Nous voici à l’aube de 2025 et un gros tiers de la saison a déjà été joué. Le dicton dit « pas de stats avant Noël », mais justement nous voici quelques jours après. De quoi sortir l’artillerie lourde pour décortiquer une équipe sur laquelle reposait beaucoup d’attentes : les New York Knicks. Alors, au bout de 27 matchs, les hommes de Thibodeau ont-ils bien faits leur devoir lors de ce premier trimestre ? C’est l’heure d’un premier bilan. Tactique, stats, alchimie, tout sera passé en revue alors installe vous bien et on est parti.
Une attaque qui mérite les félicitations
Commençons par un bilan chiffré assez simple mais finalement qui reflète le but du basket. Les Knicks possèdent sur ce début de saison un offensive Rating de 122.3. Autrement dit, ils scorent 122 points par 100 possessions, le 2e meilleur score de NBA. Très bien installé dans le trio de tête avec les Cavs (122.7) et les Celtics (122.1) mais assez loin des Mavs 4e avec “seulement” 119.1. Les Knicks ont donc une attaque d’élite, mais sur quoi se base-t-elle ? Surchauffe de loin, diversité tactique ou les deux ?
La première chose qui marque avec cette attaque et qui détonne avec l’an passé c’est le nombre de finisseurs efficaces et donc d’options de jeu. Assez simplement, regardons l’efficacité au scoring des plus gros temps de jeu par rapport à la moyenne NBA. On découvre alors que les 6 plus gros temps de jeu, à savoir Mikal Bridges, OG Anunoby, Josh Hart, Jalen Brunson, Karl Anthony Towns et Miles McBride sont au-dessus de l’efficacité moyenne. Ils ont tous au minimum 100 de TS+ et c’est un fait assez rare pour être souligné. Et sur ce début de saison, on a vu bon nombre de matchs au cours desquels la marque était très répartie.
Quelques autres chiffres pour confirmer ce que l’on voit sur le terrain. Un chiffre clef est sans doute le 27.2% de rebond offensif. Pourquoi ? Parce que c’est le 16e score de NBA (donc moyen) alors que les hommes de Thibodeau trustaient le podium depuis 2ans. New York est donc bel et bien devenu une attaque d’adresse, qui dépend bien moins de cette domination dans la bataille des possessions.
Un autre chiffre clef c’est 13% de TOV%, 3e meilleur score. En gros, les hommes de Thibodeau perdent très peu de ballons (à une période où tout le monde en perd de plus en plus mais c’est un autre débat) et sont ultra adroits. Les Knicks sont donc en un sens sortie de la Brunson-dépendance mais pas réellement non plus. Car c’est bel et bien son duo avec le gros chat qui est au centre de tout.
Big Bodega et le Cap’tain : vers l’infini et l’au delà ?
Rentrons un peu plus dans l’aspect terrain pour comprendre comment cette équipe arrive à un tel score. Et le moteur de cette attaque d’élite est ce duo ultra complémentaire et qui a de nombreuses cartes dans sa manche. Tout commence avec l’utilisation de Towns, évidemment placé au périmètre beaucoup mais surtout placé en tant que hub offensif sur beaucoup d’actions. Cela a pour conséquence de complètement vider la raquette et laisse donc une grande liberté de mouvements off ball à ses coéquipiers, dont Jalen Brunson.
Ainsi, beaucoup de possessions démarrent en réalité avec Brunson off ball, qui reçoit un écran de Josh Hart pendant que les corners sont bien occupés par Mikal et OG. Ce sont des situations dites de Horns. Et à partir de ces situations, Thibodeau a vraiment un playbook offensif varié (ceci n’est pas une blague) : blind pig, iverson cut, Horns out, Chin screen… Les Knicks savent surprendre leurs adversaires bien plus qu’auparavant.
Si la défense est trop agressive sur JB, Hart peut couper et Towns le verra et le servira. Et si la défense est plutôt en place, on peut enclencher avec ce P&R dévastateur entre les deux, dans un bon spacing et avec un premier décalage de créer. Et ce P&R a réellement les réponses tactiques a beaucoup de défenses. Après les doutes sur la pose d’écran de KAT, nous avons désormais droit à un 2 men game qui a déjà trouvé ses automatismes.
Premièrement, parce que Towns a fait quelques efforts sur sa pose d’écran et même si cela n’est pas parfait (ou au niveau de Hartenstein), la création d’un petit avantage positionnel est primordial pour Jalen. Car il n’a pas besoin de plus, lui qui excelle pour snake le P&R et mettre son défenseur dans le dos pour attaquer la zone intermédiaire où il est dévastateur. Et aussi parce qu’une fois que Brunson est dans cette zone, le champ des possibles est désormais bien plus grand qu’auparavant. Car face au drop de certaines défenses, il y a le Pick&Pop de Towns.
Mais il y a aussi le Roll du KAT, qui avait un peu disparu à Minnesota, qui a été réintroduit aux Knicks grâce au spacing. Notamment sur des situations de empty side P&R où on vide le corner et on dépolie ce jeu à 2. Fermer le roll ? C’est ouvrir le floater à Brunson, un des tous meilleurs de NBA dans l’exercice. Fermer le floater ? C’est ouvrir la pocket passe à KAT qui peut ensuite driver en puissance. Faire venir une aide et donc un 3e homme ? C’est s’ouvrir à l’opposé alors que le spacing est optimal et c’est peut-être là où monsieur numéro #11 surprend, sur son passing. Avec plus d’espaces, il a plus de libertés proche du panier et on le voit de plus en plus “nasher”, prendre des dribbles supplémentaires pour attendre la bonne fenêtre de passes.
Ce spacing, cet assemblage de pièces a donc peut-être débloqué en une seule fois : le passing de KAT, le passing de JB, le driving game de KAT le tout en soulageant un peu Brunson à la création. Et tout ça se ressent, JB et KAT ont une charge supportable et donc tout ce qu’ils font n’a qu’un seul but : l’efficacité ! Au scoring individuel, JB c’est 109 TS+ et KAT c’est 113 TS+. Monstrueux.
Et dans les ratings collectifs aussi, ça se ressent : lorsqu’au moins un des deux est sur le terrain, c’est minimum 122.5 d’Off Rating. Lorsque les deux sortent, le chiffre tombe à un abyssal 101 ! Donc en résumé, les Knicks possèdent l’un des duos les plus dynamiques en attaque mais derrière ces deux-là, c’est assez pauvre. Mais ce moteur offensif a-t-il un prix à payer de l’autre côté ?
La défense : verre à moitié vide ou à moitié plein ?
Il est là le gros enjeu de la saison côté New-York et on le savait dès le début. Peux-tu être average en défense avec ce duo ? Et autant dire que le début de saison a fait peur. Une défense longtemps dans les bas-fonds de la ligue et donc les lacunes étaient clairement identifiées : le drop de KAT. Très mauvais dans l’exercice et pas aidé par une défense très faible du POA de Mikal Bridges, les Knicks laissaient une multitude de tirs ouverts à peu près partout sur le terrain. KAT restait très bas, libérant ainsi le pull-up à 3pts ou laissant le loisir au porteur adverse de trouver ses spots proche du panier. Et dès qu’il montait un peu, il se faisait punir sur le lob dans son dos car il n’a pas du tout la verticalité.
Un sacré casse-tête pas aidé par l’impossibilité de faire jouer KAT en 4 vu l’importance du spacing en attaque et surtout l’absence d’un vrai 5 dominant au cercle défensivement avec l’absence de Mitchell Robinson. Et pourtant, à l’heure du premier bilan les Knicks sont tout de même la 12e défense de NBA avec 113.3 pts encaissés par 100 possessions. Comment expliquer ça ?
Premièrement par un changement tactique défensivement. Connus pour être historiquement agressifs sur P&R, les Knicks l’étaient un peu moins et ont resserré la vis. Mais surtout, Thibs a un peu replacé KAT sur P&R. Un poil plus haut sur son drop, on ne lui demande plus trop de s’occuper du lob dans son dos et on fait une trap à deux sur le P&R. Le lob, c’est bien souvent Josh Hart qui vient le couvrir abandonnant son joueur et ça décharge donc KAT de sa plus grosse lacune, malin. Et même, si jamais le porteur fixe (drag it out) KAT, la couverture se transforme en late switch.
Et dans ce “nouveau” rôle, le Big Bodega est vraiment plutôt pas mal et a signé de très bons matchs défensifs (Orlando, Wolves…). Mais donc avec ce nouvel ajustement d’encore plus surchargé la raquette et de défendre collectivement le panier, les Knicks ont retrouvé de bons standings défensif : 20e en fréquence de tirs encaissés au panier mais 10e défense en adresse laissé au panier, 3e équipe qui concède le moins de LFs et 6e équipe en adresse sur les short mi-distance. Des signaux encourageant, avec encore une marge de progression évidente avec le retour de Robinson.
Mais malgré tout, en étant parfaitement honnête, ce regain de forme défensif est aussi dû à un calendrier assez faible. Puisque depuis le début du mois de décembre, les Knicks n’ont joué AUCUNE équipe dans la première partie de tableau offensivement. Que des équipes dans le bottom 15 (et souvent bottom 10) de la ligue en attaque. Et cela a permis de déployer Josh Hart (et parfois OG) off ball sans être punis par l’attaque adverse qui avait au minimum un non shooteur sur le terrain. Donc oui, les Knicks progressent mais n’oublions pas le découpage qui a eu lieu à l’opening night ou une semaine plus tard face à Cleveland. On demande à en voir plus de ce côté là, mais une chose est sûre Thibs fait des choses et ce groupe travaille pour trouver son équilibre défensif qui rendrait cette équipe crédible.
Une rotation trop courte pour avoir de vrais espoirs ?
Cette équipe n’est pas parfaite, mais elle semble s’être trouvée une identité et c’est déjà très positif. On sent bien que Thibodeau cherche à trouver les automatismes avec ce groupe et une stat en atteste : le 5 majeur est celui qui a joué le plus de possessions ensemble de toute la NBA et d’assez loin avec 920. En un sens, on pourrait aussi en faire une critique fondée cette année : les joueurs de la rotation jouent beaucoup. 3 joueurs au-dessus des 36 minutes, un Mikal à 38.3 plus haut score de toute la ligue, c’est forcément préoccupant.
Mais une source d’espoirs est tout de même le fait que les blessures limitaient fortement les possibilités : sans Shamet, Achiuwa et Robinson, impossible de décaler KAT en 4 et aucune rotation aux wings. Compliqué donc mais peut-être qu’il s’agissait seulement d’un concours de circonstances qui se règlera quelque peu lors de la deuxième partie de saison…
Pour finir, rappelons que les Celtics vont au bout l’an passé avec une rotation de 8 joueurs. Il ne faut donc pas forcément un banc ultra profond pour gagner en play-offs. Mais encore fautil arriver en Play-offs avec suffisamment d’energie et de réserves pour encaisser le coup. On surveillera de près tout ça mais une chose est sûre, ces Knicks 2025 sont plaisants à voir, ambitieux et compétitifs pour la 3e année de suite. Et rien que pour ça, ils méritent de jolis cadeaux sous le sapin.
Et finalement, quelques aspects pêle mêles à surveiller qui pourraient faire pencher la balance (en bien comme en mal) : la surchauffe de loin de Josh Hart, l’attaque face aux défenses de switch all, la sous chauffe de OG Anunoby dans les corners, un potentiel trade à venir…