Au terme d’une saison surprise, Orlando s’est qualifié en playoffs avec une cinquième place durement acquise grâce à une défense de fer. Toutefois, l’attaque du Magic laisse à désirer. La franchise a-t-elle ciblé ces problèmes, et les a-t-elle réglés grâce à la Free Agency ?
Une attaque en peine
Malgré un Paolo Banchero All-Star et un très bon Franz Wagner, de nombreux problèmes persistent au coeur de l’attaque de la franchise. Les statistiques le montrent, mais l’impression visuelle est d’autant plus frappante : l’attaque est problématique.
Si les joueurs de Jamahl Mosley figurent parmi les meilleures défenses de la Ligue, avec le deuxième meilleure defensive rating lors de la saison passée, ils sont moins bons élèves de l’autre côté du terrain. En effet, Jalen Suggs et les siens ont le 22ème rating offensif de la NBA, soit plus faible que certaines équipes beaucoup moins bien classées comme Atlanta ou Utah.
Mais d’où vient cette difficulté en attaque ? Elle réside dans plusieurs domaines : premièrement, Orlando est une équipe qui ne tente que très peu derrière l’arc, et est surtout une des moins adroite de la Ligue. Les floridiens ont inscrit le moins de 3 points cette année parmi les 30 franchises, et ce avec un des pires pourcentages : 35,2% de moyenne.
Toutefois, les problèmes ne se limitent pas au manque de confiance à 3 points. On le voit aussi aux lancers-francs. Si le Magic est l’équipe qui tente le plus de lancers-francs par match, elle est la cinquième pire en terme de réussite sur la ligne. On a évidemment tous en tête ces images de Paolo Banchero, qui laisse parfois filer pas mal de points sur la ligne. Mais on n’oublie évidemment pas son Game 7 contre Cleveland à 15/18 aux lancers.
Mais le shoot n’est pas le seul problème de l’attaque du Orlando Magic. Les coéquipiers de Markelle Fultz ont aussi eu des problèmes à la création. Ils figurent parmi les trois équipes qui réalisent le moins de passes décisives, mais aussi parmi celles qui perdent le plus de balles : 14,7 en moyenne par match.
Ces problèmes condamnent en quelque sorte l’attaque du Magic à reposer sur les exploits individuels de ses deux stars, Paolo Banchero et Franz Wagner. Mais lorsque l’une de ces deux stars est en dedans offensivement, il est très difficile pour l’équipe d’espérer empocher la victoire. On l’a bien vu lors du Game 7 face à Cleveland, le non-match de Franz Wagner en attaque a condamné les espoirs floridiens, et ce malgré un Banchero à 38 points (10/28 au tir tout de même).
Il manque au Magic un joueur capable de prendre le relais des jeunes leaders en attaque, mais aussi capable d’assumer de prendre des gros tirs en fin de match, notamment de loin. Plus globalement, ce sont des joueurs à l’aise au shoot que doit cibler Orlando. Mais qu’en est-il advenu lors de cette Free Agency ?
La Free Agency du Magic
La grosse arrivée côté Magic est celle de Kentavious Caldwell-Pope, pour 66 millions de dollars sur 3 ans. Il répond à plusieurs critères évidents pour Orlando : il apporte de l’efficacité au tir, à trois points et aux lancers-francs, mais aussi de l’expérience en post-season, lui qui a remporter le trophée Larry O’Brien en 2020 et en 2023. Ce dernier a d’ailleurs déjà l’air d’exciter son GM, Jeff Weltman :
« Il n’a pas des jolies statistiques. Il n’est pas un énorme scoreur. Mais il garde le meilleur joueur de l’autre équipe 97 % du temps. Ce sont les statistiques qui excitent les gars comme nous. »
Pour rentrer plus en détail, KCP va s’intégrer dans cet effectif du Magic avec un apport défensif non-négligeable, qui fait de lui un bon défenseur capable de switcher sur plusieurs postes, signe d’une adaptabilité qu’apprécie beaucoup Jamahl Mosley. Ces dernières saisons, il convertissait plus de 40% de ses tirs de loin, à lui de continuer sur cette lancée à Orlando. Il va ainsi remplacer Gary Harris en tant que titulaire au poste 2.
Mais Caldwell-Pope n’est pas la seule bonne pioche réalisée par le management lors de la Free Agency. La franchise est parvenu à prolonger son pivot back-up Goga Bitadze pour 25 millions sur 3 ans. Ce dernier avait montré de belles choses lorsqu’il a dû pallier aux blessures des deux intérieurs devant lui que sont Mo Wagner et Wendell Carter Jr.
Toujours à l’intérieur, c’est Mo Wagner qui a prolongé pour 2 ans et 22 millions de dollars. Le champion du monde 2023 apporte de la dureté et de l’impact défensif à l’intérieur, mais est aussi un apport offensif intéressant, notamment dans la raquette. L’allemand a terminé la saison 2023-2024 à plus de 10 points par match.
Son frère, Franz Wagner, a lui prolongé pour plus de 200 millions de dollars sur 5 ans, soit un contrat max. Méritait-il de recevoir un contrat max, là n’est pas la question mais son rôle dans l’attaque d’Orlando est capital, lui qui tournait à plus de 19 points par match l’année passée. Malgré tout, il devra montrer des signes d’amélioration à 3 points, car il affichait des pourcentages repoussants : 28,1% sur 4,6 tentatives par match.
On l’évoquait plus tôt, le poste 2 titulaire de l’année dernière, Gary Harris, continue lui aussi son aventure en Floride pour 2 ans. On le connait dans un rôle similaire à celui de KCP, avec un shoot à 3 points qui, sur les années qu’il a passé à Orlando, avoisine les 40% de réussite. Il va donc approfondir le banc du Magic sur les postes extérieurs.
Jonathan Isaac, le défenseur monumental prolonge lui aussi à Orlando pour 5 ans et 84 millions de dollars, lui qui a surtout évolué en sortie de banc après sa grosse blessure qui l’a longtemps écarté des terrains. Un meneur vétéran arrive lui aussi en Floride, c’est Cory Joseph qui va apporter son expérience à la jeune équipe.
Mais l’une des plus grosses arrivées est celle de Tristan Da Silva, choisi en 18ème position de la draft 2024. Après un cursus universitaire complet, le germano-brésilien affiche de vraies garanties, notamment offensivement avec un point fort en catch-&-shoot à 3 points où il tournait à plus de 42% sur son année senior. Son profil a été plébiscité par Jeff Weltamn :
« Nous avions pour objectif en entrant dans cette Draft, d’ajouter du tir, de la technique, du QI basket et de la taille. Cocher ces quatre cases au 18e choix est une bonne journée de travail pour nous. Tristan Da Silva est un joueur tout à fait unique. Il est exceptionnellement doué. »
Son apport sera donc non-négligeable, lui qui pourra apporter du shoot en sortie de banc à des postes, les postes forward, où Orlando manquait d’efficacité de loin. Balle en main, il peut aider à la création derrière Banchero et Wagner, mais c’est surtout son tir qui représente l’arme majeure de son jeu. On peut ajouter à cela une capacité à rendre service en défense.
Côté départs, le Magic a laissé filer des joueurs comme Joe Ingles ou Markelle Fultz, tout deux via la Free Agency. Ces derniers ne représentent pas de grandes pertes pour le jeune effectif floridien. Ingles a peiné à trouver sa place dans l’attaque tandis que Fultz a encore subi des blessures à répétition. Sur des postes arrières encombrés, le Magic libère donc du temps de jeu pour ses jeunes, notamment Anthony Black.
Le bilan de cette Free Agency
En résumé, Orlando fait plusieurs bons coup en réussissant à re-signer les joueurs les plus importants de son effectif, comme les frères Wagner, Jonathan Isaac ou Goga Bitadze. De plus l’arrivée de l’expérimenté Kentavious Caldwell-Pope marque un grand pas en avant pour le cinq majeur du Magic, qui gagne en adresse de loin et même en défense extérieure.
Mais le Magic a-t-il réglé ses problèmes offensifs avec cette Free Agency ? S’il reste encore quelques points à travailler, notamment sur le tir de loin dans le cinq majeur, l’arrivée de KCP va faire le plus grand bien, lui qui figure parmi les meilleurs shooteurs de la Ligue. De plus, le banc va aussi gagner en adresse extérieure avec la draft de Tristan Da Silva et l’approfondissement du rôle de Jett Howard, deux très bons shooteurs qui se sont montrés en Summer League.
À la création, l’arrivée des vétérans permettra d’encadrer la progression de Jalen Suggs et d’Anthony Black. Cory Joseph n’arrive pas pour jouer un grand rôle sur le terrain, mais plus dans les vestiaires pour montrer la voie aux jeunes.
Cette Free Agency montre le souhait du board de la franchise de construire une équipe autour de ses stars, et sans faire venir un autre joueur qui en quelque sorte tournerai les projecteurs vers lui, comme Paul George, qui avait été associé au Magic dans de nombreuses rumeurs. C’est d’ailleurs ce qu’a expliqué le General Manager de l’équipe :
« Une partie de cette progression consiste à montrer à nos jeunes comment faire un pas en avant. Nous n’allons pas nous écarter de notre étoile polaire, qui est de développer nos jeunes talents. »
Finalement, Orlando figure parmi les grands gagnants de cette Free Agency, qui va lui permettre de continuer sa progression dans la conférence Est, notamment en améliorant son adresse au tir grâce aux arrivées de Caldwell-Pope et Da Silva, tout en consolidant les bases de son effectif.