Comme la saison dernière, nous vous proposons une liste de 20 joueurs à suivre cette saison en Euroleague. Terminons cette série avec ceux des équipes qui vont se battre pour le titre.
Anadolu Efes : Isaia Cordinier (arrière, 28 ans)
Statistique 2024-25 : 12,0 points ; 3,9 rebonds ; 3,9 assists en 27 minutes (Euroleague)
Il était temps pour Isaia Cordinier de rejoindre un club compétitif en Europe. Après trois saisons à la Virtus Bologne, le Tricolore a prouvé qu’il était un très bon joueur d’Euroleague. Grâce à sa puissance physique et ses progrès au handle, l’ancien de Nanterre est une réelle menace sur drive, où il peut finir aisément dans la raquette, faisant de lui l’un des arrières les plus aériens du Vieux Continent. Il tournait par exemple à 61% près du cercle la saison dernière en Euroleague (54e centile).
Balle en main, il n’est pas qu’un simple scoreur pour lui. Cordinier a en effet énormément progressé depuis ses jeunes années à Antibes, pour devenir aujourd’hui un créateur secondaire de très haut niveau. Il était d’ailleurs la saison dernière l’un des créateurs principaux de la Virtus, tant en termes d’usage (22,5 ; 72e centile) que d’assist percentage (25,5% ; 84e centile). Bien évidemment, on n’attendra pas de lui qu’il soit le créateur principal à Istanbul, mais il pourrait être très intéressant dans l’attaque de closeout en exploitant les premiers décalages.
Pour autant quelques interrogations subsistent concernant le shooting. S’il a déjà montré qu’il pouvait prendre feu, notamment durant les JO, Cordinier reste encore aujourd’hui un joueur inconstant de loin. Sur ces trois saisons à Bologne, il tournait à 40% de loin dans le championnat italien mais à seulement 29% en Euroleague, sur un volume similaire. Mais nul doute que son rôle sera différent à l’Anadolu la saison prochaine. En effet, on n’attendra pas de lui qu’il soit un initiateur d’attaque, mais plutôt un finisseur. Un rôle qui devrait lui convenir puisqu’il pourrait gommer ses pull-up pour prioriser des tirs plus faciles en catch-and-shoot.
Car oui, Cordinier n’aura clairement pas le même rôle que par le passé. Dans une équipe de l’Anadolu qui s’est grandement renforcée sur le backcourt cet été, le Tricolore n’aura plus autant de libertés offensives que par le passé. Mais il pourrait se faire une place dans la rotation par sa capacité à être un bon défenseur sur le point d’attaque, où sa puissance physique et son envergure sont un réel avantage pour gêner les arrières et ailiers adverses.
Fenerbahçe : Brandon Boston Jr (ailier, 23 ans)
Statistiques 2024-25 : 10,7 points ; 3,2 rebonds ; 2,2 assists en 24 minutes (NBA)
Tout fraîchement débarqué de NBA, Brandon Boston Jr. va découvrir cette année l’Euroleague sous les ordres du légendaire Šarūnas Jasikevičius. Si l’arrière américain n’est pas le seul « NBAer » à rejoindre le Vieux Continent cet été, il est certainement parmi les arrivants celui que l’on attendait le moins.
Seulement âgé de 23 ans, le pick 51 de la draft 2021 avait enfin réussi à se faire une place dans la grande ligue. Après avoir squatté le fond du banc des Clippers pendant 3 saisons, sa signature avec les Pélicans de la Nouvelle-Orléans lui a permis de passer un cap. Plus de 10 points en presque 24 minutes chaque soir, l’ancien des Wildcats du Kentucky semblait s’être fait une place en NBA.
Partir pour mieux revenir ? C’est sûrement le plan qu’ont en tête le joueur et son clan, à l’instar d’un ancien du Fener qui vient tout juste de faire ses valises pour l’Arizona et les Phoenix Suns, Nigel Hayes-Davis. Remplacer le MVP du dernier Final 4 n’est pas une mince affaire, d’autant plus qu’il lui faudra très certainement une période d’adaptation.
Si le joueur était capable de marquer plus de 10 points par match en NBA, il devrait être capable de faire tout aussi bien en Europe grâce à son talent offensif complet. Mais à une seule condition : réussir à s’adapter au jeu européen comme a pu le faire le nouvel exemple des joueurs NBA qui arrivent en Europe pour se relancer, Kendrick Nunn.
Brandon Boston Jr. réussira-t-il à s’imposer en Euroleague ? Son choix de quitter les États-Unis était-il judicieux ? Quel rôle aura-t-il dans cette équipe championne en titre où il retrouvera d’autres anciens de la grande ligue ? Une seule certitude, un talent pareil sera à suivre de près sur les parquets de la plus grande compétition européenne l’année prochaine.
Olympiacos : Keenan Evans (arrière, 29 ans)
Statistiques 2023-24 : 17,3 points ; 2,8 rebonds ; 3,9 assists (Euroleague)
Après une saison blanche à la suite de sa rupture du tendon rotulien au genou gauche, Keenan Evans aura à cœur de prouver qu’il peut redevenir encore une fois l’un des meilleurs joueurs d’Euroleague. Car on se souvient que l’Américain avait déjà connu une grave blessure en 2023 (rupture du tendon d’Achille), mais était parvenu à revenir en grande forme la saison suivante avec le Zalgiris Kaunas.
S’il ne possède pas le premier pas le plus explosif, Evans reste quand même un bon joueur sur drive par sa capacité à changer de rythme, et notamment à décélérer pour s’ouvrir un angle près du panier. Son footwork est également une réelle force chez lui, lui permettant d’obtenir pas mal de paint touch, et ainsi de mettre la pression sur le cercle adverse.
La réelle force de son profil réside dans sa capacité à être un très bon scoreur sur la création individuelle. Il a cette capacité à punir le moindre espace qui lui est laissé, ou à se le créer avec un stepback dévastateur. Il tournait par exemple à 43% de réussite à trois points lors de sa dernière au Zalgiris Kaunas avec 5,6 tentatives lointaines par rencontre !
Il n’est certes pas un maestro d’élite, mais il est tout de même capable d’assumer de la création secondaire, notamment via du drive &-kick. Ce qui est loin d’être un problème dans le système offensif de l’Olympiacos, où la création repose sur le mouvement sans ballon. On peut néanmoins se demander comment Evans trouvera sa place dans ce flow offensif, lui qui n’a jamais montré de réelles qualités off-ball. J’ai également quelques craintes quant à la répétition des profils de shooteurs entre Evan Fournier, Sasha Vezenkov et Evans.
Défensivement, ce dernier devrait profiter des rotations défensives de Giorgos Bartzokas pour être protégé. S’il est capable d’avoir quelques flashs intéressants sur le point d’attaque, il reste tout de même un défenseur irrégulier qui fonctionne encore un peu trop à l’envie.

AS Monaco : Nikola Mirotic (intérieur, 34 ans)
Statistiques 2024-25 : 17,7 points ; 6,4 rebonds ; 2,0 assists en 28 minutes (Euroleague)
L’année dernière, Nikola Mirotic nous a fait une souvent habituelle avec lui. Il est toujours l’un des meilleurs scoreurs d’Europe, via sa capacité à punir sur post-up avec son toucher près du cercle ou avec son tir extérieur. Mais comme trop souvent avec lui, on a vu les limites de son jeu lorsqu’il doit être le meilleur joueur de l’effectif. Il n’est pas (plus ?) en mesure d’être le joueur qui élève le collectif par son seul talent individuel, dépendant à l’inverse de la réussite autour de lui.
Et ça tombe bien car Monaco ne manque pas de talents ! L’ASM possède en effet l’un des effectifs les plus profonds d’Europe, avec d’excellents créateurs et un système offensif efficace depuis la prise de fonction de Vassilis Spanoulis en novembre dernier (6e offensive rating sur la saison d’EL). L’intérieur espagnol devait s’épanouir dans ce rôle de finisseur, tout en étant constamment associé à un autre intérieur afin de l’aider défensivement, lui qui n’est pas en mesure d’assurer efficacement le rôle de protecteur de cercle.
Toute la question est maintenant de savoir comment Mirotic parviendra à trouver sa place aux côtés des autres stars de l’équipe, à commencer par Mike James. Si les deux anciens MVP sont de magnifiques joueurs individuels, ils sont encore tous les deux à la recherche de leur premier titre européen. Comment leur duo fonctionnera sur PnR, sachant que Mirotic est loin d’être élite dans la pose d’écran (privilégiant le post-up ou le spot-up), alors même que c’est l’un des aspects les plus importants du jeu de Monaco ?
Sachant qu’il aura 35 ans au cours de la saison, Mirotic est sûrement conscient que ses meilleures années sont derrière lui. Acceptera-t-il d’avoir un rôle offensif moindre que ces dernières saisons ?
Panathinaikos : Richaun Holmes (intérieur, 31 ans)
Statistiques 2024-25 : 7,4 points ; 5,4 rebonds ; 0,7 contre en 17 minutes (NBA)
Après 10 saisons NBA et presque 500 matchs joués, Richaun Holmes traverse l’Atlantique pour poser ses bagages en Grèce. Une signature aussi inattendue que majeure après l’échec de Jonas Valanciunas qui vient renforcer le Panathinaïkos.
Tout au long de sa carrière, Holmes a prouvé qu’il pouvait être efficace sur de courtes séquences par sa capacité à être un bon finisseur ainsi qu’un assez bon rebondeur offensif. Il possède un bon gabarit physique, notamment un haut du corps robuste, qui lui permet de faire sentir sa présence dans la raquette. S’il n’est pas le joueur le plus aérien, il reste tout de même efficace pour terminer les actions ou pour récupérer des secondes chances grâce à son activité sous les cercles.
C’est plus défensivement que les craintes peuvent se faire entendre avec son profil. Il n’a jamais été réellement un joueur impactant de ce côté-là du terrain, montrant quelques limites dans ses rotations et dans sa capacité à protéger efficacement le panier. Il réalise en effet trop de fautes à cause de son envie d’impacter la rencontre dès qu’il est sur le parquet. Un surplus de motivation qui lui a fait défaut par le passé, mais qui s’expliquait aussi par son rôle d’energizer en sortie de banc. Nul doute que le joueur devrait être moins sujet aux fautes, malgré les systèmes agressifs en hedge du club grec.
Toute la question va maintenant être de savoir s’il peut s’adapter à un tout nouveau contexte, à la fois culturellement et sportivement. L’intérieur américain devrait sans doute avoir pas mal de temps de jeu, surtout en début de saison, mais quid de son association avec Mathias Lessort ? Les deux seront-ils associés ensemble ? Leur complémentarité paraissant difficile à envisager sur de longues séquences. Cela permettra au moins à Ergin Attaman d’avoir constamment un très bon pivot, ce qui a pu faire défaut la saison dernière après la blessure de notre Tricolore.
S’il parvient à s’adapter à ce tout nouveau championnat, Richaun Holmes pourrait bien être une recrue cinq étoiles pour cette équipe du Pana qui est plus que jamais armée pour remporter une nouvelle Euroleague.