Non, nous ne sommes pas de retour en 2021. Et pourtant, la France et les États-Unis vont se rencontrer une nouvelle fois en finale des Jeux Olympiques. Un scénario absolument inattendu. Qui va repartir de Paris avec la médaille d’or? Voyons cela ensemble avec une preview du match pour le titre le plus prestigieux du basketball international.
La route vers la finale
Avant les Jeux Olympiques, le moral n’était pas au beau fixe ni pour la France, ni pour les États-Unis. Après une préparation désastreuse qui s’est ponctuée par une série de défaites pour les Bleus, les observateurs ne pouvaient pas s’empêcher de remettre en cause la stratégie de Vincent Collet et son schéma de jeu. Si l’objectif était une place en quart, il était difficile de s’imaginer l’équipe aller plus loin avec sa manière de jouer.
Pendant ce temps, les Américains avaient remporté tous leurs matchs, mais n’avaient pas été très convaincants, se faisant secouer par l’Australie, le Soudan du Sud et l’Allemagne. Steve Kerr était remis en question, tout comme le sérieux de l’approche de la Team USA. Les Avengers restaient les favoris pour la médaille d’or, mais attention à ne pas se relâcher.
Placée dans le groupe B, la France s’est qualifiée, mais n’a pas brillé. Une victoire poussive face au Brésil, puis une miraculeuse face au Japon ont ensuite été suivies par une humiliation face à l’Allemagne. La France termine 2e de son groupe, mais ne semble toujours pas avoir rectifié le tir. L’ambiance semble délétère au sein du groupe, et le scepticisme grandit quant à leurs chances d’aller plus loin.
C’est le contraire pour les États-Unis, qui ont démontré l’étendue de leur talent contre la Serbie, le Soudan du Sud et Porto Rico dans le groupe C. Le style de jeu et les décisions fortes du coach Kerr semblent porter leurs fruits, alors que la Team USA termine 1er de son groupe et est la meilleure équipe de la phase préliminaire.
Avant le quart de finale contre le Canada, il y a eu un déclic au sein du groupe. La blessure de Rudy Gobert force Collet à prendre une décision forte : mettre le triple défenseur de l’année sur le banc en la faveur de Guerschon Yabusele. Isaïa Cordinier a démontré beaucoup de potentiel lors du match face aux Allemands, et est titularisé à la place d’Evan Fournier. Avec un plan de jeu mettant en avant un style plus physique et la force de ses intérieurs, la France bat de manière convaincante le Canada, puis dans un match rugueux et axé sur la défense, prend sa revanche sur l’Allemagne pour atteindre la finale pour la 4e fois de son histoire.
De son côté, les Américains éliminent le Brésil sans grande difficulté avant de croiser à nouveau la route du vice-champion du monde. Dans une rencontre déjà mythique, où la Team USA était menée par la Serbie pendant la majeure partie du match, Stephen Curry, LeBron James et Joel Embiid ont formé le trio qui a surmonté un retard de 17 points afin de s’imposer et de se qualifier pour la 18e finale de son histoire.
Les joueurs à suivre
Pendant le tournoi, Kevin Durant a fait l’éloge de LeBron, qui est plus qu’un simple joueur de basket-ball pour cette équipe, et qui met la peur dans les yeux des adversaires, les faisant agir différemment parce qu’ils sont face à LeBron James. Et lorsque vous essayez de le provoquer, comme l’a fait Bogdan Bogdanović, vous finirez par le regretter.
Le même type de peur était palpable lors de la demi-finale entre la France et l’Allemagne, jeudi. Bien que le jeu de Victor Wembanyama n’ait pas été rempli de statistiques incroyables, sa capacité à protéger le cercle a été cruciale pour la défense de la France, car les Allemands essayaient clairement de l’éviter et commençaient à trop penser à leurs pénétrations. Comme Dennis Schröder peut l’attester, personne ne veut se retrouver sous le panier avec Victor qui est en place pour contrer.
C’est le passé et le présent du basket-ball, face à l’avenir du basket-ball. Ces deux stars sont capables de remplir les feuilles de statistiques en un rien de temps, de sorte que ce match ne se résumerait pas nécessairement à la question de savoir qui marque le plus.
LeBron a réalisé un triple-double en demi-finale contre la Serbie, tandis que Wemby a marqué 11 points, pris 7 rebonds, délivré 4 passes décisives et effectué 3 contres, en plus d’un gros tir à trois points pour mettre l’Allemagne hors de portée. Ce dont manque Wemby en revanche, c’est la maturité dans son jeu. Il a tendance à forcer les tirs au lieu de jouer dans le rythme du match. Un problème que LeBron n’a plus depuis très longtemps. Dans une équipe surpuissante, il est plus calme, plus posé.
La France a tenté de mettre en place une équipe de grande taille, en associant Rudy Gobert et Victor Wembanyama pour disposer à tout moment d’une protection de 4 mètres dans la raquette, mais il s’est avéré qu’ils n’étaient pas assez productifs sur le plan offensif. Les joueurs français avaient tendance à se marcher dessus, le placement des Bleus sur le parquet n’était pas clair, et la production défensive n’était pas suffisante pour justifier une obstination.
L’entraîneur Collet avait prévu un changement d’équipe pour les matches les plus importants, lorsque l’équipe est arrivée à Paris, et la blessure de Rudy l’a contraint à s’appuyer sur ce changement. En regardant les quarts de finale et les demi-finales, il semble que le sélectionneur depuis 2009 ait eu raison.
L’entrée dans le 5 majeur de Yabusele a donné à la France un peu plus d’espace offensif, et ses qualités athlétiques lui ont permis d’être une équipe défensive physique. Puis, sorti de nulle part, Cordinier a joué deux matchs incroyables, devenant le feu follet dans le périmètre. N’oublions pas également Evan Fournier, qui se sent très à l’aise dans son rôle de 6e homme. Si Cordinier, Yabusele et Mathias Lessort peuvent surpasser les « role players » des États-Unis, la France pourrait rendre les choses intéressantes en finale.
Les styles de jeu
Il est très difficile de considérer Devin Booker ou Anthony Edwards comme de simples role players. Et c’est ça qui fait peur. À tout moment, un joueur américain peut prendre le contrôle de la rencontre à lui tout seul. Curry a eu un très mauvais tournoi jusqu’à la demi-finale où il a réalisé un match légendaire. Sur le papier, les États-Unis disposent de bien meilleurs marqueurs et passeurs que les Tricolores. Ces derniers, outre les bons chiffres de Cordinier, ont eu du mal à shooter, surtout à longue distance. Les Bleus manquent également de meneurs de jeu organisateurs, comme l’expliquent leurs nombreuses pertes de balles.
La France est un meilleur groupe sur le plan défensif, les États-Unis devront donc se montrer physiques au poste bas contre Yabusele, Mathias Lessort et Wembanyama. La pression est donc sur Embiid, Anthony Davis et Bam Adebayo qui vont devoir contenir les intérieurs français et forcer les Bleus à prendre plus de tirs extérieur grâce à une pression plus aggressive.
L’objectif de la France pour gagner ce match serait de limiter les points de contre-attaque, car les États-Unis en ont en moyenne 17,4 par match, et leur grande progression dans le quatrième quart-temps contre la Serbie a été alimentée par toutes les erreurs commises par leurs adversaires sur le plan offensif.
En limitant les pertes de balle et en éliminant les tirs de mauvaise qualité, on empêche les États-Unis de courir. Problème, la France est l’équipe qui a perdu le plus de ballons avec 72, et la quatrième plus haute moyenne du tournoi. Sans meneur maestro qui peut dicter le tempo et calmer les joueurs, comment limiter ces erreurs ? C’est à Collet de trouver la solution.
Les bons tirs sont importants pour la France, non seulement parce qu’ils ont plus de chances de rentrer, mais aussi parce qu’elle est une excellente équipe au rebond offensif, avec 10,8 rebonds offensifs par match, ce qui lui permet d’obtenir 15,0 points de seconde chance chaque soir. Un bon tir n’est pas seulement un shoot avec une haute probabilité de rentrer, c’est aussi un où les coéquipiers sont en place.
C’est pourquoi les rebonds seront déterminants dans ce match. Si la France les gagne, elle obtiendra les secondes chances qu’elle aime tant. Si les États-Unis les gagnent, ils auront des possibilités de marquer en contre-attaque et en utilisant la vitesse qu’elle adore.
Comme nous l’avons vu tout au long de ce tournoi, aucune équipe ne peut suivre les Américains lorsqu’ils jouent à leur meilleur niveau. Jeudi, ils ont montré un nouveau niveau que même l’entraîneur n’a pas manqué de saluer après le match. Il est difficile de se reposer sur ses lauriers lorsque l’on joue pour la médaille d’or contre les hôtes du tournoi, sous les yeux du monde entier.
Après avoir survécu à la frayeur des demi-finales, je m’attends à ce que les Américains se concentrent sur le match de la médaille d’or contre la France. Nous avons douté à plusieurs reprises de ces Bleus, et elle nous a prouvé le contraire à de multiples occasions, et sur un match, tout peut arriver. Mais il reste le plus probable que ce soit la Team USA qui remporte sa 17e médaille d’or au basket.