Woj ou Shams Bomb en NBA, « Here we go » dans le football… Depuis quelques années, le jargon des insiders trouve sa place dans notre vocabulaire. Mais qui sont réellement ces insiders NBA, quel est le train de vie de ces hommes de l’ombre dont on entend tant parler ? Pour Le Roster, retrouvez en exclusivité le témoignage de certains afin d’en apprendre plus sur ce milieu où le secret est le roi !
Les représentations de la communauté NBA
Afin d’avoir un aperçu de l’idée que le terme « d’insider » évoque dans l’esprit de la communauté NBA, j’ai réalisé un sondage transmis à un échantillon au maximum représentatif (des suiveurs lambdas aux experts de la rédac du roster).
Pour bien démarrer, il faut d’abord définir ce qu’est un insider. Evoqué dans les réponses au questionnaire, le terme de « gossip sportif » résume bien. En plus précis, si l’on devait retenir une définition universelle ce serait : « un journaliste ayant des informations exclusives auprès des franchises et joueurs NBA, mais surtout, qui les diffuse ».
Ce qui en ressort également, c’est que ce métier est vital pour nous, simples fans. Mais ce rôle est également primordial pour les équipes, joueurs et autres acteurs de la ligue. En effet, un insider peut faire monter la valeur d’un joueur, faciliter un trade, permettre d’obtenir un meilleur contrat et j’en passe… L’insider peut donc vite se retrouver pris entre deux chaises. D’un côté, satisfaire ses sources, au risque de décevoir l’audience, mais de l’autre, contenter l’audience (ce qui fait vivre l’insider, et l’essence même de son métier), sans compromettre ses sources. Cette dualité est bien connue dans le monde des médias, s’appliquant également à a publicité, celle du marché à deux versants.
C’est sûrement de ce conflit d’intérêt que vient le principal problème exprimé dans l’enquête. En effet, le principal, et presque seul, problème de la communauté envers les insiders, est celui du manque (supposé) d’objectivité. En effet, seulement 11,8% des sondés estiment que les insiders ne sortent jamais d’informations biaisées. Cela cause un manque de confiance envers ces insiders, puisqu’à peine 1 sondé sur 3 (29,4%) ne leur font pleinement confiance, et 1 sur 2 (52,9%) ne fait confiance qu’à ceux qu’ils jugent les meilleurs d’entre eux, généralement les plus célèbres.
Autre aspect de ce métier, c’est la charge de travail. La NBA est constamment en mouvement, et cherche constamment à se développer (comme l’atteste le nouveau partenariat avec Skims)Nous avons tous cette image de l’insider, constamment en train de regarder ses multiples téléphones sonner. Cela se retrouve dans les réponses du sondage, puisqu’aucun sondé n’estime le temps de travail quotidien à moins de 8 heures. 47,1% estiment même que ce dernier dépasserait les 12 heures, soit la moitié de la journée, sommeil inclu. Et ce, 7 jours sur 7. Tout simplement surhumain.
Qu’en est-il réellement ?
Pour tenter de répondre à ces représentations, au delà des recherches personnelles, je me suis aidé de gens du milieu :
- Benjamin Moubèche, journaliste en correspondance à San Antonio pour suivre la première saison de Wembanyama aux Spurs, pour notamment The Free Agent, Reverse Magazine et le Crossover. @BenjaminMoubech sur Twitter
- Mike Laviolle, journaliste NBA local qui couvre les Raptors en français pour l-express, mais aussi au jour le jour sur Twitter (@Mike_LaviolRaps) et à travers le podcast DinosTalk
Même si je vais désormais ajouter certains éléments de réponse à présent, il m’est impossible de confirmer à 100% mes prochaines lignes, ce milieu étant tellement secret.
Concernant la définition d’un Insider, les idées se rejoignent. L’insider est avant tout un journaliste, qui se démarque par la présence de sources bien placées au sein des franchises, mais aussi auprès de l’entourage des joueurs. Pour Mike Laviolle, un insider est « une catégorie de journaliste qui se concentre sur la recherche de sources et d’informations sur auquel tout le monde n’a pas accès. »
L’influence de ces insiders est en réalité bien plus qu’un simple conflit d’intérêt. En effet, il y a bien plus que la satisfaction des fans et des sources à prendre en compte car il y a l’un des éléments clés de la ligue, les agents, et plus globalement les agences. Ces derniers (et donc ces dernières) sont désormais partout dans la ligue. Les joueurs et coach bien évidemment, mais également dirigeants et… journalistes. En effet, les grands plumes (et gueules) de la NBA, peuvent être représentés par des agents. C’est par exemple le cas de Stephen A. Smith sur ESPN, ou Skip Bayless, sur Fox Sports tous deux chez Creative Artists Agency (CAA, l’une des plus agences NBA les plus influentes). Une bonne chose vous me direz, car ils méritent d’être aidés pour la négociation des contrats, les sollicitations etc. Mais le problème provient du fait que ces agents (ou leur agence) représentent également les autres acteurs de la ligue. Ce n’est plus un conflit d’intérêt à ce niveau là. Exemple concret, avec Shams sur ce tweet, on voit clairement le type de tweet nécessaire pour entretenir de bonnes relations avec CAA…
Dallas Mavericks G/F Josh Green is finalizing a three-year, $41 million contract extension with the franchise, league sources tell @TheAthletic @Stadium. Green was the No. 18 pick in the 2020 NBA draft, and averaged nine points and three rebounds last season. pic.twitter.com/VkI1yh338R
— Shams Charania (@ShamsCharania) October 23, 2023
Insider NBA : les conflits d’intérêt ?
Ce conflit d’intérêt est davantage présent pour les insiders généralistes. Du côté des insiders spécialisés sur une équipe, l’information vient plus facilement. Elle dépend tout simplement de ce que la franchise en question veut dévoiler ou non. Les insiders spécialisés tiennent en effet davantage leurs sources du côté du front office. Ils bénéficient également d’avantages, comme des interviews exclusives, et bien sur des infos exclusives. C’est notamment le cas à Toronto, où Michael Grange possède souvent après les scrums (interviews où plusieurs journalistes s’entretiennent en même temps avec le joueur, avec leur micro), un moment en tête à tête avec le joueur en question. Au niveau de la liberté vis-à-vis de leur rédaction, cela va paraître bateau, mais c’est purement un fait : cela dépend de chaque média et de l’importance de l’insider. La réponse à la question est donc grandement nuancée. Dans certains cas, ils n’ont ni le choix des sujets à traiter, ni le choix de la manière de les traiter. Tandis que dans d’autres, ils ont totale carte blanche.
Le fait d’avoir davantage confiance aux plus gros insiders s’explique clairement. En effet, c’est peut être un biais cognitif, mais plus l’insider est gros, plus ses sources sont mieux placées et importantes et a donc accès à des informations plus importantes. Cela se confirme généralement, étant donné que Adrian Wojnarowski et Shams Charania annoncent l’énorme majorité des principaux trades. Et au niveau des insiders spécialisés, c’est le même principe. Cela ne veut pas dire que les moins connus lâchent des informations fausses, mais simplement moins exclusives, ou déduites des infos qu’ils ont.
Insiders NBA : la gestion du temps
Concernant le temps de travail, impossible de le quantifier réellement. D’une part il est extrêmement instable, et de deux bien secret. La seule certitude, c’est que ce métier ne s’arrête jamais, le jour comme la nuit. C’est bien connu, la NBA ne dort jamais (comme nous finalement). D’octobre à juin, il y a plusieurs matchs par nuit qui entraînent avec eux un sacré lot d’informations. D’octobre à octobre, les rumeurs de transferts, les états d’âme de joueurs (sans parler des trois nombreuses affaires extra sportives…), se succèdent à un rythme effréné.
Pour Benjamin Moubèche, c’est un « rythme intenable », même si cela varie énormément entre presse web et print, entre ceux travaillant pour un seul média et ceux travaillant pour plusieurs employeurs, et bien d’autres paramètres. Mais comment réussir à tenir ce rythme infernal ? La passion. Pour la plupart, ce sont à la base des fans de basket et de NBA à qui l’ont permet de vivre de l’intérieur cette ligue. Être au contact des joueurs, staffs, pouvoir nouer des relations avec certains ou assouvir ses connaissances personnelles, sont des éléments de motivation non négligeables (en tout cas pour Mike Laviolle et Benjamin Moubèche). Cette passion est bien évidemment surmontée des motivations financières ainsi que de la reconnaissance et du pouvoir qu’apportent ce métier.
Le métier d’insider est donc nécessaire au bon fonctionnement de la ligue, dans le bon et le mauvais sens du terme. A la fois dans le public, que dans le caché. Plus qu’importants pour connaître les informations de la ligues (signatures, rumeurs de trade…), ils participent à influer directement sur ces dernières. Connaître leur rôle semble nécessaire pour comprendre au mieux cette ligue qui veut garder son fonctionnement secret. Même si ce n’est qu’une étape, j’espère que cet article aidera à décrypter la NBA, qui, plus on s’y penche, plus paraît indéchiffrable.
Et ne vous inquiétez pas, votre possible réticence à travers ces agents doubles disparaîtra à leur prochaine bombe.