Avec de nombreuses recrues, un nouveau coach, l’ouverture d’une section féminine, un logo réinventé et la découverte de la compétition la plus prestigieuse du vieux continent, le Paris Basketball entre dans une nouvelle dimension cette saison. Mais, pour un club aussi jeune, cela peut parfois être compliqué de franchir ce cap. C’est en tout cas ce qui découle des premiers matchs de la formation parisienne.
Des débuts alambiqués hors des terres parisiennes
Vice-champion de France, vainqueur de la Leaders Cup ainsi que de l’EuroCup, le Paris Basketball s’est fait un nom pour de bon l’année dernière. Avec Monaco, le club de la capitale fait figure de favori pour le titre cette saison en Betclic Elite. Une ascension d’autant plus impressionnante que le club n’existe que depuis six ans, et est passé tout près de ne jamais connaître ce destin européen il y a deux ans.
« Pour nous, c’est une fierté d’être arrivés à ce niveau si rapidement. En six, et bientôt sept ans, on a déjà atteint le niveau de l’EuroLeague. Donc c’est ce que je dis à tout le monde, c’est une immense fierté, surtout quand on voit tout le chemin parcouru qui a été semé d’embuches. On a failli être relégués en 2022 et là, c’est que du bonheur de voir où on est arrivé aujourd’hui. […] Peut-être qu’on ne détrônera pas Monaco dès cette année, ils ont toujours deux fois notre budget, mais c’est plus un objectif à long terme. »
Redouan Slouani, capitaine des Parisiis
Un statut de contender que le club garde malgré le départ de son coach, Tuomas Iisalo qui a rejoint les Grizzlies en NBA. Pour le remplacer, les dirigeants parisiens ont choisi un entraîneur qui effectue sa première saison en tant que head coach en la personne de Tiago Splitter.
Un choix qui peut sembler plutôt osé, mais qui vise à faire grandir l’entraîneur en même temps que l’équipe. D’autant plus que le Brésilien connaît bien l’EuroLeague, dont il a pu atteindre le Final Four à quatre reprises lors de sa carrière de joueur avec Baskonia. Ce qui n’est pas le cas du club et des joueurs qui, pour la plupart (11/15), découvrent la compétition cette année et compteront énormément sur l’expérience de leur coach pour y performer.
Du côté de l’effectif, les Parisiens ont gardé leur colonne vertébrale intacte, T.J. Shorts, Nadir Hifi ou encore Tyson Ward continuent l’aventure. Cette stabilité, couplée aux arrivées de Yakuba Ouattara, Maodo Lô, Léopold Cavalière, Daulton Hommes et Kevarrius Hayes ont fait naître une vraie hype dans la capitale et beaucoup de gens montent dans le train.
« J’ai trouvé qu’on a fait un très bon mercato. […] On a fait des paris sur des joueurs qui étaient blessés les années précédentes. Mais personnellement, je suis content de l’équipe qu’on a aujourd’hui. On a gardé notre noyau dur, et on y a ajouté des gars qui ont de l’expérience en Euroleague donc c’est clairement un bon mercato. »
Redouan Slouani
Malheureusement, l’équipe de la capitale va caler d’entrée en LNB. En effet, alors qu’ils se rendent à Dunkerque pour l’ouverture de leur saison, les Parisiens – pourtant ultrafavoris – tombent sur un os. Comme un symbole, les nouvelles recrues peinent à trouver leur rythme pour la première rencontre officielle de Splitter. Seuls T.J. Shorts et Nadir Hifi surnagent en attaque et permettent à Paris de ne pas sombrer. Mais il n’y a rien à faire, la défense prend l’eau et les vice-champions de France s’inclinent 89-85 pour leur entrée en lice.
Il faut attendre une semaine supplémentaire pour voir le premier succès de ce PB new look. En déplacement à Chalon, la formation de la capitale se rattrape en martyrisant la défense bourguignonne et inscrit la bagatelle de 102 points. Le compteur de victoires est débloqué, et les fameuses recrues semblent déjà s’adapter au jeu du championnat français.
Tiens, en parlant du jeu, Paris semble vouloir s’appuyer sur la jeunesse et la fougue de son effectif. La formation de Tiago Splitter joue encore plus vite que la saison dernière. Sur ce début de saison, le club de la capitale a la pace la plus élevée de toute la ligue, lui permettant d’être la troisième meilleure attaque de LNB. Mais Paris a beau flamber de ce côté du terrain, c’est en défense que le bât blesse puisque l’équipe ne possède que la 11e meilleure défense du championnat. Cela est d’autant plus dommageable qu’ils étaient très de ce côté du terrain la saison dernière (5e defensive rating).
Un retour mouvementé à l’Adidas Arena
Effectivement, les Parisiens ont souvent tendance à se retrouver dépassés et encaissent beaucoup trop de points (89 puis 87 pour leur entrée en lice en Betclic Élite). Un point d’inquiétude qui s’est confirmé lors de la première rencontre de l’histoire du club en EuroLeague. Face à l’Étoile Rouge de Belgrade, Paris fait la course en tête après une première mi-temps aboutie à l’issue de laquelle les coéquipiers d’un Maodo Lô en feu (10 points à la pause) mènent de huit unités.
Mais, au retour des vestiaires, le PB va progressivement prendre l’eau au fil du match. Très adroits derrière l’arc, les Serbes font pleuvoir les tirs à longue distance et punissent toutes les erreurs défensives des protégés de Tiago Splitter, qui n’a pas su trouver les ajustements nécessaires face à l’attaque de Belgrade. Un aspect du jeu qu’il a pu évoquer suite à la rencontre de ce week-end en Betclic Élite.
« On doit s’améliorer. […] On doit être plus alerte et plus agressif de ce côté-là du terrain. On doit mieux réussir sur les close-out. Le basket est un jeu de close-out. On doit aussi être plus intelligents sur notre manière de défendre, en s’adaptant aux joueurs qu’on a en face, si c’est un shooter, s’il a plutôt l’habitude de partir à droite ou à gauche, on doit faire attention à tous ces détails avec tout le staff. »
Tiago Splitter
Malgré l’accélération de leurs adversaires du soir, les Parisiens restent au contact au tableau d’affichage avant de définitivement plier dans les derniers instants de la rencontre. Une défaite qui, bien qu’elle laisse un goût amer, est porteuse d’encouragements pour la suite du parcours européen du club. Notamment car il ne faut pas oublier que le Paris Basketball aurait très bien pu s’imposer et comptait même jusqu’à treize points d’avance lors du troisième quart-temps.
Paris est tout simplement tombé sur une équipe plus forte, plus expérimentée et plus adroite qu’elle. Et puis perdre en EuroLeague, pour la première saison du club dans la compétition, ce n’est pas ce qu’il y a de plus dramatique; comme nous l’a expliqué Rédouane : « Ce qu’on veut pour cette saison, c’est avoir le rôle de l’équipe que personne ne veut jouer. On espère avoir ce rôle d’underdogs comme on dit« .
THREAD : Analyse des erreurs défensives du Paris Basket contre l’Étoile Rouge de Belgrade pic.twitter.com/yMakMsM7vZ
— Lukas (@Lukas_Fkw) October 6, 2024
Par contre, la formation de la capitale ne peut laisser aucune place au doute en Betclic Élite. Compétition dans laquelle elle disputait son premier match à domicile de la saison ce week-end à l’occasion de la réception du promu La Rochelle. Sans T.J. Shorts, le PB rentre doucement dans sa rencontre avant de passer devant, mais sans jamais vraiment prendre le large au tableau d’affichage.
En effet, la défense des franciliens plie en transition, permettant aux Rochelais de rester au contact. Mais c’est bien Paris, emmené par un Tyson Ward très adroit (4/7 à 3 points) et un Nadir Hifi qui se mue davantage en playmaker en seconde mi-temps (6 passes décisives au final), qui parvient à rester devant pendant toute la seconde période. Maladroit pendant la quasi-totalité du match, Hifi sort de sa boîte au meilleur des moments pour réussir son seul tir primé de l’après-midi (après huit échecs consécutifs) à deux minutes du terme et clore la rencontre pour de bon.
🤯 | Ça rentre enfin pour Nadir Hifi ! 🔝💯#BetclicElite pic.twitter.com/RfMkLSsYTC
— DAZN France (@DAZN_FR) October 6, 2024
Cette victoire vient rassurer sur l’état de forme actuel de l’équipe, qui a su s’imposer malgré l’absence de son MVP en titre. D’ailleurs, Tiago Splitter a fait le choix d’utiliser une rotation très équilibrée, avec des temps de jeu répartis à la seconde près. Ce qui a donné l’occasion à des joueurs comme Bandja Sy, auteur de deux gros tirs en fin de match, ou encore Léopold Cavalière, qui a très bien défendu lorsqu’il était sur le parquet, de se montrer.
« Ça fait partie de la stratégie. C’est une longue saison, avec beaucoup de matchs. En donnant des minutes à tout le monde, ça crée un équilibre. On ne veut surtout pas que certains joueurs soient en surrégime » expliqué Tiago Splitter à ce sujet en conférence de presse. Des propos qui justifient dans le même temps l’absence de Shorts, touché à la cheville vendredi dernier contre Belgrade, et dont la présence n’est pas encore assurée pour la deuxième journée d’Euroleague.
Après un été mouvementé, marqué par de nombreux changements, le Paris Basketball était attendu au tournant. Malgré un effectif alléchant sur le papier, les supporters n’ont pas vraiment eu l’occasion de s’enflammer, mais n’ont aucune raison de s’inquiéter pour autant. L’équipe est encore jeune, tout comme le coach, et devrait monter en puissance au fil de la saison.
[…] que le PB franchit un cap et entre dans une nouvelle ère à l’entame la saison 2024/25, on ne peut pas vraiment en dire autant pour les Nanterriens. […]