Dans cette mini-série de fin de l’été, nous allons revenir de façon détaillé sur l’apparition du Heat : sa création, sa construction, son développement au fil des années et son histoire qui en fait l’institution tel qu’elle l’est aujourd’hui.
Pour ce premier chapitre, nous allons traiter de la création du Heat, de ses origines, ses racines, et enfin de ses premières années dans la ligue. Commençons par revenir dans la passé, plus précisément dans les 60’s.
Les origines
Tout d’abord, il faut savoir que le Heat n’est pas le premier club de basket professionel basé à Miami.
En 1967, les Minnesota Muskies sont crées, et joueront une seule saison en ABA, lors de la création de cette dernière, en 1967-1968.
Mais à cause de soucis financiers notamment dû au fait que les Muskies n’attiraient pas les foules, le propriétaire Larry Shields décide de se séparer de son Rookie of the Year Mel Daniels, dans ce qui est toujours considéré comme un des pire deals de l’histoire. Tout cela pour payer ses dettes.
Avant d’entamer leur deuxième saison, les Muskies se voient donc déménager du coté de Miami, et deviennent les Miami Floridians.
C’est la première franchise de basket professionelle qui s’installe en Floride.
Durant cette première saison, l’équipe va terminer deuxième en saison régulière. Ils rencontrent les Minnesota Pipers au premier tour, qui sont les champions en titre. Les Floridians vont parvenir à se qualifier au tour suivant en sept matchs, après un match décisif remporté à la maison devant un public donnant de la voix.
Mais malheureusement, les Pacers vont éliminer la bande à Donnie Freeman en cinq matchs, aux portes de la finale.
Et à partir d’ici, les problèmes commencent. Le public ne répond malheureusement pas assez présent, et une saison catastrophique notamment dû à des blessures, comme celle de Skip Thoren au genou, lui ruinant sa carrière, font des Floridians une franchise au bord du gouffre. Les problèmes financiers se multiplient, et l’équipe va même jusqu’à jouer dans un ancien hangar et un gymnase pour collégiens.
La franchise est donc racheté par Ned Doyle, qui va effectuer de gros changements sur sa franchise. Les Miami Floridians se transforment en The Floridians, et joue désormais à Miami, mais aussi à Tampa Bay, Jacksonville, mais aussi West Palm Beach. L’identité visuelle change aussi, passant du bleu et orange au magenta, orange et noir. De nombreux transferts sont également réalisés, notamment l’arrivée de la star Mack Calvin en provenance des Los Angeles Stars.
Malgré 27.2 points par match de la part de la star des Floridians, la saison démarre mal, avec une dernière place jusqu’en décembre, et l’arrivée de Ira Harge, qui va mener les siens avec des moyennes de 15 points et 14 rebonds. Les Floridians vont remporter 19 de leurs 36 derniers matchs, et se qualifier pour les playoffs.
Les phases finales vont être difficiles pour les roses et noirs, éliminés 4-2 par les Kentucky Colonels, finalistes cette année-là.
La saison suivante, les Floridians continuent de recruter afin de se donner une chance de faire mieux que l’année précédente. Mené par Mack Calvin et Larry Jones, le backcourt scoreur le plus prolifique de l’histoire la saison précédente (51.5 points par match), l’équipe Floridienne parvient à se maintenir à flot avec une attaque étincelante et fun à regarder. Mais la blessure de Jones, combiné à des conflits salariaux d’autres joueurs les font glisser à la quatrième place, après un bilan de 4 victoires pour 15 défaites lors des 19 matchs d’absence de Jones.
Avec un bilan de 36-48, les Floridians obtiennent une des dernières place qualificatives pour les playoffs, et se voit opposés aux Virginia Squires d’un certain rookie, Julius Erving.
Durant cette (courte) série, Julius Erving va marcher sur les Floridians, avec 37.7 points par match (coucou Jimmy Butler) et plus de 20 rebonds de moyenne. Au match trois, Julius va même inscrire 53 points (re-coucou Jimmy Butler) pour permettre aux Squires de s’imposer 118-113. A part ça, seul le premier match sera serré, mais remporté en prolongation 114 à 107 par les Virginia Squires.
Résultat net et sans bavure, 4-0.
Et c’est ainsi que va tristement se terminer l’aventure des Floridians. Avec des affluences bien trop basses, environ 3000 spectateurs pour les deux matchs de playoffs à domicile, et malgré la popularité des « ballgirls » des Floridians, plus connu dans le pays que l’équipe elle-même, le patron Ned Doyle se voit donc obligé d’abandonner sa franchise, après une dernière tentative ratée de délocaliser la franchise du coté de Cincinnati.
En juin 1972, les Floridians sont dissout. Les joueurs sont répartis dans les différentes franchises: Mack Calvin du coté de Carolina, Larry Jones dans l’Utah, ou encore Warren Jabali à Denver.
À partir de cette année-là, le basket va disparaître de Vice City pour de longues années…
La création
Le 22 avril 1987, la ligue tranche et décide d’instaurer quatres nouvelles franchises, dont deux dès la saison 1988-1989. Ces deux équipes sont les Charlotte Hornets, et le Miami Heat. L’année suivante, c’est les Minneapolis Timberwolves ainsi que le Magic d’Orlando qui vont intégrer la grande ligue.
18 ans après, Miami va de nouveau posséder une franchise NBA. Mais les choses n’étaient pas si simple: normalement, le comité devait trancher entre Orlando et Miami pour accueillir une seule franchise. Finalement, avec des toutes nouvelles salles crées pour appuyer leurs candidatures puis une population enthousiaste des deux cotés, les villes voisines vont posséder chacune leur franchise.
Coté South Beach, c’est la Miami Arena qui est inauguré le 13 juillet 1988, après plus de deux ans de travaux. Une enceinte moderne de 15 184 places, ce qui en fait la plus grande enceinte de Floride.
Mais dès octobre 1986, toute la ville connaît le projet d’implanter une franchise à Miami. Un sondage est lancé, afin de trouver un nom pour une future franchise. Plus de 5000 propositions sont faitesn et on peut retrouver : Miami Sunsetters, Miami Alligators, Miami Bagel Dunkers, Miami Vipers, Miami Barracudas, et évidemment, Miami Vice.
Mais c’est la proposition de Stephanie Freed qui va être retenu, le Miami Heat.
Pour le logo, c’est en 1988 que le sondage a été effectué. Et c’est Mark Henderson avec Richard Lyons qui ont remportés le sondage avec le premier logo du Heat, gagnant avec 34% des voix.
Tout cela est bien beau, mais le plus important pour monter une franchise reste tout de même l’aspect financier. L’expansion est géré par Billy Cunningham, légende des Sixers, ainsi que Lewis Schaffel, un ancien agent de joueur. Le projet de Miami est accepté, à condition de trouver un investisseur pour acheter les droits de la franchise.
Et c’est donc un homme d’affaire israélien, gérant d’une compagnie de croisières, qui va investir dans le Heat. Cet homme, c’est Ted Arison. Il va investir plus de 30 millions afin d’acheter les droits de sa franchise, aujourd’hui détenu par son fils, Micky Arison. Zed Buffman, un producteur de théatre, va lui aussi investir aux cotés de Ted, faisant des deux milliardaires les propriétaires du Miami Heat.
Une fois que la partie économique est géré, que la franchise possède un nom, un logo, et une salle, il faut recruter.
La première recrue est bien connue des fans du Heat, il s’agit du premier coach de l’histoire du Heat, Ron Rothstein. Aujourd’hui, il fait toujours partie de la franchise en tant que commentateur de Bally SportSun Florida, visible lors de chaque match de Miami à domicile.
Arrive ensuite la Draft d’expansion. Pour cela, chaque équipe déja existante doit « protéger » 8 joueurs, que les deux nouvelles franchises ne pourront pas sélectionner.
À la suite d’un tirage au sort, les Hornets décident de choisir le pick le plus élevé lors de la draft 1988, ce qui signifie que le Heat possèdera le premier choix pour la draft d’expansion, mais aussi le droit de sélectionner 12 joueurs, alors que les Hornets n’en sélectionneront que 11 (un pour chaque franchise).
Voici l’intégralité des choix du Heat :
1. Arvid Kramer, pivot en provenance de Dallas
3. Billy Thompson, ailier en provenance des Lakers
5. Fred Roberts, ailier fort des Celtics
7. Scott Hastings, pivot en provenance des Hawks
9. Jon Sudvold, arrière en provenance des Spurs
11. Kevin Williams, meneur en provenance des Sonics
13. Hansi Gnad, pivot rookie en provenance d’Allemagne de l’Est
15. Darnell Valentine, meneur en provenance des Clippers
17. Dwayne Washington, meneur en provenance des Nets
19. Andre Turner, meneur en provenance des Rockets
21. Conner Henry, arrière en provenance des Kings
23. John Stroeder, ailier-fort en provenance des Bucks.
Au final, peu de noms vont rester dans l’histoire de la NBA, et même dans celle du Heat. Tandis qu’un peu plus au Nord, chez les Frelons, Dell Curry sera sélectionné en deuxième position, Muggsy Bogues en cinquième, et Rickey Green en dixième, All-Star vieillissant.
A posteriori, on remarque que la draft d’expansion est bien mieux réussi coté Hornets.
Avec deux nouvelles équipes, l’organisation des conférences s’en voit bouleversé. Le Heat va donc effectuer sa première saison à l’Ouest tandis que les Hornets seront à l’Est, pour échanger l’année suivante avec l’arrivée de Minneapolis et Orlando.
Lors de la draft 1988, Charlotte possède donc le pick 8, et Miami le pick 9, les septs premier picks étant attribués aux équipes non qualifié en playoffs la saison précédente.
Le Heat, avec le premier choix de draft de leur histoire, va sélectionner Rony Seikaly, un pivot Américo-libanais de 2.11m, en provenance de Syracuse.
Pour le reste, Miami va sélectionner l’arrière Kevin Edwards en vingtième position, l’ailier-fort Grant Long à la 33ème, l’ailier-fort Sylvester Gray à la 35ème, l’ailier Orlando Graham à la 40ème, et enfin l’ailier Nate Johnston à la 59ème position.
Voici donc la première photo d’équipe du Miami Heat, pour la saison 1988-1989 :
Les débuts
Pour le premier match de leur histoire, le Heat reçoit les Los Angeles Clippers. Malheureusement, le match va se finir sur le score de 111-91 en faveur des Californiens. Pas grave, l’essentiel n’est pas là.
La suite va encore être compliqué, avec 17 défaites de suite pour commencer leurs première saison. Et enfin, le 14 décembre, encore contre les Clippers, les Floridiens vont décrocher la première victoire de leur histoire, sur le score de 89 à 88.
La fin de la saison va se dérouler dans le même état d’esprit, avec un bilan final de 15 victoires pour 67 défaites. Les voisins de Charlotte, eux, s’en sortent à peine mieux, avec un bilan de 20 victoires pour 62 défaites.
Kevin Edwards est le meilleur marqueur de Miami pour la première saison, avec une moyenne de 13.8 points. Mais la marque est largement répartie, avec six joueurs au dessus des dix points de moyenne.
Pour la saison suivante, le bilan s’améliore à peine. 18 victoires et 64 défaites, mais un titre de MIP pour Rony Seikaly, tournant à 18.4 points et 11.4 rebonds en moyenne. On peut aussi souligner la très bonne année rookie de Glen Rice, sélectionné avec le 4ème choix de la draft précédente. Il finira dans la All-rookie second team avec ses 13.6 points et 4.6 rebonds. Mais le meilleur rookie de South Beach sera Sherman Douglas, qui lui sera sélectionné dans la All-rookie first team, avec des moyennes de 14 points et 7.5 passes.
Petit évènement à Miami, le passage du All-star game à la Miami Arena. Gros coup de projecteur sur South Beach, avec dans les All-Stars onze des douzes membres de la Dream Team 1992.
Trosième saison pour le Heat, qui améliore son bilan au fil des années. Après un départ plutôt correct de 5 victoires pour 9 défaites, l’équipe de Seikaly va enchaîner dix défaites de suite, et finir la saison sur cette mauvaise lancée. Bilan final de 24-58, avec Douglas Sherman en meilleur marqueur, qui inscrit 18 points assorti de 8.5 passes. Glen Rice va aussi s’améliorer, et le rookie Willie Burton, ailier en provenance de Minnesota sélectionné en neuvième position, obtiendra une place dans la All-rookie second team.
Pour la première saison du coté de la conférence Est, c’est encore une dernière place pour Miami. Juste derrière les Hornets, qui comptent eux 26 victoires.
Place à une saison charnière dans l’histoire du Heat. Après trois saisons à (logiquement) trainer dans les bas-fonds de la NBA, Miami doit commencer à performer. Les fans commencent à s’impatienter, et malgré de bonnes saisons individuelle, les résultats doivent impérativement commencer à apparaître.
Et donc, de gros changements amorcent le début de saison. Ron Rothstein, le premier coach de l’histoire du Heat, est remplacé par Kevin Loughery, un coach au chomâge depuis trois saisons. Sa dernière expérience datait de 1988, avec les Bullets, qui s’en est séparé après deux saisons de playoffs. Steve Smith, arrière en provenance de Michigan, arrive avec le cinquième pick de la draft. Et enfin Billy Thompson, un des premiers joueurs piliers de la franchise, devient agent libre.
Le début de la saison est plus que réussie, avec septs victoires pour trois défaites. La saison continue, et le bilan de Miami est en montagne russes. Mais en janvier, avec seulement cinq matchs joués , l’un des meilleurs joueurs des saison précédentes est transféré. Doug Sherman est envoyé aux Celtics en échange de Brian Shaw, meneur qui va tourner en 7 points et 3 passes sur la fin de saison.
Mais le Heat arrive au All-Star break avec un bilan de 23-25, égalisant presque le nombre de victoires de la saison précédente. Miami s’accroche, et grâce à l’énorme saison de Glen Rice (29 points, 5 rebonds avec 39% à 3 points) accompagné de Seikaly (16 points et 8 rebonds), va se qualifier pour la première fois de son histoire en playoffs.
Avec un bilan de 38 victoires et 44 défaites, cette qualification a été acquise à l’arrachée. C’est grâce au tie-breaker remporté face aux Hawks que le Heat se place huitième.
La première série de playoffs de l’histoire de Miami se joue contre une équipe quasi-inconnue (non), les Bulls de John Paxson (et BJ Armstrong). Classés premier de l’Est, Chicago a des ambitions bien différentes des jeunots du Heat. Champion en titre, le back-to-back est bien sûr l’objectif.
Chose à savoir, le premier tour se jouait au meilleurs des cinqs matchs à l’époque. Première manche du coté de Windy City, et premier coup d’éclat d’un certain Michael Jordan. 46 points inscrit, et une victoire assez large, de 19 points.
Deuxième manche, toujours à Chicago, et défaite encore plus large pour Miami, -30. MJ se calme un peu, et pose seulement un 33 points-13 rebonds.
Pour le troisième match, Miami se voit obligé de gagner ce match, le premier à domicile, sous peine de se faire sweep. Départ canon pour les hommes de Loughery, qui mène 40-27 après 15 minutes de jeu. MJ et Scottie tentent de limiter les dégats, mais Seikaly et Rice maintiennent la cadence. Mi-temps, 56-51 pour les locaux. His Airness s’étant réveillé en fin de mi-temps, l’écart s’est rapidement mis à fondre.
Mais malgré tout, le Heat est dans le coup. C’était sans compter sur un MJ de feu, qui va totalement terrasser la défense de Miami. Pull-up, dunk, drive, toute la panoplie. Pourtant, le Heat tient bon. Le money time approche, et même si Chicago est devant, l’espoir est encore permis.
Avec des gros tirs dans les trois derniers minutes, Glen Rice permet à son équipe de revenir à 3 points. Mais le numéro 23 des Bulls en avait décidé autrement. Le couvercle est mis, et les Bulls sweepent Miami pour leur première apparition en playoffs. 56 points pour Jordan, 31 pour Scottie, et victoire 119-114.
Coté Heat, c’est Glen Rice (25 points) et Seikaly (22 points) qui ont fait le boulot.
Première campagne de playoffs plutôt expéditive, mais l’adversaire n’a pas laissé une miette. En témoigne les moyennes de MJ, 45-9.7-6.7 à 61% au tir. Miami a enfin gouté aux joutes printanières, et l’essentiel est là. Et spoiler, ce n’est là que le début…
Depuis la première équipe de basket professionelle jusqu’aux premiers matchs de playoffs, du temps s’est écoulé à Miami. De nombreux joueurs ont (déja) marqué l’histoire du basket professionel dans cette ville, et ce n’est que le début. Lors du prochain épisode, un personnage plutôt connu va faire son apparition. D’après certains locaux, on l’appelle The Godfather…