Les Sixers sont l’une des déceptions de cette saison NBA. Alors que la saison régulière touche à sa fin, il est l’heure des premiers bilans pour les équipes dont l’année 2024-25 de NBA touche déjà à sa fin. Alors que certaines s’attendaient à jouer leur dernier match si tôt, pour d’autres l’objectif était loin d’être celui-ci. C’est le cas des Philadelphia 76ers.
Attendus comme parmi les équipes les plus à surveiller de la Conférence Est pour aller loin en playoffs, la saison a pris un tournant terrible. La franchise de Pennsylvanie devrait finir la saison avec le 5ème pire bilan de la ligue, avec 24 petites victoires, a des années lumières des objectifs de début de saison. Entre blessures, mauvaises décisions, mais aussi satisfactions, que retenir de cette mauvaise saison des Sixers ?
Le cru 2024-25 des Sixers démarrait sur un pari : la signature pour un contrat max (211 millions sur 4 ans) de Paul George. L’ailier de 34 ans devait faire passer le cap qu’il manquait à Philly pour assouvir leur objectif de titre. Cela n’a jamais été le cas… Celui qui devait remplacer Tobias Harris et former un Big Three aux côtés de Joël Embiid et Tyrese Maxey n’a jamais réussi à répondre aux attentes.
Mais tout n’est pas (que) la faute de George. Car le pôle médical des Sixers n’a pas chômé cette année. La saison des Sixers aura été absolument ruinée par les blessures à répétition. D’abord le Big Three Embiid Maxey George n’aura joué que 15 petits matchs ensemble. En gros, ils n’ont quasiment jamais joué ensemble. 71% de la masse salariale pour 15 matchs, ce n’est pas viable.
Il y a-t-il un pilote à bord ?
« Évidemment, la saison a été décevante. Personne n’est satisfait de notre situation. Nous ne sommes pas contents. » « exprimait le propriétaire Josh Harris à The Athletic fin janvier. Depuis, les résultats n’ont fait qu’empirer… Mais cette saison décevante à pris sa graine dans les bureaux de ce Front Office. D’abord, le pari Paul George pris en début de saison s’est révélé catastrophique.
Presque fantomatique, il n’a pas réussi à justifier cette saison son imposant contrat. Un contrat qui pose question sur le choix pris par le management des Sixers, Daryl Morey le GM en tête. Pourquoi prendre un tel pari sur un joueur déjà âgé de 34 ans. Un choix qui pèse lourdement sur les finances de l’équipe, limite sa flexibilité future et qui inquiète donc pour le futur de la franchise.
Un Front Office qui aura été également chahuté par la gestion du cas Embiid. Le MVP 2023, blessé début le milieu de saison dernière au genou, aura tenté de revenir sur les parquets à quelques reprises cette saison, en vain. Et selon Shams Charania, ce sont les dirigeants de la franchise qui l’auraient poussé à jouer malgré la blessure.
L’originaire du Cameroun aurait demandé à son management de le laisser procéder à une opération pour régler définitivement sa gène, quitte à laisser tomber la saison. Refus catégorique de ses interlocuteurs, de quoi générer des tensions. Un manque d’alignement entre la star et ses dirigeants ce n’est jamais bon signe pour l’avenir d’une franchise. Peut-être le début de la fin de l’ère du Process aux Sixers ?
Il y avait une certaine tension entre Joel Embiid et la direction, d’après ce que j’ai compris. – Shams Charania, ESPN
Une saison désastreuse qui laisse donc des marques et déstabilise la partie dirigeante de la franchise.
De la lumière dans le noir
Au-delà des apparences, tout n’aura pas été que désastre pour la franchise de Pennsylvanie. Au milieu du marasme, des joueurs ont surnagés, profitant des espaces laissés par les blessures.
En tant que Français, il faut bien sûr parler de la saison de Guerschon Yabusele. “Yabu’” s’est fait un nom cet été après son dunk sur LeBron. Et ce nom, il a fini de l’implanter cette année. Après 6 ans loin des parquets NBA, il ne pouvait pas remercier la franchise qui lui a redonné une chance de la meilleure des manières.
Avec son jeu atypique pour un intérieur, il a offert toutes ses qualités aux Sixers : écrans très solides, post-up, présence physique (avec 3-4 jolis posters à ajouter a ses highlights), et un shoot extérieur comme vraie satisfaction. 38% sur 4 tentatives à trois points, il est une vraie menace sur les box-out magiques de Tyrese Maxey, que ce soit dans le corner ou à 45 degrés. Le point d’interrogation autour de cette facette de son profil a été complètement effacé.
Avec les absences répétées de Embiid et de Drummond, il a joué la majorité de la saison pivot, où il a impressionné Nick Nurse : « Il joue dur et il est souvent au bon endroit au bon moment. Il joue probablement beaucoup plus grand qu’il ne l’est. Il marque au cercle contre des joueurs plus grands. Il bloque des tirs comme un pivot plus grand. »
Son impact, il l’a montré par son efficacité (61% de TS%) mais aussi par sa régularité. Il a été un des seuls à n’avoir que très peu été gêné par les blessures, avec 70 matchs joués, et toujours de bonnes performances. On comprend pourquoi les Sixers ont déjà annoncé vouloir tout faire pour le conserver à l’intersaison, lui qui attirera sans doute l’intérêt de quelques contenders.
Autre piste prioritaire de l’intersaison pour les Sixers : la prolongation de Quentin Grimes. Échangé à la deadline contre Caleb Martin, Grimes est l’attraction de la fin de saison version tanking des sixers. Habitué a un rôle davantage secondaire depuis 2 ans, on assiste au renouveau du choix de la draft 2021. 22 points, 5 rebonds, 4,5 passes, 1,6 steals a 48% au tir dont 39% de loin. Voila ses stats depuis son arrivée dans la ville de l’amour fraternel. Impressionnant non ?
Agressif, confiant, fiable des deux côtés du terrain, il a apporté tout ce qu’il manquait dans la franchise. On lui a même découvert un certain talent à la création. Presque dommage qu’il soit arrivé trop tard, alors que la saison avait déjà emprunté depuis un certain temps les mauvais rails. Agent libre restreint cette année, il sera un nom à suivre de cette intersaison.

Autres éléments qui se démarquent chez les Sixers, ce sont les surprenants Jared Butler et Lonnie Walker IV. Le premier, également arrivé à la deadline en provenance de Washington contre Reggie Jackson, a montré de vraies belles qualités de playmaking (5 passes de moyenne ) et fait parler son talent offensif qu’il n’avait pas l’occasion de montrer dans le marasme des Wizards.
Le second a débarqué mi-février en tant qu’agent libre, après quelques mois passés en Europe du côté du club lituanien du Zalgiris Kaunas, notamment aux côtés de Sylvain Francisco. Originaire de Pennsylvanie, il s’est distingué par sa capacité à créer des opportunités de tir, tant pour lui-même que pour ses coéquipiers. Il a également montré un playmaking qu’on lui connaissait peu lors de ses expériences passées en NBA. Walker attribue son développement en tant que passeur à son expérience en Lituanie, où il a eu plus de responsabilités en tant que meneur.
Place à la jeunesse
Dès le début de saison, c’est Jared McCain qui s’est illustré. Le 16ème choix de la dernière Draft n’a joué que deux mois, mais il a brillé. Son profil est simple : arrière très gros shooter (presque 6 trois points tentés par match pour 38% de réussite), avec une finition au cercle vraiment intéressante. Un playmaking encore brut mais avec un certain potentiel, vu lorsque Nick Nurse devait l’aligner meneur lorsque Lowry ou Maxey n’étaient pas là.
Jared McCain n’est pas un défenseur extraordinaire mais capable de flashs, et surtout avec une envie et une hargne tellement appréciable pour n’importe quel coach. Sur les 23 matchs qu’il a disputés avant sa blessure au genou gauche lors du match contre les Indiana Pacers le 13 décembre, il affichait des moyennes impressionnantes de 15,3 points, 2,4 rebonds et 2,6 passes décisives, avec 8 matchs au-dessus des 20 points.
Le rookie complique déjà la vie aux défenses dans sa saison rookie, comme l’explique son coach : « Ils ont même tenté une défense en boîte et un sur lui à un moment donné, ce qui est assez intéressant. Je me suis dit : ‘C’est un sacré signe de respect de faire ça à un rookie.' » Il était le grand favori de la course au rookie de l’année et affichait une maturité dans sa manière de jouer assez rare pour un joueur de son âge (21 ans).
Le voir évoluer avec les espaces ouverts par Joel Embiid faisait saliver, il faudra prendre son mal en patience et attendre l’année prochaine. La NBA à déjà hâte de voir son “année 2”, il sera une des attractions des Sixers version 2025-26, où il ramènera sa joie de vivre insatiable et ses TikToks toujours assez décalés.
Il a saisi de nombreuses opportunités. Il tente beaucoup de tirs. Mais maintenant, il a une bonne compréhension de la manière de jouer correctement. C’était le plus encourageant. Il est confiant et joue très bien, c’est certainement un point très positif. – Nick Nurse sur Jared McCain après son match face a Cleveland (34 points, 10 passes)
Mais deux autres rookies ont profité du temps de jeu ouvert par les blessures pour montrer leur talent. Le plus impressionnant aura été Justin Edwards. Ailier non drafté en provenance de l’université de Kentucky, il a petit à petit gratté du temps de jeu, jusqu’à obtenir une place de titulaire aux côtés des 3 stars lors des derniers matchs où tout le monde était présent.
Plutôt bon catch & shooteur avec un bonne finition au panier (63% de réussite), défenseur solide notamment sur la balle à l’aide de ses longues extrémités, il a toutes les caractéristiques pour devenir un ailier 3&D moderne intéressant. Lui qui joue dans sa ville natale aura à cœur de continuer à étonner son monde et surpasser les faibles attentes placées en lui à sa sortie d’université.
Le troisième rookie des Sixers tire profit de ce tanking de fin de saison pour montrer de plus en plus ses qualités et pour se développer. Adem Bona, 41ème choix de la dernière draft, est un pivot on ne peut plus athlétique. Avec une envergure de 2,21 mètres et une détente verticale de 101,6 cm,c’est excellent contreur. Il est également capable de défendre efficacement au poste bas, de protéger la raquette et de couvrir les extérieurs grâce à sa mobilité. C’est également un bon rebondeur.
Offensivement, son jeu reste assez brut : efficace prêt du cercle, menace sur pick & roll et sur alley-oop, il manque encore de diversité. Mais il est en constant progrès, en témoigne son match à 28 points face aux Bucks de Giannis Antetokounmpo le 3 avril. De quoi peut-être faire de lui enfin un back-up solide pour Joel Embiid, chose que les Sixers ont un mal fou à trouver.
La saison 2024-2025 des Philadelphia 76ers est sans doute l’une des plus frustrantes de ces dernières années. Pour les fans de la franchise, l’avenir est encore incertain, mais l’espoir réside dans les jeunes joueurs prêts à prendre le relais. Et peut-être dans un renouveau de Paul George, qui sait ? Bien que la santé de Joel Embiid reste bien incertaine…