Dans une équipe des Blazers en reconstruction, deux Français veulent se démarquer parmi un groupe de jeunes afin de sécuriser une place non seulement à Portland, mais en NBA. Sidy Cissoko, Rayan Rupert, quels objectifs pour eux cette saison?
Sidy Cissoko
Objectif : améliorer son jeu offensif
Choisi en 44e position de la draft 2023, Sidy Cissoko a partagé son temps entre la NBA et la G League lors de sa saison rookie avec les Spurs. Polyvalent, doté d’un bon physique et d’un potentiel défensif certain, il a montré de belles qualités mais aussi des limites, notamment au tir et dans la gestion des ballons. Alors que San Antonio progressait rapidement autour de Victor Wembanyama, le Français n’a pas su franchir un cap suffisant pour s’imposer, voyant son temps de jeu passer de 12 à seulement 3 minutes lors de sa deuxième saison.
Jugé encore trop brut, il a été transféré puis coupé avant de rebondir aux Portland Trail Blazers via un contrat two-way signé en février 2024. L’environnement semblait favorable. Il retrouvait des proches comme Rayan Rupert, Scoot Henderson, ou encore des entraîneurs et dirigeants qui croyaient en lui depuis longtemps, notamment Mike Schmitz, ancien analyste draft d’ESPN.
Cependant, sa fin de saison fut compliquée : seulement 4 matchs disputés en NBA avec 1,2 point de moyenne, et une nouvelle blessure à la cheville qui a limité ses opportunités. La majorité de son temps s’est encore passée en G League, freinant son intégration dans la rotation des Blazers.
Malgré ces difficultés, Cissoko garde une solide réputation de travailleur acharné. À San Antonio, ses coachs ont souligné son attitude positive et sa confiance dans le processus de développement. Aujourd’hui âgé de 21 ans, il reste jeune et possède des armes défensives et athlétiques qui pourraient lui permettre de se faire une place. Son avenir dépend de ses progrès offensifs : s’il parvient à améliorer son tir et son efficacité, il pourra s’imposer dans la rotation. La troisième saison sera décisive pour son maintien en NBA.

Hélas, pour l’instant il n’y a pas de progrès notable pour le Français. Lors de la Summer League, Sidy Cissoko a tourné à 8,8 points par match et a manqué d’efficacité au tir (39 %, dont 26 % à trois points). Sa finition et son tir extérieur restent un problème pour lui. Son talent défensif ne fait pas de doute, mais c’est insuffisant s’il est un net négatif en attaque.
Cissoko doit se concentrer sur son efficacité offensive en simplifiant son jeu : réduire les pertes de balle, mieux choisir ses tirs et maximiser ses qualités de pénétration. Développer un tir fiable, même limité à une zone précise du terrain (corners à trois points, mid-range court), serait un vrai pas en avant.
Ensuite, il doit capitaliser sur sa défense, qui reste son principal atout. Être capable de défendre sur plusieurs positions, apporter de l’intensité et gêner les créateurs adverses peut devenir son ticket d’entrée pour obtenir des minutes régulières. Si Cissoko parvient à se démarquer comme un spécialiste défensif fiable, et un jeu offensif simple mais efficace, il facilitera son intégration dans la rotation. Enfin, rester disponible est essentiel. Ses deux blessures à la cheville ont ralenti sa progression et il doit prouver qu’il peut enchaîner les matchs sans interruption.
À 21 ans, Sidy Cissoko a encore du temps devant lui. Pour cette saison, l’objectif n’est pas de devenir une star, mais d’être un role player crédible : un défenseur polyvalent capable de ne pas handicaper son équipe en attaque. C’est sur cette base qu’il pourra envisager une carrière NBA durable.
Cela dit, avec une rotation d’arrières et d’ailiers très remplie devant lui, Sidy devrait encore une fois passer beaucoup de temps en G League. C’est donc avec le Rip City Remix qu’il va devoir faire ses preuves. Si son jeu stagne, même en ligue de développement, il est fort probable qu’il devra retourner en Europe.
Rayan Rupert
Objectif : trouver un vrai rôle avec les Blazers
Rayan Rupert a disputé 52 matchs cette saison avec les Blazers, soit davantage que lors de sa saison rookie (39), mais son temps de jeu a été réduit de moitié, avec seulement 8,8 minutes en moyenne. Il a tourné à 3 points et 1,3 rebond par match, à 40,8 % au tir et 27,1 % à trois points. Le pourcentage de réussite des tirs à longue distance de Rupert a en fait chuté de 35,9 % entre sa première et sa deuxième saison, même s’il a tenté 19 tirs de moins. Son principal progrès se situe près du cercle, où son efficacité est passée de 31,3 % à 50,6 %.
En G League, avec le Rip City Remix, Rupert a montré davantage de potentiel offensif. 18,9 points de moyenne à 49,7 % de réussite, même si son tir extérieur reste fragile (22,9 %). Ces minutes lui ont permis de travailler son shoot, son handle et son agressivité vers le panier, tout en cherchant à élargir sa polyvalence défensive. Il a aussi signé quelques performances notables en NBA, comme un record à 19 points contre Utah et un double-double face aux Lakers.
Globalement, le Français de 20 ans paraît plus à l’aise qu’en rookie, avec un tir plus fluide et une meilleure maîtrise du ballon. Son principal atout reste sa défense. Ses qualités athlétiques et son envergure en font un bon extérieur, capable de perturber les joueurs adverses. Mais son incapacité à sanctionner à trois points limite encore son apport, contrairement à son coéquipier Toumani Camara qui a déjà trouvé sa place dans la rotation.
Rupert bénéficie du soutien de Nicolas Batum et reste considéré comme un projet de long terme à Portland. Avec une reconstruction en cours autour de Scoot Henderson, Shaedon Sharpe et Donovan Clingan, il fait partie des jeunes que les Blazers veulent développer.

Le joueur français a terminé sa deuxième saison à Portland avec un mauvais pourcentage de réussite à 3 points, ce qui rend difficile son intégration dans la rotation de Chauncey Billups, d’autant plus que les Blazers ont déjà des difficultés dans ce domaine. Cet été, l’échantillon est limité, mais Rupert semble prendre la bonne direction en tant que menace offensive, en particulier en tant que tireur.
Rupert a réalisé une saison 2025 Summer League plutôt impressionnante, avec une moyenne de 16 points, 5,8 rebonds et 3,0 passes décisives en quatre matchs disputés. 64,3% de réussite à 3 points avec 3,5 tentatives par match, ça saute aux yeux. Il n’est pas attendu à ce qu’il tire aussi bien cette saison, mais sa mécanique, sa confiance, cela laisse espérer une progression notable.
J’ai essayé de faire des choses simples, du catch-and-shoot et aussi d’être agressif,” a déclaré Rupert après la victoire des Blazers face aux Pelicans (93-87).
Sa troisième saison, comme pour Sidy Cissoko, sera déterminante. Il devra progresser au tir pour mériter une place régulière dans la rotation, sinon son avenir en NBA pourrait s’assombrir. Mais, une opportunité vient de s’offrir pour le Français.
Sean Highkin, du Rose Garden Report, a évoqué les options possibles pour remplacer Henderson dans l’effectif après que le joueur de 21 ans se soit déchiré l’ischio-jambier gauche. Highkin a cité le Rayan Rupert et Kris Murray comme des joueurs qui pourraient bénéficier de plus de temps de jeu avec Henderson sur la touche, et estime que les deux joueurs sont dans une année décisive.
En parlant d’années décisives, à un moment donné, les deux autres rookies des Blazers sélectionnées lors de la draft 2023 devront trouver un moyen de gagner du temps de jeu régulier”, a écrit Highkin.
Rupert est encore très inexpérimenté. Il a fait une bonne Summer League, mais c’est normal quand on y participe pour la troisième fois. Murray a gagné quelques minutes de jeu en deuxième moitié de saison dernière en tant que solide défenseur ailier, mais son tir n’est pas assez régulier pour faire de lui un joueur régulier dans une équipe qui tente de se qualifier pour les playoffs. Si cela se produit lors de sa troisième année, cela changera beaucoup la trajectoire de sa carrière.”
L’absence d’Henderson en début de saison et les ajustements de rotation qui en découleront pourraient offrir plus de temps de jeu à Murray et Rupert. C’est à eux d’en tirer parti, d’autant plus qu’ils seront tous deux en fin de contrat l’été prochain.”
Même si aucun de ces deux joueurs ne remplace immédiatement Henderson, un rôle qui sera probablement confié à Jrue Holiday, ils pourraient faire un grand pas en avant pour s’imposer dans la rotation en tirant parti de cette opportunité.

Rupert correspond parfaitement à l’approche défensive de Portland. Son envergure de 2,21 mètres lui confère une polyvalence qui lui permet de défendre plusieurs positions, et sa tendance à presser les meneurs de jeu adverses sur toute la longueur du terrain complète bien le système de Chauncey Billups.
En attaque, il est un passeur sous-estimé et possède un potentiel certain en tant que meneur de jeu grâce à ses compétences uniques de point-forward. Grâce à ces qualités, Rupert avait déjà de solides arguments en faveur d’un rôle plus important. Mais si l’amélioration de Rupert au tir se confirme, Billups devra sérieusement envisager de lui accorder plus de 20 minutes de jeu par match.
À 21 ans, Rupert a un potentiel inexploité dans lequel les Blazers ont investi après avoir décidé de lever son option d’équipe de 2,2 millions de dollars pour la saison 2025-26, tandis que des joueurs comme Jabari Walker et Dalano Banton sont ailleurs.
Les Blazers sont encore loin d’être de véritables prétendants au titre et, malgré le transfert surprise de Jrue Holiday et le retour de Damian Lillard, ils doivent continuer à faire du développement de leur jeune noyau une priorité absolue pour la saison à venir. Ils ont fait du bon travail en clarifiant la situation de certains joueurs en 2024-25, et cette saison pourrait être celle où Rupert verra exactement où il s’inscrit dans leurs plans. Et comme l’a montré en Summer League, il est prêt à assumer un rôle plus important.
Pour Sidy Cissoko et Rayan Rupert, il est important de ne pas rater leur troisième saison en NBA. Les deux ne joueront probablement pas beaucoup ensemble, mais le but c’est qu’à la fin de la saison, ils ont chacun un avenir dans la Grande Ligue.