La reconstruction continue dans la capitale. Alors que les attentes en termes de victoires sont basses, le développement de ses jeunes talents, dont notamment les Français Bilal Coulibaly et Alex Sarr, reste la priorité numéro 1 de la franchise. Avec cela en tête, quels objectifs peut-on fixer pour les deux compatriotes?
Bilal Coulibaly
Objectif : s’affirmer dans le projet long-terme des Wizards
La deuxième saison de Bilal Coulibaly à Washington a été contrastée. Le Français avait démarré fort avec 19,4 points et 6,2 rebonds de moyenne lors de ses cinq premiers matchs, à plus de 60 % de réussite et près de 48 % à trois points. Mais son efficacité a rapidement chuté, et malgré une progression statistique globale, son rendement offensif est resté irrégulier. Son volume de jeu a augmenté, notamment dans la création, mais ses pourcentages de réussite ont baissé (42,1 % au tir, 28,1 % de loin) et ses balles perdues ont augmenté.
En revanche, il a montré des progrès encourageants aux lancers francs (74,6 %) et une plus grande confiance dans son tir. Son agressivité reste cependant inconstante. Sa saison a aussi été perturbée par un manque d’alchimie avec Kyle Kuzma, transféré en février, puis par une blessure aux ischio-jambiers début mars, qui a mis fin prématurément à son exercice pour la deuxième année de suite.
Défensivement, Coulibaly a confirmé son potentiel élite. Septième de la ligue aux interceptions, il a régulièrement été chargé de défendre les meilleurs attaquants adverses. Polyvalent, il a su perturber ses vis-à-vis et figure parmi les meilleurs jeunes joueurs NBA en termes de stocks et de déviations. Aujourd’hui, il est déjà considéré comme le meilleur défenseur des Wizards.
L’avenir reste prometteur. S’il parvient à combiner agressivité offensive et efficacité au tir, son potentiel à deux côtés du terrain pourrait s’affirmer cette saison. Mais son été ne s’est pas passé comme prévu malheureusement pour le jeune Français.
Lors de l’EuroBasket, Bilal Coulibaly s’est montré très inconstant, et a été jugé comme un des responsables principaux de l’élimination des Bleus. Mais il a été révélé par la suite que l’international s’est déchiré un ligament au pouce droit durant la compétition, et devrait donc rater le début de saison régulière.
Depuis le départ de John Wall et Bradley Beal, les Wizards n’ont pas vraiment eu de pilier autour duquel ils pouvaient s’appuyer. Sans fondement solide, les Wizards ont dû miser sur le potentiel, dans l’espoir que l’un de leurs paris finirait par porter ses fruits et leur permettrait de recruter un joueur sur lequel ils pourraient compter non seulement aujourd’hui, mais aussi à long terme.
Cependant, les Wizards n’ont pas encore trouvé ce joueur, ce qui les a amenés à explorer toutes les pistes possibles pendant l’intersaison afin de recruter de nombreux talents, dans l’espoir qu’un joueur finisse par se démarquer et s’imposer comme le joueur qu’ils recherchent. Et bien qu’il y ait encore beaucoup d’optimisme concernant le jeune noyau des Wizards, il est peut-être temps pour eux d’affronter la dure réalité concernant l’avenir de Bilal Coulibaly à Washington.
Coulibaly a été sélectionné en 7e position lors de la draft 2023 de la NBA, mais Washington n’a pas encore vu les progrès qu’il espérait de la part du joueur français. Cet arrière surdimensionné est arrivé dans la ligue avec un physique et des compétences uniques qui laissaient espérer qu’il pourrait devenir l’un des meilleurs joueurs offensifs et défensifs de la ligue. Malheureusement, non seulement son instinct défensif lui a valu de nombreuses fautes au cours des deux premières années de sa carrière, mais ses difficultés offensives n’ont fait qu’accroître la pression sur son jeu défensif.
Comme ses performances avec la France n’ont pas dissipé les doutes, il devra montrer des améliorations significatives cette saison, sinon il pourrait très bientôt être écarté de la capitale américaine. Il est souvent risqué d’abandonner trop tôt un joueur, comme l’ont fait les Wizards avec Deni Avdija, mais à ce stade, un changement d’environnement pourrait être bénéfique pour les deux parties si aucune amélioration n’est constatée au début de la saison, surtout avec l’arrivée de Cam Whitmore et Tre Johnson, ainsi que la présence de Kyshawn George.
Les éclairs de génie qu’il a montrés tout au long de sa deuxième saison doivent se transformer en performances régulières. De toute évidence, devenir un tireur infaillible est un moyen d’y parvenir. Le tir en suspension de Coulibaly a déjà montré des progrès et s’il parvient à marquer plus souvent, il deviendra immédiatement une menace à laquelle les équipes adverses devront prêter attention en attaque.
De plus, si ce guard surdimensionné parvient à développer son jeu en tant qu’organisateur, il ouvrira non seulement l’attaque pour le reste de ses coéquipiers, mais la pression supplémentaire qu’il exercera sur les défenses adverses lui ouvrira également le jeu. Si l’on regarde parmi les meilleurs joueurs polyvalents de la ligue, la star des Boston Celtics, Jaylen Brown, se démarque.
La grande avancée de Brown dans la ligue est venue de son développement en attaque, et pas seulement de l’amélioration de son tir en suspension, mais c’est lorsque son playmaking s’est mis en place que le jeu a vraiment commencé à s’ouvrir pour lui.
Si Coulibaly parvient à trouver le moyen de faire lui-même ce bond en avant, Washington pourrait se retrouver en bonne position avec lui comme pilier de l’équipe. Mais réalisera-t-il ce potentiel cette saison, surtout après son retour d’opération ?
Alex Sarr
Objectif : afficher un jeu offensif plus régulier
Pour sa première saison en NBA, Alex Sarr a réalisé des débuts remarqués avec les Wizards. En 67 matchs, il a compilé 13 points, 6,5 rebonds, 2,4 passes et 1,5 contre de moyenne, devenant l’un des cinq seuls rookies depuis 2002-03, à avoir enregistré en moyenne plus de 10 points, 5 rebonds, 2 passes décisives et 1 contre par match. S’il n’a pas décroché le titre de Rookie de l’année, il a tout de même intégré la All-Rookie 1st Team, une première pour Washington depuis Bradley Beal en 2013.
Auteur de 105 tirs à trois points, 101 contres et 161 passes décisives, Sarr fait partie des trois seuls rookies de l’histoire à dépasser les 100 unités dans ces trois catégories. Après la pause du All-Star Game, il a haussé son niveau avec 15,6 points de moyenne, dont un pic à 34 contre Denver. Défensivement, il s’est imposé comme un protecteur de cercle prometteur, cumulant 31 matchs avec plusieurs contres et tenant tête à des pivots d’élite comme Nikola Jokić.
Offensivement, il a progressivement montré plus de confiance à l’intérieur et pouvait être une menace extérieure, mais son irrégularité reste un axe de progression (30 % à trois points sur la saison). Sa polyvalence, sa mobilité et son impact en pick-and-roll faisaient déjà une arme intéressante. Critiqué avant la saison, après une Summer League décevante et un match de pré-saison raté, il a rapidement fait taire les doutes. Sérieux et travailleur, il a bénéficié du mentorat de Jonas Valančiūnas pour l’aider dans sa transition.
Les Wizards misent sur lui comme pierre angulaire de leur reconstruction, aux côtés de Bilal Coulibaly et d’autres jeunes talents. Sarr affiche déjà son ambition : devenir à long terme un leader des Wizards et un futur All-Star. Son EuroBasket a été très prometteur, suivant une bonne performance en Summer League, mais comme son coéquipier Coulibaly, une blessure l’a empêché de contribuer pleinement à l’équipe.
Une blessure musculaire au mollet l’a forcé à déclarer forfait, et son absence va s’étendre à la pré-saison et possiblement le début de saison. Quelque chose qui devrait rassurer les fans des Wizards, c’est qu’Alex Sarr est conscient qu’il a un long chemin à parcourir pour atteindre son potentiel, et qu’il semble déterminé à faire tout ce qui est possible afin d’y arriver.
Plus précisément, je dirais le positionnement défensif,” a déclaré Sarr lorsqu’il a évoqué ce sur quoi il a travaillé pendant l’intersaison. “le timing pour contrer les tirs. Des choses comme ça. Mon tir. Et puis, tout. Prendre de meilleures décisions avec le ballon. Être meilleur en tant que roller — bien lire le jeu après un short roll. Donc, il n’y a pas vraiment une seule chose que je n’essayais pas d’améliorer.”
Cependant, ses progrès ne sont pas les mêmes dans tous les domaines. Sarr a connu des difficultés dans certains aspects du jeu, mais cela ne veut pas dire qu’il n’a pas excellé dans d’autres domaines. L’intérieur n’a peut-être pas prouvé qu’il était une menace offensive, mais ce qu’il a montré en tant que défenseur a clairement montré que s’il pouvait avoir un impact régulier sur le jeu, ce serait en tant que pilier défensif.
Grâce à sa taille exceptionnelle, son énorme envergure, son instinct défensif hors pair et sa capacité à changer de position en défense, Sarr s’est révélé être un joueur de haut niveau, même si c’était principalement d’un seul côté du terrain.
En attaque, les difficultés de l’intérieur autour du panier étaient évidentes dès le début. Non seulement il était inefficace à distance, mais sa timidité autour du panier avait un impact sur son jeu en attaque. Même pour un rookie, un pourcentage de réussite de 48,2 % est difficile à accepter. Mais cela correspondait à ce que l’on pouvait observer à l’œil nu, une conséquence prévisible de son tir irrégulier, de son pourcentage peu impressionnant aux lancers francs et, surtout, de sa mentalité de marqueur dans la raquette.
Son appréhension à marquer au contact était déjà un sujet de discussion bien avant qu’il ne rejoigne les Wizards, ses problèmes de finition l’ayant notamment freiné lors des discussions autour de la draft 2024 de la NBA. Malgré sa taille de 2,13 m, il a toujours affiché des statistiques médiocres sous le panier lorsque les défenses opposaient la moindre résistance, ce qui l’a souvent conduit à se contenter des fadeaways compliqués et de tirs en déséquilibre.
À l’approche de l’intersaison, il était clair que le domaine qui nécessitait le plus d’améliorations était la confiance de Sarr dans son rôle de pivot, surtout compte tenu de sa taille de 2,13 m. Sarr semblait bien conscient de la validité des critiques formulées à l’encontre de ses statistiques de tir lors de sa première année, précisant lors de sa conférence de presse qu’il devait améliorer ses finitions au panier et renforcer son physique: “Tout ce qui se passe près du panier, je dirais que c’est ma priorité actuelle.”
La prise de conscience du Français quant aux exigences physiques du jeu, ainsi que ses nouvelles mensurations qui confirment qu’il a effectivement pris du muscle depuis le début de sa saison de rookie, peuvent aider les fans des Wizards à prendre espoir.
Le fait que Sarr se soit fixé comme objectif de travailler ses tirs près du panier pendant l’intersaison pourrait changer la donne pour son développement avec les Wizards. Il ne fait aucun doute qu’il a déjà montré à plusieurs reprises au cours de son passage chez les Wizards qu’il pouvait être un excellent pivot pour Washington.
Cependant, s’il parvient à devenir une menace constante près du panier, tout en améliorant son jeu en tant qu’intérieur polyvalent, il pourrait devenir un cauchemar défensif pour les équipes adverses, et c’est le potentiel que Washington a vu en lui lorsqu’il l’a drafté. En devenant un cauchemar à défendre, tout en étant lui-même un cauchemar défensif, Sarr a le potentiel pour devenir l’un des meilleurs joueurs polyvalents de la ligue.
À l’aube de leur deuxième année, les Wizards n’ont pas beaucoup d’espoir. Dans l’ensemble, on sait à quoi s’attendre de la part des meilleurs joueurs des Wizards. Mais Sarr ? C’est l’inconnu. À condition qu’il se sente à 100 % après sa blessure au mollet, Sarr pourrait et devrait faire un bond en avant dans son développement lors de sa deuxième année. S’il y parvient, il portera la franchise des Wizards. Mais si les promesses qu’il a faites aux fans avant la saison ne se concrétisent pas, des questions se poseront quant à son avenir à Washington.
Soyons clair, personne ne s’attend à ce que Bilal et Alex ne mènent les Wizards jusqu’en playoffs cette saison. Mais il faut que ces deux joueurs en particulier progressent, notamment en attaque, afin d’aider Washington à avoir un bel avenir.
