Malgré un tout nouvel effectif, le Paris Basketball peut-il conserver son titre de champion ? Crédit : Icon Sport via Getty Images

LNB 25/26 : Le Paris Basketball peut-il conserver son titre de champion ?

Après avoir vécu un rêve éveillé la saison passée, Paris tourne la page pour écrire un nouveau chapitre. Avec un effectif remodelé, la magie opérera-t-elle encore ?

2024-25, la saison parfaite du Paris Basketball

  • Betclic Elite : 1er de la saison régulière avec 23 victoires et 7 défaites
  • Playoffs : Champion de France contre Monaco (3-2)
  • Leaders Cup : Élimination en quart de finale contre Saint-Quentin (86-92)
  • Coupe de France : Champion contre Le Mans (91-80)
  • Coupe d’Europe : Élimination en playoffs contre le Fenerbahce (0-3)

Seulement 7 ans après la création du club, le Paris Basketball s’est installé sur le trône du basket français. Un titre qui vient récompenser l’excellente saison du club parisien malgré quelques défaites préjudiciables contre des concurrents directs. En réalité, Paris a dominé la saison régulière grâce à une attaque inarrêtable (1er offensive rating) et une défense suffisamment bonne pour ne pas être pénalisante (8e). C’est surtout en playoffs que le PB a impressionné, en dominant largement Dijon au premier tour avant d’écraser la JL Bourg en demi. Si la finale a été dominée à domicile, le club a tout de même été mis en difficulté à Monaco. Mais c’est bien dans une fin de match fabuleuse à l’Adidas Arena lors du game 5 décisif que le club a pu savourer son titre.

Sans réellement changer son plan de jeu, Paris a poussé le curseur un peu plus loin dans ses points forts. C’est bien évidemment une équipe qui jouait très rapidement (2e pace), prenant des tirs dès que les joueurs étaient ouverts. Si le tir extérieur était une arme majeure du système de Tiago Splitter (49% de fréquence à trois points), c’est bien au niveau de l’attaque sur drive que Paris a fait la différence. L’équipe a été plus efficace pour cibler les mismatchs et mettre la pression au cercle. On a également pu voir une légère évolution des schémas défensifs, avec un hedge un peu moins agressif afin de réduire les mismatchs concédés.

D’un point de vue individuel, on a pu assister à la montée en puissance de Nadir Hifi, tant médiatiquement que sportivement. L’international français n’a pas hésité à assumer davantage de responsabilités offensives en championnat, avec quelques performances comme il sait si bien faire, dont un presque triple-double contre Gravelines (14 points, 9 rebonds, 10 asssists).  C’est pourtant le meneur américain T.J. Shorts qui a été élu MVP de la saison régulière, tant celui-ci a été magistral dans la mise en place offensive de Paris, prouvant qu’il est bel et bien le meilleur meneur en Europe, et par la même occasion le meilleur joueur de l’histoire du club parisien.

Impossible de passer à côté de la première saison du PB en Euroleague, qui a été plus que réussie avec une qualification en playoffs via le play-in. Le Paris Basketball a surtout montré qu’il avait largement sa place dans l’élite européenne, comme le prouve la série de 10 victoires consécutives avant Noël. Une équipe accrocheuse et déterminée qui nous a offert quelques moments mémorables en régulière (invaincue contre le Panathinaïkos, victoire à l’Olympiacos) avant de s’incliner face au futur champion en playoffs.

La réussite du Paris Basketball, à la fois sur le terrain et en-dehors. Crédit : Herve Bellenger via Getty Images
La réussite du Paris Basketball, à la fois sur le terrain et en-dehors. Crédit : Herve Bellenger via Getty Images

Le moment fort de la saison : 4 Parisiens au All-Star Game

J’aurais pu parler de la série de victoires en Euroleague ou encore du match pour le titre contre Monaco. C’est pourtant sur le All-Star Game que je vais m’attarder car c’est un évènement à l’image de la saison du club. Au-delà des très fortes individualités, la réussite sportive du club est avant tout passée par la force du collectif. Si Tuomas Iisalo avait posé les fondations, Splitter a bâti les murs qui ont permis au club de triompher. Une réussite qui passe avant tout par la force des 16 joueurs de l’effectif.  

Tout le monde avait bien compris son rôle, que ce soit Yakuba Ouattara en tant que 3&D d’expérience, Mikael Jantunen en tant que défenseur d’élite en low men capable de punir en attaque sur catch-and-shoot, ou encore Sebastian Herrera grâce à son tir extérieur et son connecting off-ball. Leopold Cavalière est sûrement l’exemple parfait de cela, lui qui a toujours accepté de faire le sale boulot en sortie de banc.

Si Hifi et Shorts ne sont plus à présenter, Tyson Ward mérite que l’on s’attarde sur lui. L’Américain s’est imposé comme l’un des meilleurs défenseurs d’Europe grâce à son excellente intelligence de jeu et son envergure. Que ce soit on-ball ou off-ball, il était constamment une teigne pour l’équipe adverse par sa capacité à défendre presque tous les postes. Si en attaque il pouvait être irrégulier à trois points, il était plutôt bon sur l’attaque de closeout et sur transition.

Collin Malcolm a quant à lui montré qu’il pouvait tout faire, que ce soit en sortie de banc ou en tant que titulaire. Capable d’évoluer à la fois on-ball ou off-ball, il apportait toujours beaucoup d’intensité dès qu’il était sur le parquet.

En plus des 4 joueurs All-Star, Tiago Splitter a également été sélectionné pour coacher l'équipe monde. Crédit : Quentin Laborde
En plus des 4 joueurs All-Star, Tiago Splitter a également été sélectionné pour coacher l’équipe monde. Crédit : Quentin Laborde

Les mouvements de l’intersaison :

Départs :

  • Tiago Splitter (40 ans, assistant, Portland) retourne en NBA après sa saison réussie en tant que coach en Europe. Il assistera Chauncey Billups dans l’Oregon comme il l’avait fait par le passé avec Ime Udoka à Houston.
  • T.J. Shorts (27 ans, meneur, Panathinaikos) rejoins l’effectif XXL d’Ergin Ataman avec l’ambition de remporter l’Euroleague. Son duo avec Kendrick Nunn sera intéressant à observer.
  • Tyson Ward (28 ans, ailier, Olympiacos) va lui aussi en Grèce, mais chez le rival Rouge et Blanc où son profil colle parfaitement à la philosophie collective de l’équipe
  • Collin Malcolm (28 ans, arrière, Hapoel Tel Aviv) rejoint le petit nouveau d’Euroleague où il apportera son intensité en sortie de banc.
  • Mikael Jantunen (25 ans, ailier, Fenerbahçe) va chez le champion en titre où il s’inscrira parfaitement dans le système offensif très strict de Sarunas Jasikevicius.
  • Kevarius Hayes (28 ans, intérieur, Monaco) reste en France où il rejoint l’armada XXL monégasque afin d’apporter de la profondeur à l’intérieur en sortie de banc.
  • Maodo Lô (32 ans, arrière, Žalgiris Kaunas) a signé en Lituanie où il vient garnir un backcourt déjà rempli, mais où il apportera de la créativité offensive sur de courtes séquences.
  • Bandja Sy (35 ans, ailier, Oradea) continue son tour d’Europe puisqu’il rejoint le finaliste des playoffs Roumains, qui est également engagé dans les tours préliminaires de BCL. 
  • Mathis Dossou-Yovo (24 ans, intérieur, Nanterre) reste en Île-de-France et signe chez le rival francilien où il pourra avoir davantage de temps de jeu afin de confirmer les flashs aperçus en fin de saison.
  • Leon Kratzer (28 ans, intérieur, Bayern Munich) retourne dans son pays natal où il devrait avoir du temps de jeu en sortie de banc au sein d’une raquette dépeuplée après le départ de Devin Booker.
Une page se tourne à Paris avec 10 départs. Crédit : Sandra Ruhaut via Getty Images

Arrivées :

  • Francesco Tabellini (42 ans, coach, Nymburk) entraînera pour la première fois en Euroleague, lui qui sort de deux saisons réussies en République tchèque avec le doublé en championnat et une qualification en quart de finale de la BCL.
  • Justin Robinson (28 ans, meneur, Trapani) jouera lui aussi pour la première fois en Euroleague où il aura la lourde tâche de succéder à TJ Shorts à la mène.
  • Mouhamed Faye (20 ans, intérieur, Reggio Emilia) sera à surveiller la saison prochaine, lui qui est considéré comme l’un des joueurs non-américains les plus sous-cotés de la prochaine draft NBA.
  • Lamar Stevens (28 ans, ailier, Memphis) traverse l’Atlantique après une saison à Memphis, sous la houlette de Tuomas Iisalo, où il a eu un rôle très réduit. 
  • Joël Ayayi (25 ans, arrière, JL Bourg) va très vite conquérir le cœur des fans du Paris Basketball grâce à son jeu all-around et sa bonne défense extérieure.
  • Amath M’Baye (35 ans, ailier, CSKA Moscou) revient en Europe après deux saisons réussies individuellement en Russie. Il pourra notamment apporter toute son expérience à ce jeune effectif.
  • Ismaël Bako (29 ans, intérieur, Unics Kazan) retrouvera lui aussi l’Euroleague après son aventure en Russie, lui qui est passé par l’Asvel et la Virtus Bologne.
  • Derek Willis (30 ans, intérieur, Anadolu Efes) devrait avoir plus de temps de jeu qu’à l’Anadolu Efes, où il avait été assez bon dans son rôle d’intérieur 3&D.
  • Jeremy Morgan (30 ans, arrière, Hapoel Jerusalem) pourra apporter du scoring en sortie de banc grâce à son tir à trois points.
  • Allan Dokossi (25 ans, ailier, JDA Dijon) rejoint un cador du championnat de France, après avoir montré de jolies choses malgré une certaine irrégularité, notamment aux lancers (6/21 en playoffs contre Paris).
  • Enzo Shahrvin (22 ans, intérieur, Saint-Quentin) retourne dans la capitale après son prêt en fin de saison, même s’il n’a pas vraiment eu un temps de jeu supérieur.
Malgré le renouvellement de son effectif, le Paris Basketball a de grandes ambitions cette saison. Crédit : Icon Sport via Getty Images
Malgré le renouvellement de son effectif, le Paris Basketball a de grandes ambitions cette saison. Crédit : Icon Sport via Getty Images

L’effectif 2025-26 du Paris Basketball

  • Arrières: Justin Robinson, Nadir Hifi, Joël Ayayi, Sebastian Herrera, Jeremy Morgan, Ilian Moungalia
  • Ailiers: Lamar Stevens, Yakuba Ouattara, Amath M’Baye, Daulton Hommes,
  • Intérieurs: Mouhamed Faye, Ismaël Bako, Derek Willis, Leopold Cavalière, Allan Dokossi, Enzo Shahrvin

Contrairement à l’année dernière, l’effectif a été grandement remanié, avec seulement 6 joueurs qui étaient déjà présents la saison dernière. Les noms sont bien moins claquants, l’effectif reste tout de même composé de joueurs avec des profils très intéressants.

Si Justin Robinson découvrira l’Euroleague pour la première fois, il aura la lourde tâche de succéder à T.J. Shorts. Il sort pourtant d’une saison réussie en Italie (14,4 points et 6 assists) dans un profil faisant grandement penser à son compère américain. On attend surtout la saison de l’explosion pour Nadir Hifi, qui sera amené à être le leader de cette équipe, lui qui est le visage du projet depuis son arrivée il y a deux ans. Il a une réelle opportunité de prendre encore plus de responsabilités, en montrant notamment qu’il peut être bien plus qu’un scoreur sur pull-up.

L’effectif est également composé de nombreux joueurs de devoir, à commencer par Joël Ayayi qui est très polyvalent. Capable d’évoluer à la fois on-ball et off-ball, il aura la lourde tâche d’apporter de la défense sur le backcourt, en mettant une pression sur le point d’attaque.  On retrouve également dans l’équipe de nombreux 3&D dans les ailes (Ouattara, M’Baye, Hommes) ou dans la raquette (Willis) qui seront complémentaires aux créateurs offensifs.

Il sera également intéressant de voir comment Lamar Stevens s’adaptera au jeu européen, lui qui a montré de jolies choses dans un profil de rôle player. Il est en effet un joueur avec une grosse intensité dès qu’il est sur le parquet, notamment en défense où il est capable de défendre presque tous les postes. On ne l’a en revanche jamais vu être réellement développé offensivement, se contentant d’un rôle de finisseur à cause de ses limites à la création. À voir s’il parviendra à passer ce cap, lui qui tournait par exemple à moins de 30% de réussite à trois points en cinq saisons NBA.

Il faudra également surveiller la saison de Mouhamed Faye, qui pourrait se présenter à la prochaine draft. S’il a montré de jolies choses dans la protection de cercle l’année dernière, il reste encore un jeune joueur à développer, que ce soit dans la gestion des fautes, dans ses rotations off-ball ou dans sa capacité à trouver sa place offensivement en tant que finisseur dans une équipe up-tempo. S’il ne faut pas s’attendre à le voir énormément en début de saison, nul doute qu’il pourrait gagner en responsabilités au fil de l’année. Une signature qui nous rappelle les débuts du club parisien, qui se voulait être à la base un club formateur de jeunes.

Bien évidemment, l’équipe devrait conserver son identité qu’elle a forgée depuis de nombreuses années, à savoir un jeu très rapide avec beaucoup d’intensité et des rotations courtes pour exploiter au maximum l’efficacité des joueurs. À voir comment Francesco Tabellini réussira à façonner l’équipe à sa manière, lui qui proposait un jeu très rapide en République tchèque. Il est aujourd’hui vu comme l’un des futurs grands entraîneurs européens par sa capacité à tirer profit au maximum de son effectif, se montrant très exigeant dans les efforts et l’intensité personnelle.

Il faudra bien évidemment prendre en compte le fait que ce sera sa première expérience au plus haut niveau européen, lui qui arrive dans une équipe remaniée où de nombreux cadres sont partis. Tabellini devra notamment faire des compromis entre ses principes (rythme, exigence) et les réalités sportives, afin d’être compétitif à la fois à l’échelle nationale et européenne.

Comment Francesco Tabellini va-t-il appréhender cette première expérience au plus haut niveau européen ? Crédit : Icon Sports via Getty Images
Comment Francesco Tabellini va-t-il appréhender cette première expérience au plus haut niveau européen ? Crédit : Icon Sports via Getty Images

Le joueur à suivre : Justin Robinson, meneur, 28 ans

On l’a déjà évoqué précédemment, mais Justin Robinson aura fort à faire pour sa première expérience au plus haut niveau européen. Pourtant son profil fait étrangement penser à celui de T.J. Shorts, même s’il diffère sur certains points importants.

Non-drafté après quatre saisons NCAA à Virginia Tech, le meneur américain a bourlingué entre les différents championnats, que ce soit la G-League, l’Australie ou l’Espagne avant de poser ses bagages en Italie la saison dernière. Il a montré là-bas qu’il pouvait être un bon créateur sur PnR grâce à son explosivité et sa faculté à limiter les pertes de balle compte tenu de son usage (6 assists pour 2,4 turnovers). Sans être un manipulateur de défense comme pouvait l’être Shorts, il sera tout de même le créateur offensif principal à Paris cette saison.

Concernant le scoring, Robinson possède un bon tir extérieur, que ce soit pour punir sur pull-up ou en catch-and-shoot. Preuve étant, il prenait la saison dernière 43% de ses tirs à trois points, avec une jolie réussite (39%). Il est néanmoins un joueur qui manque encore d’efficacité dans ses finitions, la faute à un toucher de balle assez moyen et un petit gabarit qui le limite dans sa capacité à finir malgré les rotations adverses. Il est néanmoins un bon joueur dans la provocation de fautes, idéales pour aller sur la ligne et ainsi des points faciles.

S’il n’est pas un joueur flashy, connaissant assez peu de très hauts et de très bas, il reste un joueur constant qui apportera de la stabilité dans cette nouvelle équipe parisienne. À voir maintenant comment il s’adaptera à un tel niveau, lui qui a évolué dans des équipes bien moins huppées jusqu’ici. Il sera également intéressant de voir comment fonctionnera son duo avec Nadir Hifi (surtout défensivement), qui est lui aussi amené à être énormément responsabilisé la saison prochaine.

Justin Robinson parviendra-t-il à prendre avec brio la suite de T.J. Shorts ? Crédit : Icon Sport via Getty Images
Justin Robinson parviendra-t-il à prendre avec brio la suite de T.J. Shorts ? Crédit : Icon Sport via Getty Images

L’avis du rédacteur

Après un tel remaniement d’effectif, difficile d’avoir une idée précise du réel niveau de ce roster. Il n’est pas vraiment utile de tirer des conclusions trop hâtives après la double défaite subie lors de la SuperCoupe.

Il convient tout de même de dire que cet effectif semble être moins doté de talents individuels par rapport aux deux dernières années. Au-delà de TJ Shorts, Paris avait dans son effectif une multitude de rôles players d’élite. Il semble qu’aujourd’hui ce ne soit plus vraiment le cas, avec beaucoup de joueurs qui découvriront l’Euroleague pour la première fois, ou qui auront autant de responsabilités pour la première fois.

Cet argument reste tout de même à nuancer puisque l’effectif parisien semble également un peu plus profond que l’année dernière. Cela sera très utile pour rester compétitif à la fois en Coupe d’Europe et en championnat. Aujourd’hui le Paris Basketball semble s’être affaibli, surtout lorsque l’on compare le mercato estival à celui de Monaco. Peut-être qu’aujourd’hui le club est plus proche de l’ASVEL, du Mans ou de la JL Bourg plutôt que du rival monégasque.

Toujours est-il que les hommes de Tabellini auront à cœur de faire déjouer les pronostics comme ils en ont l’habitude depuis la création du club. Paris n’est plus l’un des deux favoris au titre, mais possède les moyens de faire douter n’importe qui, y compris le club de la Principauté. À voir si le manque de talent individuel sera comblé par la profondeur de l’effectif, ou le développement d’une nouvelle superstar.

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