Propriétaire majoritaire des Dallas Mavericks entre 2000 et 2023, Mark Cuban a su laisser une grosse empreinte dans le monde de la NBA. Que ce soit sur le terrain ou en dehors, l’homme d’affaires texan ne laisse personne indifférent tant il sait se faire remarquer. Recrutement intelligent, investissement démentiel et explosion d’émotion sur le bord du terrain, plongez avec nous dans une histoire d’amour qui dure maintenant depuis plus de 24 ans et qui a vu passer les plus grands noms de l’histoire de la NBA.
De barman à milliardaire : Un destin peu ordinaire
Mark Cuban est loin d’avoir toujours été un génie de la finance et de la technologie. Originaire de Pittsburgh, il passe sa jeunesse au sein d’une famille très modeste vivant dans un quartier ouvrier. Fils de parents immigrés qui travaillaient respectivement comme tapissier automobile et couturier, Mark Cuban s’aime à dire qu’il a grandi dans un contexte financier assez rude mais que sa réussite s’y est également forgée.
En effet, si ses parents ne faisaient pas partie d’une classe sociale aisée, ils tenaient tout de même à lui inculquer un goût profond pour le travail acharné, ce qui a d’ailleurs provoqué son intérêt prononcé pour l’entreprenariat. Il raconte d’ailleurs souvent cette petite histoire qui s’est passé lorsqu’il n’avait encore que 12 ans. En effet, à ce moment-là, le petit Mark vendait dans son quartier des sacs poubelles qui lui ont permis par la suite de s’offrir la paire de baskets de ses rêves.
Une histoire assez ironique quand on sait désormais que le petit gamin de Pennsylvanie, fan de basket, a fini par devenir un propriétaire mythique de la NBA. Toujours premier de la classe, il n’a jamais flanché en cours et saute sa dernière année au lycée pour finalement entrer à l’université 2 ans avant la norme. Une université qui se trouvait toujours dans sa ville natale et où il y étudiait le monde des affaires tout en développant des bases en marketing, en commerce et surtout en économie.
Après ses études, Cuban déménage au Texas pour un poste de… barman ! Un poste très important pour lui, qui va lui permettre de nouer de nombreuses relations dans le futur. Pendant ses heures perdues, il développe de nombreux logiciels pour la boîte « Your Business Software », boîte pour laquelle il travaillera finalement à temps plein, malgré les nombreuses divergences qu’il avait avec son patron de l’époque. Mais, c’est finalement à la suite d’une énième dispute avec son patron sur son rôle et son traitement au sein de l’entreprise que Mark Cuban décidera de s’en aller et de créer une société concurrente avec l’aide de son collègue Martin Woodall.
Bossant d’arrache-pied, les deux compères fonderont donc leur société d’aide informatique « Microsoft Solution » mais cela ne suffit toujours pas à Cuban. En effet, entre-temps, il développe aussi sa propre entreprise et y créera notamment « Broadcoast.com », pionnier de la diffusion de vidéo et d’audio en ligne. Pendant 7 années entières, celui qui deviendra par la suite le dirigeant des Dallas Mavericks, ne se laissera pas une once de répit et pas un seul jour de congé.
Pas un jour, avant de vendre cette entreprise à Yahoo, géant du web qui lui rachète l’entièreté de ses parts pour plus de 5,7 milliards de dollars, en 1999, ce qui montre tout l’intérêt de ce qu’il a réussi à créer. La suite, nous la connaissons, le milliardaire texan rachète les Dallas Mavericks en 2000, pour 285 millions de dollars. Un changement de propriétaire qui permettra clairement à cette franchise de changer de cap et d’enfin rivaliser avec le géant texan, les San Antonio Spurs.
Confiance et dévouement : Les deux maîtres mots du propriétaire Texan
Quand les propriétaires de franchises se font de plus en plus sérieux, Cuban inspire lui un nouveau style. Jeune et hyperactif, le natif de Pittsburgh n’hésite pas à se faire remarquer dans le but de montrer qu’il est toujours derrière sa franchise. Très à l’écoute de ses joueurs, il est dans leur quotidien permanent et se demande chaque jour comment sa franchise pourra gagner son prochain match.
Tout ça commence le matin d’un 3 novembre 1999, le lendemain du match d’ouverture des Dallas Mavericks lors de la saison 1999-2000. Abonné et premier fan de l’équipe, il se rend bien compte que la salle est loin d’être pleine et que l’ambiance ne répond pas non plus. Il se pose alors une question : comment puis-je améliorer ça ? Il décide donc de faire fructifier cette parole et devient, en à peine 2 mois, le propriétaire des Mavs.
Sa première mission, faire revenir le public en vendant de la générosité. Et oui, la stratégie de Mark Cuban fut finalement assez simple et banale quelque part, mais elle a surtout été très efficace. Lors de son arrivée, il installe son bureau en plein milieu de ses employés. Il travaille ensemble, et vient régulièrement voir la petite dizaine de commerciaux qui s’occupent de la vente des billets.
Cuban reprend tout simplement un vieil annuaire de l’époque qui regroupe tous les anciens abonnés des Mavs et il appelle chacune de ces familles en vendant ses billets avec un argument bien étonnant, nous raconte-t-il…
Je sais que vous êtes venus à des matches des Mavericks, mais savez-vous que désormais, c’est moins cher de voir un match que d’amener votre famille au McDo ? Nos places commencent à 8 dollars. Un McDo + un Coca coûtent plus cher. Pourquoi ne pas venir et essayer ? Le premier match est gratuit, c’est pour moi.
Résultat en 2 ans, les Mavericks ont réussi à vendre 95% de leurs billets, sur la première saison complète de Mark Cuban (2000-2001), contre 78% deux années auparavant. Une première étape réalisée pour l’homme d’affaires, il faut désormais construire une équipe stable tout en redonnant de la confiance à un joueur qui a vaguement déplu sur sa saison rookie, Dirk Nowitzki.
Et oui, car si le « Wunderkind » est devenu une légende des Dallas Mavericks et de la NBA, ça n’était absolument pas d’actualité après sa saison rookie où il a clairement subi toutes les attentes qui pesaient sur lui. Premier européen drafter dans le top 3, Dirk boucle sa saison avec de tristes stats: 7,2 points de moyenne par match à 35% au shoot. Mais Cuban lui va réussir à changer tout ça en offrant à ses joueurs des infrastructures et des moyens logistiques à la pointe (jet privé, hôtel plus confortable…). Un confort qu’il sait important, tout comme sa présence permanente aux matchs de son équipe.
Et c’est donc grâce à ses services et sous l’impulsion du coach Hall Of Famer Don Nelson que les clés de cette équipe seront données à un nouveau duo formidable Steve Nash – Dirk Nowitzki. En 2 saisons, Mark Cuban réussit à développer le talent de deux gamins qui ne demandaient qu’à jouer ensemble. Dirk bouclera sa troisième saison à 21,8 points de moyenne et Steve Nash passera quant à lui de 7,9 points et 5,6 passes à 15,6 points et 7,4 passes de moyenne par match. On ressent la même progression dans le bilan collectif qui toujours en 2 ans, est passé de 38% à 65%, avec à la clé une demis finale de conférence.
Mais l’impulsion Mark Cuban, c’est aussi des stratégies de recrutement et d’effectif osé qui ont finalement porté les Mavericks vers leur premier titre en 2011. Si Dirk a quant à lui passé la trentaine, l’effectif n’en reste pas moins expérimenté. Les vieux briscards sont de sortie, et avec des joueurs comme Jason Kidd, Shawn Marion, Jason Terry, ou encore Peja Stojakovic, on comprend vite que l’équipe arrive à la fin de son cycle et que c’est certainement maintenant ou jamais pour Dallas. Mais cette équipe reflète bien la philosophie instaurée par Cuban et le Texas, la fidélité sans faille.
Pour renforcer tout ça, un homme est appelé par Cuban, Tyson Chandler. Sous les conseils du coach historique des Mavericks, Rick Carisle, il prend la décision de recruter Chandler qui sera le protecteur de cercles tant attendu par Dallas depuis toutes ces années. Que ce soit Keith Van Horn ou Erick Dampier, ces deux joueurs n’avaient certainement plus l’étoffe en 2006 pour être le pivot titulaire d’une équipe qui joue le titre, qui plus est quand Dirk joue sur le poste 4.
Un homme qui pourra compenser le niveau défensif de Dirk tout en protégeant le cercle. Une nouvelle fois Mark Cuban et son entourage voient juste et c’est après une campagne de play-off exceptionnelle où les Mavs humilieront les Lakers de Kobe, double champion en titre d’un sweep légendaire et une victoire en finale face au Heat, qui fut l’immense revanche d’un défaite subie 5 ans auparavant que Dallas remporte son premier trophée Larry O’Brien.
Cuban n’est plus le propriétaire majoritaire depuis 2023 : quelles conséquences ?
Après le rachat d’une grosse majorité des parts (73%) par la famille Adelson, Mark Cuban n’était en effet plus le propriétaire majoritaire des Dallas Mavericks. Auteur d’un dernier gros coup, à savoir le trade de Kyrie Irving, l’homme d’affaires texan voulait s’assurer du bon fonctionnement de la franchise avant qu’il en n’en ait plus le monopole. Cependant, cela ne vous aura pas échappé qu’il est toujours présenter comme le patron de cette franchise, mais alors qu’est-ce qui a vraiment changé ?
En fait presque rien n’a changé comme l’a déclaré ironiquement Mark Cuban:
Rien n’a vraiment changé, sauf mon compte en banque.
Globalement, le partenariat est très bon assure Cuban. De son côté, il supervisera toujours la partie sportive avec ses meilleurs compères, Jason Kidd et Nico Harrison. Mais avoir ce partenariat lui permettra de laisser la partie développement des infrastructures à des personnes d’expérience. Ils ont la capacité de réaménager toute la salle et sont dans les meilleures dispositions pour être le plus compétitif possible sur la suite de la décennie.
Ce projet immobilier aurait également pour objectif de construire un empire autour de l’American Airlines Center. En effet, à l’image de ce qu’ont pu faire les Celtics ou les Warriors, Cuban et les Adelson veulent créer un Hotel-Casino pour générer une autre grosse base de revenus. Mais cette construction n’est pour l’instant qu’une hypothèse.
Car oui, si le projet apparaît comme attrayant, la légalisation des paris sportifs au sein du Texas n’est pas encore d’actualité. Et si la famille Adelson a quant à elle énormément d’influence dans la politique texane, notamment auprès du gouverneur Greg Abbott, elle n’a pas toujours obtenu gain de cause dans ce combat qui pourrait changer le visage de la franchise.
Dernière raison de sa vente, son âge. Et oui, il tient cette franchise à bout de bras depuis maintenant 24 ans et lui en a 67. Ses enfants ont quant à eux 15, 18 et 21 ans et il ne veut pas leur imposer la suite d’une digne succession. Il sait que ce système est loin d’avoir toujours fonctionné. On peut notamment citer la succession au Lakers de Jerry Buss, en 2013 ou encore celle de Bill Davinson avec les Pistons en 2009.
Vous l’aurez compris, Mark Cuban a donc eu un destin très peu ordinaire dans la NBA, et incarne en quelque sorte le rêve américain. Parti de presque rien, il a su construire son empire autour d’un travail acharné. Devenu par la suite, propriétaire des Dallas Mavericks en plein milieu de la saison 1999-2000, il a su redynamiser la franchise en utilisant une approche novatrice qui s’est concrétisée par un titre en 2011. Mais l’homme n’est pas non plus obstiné, il connaît ses lacunes et a su accepter de perdre le contrôle de sa franchise pour favoriser son avenir.