Les Blazers, en pleine reconstruction, ne peuvent qu’à priori viser mieux qu’un choix favorable pour la Draft 2025. Cependant, l’effectif que Chauncey Billups a à sa disposition est construit intelligemment et sera l’une des attractions de la saison à venir.
Nouveaux joueurs et infirmerie vidée
L’été fut placide en Oregon, peu de mouvements ont été effectués, l’équipe reste en grande partie similaire à celle qui a terminé sa saison à la dernière place de l’Ouest. Néanmoins, quelques nouveaux visages apparaissent à Portland. Devonte’ Graham, coupé par Charlotte il y a peu, s’est engagé pour un an. Plus notable, le transfert du vétéran et apprécié Malcolm Brogdon en direction de la capitale, Deni Avdija fait le chemin inverse et jouera sous les ordres de Chauncey Billups.
Robert Williams III est également attendu. Envoyé aux Blazers à l’occasion du transfert de Jrue Holiday vers Boston, il n’a joué que 6 matchs la saison dernière. L’objectif du natif de Louisiane sera avant tout de rester en bonne santé. S’il y parvient, la rigueur défensive qu’il apporte pourrait aider les Blazers à devenir des adversaires pénibles à attaquer à l’intérieur.
Dans une moindre mesure, Anfernee Simons et Shaedon Sharpe feront également leur retour. Les deux joueurs ne comptent que 78 matchs joués à eux deux la saison dernière. « Anferno », souvent vu comme le successeur de Damian Lillard, pourrait effectuer sa première véritable saison en tant que première option d’une équipe. Quant à Sharpe, auteur de plusieurs passages flamboyants, il sera probablement la seconde option offensive de l’équipe. Ce duo jouit d’un talent rare, cette saison sera l’occasion pour eux de le montrer en ayant plus de responsabilités.
Avdija : la polyvalence dans l’aile
Cette acquisition effectuée le 26 juin dernier peut changer la donne et apporter une aide considérable aux coéquipiers de Rayan Rupert. Grand joueur de transition, l’Israélien apportera dans ce domaine. Malgré des profils rapides comme Scoot Henderson ou Shaedon Sharpe, les Blazers sont l’une des pires équipes de NBA en transition.
Grâce à son talent offensif, il « a la capacité de se projeter vers l’avant et de créer des tirs pour lui et pour les autres », affirmait son ancien coach, Brian Keefe. Ayant terminé comme seconde pire attaque de la ligue, derrière les Grizzlies, Portland aura besoin de l’aide de Deni Avdija. L’ancien joueur de Washington a développé son tir extérieur (37,4% à 3 points) et apportera un spacing bienvenu.
Malgré ses 23 ans, il fait déjà presque office de vétéran à côté de Scoot Henderson (20 ans) ou encore Shaedon Sharpe (21 ans). Prenant la majorité de ses tirs à 3 points à 45 ou 0 degrés, il offrira une aide certaine en écartant les défenses pour que ses partenaires puissent attaquer le cercle, d’autant plus lors des soirées compliquées où aucun shoot ne semble vouloir rentrer.
Enfin, sa défense sur l’homme et sa lecture des lignes de passe est un atout dont les Blazers avaient cruellement besoin malgré la présence du très prometteur Toumani Camara.
L’apport défensif de Clingan
Les agents libres ne courent pas dans l’Oregon. Nonobstant, la draft demeure une stratégie remarquable. À l’aune d’une franchise qui a vu naître et grandir Damian Lillard, ils ont écopé, lors de cette draft, du septième choix. Avec celui-ci, Donovan Clingan, géant de 2m18 venant du Connecticut fait ses bagages et rejoint DeAndre Ayton dans la raquette. Le nouveau numéro 23 va apporter une chose claire : de la défense.
Déjà confirmé par son coach : « Je pense que la plupart des équipes vont y réfléchir à deux fois avant d’attaquer notre raquette. Ça change tout ». Sa probable association avec le Bahamien va apporter du physique et du contact ; la raquette sera fermée, la défense intérieure des Blazers sort grandie de cette draft. Celle-ci pourrait être un tournant pour la saison à venir. L’association Ayton-Clingan soulève toutefois des interrogations, notamment sur le plan offensif. Elle sera à observer cette saison.
Le pivot très apprécié du Connecticut va offrir une protection du panier sans précédent, accompagnant un Ayton parfois friable et peu impliqué défensivement. Il dissuadera ses futurs adversaires comme il l’a laissé entrevoir en Summer League. Avec plus de 4 contres de moyenne, il a établit un nouveau record dans la compétition. Son imposante présence sous le cercle pourrait transformer la défense des Blazers, rendant leur raquette quasiment impénétrable.
Donovan Clingan pourrait jouer un rôle crucial dans le saison des Trail-Blazers. Pat Eaton-Robb
Un effectif en développement
Pléthore d’équipes en reconstruction sont pourvues de jeunes à fort potentiel. Portland n’en fait pas exception : Sharpe, Walker ou encore Scoot Henderson, tous permettent éventuellement d’offrir un futur à leur équipe. Ces jeunes stars en devenir peuvent allègrement s’imposer dans la grande ligue comme figures incontournables. Cet effectif, bien qu’inexpérimenté, dispose de vétérans comme Jerami Grant et Deandre Ayton.
Ils se développent chacun à leur rythme. Anfernee Simons semble à maturité, pouvant ainsi confirmer sa position de franchise player. Ce scoreur talentueux entre dans sa 7ème année dans la ligue. L’occasion pour lui d’enfin prendre la relève de Damian Lillard et de surtout écrire sa propre histoire.
L’ancien concurrent de Victor Wembanyama, Scoot Henderson, auteur d’une bonne saison rookie bien qu’en dessous des attentes, aura à cœur de rattraper sa première saison dans la ligue. « Je veux être le meilleur meneur de l’histoire », disait-il avec confiance après sa draft.
“I will win rookie of the year”
Portland Trailblazers' Scoot Henderson (@thereal013) didn’t take the traditional pathway to the NBA that most players do. As the youngest professional EVER in the G League he was able to not only figure himself out, but his game as well.
Watch… pic.twitter.com/HkMObZ6m4H
— Playmaker (@playmaker) August 7, 2023
Malgré ses pourcentages plutôt médiocres, 39% en moyenne, il a réalisé plusieurs performances notables, avec notamment 3 matchs à 30 points. Son potentiel est immuable, Scoot est quelqu’un que l’on peut qualifier de « générationnel », et sa seconde saison dans la grande ligue pourrait être celle de la confirmation de son immense potentiel.
Pour les plus anciens, ils sont dans le même bateau. À l’aune de plusieurs flashs impressionnants, Deandre Ayton doit s’installer et offrir des garanties sur une saison complète, mission encore inachevée pour l’instant. Le premier choix de la draft 2018 peut s’enorgueillir d’avoir une palette technique exceptionnelle, en revanche, sa rigueur, elle, laisse à désirer. Absent pour neige, il n’a jamais atteint le niveau qui lui était destiné. Il reste néanmoins un joueur de qualité. Durant la dernière saison, il a, par moments, régalé avec son talent et son niveau offensif. La saison subséquente pourrait, une nouvelle fois, être celle de la révélation.
Les responsabilités sont moindres, la quête du play-in reste, pour l’heure, plus une chimère qu’un véritable objectif. Les joueurs auront donc moins de pression et pourront exercer leur jeu, garantissant du spectacle et probablement, quelques surprises.
Une concurrence bien trop rude
La conférence Ouest est assurément la plus relevée en NBA, minimum 12 des 15 équipes vont s’affronter pour 8 places en playoffs. Dans ces prédictions, les Blazers n’ont pas l’air de faire le poids face à leurs futurs adversaires. Souvent vus, dans les prédictions, comme la seconde pire équipe de la ligue après les Nets de Brooklyn, aspirer aux playoffs demeure un rêve. Malgré un potentiel évident, elle paraît, aujourd’hui, clairement en deçà de ses concurrents.
Tout d’abord, dans la division Nord-Ouest, composée du Minnesota, Denver, Oklahoma et Utah ; le niveau est bien trop élevé, 3 d’entre eux sont candidats au titre. Quant au Jazz, il peut réaliser une mauvaise saison et se retrouver dans une situation compliquée. Cependant, avec Lauri Markkanen entouré de plusieurs jeunes intéressants, l’équipe devrait remporter quelques matchs.
Lors de la saison dernière, les bilans se rapprochant le plus des Blazers étaient ceux des Grizzlies et des Spurs. Pour eux, l’exercice à venir sera bien différent aussi. Les coéquipiers de Victor Wembanyama se sont renforcés drastiquement en acquérant expérience et jeunesse. Quant à ceux de Jaren Jackson Jr., sujets aux blessures, ils seront quasiment tous de retour et pourraient bien jouer les trouble-fêtes dans la course au titre.
Le play-in a aussi vu s’affronter les Kings face aux Warriors, deux dossiers aussi compliqués.
Sacramento a, sur le papier, peaufiné son 5 majeur avec l’arrivée du vétéran DeMar DeRozan. Nonobstant, l’acclimatation du natif de Compton pourrait prendre une mauvaise tournure. Prenant beaucoup de ballons et de tirs, il devra partager le ballon. Pour ce qui est de la baie, Stephen Curry aura à faire sans son ami et coéquipier de toujours, Klay Thompson, ce qui n’allégera pas sa charge de travail et de responsabilité.
Malgré leur talent, il faudrait un concours de circonstances presque onirique pour accéder au play-in. Tout d’abord, il faudrait que différentes équipes ne fonctionnent pas et se retrouvent malmenées dans cette lutte effrénée. Dans un second temps, ils devront voir l’éclosion de plusieurs joueurs, Ayton, Henderson ou Sharpe par exemple. Puis, pouvoir compter sur des séries de victoires et un public convaincu par cette équipe. En somme, il n’est interdit à personne de rêver, mais la concurrence devrait davantage rapprocher les Blazers de Cooper Flagg que du play-in.
Bien que les Blazers soient en pleine reconstruction et face à une concurrence féroce à l’Ouest, leur mélange de jeunes talents prometteurs et de renforts stratégiques leur offre une lueur d’espoir. La saison pourrait être palpitante et, pourquoi pas, offrir de belles surprises aux fans du Moda Center.