Une série commence quand une équipe gagne à l’extérieur. Alors on peut dire que cette série entre les Cavs et les Pacers est officiellement lancée, et de la plus belle des manières pour Indiana. Mais plus encore que l’upset, c’est la manière qui interpelle. Les Pacers sont venus avec un plan clair : attaquer la défense des Cavs là où elle est censée être la plus solide, autour de Jarrett Allen, cible préférée d’un Tyrese Haliburton chirurgical.
Cet article a été écrit par Sacha François.
L’une des grandes interrogations de cette série, était la manière dont Cleveland allait défendre face à la fusée Haliburton. Depuis son arrivée à la tête des Cavs, Kenny Atkinson a bâti sa défense autour du secteur intérieur, incarné par le tandem Allen-Mobley, et misant beaucoup sur l’aide défensive.
Conscient des faiblesses de ses guards, Garland et Mitchell, l’ancien assistant des Bleus a transformé ses « Twin Towers » en véritables machines à contrer, toujours prêtes à suppléer leurs coéquipiers pour empêcher l’équipe adverse d’accéder au cercle. Une recette qui a porté ses fruits puisque Mobley a été élu Défenseur de l’année, une première dans l’histoire de la franchise.
Mais voilà, face aux Pacers et surtout face à un chef d’orchestre comme Tyrese Haliburton, défendre devient un véritable casse-tête. Car pour les Cavs, il va falloir trancher. Soit ils restent fidèles à leurs principes défensifs, et aident constamment quand Haliburton tente de pénétrer en acceptant de le laisser distribuer à volonté.
Mais dans ce cas, bonjour les shoots ouverts pour les copains, ça risque de faire très mal. Soit ils jouent le un-contre-un, et dans ce cas, il faut être prêt à prendre une sauce monumentale, car Tyrese en iso, c’est 9 fois sur 10 le bon choix et une lecture parfaite du mouvement de ses coéquipiers. Dans tous les cas, Haliburton force Cleveland à sortir de sa zone de confort, et c’est exactement là qu’Indiana veut les amener.
Et dès le Game 1, les limites sont apparues. Haliburton a ciblé Jarrett Allen sans pitié, que ce soit sur pick-and-roll, en isolation, ou en drive, tout y passe. Le meneur All-Star martyrise le pivot des Cavs en 1 contre 1, et finit le premier quart avec 3/3 au tir, tous inscrits sur la tête du Texan. Et quand la défense des Cavs arrive enfin à lui bloquer l’accès au cercle, pas de problème, Tyrese distribue, et comme à son habitude, il est propre.
Si Indiana gagne ce match, c’est parce que son meneur a su le fermer à double tour. Certes, il ne plante pas 20 points dans le money time, mais il prend des décisions en patron. Haliburton finit à 13 passes décisives, une seule perte de balle, et lui-même le dit en conférence de presse avec une petite vanne bien placée : « Le rôle de meneur, c’est un peu comme être une mère. Tu dois t’occuper de tout le monde, il faut juste le faire au haut niveau. Ce soir, j’ai été une bonne mère, vu qu’on a gagné. »
Quand l’attaque cale, les soldats des Pacers répondent
Certes, Indiana a gagné, mais la bande à Rick Carlisle a bien failli se faire surprendre, mais c’était sans compter sur le sang-froid de ses role players Andrew Nembhard et Aaron Nesmith. Durant tout le match, à chaque fois que Cleveland croit revenir, les deux arrière/ailier viennent en remettre une couche à coup de gros tirs à trois points et de stops en défense. Et le pire dans tout ça, c’est qu’ils se relaient. Indiana est une équipe collective qui implique chacun de ses 5 joueurs présents sur le terrain offensivement.
Quand Nembhard s’occupe du deuxième et du quatrième quart, c’est Nesmith qui assure le run dans le début du troisième. Vous voulez des stats ? En voilà. Sur le deuxième et le quatrième quart, Nembhard est à 100 % au shoot. Oui, oui, 100 %, avec 3 tirs longue distance. On parle bien de ce gars à 30 % à trois points en régulière qui balance step-back sur step-back depuis le début de la postseason. Un véritable poison, et probablement le joueur le plus clutch offensivement de ce match.
Et Nesmith, bah c’est pareil : dans le troisième quart, il est à 100 %, avec lui aussi 3 tirs du parking. À l’image de ces deux-là, il faut savoir que les Pacers ont extrêmement bien tiré dans ce Game 1 avec un magnifique 19/36 à 3 pts. Mais depuis le début des playoffs, c’est du grand n’importe quoi : Nesmith et Nembhard sont à plus de 55 % derrière l’arc. Avec un Haliburton à la distribution et ces deux-là en mode pyromane, que ce soit pour les Bucks au premier tour ou maintenant pour les Cavs, il est difficile de résister.
Des choix douteux et une attaque des Cavs bloquée
Alors qu’il reste moins de 5 minutes à jouer, les Cavs sont encore dans le match, notamment grâce à un Evan Mobley très propre offensivement. Mais dans les dernières minutes, on sent bien le contraste offensif entre les deux équipes. Cleveland force sur deux joueurs, bonjour Mitchell et Jerome qui comptabilisent 50 tirs à eux deux, pendant que les Pacers partagent le gâteau (six joueurs à plus de 10 points).
L’attaque des Cavs devient lente, et surtout égoïste. À l’image de Ty Jerome qui fonce tête baissée et tente de sauver son équipe. Mais la différence se fait surtout défensivement, chacune des deux équipes cible les maillons faibles. Pour Indiana, c’est Jarrett Allen, encore et encore. Pour Cleveland, c’est Haliburton. Mais surprise, Tyrese défend bien. Très bien. Il coupe l’élan de Mitchell à plusieurs reprises en isolation. Il fait le boulot.
Ce Game 1 a montré la force collective d’Indiana, la maîtrise tactique d’Haliburton, et l’importance capitale des role players. Un coup parfait, exécuté avec sang-froid, dans une salle hostile. Rick Carlisle résume ça : « On doit continuer d’avoir faim. Je n’ai pas vu beaucoup de gens nous donner favoris dans cette série, donc on doit utiliser ça pour rester motivés. Le Game 2 va être très dur, mais on doit continuer d’attaquer. » Si vous n’aviez pas coché cette série dans votre bracket, il est peut-être temps de la surligner en rouge. Parce qu’elle est bel et bien lancée.