Quelques heures seulement après une fin de match rocambolesque contre l’Étoile Rouge de Belgrade, conclue sur un buzzer beater de Bryant Dunston, on apprenait la signature inattendue de Lonnie Walker au Zalgiris. L’équipe lituanienne, qui trône fièrement en tête de l’Euroleague (à égalité avec Barcelone), a récupéré l’un des agents libres les plus prisés sur le marché.
Un punch offensif espéré par le Zalgiris
Dès son arrivée en Lituanie, Lonnie Walker devrait être l’un des joueurs offensifs principaux de l’équipe. On parle en effet ici d’un arrière de 25 ans qui a été drafté en 18e position en 2018 et qui a évolué six ans en NBA. Il a par exemple réussi à se faire une place aux Lakers en étant un membre de l’équipe qui s’est hissée jusqu’en finale de conférence en 2023, avec un point d’orgue son Game 4 contre Golden States au cours duquel il a inscrit 15 points dans le dernier quart-temps pour offrir la victoire à sa franchise.
Ce pose néanmoins la question de l’efficacité à son égard. En effet, l’arrière n’a jamais réalisé une saison avec une efficacité supérieure ou égale à la moyenne de la ligue, ne faisant jamais mieux que lors de cette saison 2023 avec LA (98 de TS+). Il est assez évident que son shoot extérieur devrait lui permettre de se faire une place (35,6% de loin en six saisons NBA), mais la réussite sur les autres spots laisse à désirer, surtout au cercle, même s’il pourra apporter de la rim pressure.
Attention à ce que l’arrière ne prenne pas des responsabilités démesurées, lui qui, on le rappel, tourne à 31,3% sur les pull-up à trois points en carrière. On parle néanmoins d’un joueur encore jeune qui possède peut-être une marge de progression pour assumer davantage de responsabilités qu’en NBA.
Il faudra surement s’attendre à le voir évoluer off-ball à Kaunas, où son profil de shooteur va leur faire le plus grand bien. Depuis le début de la saison, l’équipe d’Andrea Trinchieri affiche un très faible 34% de réussite de loin, soit la 13e marque (sur 18) en Euroleague. Cela est d’autant plus problématique quand on sait que ces tirs représentent 45% de leurs tentatives.
On a d’ailleurs vu une équipe de Kaunas être souvent mise à mal offensivement à cause de ce manque de spacing, se reposant alors sur les exploits de Sylvain Francisco, en particulier le clutch. Ainsi, Walker devrait reprendre en quelque sorte la place de Tyrone Wallace, qui a quitté l’équipe pour raison personnelle, dans un registre différent en étant, dans l’idéal, davantage off-ball.
Est-ce que Lonnie Walker a sa place dans le système défensif du Zalgiris Kaunas ?
Néanmoins, de l’autre côté du terrain, le fit semble beaucoup moins clair. En effet, Lonnie Walker est loin d’être un joueur reconnu pour ses qualités défensives. Si l’arrière possède certes une très grande envergure (209cm) pour son physique (1,93m pour 92kg), on parle tout de même d’un joueur qui a souvent été mis en difficulté sur la défense off-ball. Cela s’explique notamment par son manque de QI Basket de ce côté du terrain qui l’empêche d’être constant sur de longues séquences.
Lors de sa seule saison avec les Lakers, l’arrière a réalisé un bon début de saison défensif, lui permettant de gagner sa place dans la rotation (30 minutes de moyenne jusqu’au 28 décembre) avant de la perdre à cause de ses nombreuses erreurs. Il a notamment beaucoup de difficultés à circuler correctement dans les écrans, que ce soit sur le porteur ou loin du ballon, le rendant compliqué à aligner sur un parquet.
On l’a pourtant vu capable de quelques fulgurances séduisantes, notamment sur Klay Thompson en playoffs, rendant encore plus frustrant son profil. Ainsi, s’il est capable d’enchaîner quelques séquences convenables, voire même bonnes, il ne faut clairement pas miser sur lui tout au long d’une rencontre, et surtout d’une saison.
Il sera intéressant de voir comment Andrea Trinchieri parviendra à l’intégrer dans le système de Kaunas, qui propose des schémas très agressifs avec beaucoup de stunts pour provoquer des pertes de balles. On sait également que le Zalgiris switch beaucoup sur les écrans, que ce soit on-ball ou off-ball, avec beaucoup d’aides depuis l’opposé afin de ne pas offrir de mismatch. Il faudra voir si l’arrière, qui a tout de même montré quelques efforts dans le marasme de Brooklyn l’année dernière, parviendra à s’adapter rapidement à ce système structuré.
Il faudrait également s’attendre à le voir aligner au côté de Dovydas Giedraitis, qui s’est imposé cette saison comme l’un des meilleurs défenseurs du point-of-attack en Europe.
Une signature à court terme ?
Comme beaucoup de joueurs, Lonnie Walker a les yeux rivés sur la NBA. S’il a bien espéré être conservé par les Celtics cet été, cela n’en a pas été. L’arrière a en tout cas toujours l’espoir de retourner dans la Grande Ligue en se servant de cette expérience européenne comme d’un tremplin, à l’image de Guerschon Yabusele.
Comme il l’expliquait sur son compte Twitter, l’arrière a confiance en lui et croit en ses capacités pour revenir. C’est donc pour cette raison qu’il a négocié une clause de sortie vers la NBA qui est valide jusqu’au 18 février 2025, soit deux semaines avant la date limite pour être éligible aux playoffs.
« Maintenant, mon travail et celui de ses nouveaux coéquipiers sera de l’aider à trouver sa place ici. Combien de temps cela prendra-t-il ? Je n’en sais rien. Pour l’instant, je m’intéresse davantage à la personne qu’au joueur« .
Andrea Trinchieri, via BasketNews
Sa signature du côté du Zalgiris a tout de même de quoi surprendre, surtout quand on sait qu’il y a eu beaucoup de rumeurs le liant avec le Real Madrid, qui connaît un début de saison compliqué tant d’un point de vue comptable (3 victoires pour 3 défaites) que dans le contenu.
Mais elle représente tout de même un super coût d’opportunité pour l’équipe lituanienne, qui récupère avec Walker un joueur pouvant faire passer un step offensif (14e offensive rating). Le joueur sera sûrement responsabilisé très rapidement, lui qui est le salaire le plus élevé de l’équipe avec un contrat de $450,000 pour la saison.
Des interrogations subsistent néanmoins à son égard, notamment concernant son adaptation au basket européen. Cela sera en effet sa première expérience loin des États-Unis, dans une ligue où le jeu pratiqué diffère comparé à ce qu’il se fait en NBA.
Si le Zalgiris a sûrement fait l’une des plus belles signatures de ce mois d’octobre, il n’en reste pas moins que Lonnie Walker reste un joueur avec des compromis qui pourrait tout de même aider son équipe à progresser sur ses défauts. Peut-il néanmoins nous surprendre en devenant rapidement l’un des meilleurs joueurs offensifs du Vieux-Continent ? Réponses dans les semaines à venir.