Après une année exceptionnelle avec le Panathinaïkos d’Athènes, Mathias Lessort pourrait bien figurer dans le groupe qui participera aux Jeux Olympiques. En effet, il a été un élément important du Pana en EuroLeague mais surtout dans le Final Four, où il n’a vraiment pas été loin d’être élu MVP de la compétition après une victoire en finale face au Real Madrid. Des performances qui lui permettent aujourd’hui d’être logiquement projeté dans le groupe restreint de Vincent Collet.
La confirmation de son travail
Tout au long de sa carrière, Mathias Lessort a su travailler, cravacher, rebondir dans chaque club où il est passé. Aujourd’hui, tous ses efforts se sont traduits par un titre de champion d’Europe dès sa première saison avec l’équipe grecque. Des performances mémorables, un impact physique intenable, et surtout un coéquipier hors pair dans tous les instants, voici le résumé de la saison formidable du pivot français.
L’ancien petit préféré de la Stark Arena avait besoin d’un nouveau défi, et signe donc à l’été 2023 pour deux saisons avec le Panathinaïkos. Après avoir passé une saison à 12 points et 7,1 rebonds avec une réussite de 67% au tir, ainsi qu’une place dans le 5 majeur de l’EuroLeague, il se verra recevoir un contrat de 1,6 million de dollars par son nouveau club. Mathias Lessort fait d’ailleurs partie d’un grand plan de renouvellement du club grec avec les arrivées majeures de Kendrick Nunn, Juancho Hernangomez, Jerian Grant, et lui-même. Des joueurs qui ont donc soit une expérience NBA, soit un gros bagage européen.
Il débute assez logiquement la saison dans le 5, place qu’il ne perdra d’ailleurs jamais. Ayant comme doublure l’immense Aleksander Balcerowski (2,19m), les deux joueurs forment un duo très complémentaire tout au long de la saison, mélangeant des qualités et des profils très différents. Une aubaine pour leur coach, Ergin Ataman.
Statistiquement parlant, le Martiniquais a encore réalisé une saison exceptionnelle. Tournant à 13,9 points et 6,4 rebonds de moyenne, Lessort a été l’un des pions autour duquel le Panathinaïkos a organisé sa saison. Offensivement, il a été ultra régulier et n’a réalisé que 6 petits matchs à moins de 10 points (en Euroligue), ce qui est notamment dû d’une part à la création de deux duos majeurs avec Kostas Sloukas et Kendrick Nunn. Ces deux derniers trouvaient régulièrement les mains de l’international tricolore.
L’autre raison, c’est tout simplement ses qualités individuelles. Son impact physique lui a souvent permis de dominer ses adversaires. L’ancien joueur du Partizan provoque en moyenne plus de 4,5 fautes par match. Son adresse au shoot a également été très bonne (62,4% au global), lui qui en a pris davantage cette saison. Il a également tenté beaucoup plus de tirs en situation de 1 contre 1. Une belle progression puisqu’il est parvenu à se créer davantage de situations par ses propres moyens.
Défensivement, il a eu le rôle et l’impact attendu. Statiquement, il était le 7e meilleur contreur (0,9 block) et le 27e meilleur intercepteur (1,0 steal), faisant de lui le joueur le plus proche à cumuler au minimum une interception et un contre par match. Mais plus concrètement, l’activité et la mobilité qu’il a affichées pendant toute la saison nous ont juste rappelé à quel point il est si indispensable à un effectif. Peu de postes 5 sont capables de monter très haut sur un pick, de dissuader le passeur et de redescendre aussi tôt sur le pivot adverse.
Il met également un tel impact physique sur ces derniers que très peu sont ceux qui parviennent à tenir la position en bas face à lui. Et il l’a encore prouvé, pas plus tard que lors de cette fameuse finale d’Euroligue, où le duo Vincent Poirier – Walter Tavares n’a pas réussi à prendre plus de 6 shoots pendant que l’international français était sur le parquet.
Plusieurs grosses performances sont également à noter dans les matchs importants. On peut citer les deux matchs du Final Four, 17 points chacun et un impact défensif énorme. On peut également cité son retour de blessure en février, qui s’est effectué à Madrid avec 26 points, 7 rebonds et 4 passes. Il y en a bien d’autres, et cela démontre toute la maitrise qu’il a dans ces moments importants.
Un pivot qui va apporter de la diversité dans le groupe France
Et oui, avec les présences sur le poste 5 de Rudy Gobert et Victor Wembanyama, le staff de l’équipe de France aura probablement besoin de s’appuyer sur un autre style d’intérieur si certains adversaires leur posent des problèmes. Et le martiniquais possède quant à lui de nombreuses qualités à revendre, et notamment sur le plan physique.
On peut commencer par son envergure, car si sa taille n’est pas très impressionnante (2m06), son envergure est quant à elle assez rare (217cm), ce qui lui permet de compenser malgré tout ce défaut principal. Bien évidemment, il possède une carcasse et un physique très avantageux, faisant de lui un très bon athlète. Malgré cela, il est très léger sur ses appuies, et se montre capable de sprinter avec une vitesse impressionnante pour revenir en défense ou se projeter rapidement en contre-attaque.
Il a également un coffre très important par rapport à son poids et à son poste et est très agile dans ses mouvements. Son explosivité est également à souligner, que l’on peut observer de plus en plus, notamment quand il reçoit le ballon dos au panier, où il parvient à se retourner avec une vitesse rare pour son gabarit.
Offensivement, il a réalisé d’énormes progrès depuis le début de sa carrière. Alors qu’auparavant son apport se limitait à des shoots en sortie de pick and roll ou sur des cuts, aujourd’hui ce n’est plus le cas. Il parvient désormais à se créer des shoots au cercle par ses propres moyens, et c’est notamment dû à une très bonne utilisation de son physique et un meilleur contrôle de son corps. Par le passé, le pivot français pouvait être embêté par ses fautes offensives, or ce n’est plus vraiment le cas désormais. Avec une finition excellente près du panier, il lui manque sûrement un petit shoot efficace à mi-distance pour être un vrai danger permanent.
Défensivement, il a toujours été au top grâce à une énergie débordante. Il apporte un niveau d’activité tellement important avec une endurance folle qu’il donne l’impression de jouer avec plusieurs poumons. Et il peut-être un réel meneur de jeu défensif quand il combine ses qualités physiques et son flair défensif. Il a également fait des progrès de ce côté du terrain dans sa discipline, et ne commet plus ses petites fautes idiotes qui le caractérisaient trop lorsqu’il jouait à Chalon ou à Nanterre.
Un profil bien différent que Vincent Collet a déjà pu expérimenter. Car oui, l’avantage que possède également Mathias Lessort, c’est son vécu avec les Bleus. Il a été expérimenté par le staff à de nombreuses reprises et cela aura probablement son importance.
Un joueur qui a du bagage en Bleu
L’homme aux 32 sélections a déjà montré par le passé qu’il pouvait être un élément important de l’Équipe de France. C’est d’ailleurs ce qu’avait expliqué Vincent Collet, l’année dernière, lorsque le pivot avait fait son retour en Bleu, à Jakarta, lors des derniers jours de la préparation des Bleus pour la Coupe du Monde 2023. Le sélectionneur s’était alors expliqué sur l’importance qu’il aurait dans ce groupe.
« Mathias est un fort rebondeur donc il va probablement nous aider. En tout cas, il a les capacités pour nous aider dans la stabilisation de notre défense et de nos rebonds. »
Vincent Collet
Et il n’a pas menti. Alors que Rudy passait totalement au travers de son 1er match de Coupe du Monde contre le Canada, Mathias Lessort lui va réaliser une très bonne performance (12 points, 6 rebonds, à 5/6 au shoot). Il a su garder la tête haute malgré la défaite cuisante (95-65). C’est d’une part la preuve qu’il possède un très bon état d’esprit et d’autre part la certitude pour le staff d’avoir un joueur dans leur effectif qui ne lâchera rien quelles que soient les circonstances.
Mais on le sait, pour intégrer le groupe France dans les grandes compétitions internationales, surtout quand on ne coche pas la case NBA, il faut d’abord faire ses preuves dans les phases de qualifications. En effet, le joueur du Panathinaïkos a su convaincre tout le monde lors de la campagne de qualification pour l’Euro 2021.
Les Bleus ont eu du mal face à la Finlande, la République Tchèque, ainsi que la Bulgarie de Sasha Vezenkov. Mais le Martiniquais a su prendre les choses en main tout au long de la campagne pour obtenir la confiance de Vincent Collet. Et cela s’est réellement ressenti dans les statistiques (10,6 points, 7,2 rebonds, avec une réussite au shoot de 67,5%).
Au final, les Bleus se sont qualifiés pour l’Euro avec un bilan de 4 victoires pour 2 défaites, une campagne bien gérée qui a permis à Mathias Lessort de montrer tout son potentiel, lui qui finira en plus sur une très bonne note lors du match contre la République Tchèque avec 18 points et 10 rebonds, à 7/7 au shoot, son meilleur match depuis ses débuts avec l’Équipe de France.
Après une saison remarquable, Mathias Lessort est probablement le backup parfait sur le poste 5 pour l’Équipe de France. Il va apporter énormément de diversité et d’intensité pendant ces entrées. De plus, son expérience sera un réel avantage pour gérer les moments difficiles.
