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Photo via Icon Sport

Metropolitans 92, du rêve éveillé au cauchemar infernal

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Après avoir vécu une année magique, les Metropolitans redescendent sur Terre. Pire que cela, le club se retrouve plus que jamais en danger. Une situation qui paraissait impensable il y a encore 8 mois quand le club était en finale du championnat. Mais alors comment a-t-il pu sombrer aussi vite ? 

Le géant qui cache le désastre 

Le 4 juillet 2022, les Metropolitans 92 annoncent la signature de Victor Wembanyama. Une arrivée assez inattendue compte tenu du fait qu’il avait tout pour réussir du côté de l’Asvel. Son président Tony Parker expliquait encore quelques jours auparavant que « On veut absolument tout construire autour de lui […] J’espère qu’il va rester ». Cette signature est d’autant plus étrange que déjà à cette période le futur des Mets est remis en question à cause des nombreux désaccords entre les représentants de Levallois et de Boulogne. Steeve Ho You Fat dira même que « On ne connaissait pas l’avenir du club ». 

Le joueur est pourtant séduit par la possibilité d’être le centre du projet dans le club de la région parisienne. Une équipe qui sort alors de plusieurs saisons réussit. Avec seulement une rencontre par semaine, cela représentait pour lui la chance d’avoir du repos entre les matchs, qu’il mettrait à profit pour préparer la draft NBA à venir. C’était également l’opportunité d’être entrainé par Vincent Collet, sélectionneur de l’Équipe de France. Ce dernier, qui était pourtant sur le départ, a souhaité prolonger l’aventure afin de coacher le jeune talent français. 

« J’avais annoncé au club le mercredi que je partais. Je reçois un appel de Bouna N’Diaye (l’un des agents de Wembanyama), qui me dit avoir tenu une réunion avec Victor et sa famille, dont il serait ressorti la volonté que Victor vienne avec moi aux Metropolitans […] L’opportunité était double : travailler avec le plus gros prospect de tous les temps du basket français, ça ne se refuse pas »

Vincent Collet via L’Équipe 

Une saison au paradis

Le reste appartient à l’Histoire. Victor Wembanyama révolutionne le basket en France. Il devient l’attraction numéro une, que ce soit pour les médias nationaux et internationaux. Tout le monde souhaite assister à ces performances. Le club enregistre pour la première fois un taux d’influence de 95% avec 11 matchs joués à guichets fermés. Malgré la faible capacité de Marcel Cerdant (2814 places), c’est le succès. Les rencontres à Bercy et à Rolland Garros viennent confirmer l’engouement. Le club vend également plus de 10 000 maillots cette année-là, floqué majoritairement au nom du géant tricolore. 

D’autant que cet engouement médiatique est confirmé par les résultats sportifs. L’équipe termine la saison à la troisième place et s’incline en finale contre Monaco après avoir éliminé L’Asvel, triple champion en titre. Wembanyama réalise bien évidemment une grande saison en étant élu à la fois MVP, DPOY et meilleur jeune. Mais on assiste également à la montée en puissance de Bilal Coulibaly. L’ailier devient un titulaire indiscutable et voit sa côte grimper en flèche. À tel point qu’il finit par se faire drafter en 7e position de la draft 2023. La sélection de ces deux jeunes permet alors aux Metropolitans de récupérer 1,8 million de dollars. 

Comment le club a-t-il réussi à tomber aussi bas et aussi rapidement ? 

Metropolitans 92
Que ce soit le voyage à Las Vegas ou l’engouement médiatique, tout était irréel l’année dernière (DPII Media via Alamy)

Une gestion financière alarmante 

Le 11 juillet 2023, Luc Monnet — président du conseil d’administration de la société Boulogne-Billancourt Sport Développement qui est propriétaire des Mets — tire la sonnette d’alarme. « Il nous manque deux millions d’euros » explique-t-il au Parisien. Il précise également que « la ville de Boulogne, qui verse déjà deux millions d’euros, ne peut pas supporter toute seule la gestion et le financement d’un club de haut niveau ». 

Les Metropolitans se mettent par conséquent à la recherche de sponsors, partenaires et/ou investisseurs afin de combler ce manque. Une situation qui est d’autant plus compliquée puisqu’il n’y a que Lahaou Konaté qui est sous contrat. Le club annonce quelques jours plus tard avoir trouvé une solution en repartant avec un budget de 5,6 millions d’euros. Cela représente tout de même une baisse de 23% par rapport à la saison précédente. 

Boulogne-Levallois entame donc son mercato estival à une période où la majorité des effectifs sont bouclés. Le club remplace tout d’abord Vincent Collet — parti pour préparer les JO 2024 avec l’équipe de France — par son adjoint en sélection Laurent Foirest. Ce choix surprend sachant qu’il sort alors d’une année manquée du côté de Kemper avec une descente en Nationale 1. Pourtant, le recrutement de dernières minutes est assez bien réussi. Le club signe des joueurs reconnus tels que Axel Toupane ou Jordan Theodore. Et même si les Mets enregistrent une baisse de 30% de leur masse salariale (de 2,4 à 1,7 million), il y a de l’espoir. 

Mais ces derniers vont s’éteindre très rapidement. 

Un échec sur le terrain et en coulisse

Le début de saison est catastrophique. L’équipe commence avec 8 défaites consécutives sur un écart moyen de 16,4 points ! On se souvient par exemple de la débâcle sanglante de 40 points contre Dijon qui venait alors de remporter son premier match. Rien ne fonctionne, tant en attaque qu’en défense. Il n’y a aucun fond de jeu collectif, et chaque joueur cherche à faire ces statistiques pour trouver une opportunité de partir. Un fidèle supporter depuis dix ans explique que « le club n’a jamais été aussi mauvais, aussi faible ». Et les blessures n’aident pas ce groupe à se développer ensemble. 

Les arrivées de Alen Omic et Amar Gegic en cours de saison ne modifient pas la dynamique. Le licenciement de Laurent Foirest après la 11e défaite en 12 matchs ne produit pas l’électrochoc espéré. L’équipe continue d’enchaîner les revers sur le terrain, mais également en coulisse. Les départs des joueurs cadrent se succèdent, à commencer par Dee Boost. S’ensuivent six départs supplémentaires en quelques semaines, avec notamment celui de Jordan Theodore en plein entrainement. Omic, qui n’est resté que trois mois, explique en interview que la situation devenait incontrôlable. 

« Quand vous démarrez la saison avec un bilan de 0-10 (0-8 en réalité), vous ne perdez pas que des matchs : vous perdez du soutien populaire, de la confiance, le respect des adversaires et des arbitres […]  J’avais la volonté, j’ai fait de mon mieux, mais toutes les semaines il se passait quelque chose : le coach a été viré (Laurent Foirest), un autre est parti (Nebojsa Bogavac), un joueur s’en va, un nouveau blessé, etc. Quelque chose de nouveau toutes les semaines (il le répète). Comment gagner des matchs dans ces conditions ? »

Alen Omic via BeBasket 

La situation atteint son paroxysme quand Le Parisien annonce la signature de Matthieu Gauzin à Nancy. Ce dernier souhaite alors utiliser une clause dans son contrat lui permettant de partir dès qu’il le souhaite avant le 10 février. Ce départ entrainerait alors un forfait général des Metropolitans en raison du nombre maximum de contrats pros signés cette saison (16) et du manque de joueurs sous ce contrat professionnel apte à jouer. Finalement refusée par la ligue, la situation reste tout de même préoccupante. Philippe Ausseur, président de la LNB, explique que « la gestion des Metropolitans 92 est vraiment calamiteuse ». Il précise que « Ce n’est pas satisfaisant. Je suis très agacé, et le mot est faible, de cette situation ». 

Metropolitans 92
Jean Paul Besson (au centre) a pris la relève de Laurent Foirest. Mais il ne parvient pas à renverser la tendance, la faute à un déficit structurel trop important (Icon Sport via Getty Images)

Une gestion administrative catastrophique

Ce n’est un secret pour personne : Boulogne-Levallois meurt à petit feu. Mais cela ne date pas d’hier. Le club vit depuis toujours sur les subventions publiques versées par les mairies de Boulogne-Billancourt et de Levallois. Mais le désengagement de cette dernière il y a un an a mis les Mets dans une situation très complexe. Il a longtemps été envisagé un déménagement vers Issy-Les-Moulineaux. La ville possède en effet le Palais des Sports Robert Charpentier. Le problème est qu’il ne peut accueillir que 2228 spectateurs, soit moins que la capacité actuelle de Marcel Cerdan.

C’est donc pour cette raison que le projet d’une fusion avec un autre club francilien a été exploré. Nanterre et le Paris Basketball sont les noms qui reviennent le plus régulièrement ces dernières années, sans succès. On sait d’ailleurs que le PB entretient des relations quelque peu compliquées avec Levallois depuis le transfert avorté de Wembanyama à l’été 2022. 

Toujours est-il que les Metropolitans se retrouvent aujourd’hui dans une situation préoccupante. De nombreux salariés sont dans l’incertitude la plus totale concernant l’avenir de l’équipe francilienne. Un climat d’autant plus compliqué que Levallois possédait encore ces dernières années un centre de formation performant. On peut également regretter le fait que les dirigeants aient misé avant tout sur une participation en EuroCup alors même qu’il aurait pu rejoindre la Champions League, et ainsi obtenir des ressources financières supplémentaires. 

« Il est évident qu’il faut que ce club soit dirigé. Ça nécessitera une ouverture du capital et que la mairie de Boulogne-Billancourt soit moins présente dans la gestion et l’administration du club. C’est primordial pour qu’il y ait un avenir aux Metropolitans 92 »

Philippe Ausseur via BeBasket 

Quel avenir pour les Metropolitans ? 

Un maintien en Betclic Élite relève de l’utopie. Bien trop loin au classement avec seulement 3 victoires en 23 journées, la relégation sportive semble inévitable. Mais c’est pourtant le cadet des soucis des dirigeants. Ces derniers cherchent avant tout à sauver un bateau troué de tous les côtés. Une descente en deuxième division entrainerait une baisse brutale des droits télés, ce qui pourrait bien être fatal pour le futur du club. La structure actuelle ne pourrait pas faire face à ce nouveau coup de massue. Une relégation jusqu’en N1 et actuellement plus qu’envisageable, voire une disparition définitive. 

Il est évident que le club a cherché des actionnaires cet été, en vain. Alors qu’il y a un an il surfait sur la vague Wembanyama, et attirait ainsi la convoitise de nombreuses personnes, ce n’est aujourd’hui plus le cas. La salle Marcel Cerdan est bien évidement trop petite et représente un frein pour l’attractivité des Mets. D’autant plus que le projet de Palais de sports à Boulogne, annoncé en 2019, est à l’heure actuelle au point mort. Plusieurs conseillers municipaux et associations s’opposent à la construction de cette nouvelle salle qui serait évaluée à 70 millions d’euros.

Il est difficile en l’état actuel des choses de voir des investisseurs attirés par cette situation extrêmement compliquée. Ce qui est forcément triste au vu de l’histoire de ce club, qui est le digne descendant du PSG Racing et de Paris Levallois. Après avoir vécu un rêve éveillé, il est peut-être l’heure pour les Metropolitans de connaître un sommeil profond. En espérant que celui-ci ne soit pas éternel.

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