Alors que les fans se rappellent déjà avec nostalgie les performances de Guerschon Yabusele, LeBron James, ou encore Gabby Williams aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, il ne faut pas oublier que celles-ci n’auraient pas lieu sans les milliers de membres de l’organisation du tournoi. Pour rappeler cela, et rendre un ultime hommage aux Jeux, Le Roster est allé à la rencontre de trois d’entre eux :
- Mélissa Huleux : Manager en tribunes à la Concorde (basket 3×3 et autres disciplines).
- Grégoire Delarue : Statisticien pour les épreuves de basket 5×5 aux Jeux Olympiques.
- Pierre Salzmann-Crochet : Speaker lors des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 au basket 5×5 ainsi qu’au basket fauteuil.
À Paris 2024, l’excellence était de mise
Si les différentes délégations invitées aux Jeux Olympiques ont envoyé leurs meilleurs athlètes, les membres de l’organisation du tournoi ont été choisis selon ce même principe. En effet, le processus de recrutement est aussi long qu’éprouvant, comme en témoigne Grégoire Delarue, statisticien au Caen Basket Calvados, à notre micro.
« La fédération a envoyé un formulaire de candidature aux statisticiens Français il y a deux ans. On devait être aux alentours de 198 au départ. Il y a eu un premier écrémage sur l’ancienneté des gens, puis sur l’anglais. On a aussi été suivi sur des matchs pendant nos saisons en club. Ensuite j’ai pu effectuer un premier stage, puis un deuxième, jusqu’à ce que j’apprenne, en décembre 2023, que j’étais sélectionné pour les Jeux et que j’allais prendre part à l’aventure. »
Alors que certains auraient tendance à faire retomber la pression une fois l’annonce d’avoir été choisi, à Paris 2024, ce n’est pas permis. De son côté, Grégoire l’a vite compris, et n’a pas perdu de temps pour se mettre au diapason et répondre aux attentes d’un quotidien aussi chargé qu’exigeant.
« Hors des jours de repos, j’étais sur un match par jour, donc 11 matchs en tout. […] À Lille, on avait des navettes, donc on partait deux heures et demie avant le début du match. Une fois sur place, on enchaîne les briefings, d’abord entre statisticiens, puis avec les commissaires et les arbitres. Après ça, on prend le temps qu’il nous reste pour installer tout notre matériel et attendre l’entre-deux.
Les matchs durent à peu près deux heures, donc pour un match à 13h30, on arrive au stade à 11h, quand on rentre il est 17h, avec un seul match, la journée est pliée. Mais le gros du travail se fait surtout dans la préparation. Par exemple, on apprend les numéros des joueurs pour les reconnaître facilement, et être le plus efficace possible lors des matchs. »
Une charge de travail très lourde donc, mais qui ne s’applique pas qu’aux statisticiens. Par exemple, à la Concorde, les sports et les épreuves différentes s’enchaînaient sans relâche. Imposant alors un rythme effréné aux membres de l’organisation, ce que Mélissa Huleux a pu nous raconter :
« On se rend sur place 3h avant le début des épreuves, je m’occupe de briefer les opérateurs et les volontaires. J’attribuais aussi une zone à couvrir pour chacun d’entre eux dans l’enceinte. Ensuite on a toujours pas mal de situations à gérer. Des gens qu’il faut replacer dans les gradins ou des célébrités dont on doit s’occuper par exemple.
[…] Notre site à la Concorde était particulier puisqu’on démarrait à 9h du matin et on fermait à minuit, étant donné qu’on avait plusieurs disciplines à prendre en compte (basket 3×3, breaking, BMX, skateboard). Ça faisait qu’on devait rester constamment à l’affût pour s’assurer que tout allait bien partout, tout le temps. »
Un besoin de toujours rester alerte encore plus criant lors des épreuves de basket 3×3. « Le basket 3X3 avait la particularité d’être organisé en séances très courtes » nous explique-t-elle. « Le public changeait tout le temps entre les matchs. Par exemple, quand le Canada joue, les supporters canadiens s’installent, et une demi-heure plus tard, à la fin du match, ils repartent. Mais j’avais la chance d’avoir une bonne équipe sur laquelle compter pour que tout se passe au mieux dans ces situations. »
Malgré l’ampleur presque indescriptible de l’évènement, l’équipe de Mélissa Huleux a relevé le défi en se montrant à la hauteur des valeurs de partage et d’exigence prônées par l’organisation de Paris 2024. Et ce, même lorsqu’ils devaient faire face à plusieurs litiges en tribunes.
« On a eu quelques litiges à gérer. Par exemple, un parent et un enfant qui ne sont pas placés à côté l’un de l’autre alors que l’enfant est mineur. Ce n’est évidemment pas acceptable et on s’occupait de trouver une solution rapidement en leur trouvant de nouvelles places. On a aussi le cas des personnes en situation de handicap qui oublient de mentionner leur situation au moment où ils commandent. Dans ce cas-là aussi, on doit vite les replacer.«
Une excellence que les sportifs, en particulier au basket, ont bien rendu à leurs fans ainsi qu’aux membres de l’organisation en allant loin dans leur tournoi respectif. Rajoutant par la même occasion un nouveau défi à relever pour certains comme Pierre Salzmann-Crochet, speaker lors du match France – Canada.
« Forcément, on est plus contents quand c’est la France qui marque, mais, même à domicile, il ne faut pas le montrer. On se doit d’être enthousiaste pour les deux équipes. Sur ce match-là précisément, c’est vrai que j’ai montré plus d’enthousiasme pour les Bleus, mais c’est dû au fait que la France ait mieux joué (que le Canada). Si le Canada avait mieux joué, j’aurais fait la même chose pour eux. On essaye toujours de montrer de l’enthousiasme pour l’équipe qui fait les plus belles actions, peu importe si c’est la France, l’Australie ou l’Espagne sur le parquet. »
Paris 2024, un vrai rêve éveillé
Vus de l’extérieur, les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 ont marqué des millions de fans en France. Un sentiment décuplé lorsque l’on fait partie intégrante de l’organisation du tournoi comme Pierre Salzmann-Crochet et Grégoire Delarue ont pu nous raconter.
« J’étais content et je me sentais hyper chanceux d’être là, parmi un groupe de gens qui étaient tous plus âgés et expérimentés que moi. Je ne le ressentais pas trop en amont mais une fois que la compétition était lancée que j’ai eu un vrai sentiment de fierté et de privilège d’être là, surtout en tant que Français. […] C’est un accomplissement pour tout le monde. Du haut de mes 22 ans, c’est magnifique, et ça donne juste envie de pouvoir revivre une telle expérience au moins une fois.«
Grégoire Delarue
« C’était clairement un rêve pour le fan de sport et de basket que je suis. C’était un vrai accomplissement dans le sens où j’ai eu plusieurs problèmes de santé, en plus d’une certaine absence de talent, qui m’ont empêché de devenir pro. Du coup c’est très gratifiant de me dire que j’ai pu réussir à participer aux Jeux de Paris 2024 à ma façon, de la même manière que ce que je fais en Euroleague et en LNB.«
Pierre Salzmann-Crochet
Plus gros évènement planétaire, les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 ont rassemblé et attiré des millions, voire des milliards de personnes. Nos trois intervenants ont pu nous faire part du moment où ils ont pris conscience de l’énormité et de l’ampleur du tournoi duquel ils faisaient partie intégrante.
« Le moment où j’ai commencé à ressentir la grandeur de l’évènement, c’est quand j’e suis allé à un afterwork auquel une responsable de la Concorde m’avait invitée. On était sur une péniche, il y avait tous les gens de Paris 2024. J’ai pu discuter avec des gens qui travaillent sur l’organisation des Jeux depuis déjà trois ou quatre ans. C’est en échangeant avec toutes ces personnes que je me suis rendu compte de tout ce qui allait se passer.«
Mélissa Huleux
« Je me suis retrouvé à être désigné pour le tout premier match des Jeux : Australie – Espagne. Au moment du briefing avec les arbitres, j’ai compris ce qui allait arriver, et quand tu rentres dans la salle tu prends une claque. Tu entends les cris, les chants, tu vois les joueurs que tu as l’habitude de voir à la télé, c’est là que je me suis vraiment rendu compte que j’y étais pour de bon. »
Grégoire Delarue
« Ça s’est fait assez tard, parce que dès qu’on est arrivé à Lille, on a directement eu beaucoup de travail. Je dirais que c’est suite au premier jour off qu’on a eu, celui où on est passés de Lille à Paris. Une fois là-bas, je suis allé à pied jusqu’à Bercy et c’est là que je me suis dit : « Ça y est, tu y es, tu vas animer la France aux JO de Paris. » C’est là que je me suis vraiment rendu compte de la grandeur de ce qu’on faisait.«
Pierre Salzmann-Crochet
Une ambiance géniale
L’ambiance dans les tribunes est un des domaines où ces Jeux ont fait l’unanimité, en particulier le public de Pierre-Mauroy. « On se sent vraiment envahis, à Lille, quand il y a 27 000 personnes qui se lèvent et qui chantent la Marseillaise au milieu d’un match de basket parce que Léon Marchand a gagné la médaille d’or, et que toi tu es au milieu de tout ça, tu te prends une claque » nous confirme Grégoire Delarue.
Du côté de la Concorde, Mélissa Huleux s’est laissé prendre par l’ambiance et a fini par prendre goût au basket 3×3, alors qu’elle n’était pas forcément spécialiste ou fan de la discipline avant le tournoi. Mais il faut l’avouer, le très bon parcours de nos Bleus a beaucoup compté dans ce gain d’intérêt.
« J’étais sur place pour la demi et la finale, c’était fou ! Même si tu ne t’y connais pas forcément, tu te prends dans le truc, surtout grâce à la ferveur des gens. J’étais en tribune donc j’avais la chance d’être au plus près des supporters. D’autant plus qu’au basket 3×3, c’était souvent les mêmes personnes dans les tribunes. Il devait y avoir entre 200 et 300 personnes que j’ai souvent vues dans les gradins. Ça créait un sentiment de proximité, et puis on était tous derrière la France donc au final c’était vraiment cool. »
Mais évidemment, nous sommes en France, donc rien ne pouvait être absolument parfait, même l’ambiance. En effet, le passage de Pierre-Mauroy à Bercy s’est ressenti au niveau de l’intensité du public. Très bien placé pour s’exprimer sur la question, Pierre Salzmann-Crochet préfère accentuer sur la qualité du public lillois, tout en donnant son avis sur les fans Parisiens.
« Des gens disent que le public de Bercy était endormi, c’est complètement faux, surtout pendant les Paralympiques où l’ambiance était folle. C’est vrai que l’ambiance à Lille était indescriptible, et qu’il y avait déjà plus de « VIP » à Paris, mais ce n’est pas forcément une excuse. On a par exemple vu Gabrielle Union, actrice et femme de Dwyane Wade, Jimmy Fallon ou encore Snoop Dogg qui ont tous vécu le truc à fond.
[…] Par contre, c’est clair que pendant la finale masculine, avec 5 minutes à jouer et un score aussi serré, ce n’est pas normal que le public ne pousse pas les joueurs à fond. Peut-être qu’il y avait aussi des gens qui étaient plus là pour voir des stars que supporter une équipe, mais on ne peut pas non plus dire que l’ambiance de Paris était mauvaise.«
Une ambiance qu’il a donc trouvé très bonne, mais qui ne s’est pas arrêtée aux gradins de Bercy et de Pierre-Mauroy. Effectivement, le speaker de Caen, Angers, Mondeville et l’ASVEL a pu nous faire part de la proximité et de l’entente qui régnait en maître au sein de l’équipe d’animation des épreuves de basket :
« C’était une vraie aventure humaine avec les autres membres de l’équipe d’animation. On était tout le temps ensembles. Humainement c’était une expérience incroyable. On a vraiment vécu comme une famille et au moment de se dire au revoir, quand on est partis de Lille alors que certains restaient pour le handball, je ne vais pas mentir, on s’épongeait un peu les yeux. Ça a été très grand sur le plan humain, et encore plus avec le côté effervescence nationale qui a accompagné la compétition.«
Des témoignages qui nous rappellent la chance inouïe que nous avons eu de pouvoir suivre les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, que ce soit de l’extérieur ou bien de l’intérieur. Ce que l’on n’aurait pas pu faire sans la présence et le travail des nombreux membres de l’organisation qui se sont démenés pour nous offrir le meilleur spectacle possible.