Les Timberwolves sont dans une situation particulière. Malgré deux apparitions consécutives en Finales de Conférence, l’équipe n’est pas vue comme un prétendant au titre cette saison. Pourtant, alors que les meilleures franchises de l’Ouest ont eu des ajouts majeurs pour défier le Thunder, Minnesota a choisi de rester dans la continuité. Dans cet environnement, les Français Joan Beringer et Rudy Gobert ont beaucoup à prouver. Quels objectifs pour eux cette saison ?
Joan Beringer
Objectif : s’imposer en G League pour obtenir plus de temps de jeu en NBA
Après une saison pleine avec le Cedevita Olimpija, où il a remporté le doublé coupe-championnat en Slovénie, Joan Beringer a été choisi en 17e position de la draft par les Wolves. Dans une équipe ambitieuse, le Français ne compte pas faire de la figuration. Pendant le camp d’entraînement, Anthony Edwards s’est dit émerveillé par son intensité : “Joan ne cesse jamais de jouer à fond, il ne se fatigue tout simplement pas.”

Beringer a disputé quatre matchs avec Minnesota en Summer League, avec une moyenne de 6,8 points, 6,5 rebonds, 2,5 contres et 1,5 passe décisive, à 52,6 % de réussite. Ses débuts ont impressionné avec 11 points, 8 rebonds et 6 contres contre les Pelicans. Ses qualités défensives ont été évidentes, mais deux faiblesses ressortent : son manque de puissance, le mettant en difficulté face à des pivots au jeu physique, et ses fautes excessives (4,5 par match en 23 minutes). Chris Finch a souligné son inexpérience, tout en louant son timing et son activité.
Avec ses 2,11 m et 2,24 m d’envergure, Beringer possède un physique exceptionnel et un potentiel immense. À 18 ans seulement, il reste brut mais ambitieux. Il a notamment déclaré : “Je veux être l’un des meilleurs joueurs de la ligue et l’un des meilleurs défenseurs.” Son profil défensif, notamment en protection de cercle, est déjà NBA-ready, et l’apprentissage auprès de Rudy Gobert devrait l’aider à progresser.
Beringer a commencé le basket en 2021, ce qui interroge sur son adaptation. Il n’a pas encore de réelles armes offensives, mais il se distingue par ses efforts et son énergie. Ses minutes devraient alterner entre NBA et G League. Les Wolves comptent lui donner du temps avec l’équipe première, malgré la concurrence de Gobert, Julius Randle et Naz Reid.
Je pense qu’il passera un certain temps dans l’Iowa pour s’entraîner et s’acclimater, car il n’aura 19 ans qu’en novembre.” a déclaré Jon Krawczynski de The Athletic. “Mais (le président de l’équipe, Tim) Connelly, et le general manager, Matt Lloyd, ont clairement indiqué après l’avoir drafté qu’il passerait beaucoup de temps avec le grand club cette saison. Ils pensent qu’il est déjà capable de jouer en défense.”
Offensivement, il devra développer son tir à mi-distance et son jeu après dribble. Même sans être une menace extérieure, il peut élargir son arsenal et devenir plus complet. En pré-saison, il a déjà montré quelques gestes offensifs intéressants, eu de bonnes actions en pick and roll, et s’est montré efficace en contre-attaque. S’il peut être régulier, alors ça sera une bonne base pour son jeu en attaque. Il est peu probable qu’il ait un rôle régulier dès sa première saison, mais des minutes occasionnelles l’aideront à s’adapter. Après le début de la pré-saison, il est clair que Chris Finch est déjà un fan de Joan Beringer, et notamment sa mentalité, ce qui est un point positif.
Avant tout, je pense que ça traduit clairement de la dureté. Vous arrivez dans une ligue d’hommes, de professionnels, et beaucoup de choses se passent sur le parquet à chaque instant. On peut facilement se laisser intimider, ou parfois accorder trop de respect à ces joueurs. Lui, il est juste arrivé et il a foncé. Je crois qu’il ne connaît qu’une seule façon de jouer, ce qui est super. » a déclaré Finch.
Comme on l’a déjà dit, il n’a pas de mauvaises habitudes NBA. Il est aussi pur que possible de ce point de vue-là, et c’est génial parce que ça nous permet de lui enseigner exactement ce qu’on veut lui enseigner. Il est entouré de pros incroyables dans cette équipe, et je pense que ça va clairement l’aider. Mais ce qu’il a, c’est un sens du jeu dingue, et il n’a pas peur du moment, il n’a pas peur de l’environnement. »
À terme, son potentiel pourrait faire de lui une pièce essentielle du noyau des Wolves. En attendant, son jeu en G League sera crucial, afin qu’il puisse travailler sur ses défauts les plus criants. S’il affiche des signes de progrès, cela devrait lui permettre d’obtenir encore plus de confiance de la part de son entraîneur, et d’avoir plus que un temps de jeu marginal avec les Timberwolves.
Rudy Gobert
Objectif : se relancer et aider les Wolves à passer un cap
La saison 2024-2025 de Rudy Gobert avait commencé sous de bons auspices avec une prolongation de trois ans pour 110 M$. Mais le pivot français n’a pas répondu aux attentes. En 72 matchs de saison régulière, il a tourné à 12 points à 66,9 %, 10,9 rebonds, 1,8 passes et 1,4 contre. Ses statistiques défensives, notamment les rebonds et les contres, sont à leur plus bas niveau depuis le début de sa carrière. Moins intimidant dans la raquette, il a perdu son statut de Défenseur de l’année et n’a intégré que la All-Defensive Second Team.
L’arrivée de Julius Randle, qui a bouleversé l’équilibre du jeu intérieur après le départ de Karl-Anthony Towns, n’a pas aidé. Toutefois, Gobert reste précieux. Les Timberwolves ont terminé 6e en defensive rating, et ses adversaires ne marquaient que 51,9 % de leurs tirs au cercle, 4e meilleure marque de la ligue. Ses minutes sur le terrain (109,7 de defensive rating contre 114,6 lorsqu’il était absent) illustrent encore son poids défensif.

Les playoffs ont confirmé ses limites. Avec 7,9 points et 8,6 rebonds en 15 matchs, il a signé ses pires moyennes en carrière. Malgré un coup d’éclat contre les Lakers (27 points, 24 rebonds), il a été exposé face au Thunder, qui a exploité son manque de mobilité et son incapacité à protéger efficacement le cercle (68,8 % de réussite pour ses adversaires près du panier). Une fin de saison compliquée pour un joueur entouré de controverses.
Son avenir soulève des interrogations. Un transfert paraît improbable à cause de son contrat lourd (jusqu’à 38 M$ en 2028). Les Wolves devront espérer un rebond ou envisager de réduire son rôle. À 33 ans, la question est de savoir s’il peut atteindre un autre niveau ou si ses meilleurs jours sont derrière lui.
Pour autant, il reste un défenseur de niveau Hall of Fame et l’un des meilleurs poseurs d’écrans de la NBA. En témoigne son rôle central dans l’attaque des Wolves : 4,8 passes décisives sur écrans par match, deuxième marque de la ligue, et une capacité à créer des espaces pour Edwards ou Randle. Certes, son jeu offensif est limité, mais ajouter un floater dans le short roll pourrait transformer son impact et relever le plafond de Minnesota.
Le coach technique de la NBA Lethal Shooter (Chris Matthews) a publié une vidéo montrant Gobert travaillant son jeu à courte distance. Malgré les réactions négatives habituelles dans les commentaires, l’ajout d’un floater quelque peu régulier au répertoire de Gobert aiderait grandement les Wolves.
Le jeu d’écrans ne déclinera pas avec l’âge. Même si Gobert n’est pas une star offensive, il reste un complément idéal : un protecteur d’arceau et poseur d’écrans d’élite. S’il peut ne serait-ce que développer un autre aspect de son jeu offensif, il peut aider les Wolves à jouer le titre. Il a montré contre les Nuggets en pré-saison des gestes au poste ainsi qu’un euro step. Il faut maintenant qu’il fasse ses preuves avec utiliser ces gestes efficacement en saison régulière et en playoffs.

Même si les objectifs sont très différents pour Joan Beringer et Rudy Gobert, le premier devrait pouvoir compter sur le dernier pour accomplir ce qu’il veut faire dans la ligue. Les deux intérieurs ne vont pas beaucoup jouer ensemble cette saison, mais leur travail ensemble sera déterminant pour le présent et le futur des Wolves.