Une victoire pas loin d’être historique
Un. C’est le nombre de séries de playoffs remportées par les Knicks au 21e siècle avant cette saison 2023. Une toute petite série en 2013 avec Jason Kidd à la mène, Melo dans l’aile et Tyson Chandler à l’intérieur. Autrement dit, avec cette victoire contre les Cavs, ils ont doublé leur compteur de victoires depuis le départ de Pat Ewing. Il faut bien se rendre compte de l’anomalie/de l’exploit que cela représente pour cette franchise (trop) habituée à perdre. Une phrase imprononçable et même impensable il y a un an pour tout fan des Knicks, lorsque Julius Randle sortait sa pire saison sous le maillot New-Yorkais et que la défense de fer de Thibs était devenue passoire. Encore plus improbable, les Knicks ont gagné alors que leur leader All-Star était loin d’être à 100% physiquement, que leur 6e homme n’y était pas du tout offensivement et que leur arrière titulaire (Grimes) est sur la touche depuis le Game 3. C’est dire la force collective de ce groupe incroyable qui revient de très loin. Et derrière ce crew, c’est toute la ville qui pousse, évidemment. La folie s’est emparée de New-York dans le sillage d’une équipe à l’identité qui colle aux valeurs qui plaisent au Garden. Du hustle, un cœur immense et un combat de 48min, quitte à ne pas être les plus beaux à voir ces Knicks donneront tout. Comme les résultats suivent, la fièvre s’est emparée de la ville et on en est presque à se demander si KD ne va pas finir par vraiment regretté. La température est montée d’un cran pour l’arrivée de la série à 1-1 au Garden et si les Cavs ont sans doute un peu perdu leurs moyens dans ce chaudron, il ne faudrait pas oublier que sur le parquet les Knicks ont complètement out-play tactiquement leurs adversaires.
Aussi la victoire de Thibodeau
Une jeune équipe 4e de sa conférence qui découvre les Playoffs avec l’avantage du terrain et dont l’attaque simpliste se fait exposée par une équipe bien mieux préparée collectivement. Miroir parfait de la série des Knicks 2021, cette description colle parfaitement à la série Cavs-Knicks. A la différence que cette année, New York était dans la position du chasseur et non du chassé. En effet, ce sont bien les hommes de Thibodeau qui sont arrivés le mieux préparés. Offensivement, pas besoin de chercher très loin. Jouer un maximum d’isolation avec Brunson face au plus faible défenseur adverse et surtout : imposer sa loi au rebond offensif. 2e dans ce domaine en régulière, ils ont appuyé là où ça fait mal puisque Cleveland était la 29e équipe du rebond défensif après le All Star Game. Le résultat est probant : 35% de rebond offensif captés sur l’entièreté de la série (d’après Basketball Référence). Autrement dit, plus d’un tir sur 3 manqué par les Knicks a été récupéré pour une seconde chance. Symbole de cette domination, évidemment Mitchell Robinson qui finit avec 23% de rebonds offensifs, soit près de 6 par match. C’est colossal. On pourrait aussi citer Josh Hart qui a pris sur l’entièreté de la série plus de rebonds que Jarrett Allen. Cette avantage a commencé dès le match 1 en réalité puisque c’est comme ça qu’ils ont douché d’entrée de jeu Cleveland malgré un gros Mitchell (39% de O Reb). En réalité, l’attaque sur mi-terrain a bien été ralentie par cette défense des Cavs. Si l’on regarde l’efficacité pure sur les jumpshots (eFG%), les Knicks ont shooté catastrophiquement cette série et surtout bien moins bien que les Cavs : 48 eFG% vs 51 eFG%.
De l’autre côté aussi, les Knicks ont imprimé leur tempo, et ce tout au long de la série. Le plan de jeu est plutôt basique mais drôlement efficace pour pointer les limites de cette attaque très simpliste et qui manquait de spacing. Laisser le poste 3 complètement ouvert tel qu’il soit (Okoro, Osman ou Danny Green) et resserrer cette raquette. Résultat : les Cavs n’ont tenté que 20% de leurs tirs dans la raquette (!). Et sur les 2 guards, certes il y a un peu de réussite tant les deux sont passés à côté mais les Knicks leur ont réellement compliqué la vie. Mettre énormément de densité physique à chaque écran posé pour empêcher les pull-ups, compliquer l’accès au cercle avec donc cette aide du défenseur du poste 3 adverse et ne pas faire trop de fautes, telle était la recette. De ce piège à deux facettes, les Cavs n’ont jamais su en sortir et ont pataugé à 105 points marqués pour 100 possessions. La moins bonne équipe de régulière étaient les Hornets à … 109. Une performance dramatique que la défense a tenté de sauver en s’ajustant : Jalen Brunson fait la chanson au G1 ? On va le trapper à chaque écran pour mettre en exergue son playmaking un poil limité. Dans l’idée pourquoi pas mais c’est là qu’il faut tirer son chapeau à Thibodeau. Sans réinventer le basket, il a trouvé trois solutions très efficaces. 1) Jouer encore plus d’isos pour JB (joueur avec le plus gros temps de possession de ce premier tour). Deuxièmement, attaquer le cercle après le décalage et forcer Jarrett Allen a faire la rotation nécessaire. Résultat : un Mitchell Robinson oublié qui se régale sur rebond offensif (encore). Deuxième option : ramener RJ Barrett en poseur d’écran et l’utiliser en second porteur de balle. Les Knicks ont fait ça très souvent et ce nouveau rôle a complètement relancé le Canadien qui s’est régalé : 19, 26 et 21 points très efficace, 64 TS% sur ce span, et peut-être ses meilleurs matchs sous le maillot des Knicks au meilleur moment. On doutait de Thibs pour savoir s’il était l’homme de la situation pour ce groupe relativement jeune, forcé de constater qu’il a donné la leçon dans ce premier tour. Capable de choix forts comme bencher Julius Randle dans le 4e QT du Game 4, nous devons lui tirer son chapeau.
Le droit de rêver ?
En faisant des choix relativement simples, ces Knicks ont anéanti les Cavaliers et se retrouvent aujourd’hui face au 8e de conférence : le Heat. Peuvent-ils rêver ? Jusqu’où peuvent-ils aller ? Ca en mériterait un article complet mais certaines certitudes sont présentes. Miami aura le meilleur joueur de la série en Butler et il faudra le freiner. Qui mettre dessus ? Hart ou Barrett ? Doubler en permanence? On a hâte de voir ce que va lui réserver Thibodeau. Pour finir sur une note d’espoir le Heat a été touché complètement par la grâce face aux Bucks (performance All-Time d’adresse) et ne tiendra sans doute pas ce rythme un deuxième tour. Toujours est-il que les Knicks ont leur chance pour jouer une finale de conférence et rien que cette phrase, c’est un rêve éveillé pour les Knickerbockers.
[…] l’inverse d’un tir à 3pts qui sera pris quoi qu’il arrive, le match-up est ultra important. Contre les Cavs chez qui le rebond est une faiblesse, ça passe (35% de rebond off). Contre le Heat qui s’adapte, […]