Après un début de saison réussi pour les Lions de Genève, 4 victoires en autant de matchs, Le Roster vous propose un entretien avec le coach de l’équipe, Patrick Pembele. Le coach des Lions ne cache pas les objectifs du club qui aspire à rivaliser avec Fribourg Olympic. Néanmoins, il sait qu’il y a encore beaucoup de travail pour y parvenir.
Comment analyser ce bon début de saison ?
Je ne m’étais pas fixé d’objectifs du style gagner les trois premiers matchs ou n’en perdre qu’un. Je crois qu’il faut prendre match après match voire semaine après semaine. J’ai pris cette habitude quand je travaillais en tant qu’assistant de Thibaut Petit à Fribourg Olympic. Il faut toujours prendre la prochaine échéance et tout donner à ce moment-là. Mais c’est vrai que c’est réjouissant pour la suite de voir que les choses fonctionnent relativement bien d’emblée.
Si on se fixe des objectifs trop précis sur le long terme, on prend le risque d’être déçu en fin de compte et ce n’est pas ce qu’on souhaite. On veut garder cette énergie positive et continuer sur cette lancée. Pour le moment ça fonctionne bien et on veut continuer de progresser ensemble.
Par exemple, au début de la saison, je voyais nos jeunes être plus expérimentés que ce n’était le cas. Pas forcément dans l’attitude, mais sur la compréhension du jeu. Maintenant ça va dans le bon sens et c’est le principal.
Le fait d’avoir travaillé avec Fribourg Olympic t’aide-t-il pour inculquer une culture de la gagne à Genève ?
Premièrement, je tiens encore à remercier Fribourg et Thibaut Petit. J’ai beaucoup appris à ses côtés. Que ce soit sur le basket, le coaching ou tout ce qui gravite autour d’une équipe du niveau de Fribourg.
Maintenant, sportivement on est dans la bonne direction, l’effectif est bon et je pense pas qu’on se soit trompé au moment de constituer l’équipe. Mais le succès ça ne passe pas uniquement par le sportif. Il y a tout l’aspect gestion du club par les gens qu’on ne voit pas sur le terrain.
J’ai appris ça à Fribourg, malgré les changements de coachs et de président, l’équipe a su garder son identité et c’est ce qu’on doit faire ici à Genève. Pour le moment l’équipe n’a pas retrouvé le statut qu’elle avait au moment du départ de Imad Fattal (ancien président des Lions). A ce moment-là, les Lions sortaient d’un doublé et étaient un véritable rival pour Olympic. Depuis, on cherche à recréer cette dynamique et pour cela, il faut s’inspirer de ce qu’ils font à Fribourg. Malgré les changements de coachs et de président, ils ont réussi le triplé donc c’est possible pour nous aussi.
Qu’est-ce qui va faire la différence contre Fribourg ?
À l’heure actuelle, on ne peut pas battre Fribourg sur une série de playoffs. L’équipe de Thibaut Petit a su garder ce noyau dur de 9-10 joueurs et c’est ce qui leur permet d’être aussi performant, que ce soit en Suisse ou même en Europe où ils ont très bien commencé leur épopée avec deux victoires en trois matchs.
Ce sont les automatismes et la constance qui peuvent nous permettre de rivaliser avec eux. Pour le moment, on ne les a pas encore, mais comme j’ai dit, on progresse chaque semaine et c’est là-dessus qu’il faut construire. Comme je l’ai dit avant, il faut que toute la structure suive et progresse.
On est sur la bonne voie et il est clair qu’on veut leur poser des problèmes en fin de saison. Mais c’est un long processus et il faut savoir être patient et réaliste. L’objectif est de rivaliser avec eux, que ce soit cette saison ou pour les années à venir.
Les Lions de Genève sont-ils les seuls à pouvoir concurrencer Fribourg Olympic ?
Alors je n’aime pas parler pour les autres équipes mais au regard de ce qu’il se passe dans le championnat, je dirais que oui. Mais les choses peuvent rapidement changer quand je pense à Massagno ou Monthey. Il suffit qu’ils récupèrent leurs blessés et qu’ils amènent un nouvel étranger qui performe et c’est toute la dynamique qui change.
Mais si je regarde les effectifs actuels je ne pense pas que ce soit présomptueux de dire ça. Mais je pense que Fribourg reste au-dessus du reste et qu’il faudra être très solide pour aller les chercher, que ce soit nous ou une autre équipe.
La vérité d’aujourd’hui n’est pas celle de demain et c’est pour ça que c’est très important de ne pas voir trop loin. Tellement de choses peuvent changer dans le sport que je pense qu’il est essentiel de voir petit à petit les choses. Cela dit, à l’instant T, c’est vrai que je ne vois pas qui pourrait rivaliser avec Olympic.
Que faut-il améliorer pour le reste de la saison ?
C’est le début de la saison donc évidemment qu’on veut progresser dans tous les domaines. Néanmoins, je pense que notre vitesse de jeu doit être plus régulière. On se doit de jouer vite pour mettre nos qualités en avant. Cependant, c’est vrai que jouer vite peut amener à des pertes de balles et c’est un aspect du jeu qui n’est pas négligeable.
Mais il faut savoir garder son identité de jeu et travailler dessus pour gommer tous les petits défauts. Par moment, j’ai eu l’impression qu’on ralentissait trop le jeu par peur de perdre le ballon. C’est compréhensible mais la vitesse de jeu doit être notre point fort. Elle permet de déstabiliser une défense en les forçant à commettre des erreurs de placement et c’est là-dessus qu’il faut appuyer.
Si on arrive à dérégler les défenses adverses ça va être un vrai plus pour nous. Mais il n’y a pas que là-dessus que l’on doit travailler. Je pense notamment à l’aspect défensif. Pour le moment, c’est encore trop individuel comme manière de défendre et de travailler dans ce domaine-là. On doit défendre comme un groupe pas comme des individualités et pour le moment, ce n’est pas encore le cas.
Sur quoi construire votre succès ?
Le fait que les joueurs soient à l’écoute du projet et toujours prêts à aller dans le sens du collectif. On travaille énormément sur le choix de la bonne décision dans telle ou telle situation. Cela nous permet de nous concentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire faire le bon choix en match, peu importe que ça rentre ou pas. Finalement, ce n’est pas ça le plus important, car la réussite peut varier d’un match à l’autre. En revanche, quand tu sais toujours comment agir dans une situation précise, tu simplifies ton jeu et donc tu maximises tes chances de réussite.
En plus de cela, on travaille beaucoup notre jeu de passe, c’est quelque chose de très important pour l’équipe. Avec mon assistant, Hanot Zabaleta, on met l’accent sur la circulation de balle. Quand elle circule bien, les défenses adverses ont presque toujours un temps de retard sur notre attaque et cela nous permet de profiter des espaces. C’est pour ça que la vitesse est très importante pour nous. En jouant vite et en multipliant nos passes on peut vraiment poser des problèmes à n’importe quelle équipe.
Je tiens aussi à souligner le travail de Hanot. Il est remarquable dans sa compréhension du jeu et il est d’une grande aide pour l’équipe et pour moi. Je connais le basket suisse et ce qu’il se fait ici. Depuis plusieurs années, j’ai eu l’occasion de remarquer pas mal de choses. Mais c’était important pour moi d’avoir un assistant avec un point de vue différent Il amène toute sa vision, un petit côté hispanique au basket et énormément de circulation de balle. Ce sont tellement d’éléments importants et qui pourraient s’avérer décisifs pour nous tout au long de la saison.
Pour Patrick Pembele, les possibilités de succès sont réelles. Néanmoins, pour y parvenir un long chemin doit être parcouru, que ce soit par lui, ses joueurs ou même le club. Cela dit, avec la vision qu’il a pu développer à Fribourg, il est certain que Pat parviendra à inculquer certains principes fondamentaux à la réussite de son équipe. La saison est encore longue, mais les Lions aspirent à de grandes choses et la présence de l’ancien joueur à la tête de l’équipe pourrait assurément mener l’équipe à de grandes choses.