Michael Malone et Denver
(David Zalubowski via AP)

Les 5 questions que Denver va devoir se poser cet été

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Passé la déception de l’élimination contre les Wolves, Denver va devoir agir afin de corriger ce qui n’a pas marché cette année. Alors qu’il y a encore quelques semaines tout semblait parfait, Calvin Booth va se poser des questions importantes pour le futur de la franchise. Cela risque d’être compliqué d’autant plus qu’il ne possède pas une marge importante.

À quel prix faut-il prolonger KCP ?

Kentavious Caldwell-Pope est à un moment charnière de sa carrière. Depuis son passage aux Lakers, il s’est affirmé comme l’un des meilleurs 3&D de la ligue, et a été l’un des artisans majeurs du titre des Nuggets la saison dernière. Son intelligence de jeu couplée à son adresse longue distance (41,5% à trois points depuis son arrivée à Denver) fait de lui un complément parfait à Nikola Jokic et Jamal Murray. Il affiche cette saison le deuxième on-off le plus élevé de sa team (derrière son coéquipier Serbe).

Avec KCP

Sans KCP

Offensive Rating

124,3 (1er)

110,7 (25e)

Defensive Rating

112,6 (6e)

114,9 (14e)

Net rating

+11,7 (1er)

-4,2 (23e)

L’arrière possède une player option à 15,4 millions pour la saison à venir, ce qui représente environ 11% du cap fixé pour 2025. Mais alors qu’il vient tout juste d’avoir 31 ans en février dernier, KCP pourrait opt-out afin de signer le dernier gros contrat de sa carrière. Il n’a jamais eu une cote aussi élevée, lui qui devrait intéresser de nombreuses équipes. Il pourrait également prendre sa player option puisqu’il est éligible à une prolongation de 96,8 millions de dollars sur 4 ans (24,2 millions annuel) à partir de 2025.

Toute la question est maintenant de savoir si les Nuggets sont prêts à miser autant sur leur arrière alors qu’ils affichent une masse salariale à 190,9 millions pour la saison à venir. Cela les place pour le moment tout juste au-dessus du second apron, ce qui pourrait leur faire perdre leur mid-level exception ainsi que les restreindre dans leurs futures trades. Il faut également prendre en compte que KCP est certainement sur la pente descendante, et qu’il ne sera peut-être plus aussi fort dans le futur.

Comment améliorer le banc ?

C’était l’une des questions majeures entourant cet effectif en début de saison, et on n’a pu voir les limites en playoffs. Les départs de Bruce Brown et Jeff Green ont fait mal à cette équipe du fait de leur importance à la fois sur et en dehors du terrain. Michael Malone a donc été obligé de responsabiliser davantage Christian Braun (7,3 points et 3,7 rebonds en 20 minutes) et Reggie Jackson (10,2 points et 3,8 assists en 22 minutes) en régulière alors qu’ils avaient eu une contribution assez restreinte dans le run vers le titre en 2023. Mais on a vu leurs limites en playoffs, eux qui n’ont respectivement joué que 17 et 10 minutes en moyenne. Ils n’ont jamais apporté cette énergie supplémentaire aux starters, mettant encore plus de pression sur ces derniers.

Denver pourrait bien évidemment miser sur la progression interne étant donné qu’il y a de nombreux jeunes à potentiel dans l’effectif. On pense en premier lieu à Peyton Watson (21 ans) qui a été essayé en début de playoffs, mais pour qui la lumière a été un peu trop brillante pour qu’il joue davantage. Il pourrait néanmoins être une doublure efficace à Aaron Gordon dans le futur comme le prouve sa jolie saison régulière (6,7 points et 3,2 rebonds en 19 minutes).

Malone pourrait également s’appuyer sur Julian Strawther (22 ans), lui qui a montré de belles choses en défense. Même s’il n’est qu’à 29,7% à trois points cette saison, il avait prouvé à Gonzaga qu’il était un bon shooteurs en étant à 38,4% de loin pendant ces trois années universitaires. De même, c’est un aspect du jeu sur lequel Braun (23 ans) devra gagner en constance puisqu’il n’a tourné qu’à 22,2% durant les playoffs, contre 38,4% en régulière. Ce dernier a tout de même montré une progression dans le jeu sans ballon, et est appelé à prendre la relève de Bruce Brown.

« Ce qu’on aime chez Christian Brown, c’est qu’il ne cherche pas d’excuses […] La première chose qu’il vous dira, c’est qu’il doit s’améliorer”

Mike Malone (février 2024) via NBA.com

Est-ce que MPJ est toujours la troisième star idéale ?

Michael Porter Jr est présenté comme un excellent finisseur depuis ses années au lycée. Il a montré qu’il avait l’un des shoots les plus purs de la ligue en tournant à 41,0% de loin sur 5,9 tentatives depuis sa draft en 2018. Sa taille et son envergure en font d’ailleurs un joueur très difficile à contester, faisant penser à Kevin Durant sur certaines séquences. Il a par exemple été très bon contre les Lakers où il a profité des espaces laissés par les Angelinos pour sanctionner (22,8 points à 48,8% de loin).

Il a néanmoins été moins prolifique contre Minnesota, en souffrant dans le duel physique face à une équipe ultra-athlétique et excellente défensivement. Lui qui n’a tourné qu’à 10,7 points (à 32,5% de loin) s’est excusé de sa série ratée en expliquant que la « série fut catastrophique pour moi. J’ai l’impression d’avoir été bon seulement un ou deux matchs ». Il assume d’ailleurs la responsabilité de cette défaite lorsqu’il précise que « j’ai dit à mes coéquipiers que j’étais désolé, que cette série perdue était ma faute ».

Michael Porter Jr
MPJ tourne sur ces deux dernières campagnes de playoffs à 14,3 points et 7,6 rebonds à 43,9% dont 37,3% de loin. Des chiffres en baisses qui pourraient inciter les dirigeants à se séparer de leur ailier (David Zalubowski via AP)

Le problème principal de MPJ est qu’il est un joueur unidimensionnel qui a besoin de la création de ses partenaires pour scorer. Or quand il ne trouve pas la mire, il représente un poids pour sa team. Et contrairement à l’année dernière, il n’a pas pesé dans différents aspects du jeu comme le rebond ou la défense. Denver a affiché en playoffs un défensive rating de 97,4 lorsqu’il il était sur le banc, contre 117,1 pendant qu’il était sur le parquet. Et tandis qu’il avait montré quelques progrès au playmaking durant la régulière en réalisant sa première saison avec plus d’assists que de turnovers, il n’a pas réussi à confirmer en playoffs (13 passes décisives pour 18 ballons perdus).

L’ailier — qui avait été prolongé pour 180 millions sur cinq ans à l’été 2022 — représente aujourd’hui un quart du salary cap. C’est une part conséquence quand on sait que l’on parle ici d’un joueur limité en dehors du scoring. Il pourrait être une monnaie d’échange si jamais Denver souhaitait renforcer son banc. Il ne faut pas oublier qu’il traverse une période compliquée avec d’un côté son frère Jontay Porter bannit à vie de la NBA et son autre frère Coban Porter, condamnée à six ans de prison pour conduite en état d’ivresse ayant mené à la mort d’une personne à la suite d’un accident de la route.

Comment améliorer la création offensive ?

La question peut paraître étrange quand on parle d’une équipe qui possède dans ses rangs l’un des meilleurs passeurs de l’histoire avec Nikola Jokic, mais elle mérite d’être posée. Sur la série contre Minnesota, on a vu des Nuggets mis en difficulté pour créer leur jeu habituel. Les Wolves ont notamment été très efficaces pour couper la relation du Serbe avec Murray en étant performant dans la circulation des écrans. Preuve étant, les joueurs du Colorado sont passés d’un offensive rating à 119,1 en régulière à 111,3 en playoffs (114,7 contre Los Angeles et 108,9 contre Minnesota). C’est dans ce secteur que l’absence de Bruce Brown s’est fait grandement ressentir puisque ce dernier était un playmaker secondaire excellent pour accentuer les décalages.

Dès lors Denver a eu énormément de mal à trouver des positions ouvertes et à être efficace au tir. C’est d’ailleurs ce qui leur a fait défaut contre les Wolves, car ils ont réalisé trois rencontres dans le 16e centile ou en dessous, toutes soldées par une défaite. Cette difficulté offensive s’est surtout vue sur demi-terrain puisque les Nuggets ont affiché une efficacité de 97,7 points pour 100 possessions, ce qui les classe 9e sur 16. À titre de comparaison, ils étaient premiers l’année dernière en playoffs avec 104,9 points.

Jamal Murray
Jamal Murray a eu du mal à se défaire de la défense étouffante de Jaden McDaniels. La Canadien a sûrement réalisé sa pire série en carrière en étant limité à 18,4 points et 4,4 passes à 40,3% au tir et 33,3% à trois points (Isaiah J. Downing via USA TODAY Sports)

On peut dire que l’expérience Reggie Jackson a tourné au fiasco, lui qui n’a jamais réussi à assumer son rôle de remplaçant. De par leur situation financière, Denver ne pourra sans doute proposer que des contrats minimums aux futurs free-agents. Les Nuggets pourraient se positionner sur Kyle Lowry qui a réalisé des playoffs très intéressants du haut de ses 38 ans, ou Spencer Dinwiddie qui pourrait apporter de l’énergie en sortie de banc malgré son passage manqué aux Lakers. La piste Russell Westbrook paraît quant à elle difficilement envisageable, car il semblerait que le meneur souhaite avoir davantage de responsabilités qu’aux Clippers. Cela est d’autant plus vrai qu’il ne rentre pas vraiment dans les plans de jeux de Mike Malone de par son incapacité à être efficace off-ball à la fois en attaque et en défense.

L’équipe actuelle de Denver est-elle trop soft ?

C’est l’un des aspects qui a été le plus marquant contre Minnesota. Denver a paru dominé physiquement face aux hommes de Chris Finch, notamment durant le Game 7 où les Wolves ont affichés un free-throw rate de 32,9% — soit une prestation dans le 97e centile avec 30 lancers provoqués — et en captant 35% des tirs manqués (80e centile). On observe que sur la série, les Nuggets n’ont réalisé qu’une seule performance au-dessus de la moyenne en termes de rebonds offensifs.

On avait d’ailleurs vu Denver avoir du mal à protéger son panier contre LA au tour précédent. Au point que Mike Malone s’agace en conférence de presse après la défaite dans le match 4 où son équipe avait encaissé 72 points dans la raquette. « Dans la raquette, c’est une blague ! À chaque temps mort, j’avais l’impression d’être un disque rayé » expliquait le coach, précisant que « Je ne pense pas que nous avions le physique et le sentiment d’urgence nécessaires. On n’a pas joué comme si c’était un match à enjeu ».

Ce point est intéressant à analyser, car Denver a été beaucoup moins souverain. Comme la saison dernière, les Nuggets ont réalisé énormément de mauvais débuts de match, en perdant le premier quart-temps 50% du temps cette saison en playoffs (contre 45% en 2023). Mais cette année ils n’ont pas réussi à revenir dans les rencontres. L’équipe a par ailleurs concédait 3 défaites à domicile en 2024, contre une seule l’année précédente, et a perdu le Game 7 après avoir mené de vingt points, une première dans l’histoire de la NBA.

Est-on trop exigeant avec ces Nuggets ?

La désillusion est évidente pour cette équipe qui été vue comme l’une des favoris à sa propre succession. Mais il est important de prendre en compte différent facteurs, à commencer par celle de la matchup.

Minnesota est en effet une team qui est parfaite pour gêner Denver. Cette rotation à trois intérieurs ainsi que l’envergure des défenseurs extérieurs et le talent offensif de Anthony Edwards représente sans doute la meilleure solution contre cette formation. Jokic expliquait d’ailleurs en conférence de presse que « Les Wolves sont construits pour nous battre ». Cela n’est pas vraiment surprenant quand on sait que Bruce Brown déclarait l’été dernier que leur série la plus compliquée avait été face à ces Wolves, pourtant privées de Jaden McDaniels et Naz Reid.

Contrairement à la saison dernière, on a pu voir quelques joueurs limités physiquement, à commencer par Jamal Murray. Le Canadien n’a jamais réussi à trouver son rythme durant ces playoffs, lui qui a tourné à 20,6 points à 40,2% au tir dont 31,5% de loin. À titre de comparaison, il affichait l’année dernière une moyenne de 26,1 points à 47,3% au shoot et 39,6% à trois points. Sa blessure au mollet au premier tour, et au coude dans le Game 6 contre les Wolves l’ont empêché de jouer à son meilleur niveau, même s’il nous a gratifiés de moments mémorables avec un buzzer-beater et un game-winner contre Los Angeles.

En remportant juste un match de plus en régulière, Denver aurait pu éviter les Wolves dès les demi-finales de conférences. Et peut-être aurait-il eu un chemin plus facile vers le titre. On comprend donc à quel point gagner un titre NBA demande un alignement des planètes assez exceptionnel. Plusieurs variables internes et externes à l’équipe rentrent en compte, et c’est précisément pour cette raison que l’on est aujourd’hui dans une période de parité assez rare pour la ligue. Aucune équipe n’a été en mesure de réaliser un back-to-back depuis Golden States en 2018.

Denver se retrouve dans une position similaire à celle de Milwaukee en 2022. Les Nuggets vont devoir faire des choix forts cet été afin de rester compétitifs, alors que l’on voit émerger de nombreux candidats pour le titre. Est-ce que Calvin Booth va prendre encore une fois les bonnes décisions pour améliorer son équipe malgré les restrictions liées à la situation financière de la franchise ? Réponses dans quelques semaines.

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