailleurs parfaitement cet alliage, combiné à un plutôt bon toucher au près, pour se placer comme un des meilleurs finisseurs au cercle de sa cuvée. Sans être ultra créatif non plus, ce n’est pas un finisseur stéréotypé et il est capable de trouver certains angles intéressants. Il adore notamment le reverse lay-up, parfois même main gauche. Le trojan d’USC possède une qualité très rare pour un joueur de son âge: sa capacité à encaisser le contact au cercle.
Notamment grâce à son profil physique déjà presque fini, il provoque beaucoup de lancers (5.8 par match, soit un FTr de 49.7%, ce qui en ferait un des tous meilleurs de NBA), le rendant dur à arrêter une fois lancé. Une machine à décalage théorique donc, que ce soit par lui-même ou sur l’attaque de close-out après renversement. Comme la majorité des joueurs de son genre, Isaiah Collier est un joueur idéal sur contre-attaque. Avec sa tonicité, son bon dribble et sa vitesse, il est très performant pour jouer sur open court, lui qui est capable de scorer comme de passer sir le repli adverse est vraiment bon.
Parlons maintenant de son jeu de passe : que penser de son playmaking ? S’il y a un bien un aspect où Isaiah Collier excelle, c’est le drive and kick. Une fois lancé à 200 à l’heure en pénétration, il sent très bien le jeu et arrive à voir les coéquipiers ouverts quand les défenseurs s’accumulent sur lui. Elle est là, sa force principale : la rim pressure qu’il impose et qu’il arrive déjà exploiter, une qualité valuable et recherché dans la NBA actuelle.
On note également de vraies capacités de passeur sur P&R, notamment sur les passes de lob. Pas encore élite, mais déjà de très bonnes bases. Enfin, on note des passes ratées, trop audacieuses, mais qui dénote d’une certaine créativité chez le joueur qui ne demande qu’à polir tout ça.
Isaiah Collier est donc un buffle avec la détente d’un kangourou. Le joueur possède des atouts physico-athlétiques largement suffisants pour prétendre être un défenseur de qualité, même en NBA. C’est surtout on-ball, sur le POA, où il montre des flashs très impressionnants. On voit Isaiah Collier utiliser à bon escient son physique pour tenir en 1v1 les meilleurs joueurs de la Pac-12. Il provoque aussi pas mal d’interceptions (1.5), signe d’une bonne compréhension du jeu.
Le joueur comprend ce qu’il se passe sur le terrain autour de lui. Le potentiel est clairement là et son évolution en défense pourrait suivre la trajectoire de Anthony Edwards. Il n’aura pas besoin d’être élite en NBA, mais au moins potable. Si il devient vraiment excellent, c’est un énorme bonus en terme de value.
Les défauts
Isaiah Collier a un potentiel dingue, mais loin d’être sur. Déjà, son plus gros défaut est sa capacité à shooter : 33.8% de loin (décent mais pas bon) et un faible 67.3% aux lancers-francs. Les indicateurs sont pas au rouge mais pas loin pour le tir de loin. Le rouge est conservé pour le mid-range, qui n’est vraiment pas sa tasse de thé et démontre un shotmaking qui va encore demander du travail. Isaiah est donc un excellent driveur mais aussi un joueur qui a du mal à se créer son tir si l’adversaire se trouve être à la hauteur du défi physique que le meneur de USC propose.
Pour ce qui est du playmaking, c’est bien mais largement perfectible. On a 4.3 assists par match pour 3.3 tov par match. Un ratio insuffisant pour prétendre devenir un vrai playmaker titulaire en NBA. Si on a vu que certaines étaient pas si inquiétantes, certaines relèvent d’un mauvais dribble et d’un joueur qui s’empale dans les défenses suite à une tentative de split.
Aussi, sa palette de passing est encore bien mince et Isaiah Collier a du travail à faire sur sa gestion du rythme. Il n’a pas de décélération dévastatrice qu’ont certains et cela peut le gêner dans la manipulation de la défense, notamment sur P&R. En gros, le joueur sur demi-terrain a beaucoup de flashs mais aussi beaucoup de lacunes à travailler vite.
En défense, ça laisse parfois a désiré. Evidemment, le contexte n’a pas joué en sa faveur. Malgré tout, on ne peut s’empêcher de remarquer qu’Isaiah Collier a tendance à se faire avoir par naïveté ou pas flemme, notamment loin du ballon. Le moteur du joueur est impressionnant mais les coups de mous lui arrivent. Bien évidemment, il est normal d’avoir des lacunes dans son jeu défensifs, de faire preuve de naïveté. Cependant, attention à ne pas rentrer dans la case des potentiels très bons défenseurs qui n’ont jamais atteint ce plafond à cause d’un manque d’investissement.
Le range de Isaiah Collier
Le range de Isaiah Collier est au moins aussi large que ses épaules. Chez Envergure, il est 12ème dans le Big Board. Le buffle tombe même en 15 chez B/R et Yahoo! et en 19 chez The Ringer. La dégringolade est totale. Chez ESPN et Tankathon, on est plus mesuré sur la chute et on parle d’une 11ème place, à Chicago. Cependant, il existe encore certains optimistes de Collier comme le Café Crême Sport qui le met 3ème de son Big Board.
Les avis de la rédac’
Sapphire : Personnellement, j’adore Isaiah Collier. Même si les principaux indicateurs (LF%, 3PTS%) indiquent qu’il ne deviendra jamais un shooteur d’élite, j’ai tendance à penser que la réussite aux tirs remise dans le contexte (horrible) de USC me permet de croire en le fait qu’il deviendra un shooteur décent à termes. Surtout, je pense qu’il est plus simple d’apprendre la discipline défensive et le tir de loin que d’avoir un physique aussi tanké doublé d’une sacrée vitesse/agilité/détente chez un jeune joueur.
Sa capacité à provoquer du lancer, son moteur offensif et son physique, ce ne sont pas des choses qui s’apprennent, ou au moins difficilement. Si on prend en compte le fait que le contexte de USC (mauvais coaching, aucun spacing à part Boogie Ellis et DJ Rodman), on peut s’attendre à encore mieux à terme. La question en suspens à mes yeux est de savoir que deviendra-t-il si il ne devient pas une star? Peut-il exister autrement qu’à travers le prisme de star? Je ne sais pas.
Penny : Après les premières semaines de compétition, Collier grattait tout en haut, à la porte des potentielles rares stars de cette cuvée. En effet, après quelques semaines, le meneur tournait à +40% de loin et ça faisait de lui un joueur bien plus complet que ce que l’on en pense aujourd’hui. J’adore vraiment le passing et la créativité qu’il peut avoir. Isaiah Collier sort du cadre même si ça se fait au détriment de l’efficacité pour le moment.
Ce domaine va être l’histoire de sa carrière NBA selon moi, d’autant plus dans cette NBA toujours plus en recherche de rendement offensif. Au-delà du shoot qui pose évidemment question, le toucher de balle n’est pas non plus élite pour l’instant, surtout au vu du FT%. Mais d’autre part, Isaiah Collier est un si bon driveur avec cette capacité ultra impressionnante à encaisser le contact que dans le scénario idéal, il devient avant tout un driveur d’élite à mes yeux et pas forcément un scoreur à 3 niveaux.
Couplé à un défenseur régulier et un joueur qui devient un vrai maestro du P&R. Mais aura-t-il les responsabilités pour exprimer tout ce talent ? Et s’il ne les a pas balle en main, comment impacte-t-il le jeu ? C’est un peu le pari avec lui: si vous le draftez, il lui faut des responsabilités et de la répétition balle en main, mais qui prendra ce risque ?