Nous voilà à deux jours du début de cette Coupe du Monde ! Et pour cette nouvelle preview, nous nous attaquons à l’autre représentant des pays baltes après la Lituanie : il s’agit de la Lettonie. Elle va vivre sa toute première compétition internationale, et y vient pour surtout apprendre.
Histoire
La Lettonie, comme la Lituanie et l’Estonie, a fait partie de l’URSS entre 1939 et 1991. Les plus grands joueurs de son pays ont ainsi pu s’exprimer durant cette période sous le maillot soviétique, et nombre d’entre eux venaient de ce petit Etat. Malheureusement, et contrairement à sa voisine lituanienne, elle n’a pas connu le même succès après son indépendance, en 1991.
La Lettonie a connu deux âges d’or pour son basket : l’un en tant que pays, et l’un en tant que république socialiste soviétique. La première fut dans l’entre-deux guerres, puisqu’elle va obtenir son seul titre de son histoire à cette période : ils vont être couronnés champions d’Europe en 1935, pour le premier championnat d’Europe de l’histoire. À cette période, la petite Lettonie était l’une des meilleures nations au monde, aux côtés de ses voisins baltes. Cette génération dorée du basket lettonien, avec les Jannis Lidmanis ou Rudolfs Jurcins, remportera également l’argent en 1939, et participa à ses seuls et uniques Jeux Olympiques en 1936, où ils finiront 12ème. La violence de la guerre viendra mettre fin à cette grande époque.
Le second âge d’or va se passer dans les années 50/60. C’est à cette période qu’un club letton, le Rīgas ASK, va dominer le championnat soviétique, avec 3 titres de champion en 1955, 1956 et 1958. C’est même une domination lettone sur 4 ans puisqu’en 1957, c’est l’équipe nationale qui gagnera la compétition. Et tout ça au nez et à la barbe des mastodontes du Žalgiris, du Dinamo Tbilissi, ou encore du CSKA Moscou ! L’équipe nationale soviétique sera aussi composé, à cette époque, de 3 légendes : le meneur Maigonis Valdmanis, l’arrière Valdis Muižnieks, et le pivot de 2m20 Jānis Krūmiņš. Ce trio est à l’origine de multitudes de titres pour l’URSS en Europe et aux Jeux Olympiques, et tous venaient de cette même Lettonie.
Par la suite, la Lettonie continue à fournir de bons joueurs à l’URSS, jusqu’à son indépendance en 1990. Sauf que là où son voisin lituanien va tout de suite impacter, les Lettons n’ont pas eu cette chance. Avoir d’excellents joueurs comme Valdis Velters, un des meilleurs joueurs européens des années 80, l’arrière Igors Miglinieks, ou encore l’intérieur NBAer Andris Biedriņš ne suffit pas à la Lettonie pour impacter en Europe. Jusqu’au milieu des années 2010, les Lettons stagnent : ils participent à la grande majorité des championnats d’Europe, sans toutefois faire mieux que 8ème en 2001.
Et puis, la Lettonie va revenir sur le devant de la scène. En 2015, un collectif soudé autour des Dairis Bertāns, Jānis Strēlnieks ou Kristaps Janičenoks va atteindre les quarts de finale de l’EuroBasket, en étant battu en quarts par la France de Tony Parker. Et en 2017, l’arrivée d’une toute nouvelle génération de talents lettons, dont l’ailier Jānis Timma et surtout les joueurs NBA Dāvis Bertāns et Kristaps Porziņģis, vont changer la face de la Lettonie : elle finit 5ème, son meilleur résultat dans une compétition internationale depuis 1939, en étant très proches de battre la Slovénie, futur vainqueur de la compétition.
Depuis ce coup d’éclat de 2017, la Lettonie peine à confirmer. Elle ne s’est pas qualifié pour l’EuroBasket en 2022, mais a réussi à remplir un objectif : se qualifier pour la première Coupe du Monde de son histoire. À la fois une confirmation de son renouveau et aussi quelque chose d’étonnant, quand on sait à quel point ce pays peut être un vivier de talents. La Lettonie souhaite enfin redorer son blason, et cette compétition n’est qu’une première étape dans ce sens.
Effectif
Le 26 juillet dernier, le sélectionneur italien Luca Banchi a dévoilé une liste de 24 joueurs, ensuite réduite à 16 joueurs, et qui sera réduit à 12 noms d’ici peu. Une liste remplis de talents et d’expérience, dans laquelle on peut retrouver certains noms connus en Europe, que voici :
- Kristers Zoriks – Meneur/Arrière, 25 ans, 1m93, VEF Riga (Ligue Estonienne-Lettonienne)
- Dairis Bertāns – Arrière, 33 ans, 1m93, Real Betis (Liga Endesa, Espagne)
- Jānis Timma – Ailier/Arrière, 31 ans, 2m01, Grises de Humacao (BSN, Porto Rico)
- Rodions Kurucs – Ailier/Ailier-fort, 25 ans, 2m06, UCAM Murcie (Liga Endesa, Espagne)
- Mareks Mejeris – Ailier/Ailier-fort, 31 ans, 2m07, Hapoel Jerusalem (Winner League Israëlienne)
- Andrejs Gražulis – Ailier-fort, 30 ans, 2m02, Dolomiti Energia Trentino (LBA Serie A Italienne)
- Rolands Šmits – Ailier-fort/Pivot, 28 ans, 2m07, Žalgiris Kaunas (LKL Lituanienne / EuroLeague)
- Dāvis Bertāns – Ailier-fort, 30 ans, 2m08, Oklahoma City Thunder (NBA)
À l’origine, dans cette liste, on retrouvait la star incontestée lettonne, le pivot de 2m22 Kristaps Porziņģis. À 27 ans, ce dernier sort de sa meilleure saison en NBA, à 22 points et 8 rebonds de moyenne aux Wizards, et aura l’opportunité de jouer le titre avec les Boston Celtics, qui ont échangé pour ce dernier à l’intersaison. Mais une blessure à la voûte plantaire, qui l’écartera des terrains pour entre 4 et 6 semaines, va l’empêcher de pouvoir disputer la Coupe du Monde. Un énorme coup dur pour la Lettonie, qui se voit priver de son meilleur joueur.
En plus de ce dernier, la Lettonie se retrouve privée de son meilleur shooteur Rihards Lomažs, et de l’expérimenté Janis Strelnieks, tout deux blessés. Mais cela n’empêche pas à la Lettonie d’avoir de très belles armes : cela commence par les frères Bertāns, Dairis et Dāvis. L’un au poste 2, l’autre au poste 4, ils font partie des rares lettons ayant foulé les parquets NBA et sont des cadres de la sélection. Il ne faut également pas oublier l’ailier passé par la NBA et la SIG Strasbourg Rodions Kurucs, le puissant et grand intérieur estampillé EuroLeague Rolands Šmits, ou encore le jeune meneur de 25 ans du VEF Riga Kristers Zoriks. Mine de rien, il s’agit d’un effectif plutôt complet, surtout dans la raquette. La seule difficulté est la profondeur au poste de meneur, pourtant central dans le basket moderne.
Quand au jeu letton, il va surtout reposer autour de leur capacité à shooter, et leur réussite dans ce domaine. Absolument tout le monde peut sortir à 3 points et tirer : c’est d’ailleurs toute la difficulté de jouer contre une équipe qui sait trouver les solutions derrière l’arc, et qui a fait son succès en qualifications. Cependant, si cette dernière est en panne de shoots, alors il sera très difficile de produire quelque chose.
La star
Dāvis Bertāns – Ailier-fort, 30 ans, 2m08, Oklahoma City Thunder (NBA)
L’absence de Kristaps Porziņģis pour cette compétition place automatiquement son acolyte Dāvis Bertāns, l’autre letton évoluant en NBA, en tant que leader de cet effectif.
Dāvis évolue en NBA depuis déjà 2016, après une belle carrière en Europe. Il a déjà connu 3 franchises, et s’apprête à en connaître une quatrième la saison prochaine, avec Oklahoma City. Alors qu’il est progressivement devenu un indésirable en NBA, son jeu, basé surtout sur un excellent shoot à 3 points et sa capacité à s’écarter, peut faire la différence face à n’importe qui. On parle tout de même d’un joueur qui tourne à 40% derrière l’arc en carrière, pour 5 shoots pris par match ! Et dans le collectif letton qui pratique à la perfection ce type de jeu, nul doute qu’il est une des plus grosses menaces.
Avec la Lettonie, le Latvian Laser voit son volume de shoots augmenter. Sa réussite ne baisse pas pour autant, elle monte parfois même au-dessus des 40% ! Si vous êtes un défenseur adverse, il est plus qu’important de le surveiller. Car si vous le lâchez, alors il est fort probable qu’il mettra ses shoots. Les défenses adverses sont prévenues.
Pronostic
Élimination au tour préliminaire.
Pour leur première Coupe du Monde, la Lettonie n’a pas eu de chance, puisqu’elle a hérité du groupe H, qui contient la jeune Liban, mais surtout le talentueux effectif canadien rempli de joueurs NBA, et l’un des meilleurs collectifs, l’expérimentée Équipe de France. Avoir ces deux dernières équipes réduit très drastiquement les chances lettones de passer le tour préliminaire. Mais les Lettons vont croire crânement à leurs chances, et il faut s’en méfier.
Malgré l’absence de leur star Kristaps Porziņģis, la Lettonie ne souhaite pas disputer sa première Coupe du Monde de son histoire en tant que victime expiatoire. L’expérience et le collectif letton peut poser problème à n’importe qui, surtout ceux qui les sous-estiment à l’approche de la compétition. Go Latvija !
[…] la première phase de poule, le Canada affrontera la France, le Liban et la Lettonie. La France est un adversaire de qualité avec son trio Evan Fournier, Rudy Gobert et Nicolas Batum, […]