Dix-septième masse salariale sur 18 l’année dernière, Le Portel a réussi à se hisser a la 8ème place, ex-aquo avec le 6ème Saint-Quentin. Sauf que l’équipe emblématique du nord a changé son équipe à 80% et doit refaire la même chose cette année sans le visage de l’équipe, Benoit Mangin. Alors Eric Girard arrivera-t-il encore à faire des miracles cette année ?
2023-24, une saison qui a fait déjouer les paris
- Betclic Élite : 8e de la saison régulière avec 17 victoires et 17 défaites
- Playoffs : Élimination au premier tour contre Monaco (2-0)
- Coupe de France : Élimination en quart de finale contre Vichy-Clermont
La saison dernière, Le Portel a su raviver l’enthousiasme du Chaudron malgré des contraintes budgétaires. En effet, le club a été obligé de construire son effectif avec des joueurs expérimentés en Pro B, en s’appuyant bien évidemment sur des valeurs sûres comme Benoît Mangin, Charles Abouo, et l’incontournable entraîneur Éric Girard.
Le club a par exemple misé sur Digue Diawara, fort de deux saisons réussies en seconde division avec Quimper et ancien joueur de Pau-Lacq-Orthez en première division entre 2018 et 2021. Les dirigeants se sont également tournés vers des paris audacieux, que ce soit avec Ivan Février et Bastien Vautier. Ce dernier s’est notamment imposé comme le pilier de l’équipe, finissant dans le cinq majeur de la saison avec 14,8 points de moyenne à 70,7% au tir.
Au-delà des performances individuelles, c’est bien le collectif qui a brillé. C’est grâce à celui-ci que le club est parvenu à accrocher les playoffs pour la première fois depuis 2017. Mais face à l’ogre monégasque, les Portelois n’ont rien pu faire malgré une première rencontre disputée. Pourtant, le club n’a pas à rougir de son parcours, tant cette qualification était inattendue.
Le moment fort de la saison est d’ailleurs cette victoire acquise aux dépens du Mans le 28 avril, permettant à Le Portel d’être assuré de participer à la post-season. Ce match était pourtant loin d’être gagné, puisque les Manceaux arrivaient le couteau entre les dents, car ils étaient eux-aussi dans la course aux playoffs.
Pourtant, c’est bien le Portel qui imprime le rythme de la rencontre d’entrée de jeu. Que ce soit avec un contre de Vautier ou un trois points de Desmond Washington, les joueurs d’Éric Girard ont la mainmise sur le début de match (29 à 16 après dix minutes). Malgré le retour du Mans à -2 à la fin du troisième quart-temps, les Portelois semblent invisibles et remportent finalement la rencontre 85 à 76, leur assurant cette qualification inattendue.
𝐅𝐈𝐍 𝐃𝐔 𝐌𝐀𝐓𝐂𝐇 ✅
Oui Messieurs 🤩 Les portelois s'imposent avec classe dans un #Chaudron incandescent et entrevoient ainsi les Play-offs… 👀#MVP 🎖️ @Daviddileo14 18-6-1
🚍 Rendez-vous à Lyon dimanche prochain pour continuer à rêver… 😏 pic.twitter.com/gWkCuO0f97
— ESSM Le Portel (@ESSMbasket) April 28, 2024
Les arrivées et départs
De l’année dernière, il ne reste donc que deux joueurs..
Départs
- Bastien Vautier (vers Cholet )
- Phlandrous Fleming (vers Bonn)
- Edon Maxhuni (vers Strasbourg)
- Desmond Washington
- David Dileo (vers Le Mans)
- Benoît Mangin (vers Le Havre)
- Brison Gresham (retour à l’AEK Larnaca)
- Charles Abouo
Beaucoup de joueurs quittent donc l’équipe puisqu’il n’y a que Digue Diawara et Ivan Février qui restent dans l’équipe. Bastien Vautier veut essayer d’aller le plus haut possible, et c’est en allant à Cholet qu’il aura une opportunité pour jouer la champion’s league. En parlant d’opportunité, c’est Fleming qui a réussi à en avoir une très bonne, en étant recruté par Bonn en Allemagne, équipe ayant gagné la champion’s league en 2023.
Pour Benoît Mangin, ce départ marque la fin d’un amour long de 13 années. Pourtant cette dernière saison dans le Nord a un goût amer, puisqu’il a dû mettre fin à sa saison dès le mois de décembre à cause d’une malformation de l’os du talon. Capitaine exemplaire, « même les personnes ne s’intéressant pas au basket le connaissait » (Dixit @Lebronico, un fervent supporter portelois). Le Portel lui a donné les clés de la ville et a même donné son nom à l’allée amenant au Chaudron. À 35 ans, il découvrira une nouvelle ville, car il jouera au Havre en nationale 1.
Edon et David restent en France également. À Strasbourg pour le premier, qui aura comme rôle d’aider le club à revenir à un très haut niveau. Et au Man pour le second qui aura à cœur de prouver que sa saison au Portel n’était qu’un début. Pour Charles Abouo il n’y a pas d’information, lui qui a également été blessé. Vous pouvez quand même le retrouver à travers un livre qu’il a écrit.
Arrivées
- Lahaou Konaté (provenant des Metropolitans)
- Gaëtan Meyniel (provenant du LMB)
- C.J Kelly (provenant de JB Casale Monferrato en A2 Italienne)
- Idrissa Ba (provenant de Pau Orthez)
- Christopher Ebunangombe (provenant du Pôle france)
- Jess Esso Essis (provenant des Metropolitans)
- Deandre Gholston (provenant de Oroszlanyi en Hongrie)
- Izan Le Meut (en prêt par Quimper et ayant évolué en espoir à l’ASVEL l’année dernière)
- Jack Nunge (provenant de Giviova Scafati en A1 Italienne)
- Deandre Pinckney (en provenance de Baken Bears au Danemark)
- Krister Zoriks (en provenance de Socar Petkimspor en Turquie)
Au niveau des arrivées à Le Portel, Eric Girard va encore faire des paris. Avec une augmentation du budget de 350 000 euros, l’ESSM devra prouver que cet argent n’est pas donné pour rien.
Et ils ont utilisé cette augmentation pour prendre Lahaou Konaté. Ancien coéquipier d’un certain Victor Wembanyama aux Metropolitans, le joueur de 32 ans a connu le haut niveau du basket français depuis 9 ans (avec une parenthèse d’un an en Liga ACB en Espagne). Poste 2/3 il est capable d’apporter de belles choses à une équipe comme Le Portel où son expérience fera beaucoup de bien à l’équipe.
Offensivement, Le Portel sera un cauchemar pour ses opposants. DeAndre Gholston a par exemple fait sensation l’année dernière en Hongrie avec une moyenne de 19,1 points par match. En préparation, il s’est déjà imposé comme le meilleur marqueur de l’équipe en tournant autour de 14 points de moyenne. C.J. Kelly, qui évoluait quant à lui en Italie (18,9 points par match), sera également une arme redoutable. DeAndre Pinckney apportera une puissance supplémentaire à l’intérieur, tandis que Gaëtan Meyniel ne manquera pas de foncer en contre-attaque à la moindre occasion, lui qui est un meneur très explosif.
Le Portel mise également sur deux paris intrigants cette saison. En premier lieu, le Letton Kristers Zoriks qui, en plus de ses performances offensives prometteuses, fera valoir sa vision du jeu. Capable de délivrer des passes spectaculaires, Zoriks pourrait bien dynamiser l’attaque, en alimentant notamment Jack Nunge, pivot de 2m10. Ce dernier, véritable tour de contrôle, sera un atout défensif majeur. Il devra s’imposer comme l’une des pièces maîtresses de la défense, surtout dans une équipe où les extérieurs se distinguent par leur capacité à scorer.
Cette saison symbolise surtout un véritable renouveau pour Le Portel, marqué par la jeunesse. À l’exception de Lahaou Konaté, tous les joueurs ont moins de 30 ans. Et hormis Février et Diawara, peu de membres de l’effectif connaissent les exigences de la Betclic Élite. Cela représente un défi de taille pour l’entraîneur Éric Girard, mais on sait que le tacticien Portelois est capable de surprendre.
Deux jeunes joueurs, Izan Le Meut et Christopher Ebunangombe, évolueront d’ailleurs dans un double projet Pro/Espoir, apportant une touche de fraîcheur supplémentaire à cette équipe prometteuse.
Le joueur à suivre : C.J. Kelly
Plusieurs choix peuvent s’imposer à nous, mais c’est bien C.J. Kelly que je vais mettre en avant. Christopher James (et non pas Carl Johnson), a grandi dans une famille de basketteurs à Long Island. L’Américain a passé 4 années à l’université, mais il a changé d’équipe chaque saison. De Norfolk State où il ne joua que 12 minutes de moyenne, puis Albany Great où il put montrer son potentiel avec ses 14.3 points de moyenne en 29 minutes au Massachusetts Minutemen, pour finir en 2022/2023 à UCF Knights où il termine la saison avec 13.3 points à 38.7 à 3 points.
Âgé de 24 ans, il a découvert le niveau professionnel en Italie en 2023 à Monferrato, une équipe du fin fond de la deuxième division italienne. Il a néanmoins pu se mettre en valeur, en finissant avec 18,9 points, 4,1 rebonds et 2,8 passes décisives par match. On parle ici d’un ailier athlétique qui peut être également une menace derrière l’arc (38,5% à trois points l’année dernière). Néanmoins, il ne faut pas s’attendre à le voir prendre beaucoup de tirs près du cercle, lui qui est un pur produit de la génération Steph Curry.
Alors préparez-vous à du spectacle à Le Portel. Il pourra artiller de loin et les défenses adverses devront le serrer de prêt. Maintenant, saura-t-il apprivoiser les défenses de Betclic Elite ? Il lui faudra sûrement un peu de temps d’adaptation. Mais il peut faire des ravages.
Petit souci, sa défense qui est un peu trop permissive. Éric Girard devra trouver la bonne façon de l’utiliser pour ne pas avoir de soucis dans sa raquette.
L’avis du rédacteur
Après une année de toutes les surprises. Le Portel repart encore une fois quasiment à zéro. Avec seulement 2 joueurs étant là l’année dernière. Ils devront apprendre à se connaître pour surnager dans une Betclic Élite avec moins de concurrence, car il y aura 16 équipes au lieu de 18 les autres années. Et à part Lahaou Konaté, Kristers Zoriks et Deandre Pinckney, tout le reste de l’équipe découvrira le niveau européen. Car il ne faut pas oublier que les Portelois joueront la FIBA Europe Cup, l’antichambre de la Basketball Champions League.
Mais malgré la jeunesse de l’équipe. Il y a quelqu’un à ne pas sous-estimer. C’est le coach Girard qui ne lâchera jamais rien et sait sortir le meilleur de ses joueurs. N’oublions pas qu’il a su utiliser Nadir Hifi comme il fallait, alors qu’aucune équipe ne voulait de lui.
Entre forte individualité et non connaissance de la Betclic Élite, il faudra trouver la bonne formule pour faire fonctionner tout ce beau monde. Néanmoins, les carnavaleux du Portel ne se laisseront sûrement pas faire. Surtout chez eux, avec un public aussi chaud qu’au Chaudron.