Pour ce premier épisode de la série « The Mavs Legacy », retour sur les premiers pas de cette franchise mythique du Texas. Découvrez comment un millionaire charismatique aux multiples chapeaux de cow-boys a réussi à placer le nom des Dallas Mavericks dans la grande ligue malgré la forte densité des équipes NBA dans le Texas.
Une courte histoire en ABA
Fondé en 1967, les Dallas Chaparrals font donc partie des 10 équipes fondatrices de la ABA. Une preuve que le basket n’a pas toujours manqué à Dallas. Très rapidement reconnu pour son style offensif et ses transitions rapides, Dallas attire rapidement les fans et tente d’y instaurer une équipe régionale. A l’image de la ABA qui veut remplacer la NBA sur le plan national et international, les Chaparrals veulent prendre le pouvoir dans le Texas.
Rapidement, l’équipe atteint les play-offs de la compétition et devient de plus en plus réjouissante à voir. Son style de jeu unique la rend très agréable à voir jouer, mais l’équipe ne parvient pas à passer le cap en Play-off. Le manque de stabilité de l’équipe, qui évolue à domicile dans 3 salles différentes, y est pour beaucoup et petit à petit l’équipe commence à sombrer dans les bas fonds de la ABA.
Pendant la saison 1972-1973, Dallas réalisa une saison catastrophique ne participera même pas aux Play-offs (alors que 8 équipes sur 10 y sont conviées) et démarrera une longue descente aux enfers. Creusé par des difficultés financières, le propriétaire majoritaire Robert Folsom cherche à revendre ses parts à d’autres fortunes de Dallas. Mais personne ne croyant au développement des Chaparrals, l’équipe est contrainte de déménager à San Antonio, chez l’ennemi juré, qui rejoindra la NBA dès 1976 après la chute et la disparition de la ABA.
Donald Carter: A la recherche d’une franchise en faillite
Depuis la faillite des Chaparrals, les fans de basket de Dallas poussent les grosses fortunes de la région à démarrer un mouvement auprès des dirigeants de la NBA pour ramener la balle orange dans le nord-est du Texas. Mais peu enthousiaste à la suite des dernières déconvenues dans cette ville, aucun d’entre eux n’osent se mouiller pour investir dans ce projet.
Aucun sauf un, Donald Carter. Son but n’était pas d’assouvir son profond amour pour le basket-ball, ni de gonfler sa fortune déjà très importante, ou encore de se faire connaitre à l’échelle nationale. Non, ce projet, il l’a dédié à sa femme Linda, passionné par le basket et joueuse pendant ses années lycée. Et oui, le basket n’aurait peut-être pas existé à Dallas si un millionnaire puissant ne s’était pas marié à une grande fan de basket. Mais le hasard fait souvent bien les choses.
En 1978, Norm Sonju, alors propriétaire NBA cherche un coup de pouce financier avec Donald Carter en échange duquel il déménagerait sa franchise. Mais la ligue est assez fermée à l’idée d’une nouvelle franchise dans le Texas et surtout à Dallas. Elle refuse le deal. Ne pouvant plus assurer le bien de sa franchise, Sonju la laisse filer à San Diego et s’allie à la cause de Don Carter en partant à la chasse aux fonds.
Peu de temps après, Sonju trouve des fonds provenant d’un groupe d’hommes d’affaires californiens qui ont fait fortune grâce à la société « Home Interior and Gifts ». Ils deviennent partenaires minoritaires et Donald Carter renvoie un nouveau dossier de candidature à la ligue dans lequel il explique vouloir faire l’acquisition de la franchise avec le plus de problème financier, les Milwaukee Bucks. Toujours dans le but de faire déménager la franchise à Dallas, mais la ligue est claire et c’est un non catégorique.
Après ce refus, Don Carter répond à la presse américaine en expliquant que ce n’était pas un échec pour lui mais qu’au contraire la ligue l’avait motiver à donner de sa personne et de son argent dans ce projet:
Ils ne savent pas ce que c’est de titiller Don Carter ! Je ne vais pas lâcher maintenant qu’ils m’ont donné l’envie de me battre.
C’est après une violente tempête, lors de l’été 1978 qui ravagea tout le Kansas et le Missouri, que les malheureux Kansas City Kings se retrouvent sans parquet après que cette dernière ait ravagé le toit de leur salle. Dans l’empressement le plus total, Don Carter passe un coup de téléphone et conclu un accord avec les dirigeants des Kings. Une vraie aubaine pour le multi-millionaire texan qui pourrait avec une équipe championne du Mid-West la saison précédante, et ayant dans ses rangs le dernier coach de l’année, Cotton Fitzsimmons, et le dernier rookie de l’année, Phil Ford.
Don Carter se rend à nouveau dans les locaux de la NBA pour présenter ce nouveau projet, mais une nouvelle fois, la réponse est non. Mais alors pourquoi la ligue ne veut-elle absolument pas qu’une équipe débarque dans le Texas. En réalité, tout est une question d’argent. Quand une équipe déménage la ligue doit se charger du déménagement de la franchise tandis que lors d’une expansion, les frais de la franchise sont répartis entre tous les propriétaires.
Comprenant bien que l’acquisition d’une franchise ne passerait pas par le déménagement d’une franchise déjà installée dans la ligue, Sonju et Carter passeront donc par l’expansion. Ils élaborent des bureaux de direction à Dallas et le dernier des deux envoie sans aucune garantie, en janvier 1979, la somme de 100 000 dollars pour les droits d’expansions locales. Mais sur un énorme retournement de situation, Don Carter et Sonju ont peut-être trouvé l’opportunité d’une vie.
Les dirigeants de Dallas sont donc obligés de suivre la voie de l’expansion, ce qui ne plaît absolument pas à Don Carter. Car oui, si les Kings ou les Bucks lui auraient coûté environ 6,5 millions d’euros, construire une nouvelle franchise va lui en valoir presque le double, en sachant pertinemment que son équipe va mettre plusieurs années à performer. L’homme d’affaires veut alors tout arrêter. La situation du basket professionnel est au plus mal, et il est trop risqué pour lui de tout perdre avec si peu de garanties. Sonju, lui, ne veut pas s’arrêter en si bon chemin et il va se donner corps et âme dans ce projet.
A contrecoeur Donald Carter passera finalement par l’expansion
Sonju, lui n’est donc pas du même avis et il demande à Carter de lui laisser un peu de temps pour trouver des fonds. Il se lance alors dans une grosse chasse aux dons auprès des 150 plus grosses fortunes de Dallas, mais ces derniers n’ont qu’un mot à la bouche : « Football ». Malgré tout, Sonju parvient on ne sait comment à vendre suffisamment d’actions pour permettre à Don Carter de présenter au commissaire de la ligue, Larry O’Brien un dossier d’expansion en février 1980.
Mais les négociations avec la ligue ne sont pas finies. En effet, ces derniers avaient promis à Dallas le first pick de la prochaine draft si Don Carter parvenait à amasser les 12 millions de dollars nécessaires à l’expansion. Finalement on ne leur promet plus que le 11ème pick. De plus, les autres propriétaires sont assez sceptiques à l’idée d’une expansion, qui réclament que 8 de leurs joueurs soient protégés lors de cette draft d’expansion.
Suite à cette nouvelle règle, Don Carter devient de plus en plus sceptique, mais il n’est plus possible de s’arrêter. L’accord entre la ligue et lui est très compliqué, au point où Carter ne lâchera pas un sourire aux représentants de la ligue lors de ce « dîner-signature ». Une signature froide qui marque les nombreux désaccords et conflits entre ces deux parties lors des trois dernières années.
La détermination de Sonju reconnue par Don Carter permettra finalement à Dallas de devenir la 23ème franchise NBA, après un résultat sans appel de 20 contre 2 (vote réalisé auprès de chaque propriétaires de franchise).La première expansion depuis 1974 et les Jazz de la Nouvelle-Orleans. L’annonce eut lieu le 1er mai et l’équipe n’avait plus qu’à choisir le logo et surtout le nom de la franchise.
Les habitants de Dallas sont sondés et leur choix se porte sur un feuilleton américain, « Maverick ». Un western des années 50 qui colle parfaitement à l’identité texane en maniant argent, pétrole et conflit. Ce soir-là, tous les fans de Dallas étaient présents à la Reunion Arena pour écouter le discours d’intronisation de Larry O’Brien qui a encore une fois rappelé que toutes ces discussions ne furent pas de tout repos.
C’est la fin d’un long et tortueux parcours, et quand je regarde Norm Sonju et Bob Folsom (Maire de Dallas), mon Dieu, ce fut vraiment une torture.
Le début des Mavericks dans la grande ligue
Il est désormais temps de se mettre au travail pour la direction qui possède 1 mois pour préparer la draft d’expansion. La partie sportive est bien évidemment confiée à Sonju qui ne perd pas son temps et nomme comme Head Coach l’expérimenté Dick Motta. A l’époque, il avait été récemment champion avec les Bullets de Washington et plus anciennement Coach de l’année en 1971. Le coach parfait pour une équipe qui doit se construire.
La draft d’expansion donne à Dallas un total de 22 joueurs et Sonju, le nouveau General Manager, décide de faire le pari de la jeunesse. En effet, plusieurs stars sont écartées de sa liste et il se penche sur des joueurs qu’il voit comme meilleurs dans les 3 ou 4 prochaines années. Un pari peut-être osé, mais Dallas se doit d’expérimenter pour se construire une identité durable.
Cependant, ce choix de recrutement, qui semblait se tourner vers l’avenir, ne le fut finalement pas. Les sélections des Mavericks comprennent l’ancien premier choix de draft, Austin Carr, Jim Cleamons et le vétéran Bingo Smith. Cependant, Cleamons et Smith n’ont jamais joué pour les Mavericks et Carr n’a joué que brièvement avant d’être vendu aux Bullets. Onze joueurs de la draft ont rejoint les Mavericks pour leur saison inaugurale, mais seulement deux ont joué plus d’une saison dans la franchise.
Même s’ils ne seront pas tous présents la saison suivante, les 22 joueurs qui composent cette nouvelle franchise étaient bien là pour le premier match. Un match pour l’histoire car l’adversaire n’était nul autre que les San Antonio Spurs. Et bien que les Spurs finiront avec le 6ème bilan de la ligue, ce sont bien les Mavericks qui, pour leur première, l’emporteront 103-92 grâce à un énorme match de Winford Boyes. Un match qui ne sera qu’une parenthèse enchantée car les Mavericks termineront la saison avec un bilan de 15 victoires pour 67 défaites.
La construction d’une franchise n’est pas qu’un long fleuve tranquille. Elle est fondée sur un doute et des remises en question permanentes. Elle est rarement bien accueillie par les autres propriétaires et la construction d’une identité et d’une équipe compétitive met des années et parfois même plus d’une décennie à arriver. Mais quand vient l’heure de la consécration, à savoir le titre en 2011, les fans savent remercier ceux qui sont à l’origine de ce projet. En l’occurrence, Mark Cuban avait laisser Donald Carter et sa femme soulever le trophée Larry O’Brien avant lui, un beau geste qui montre que les origines d’une franchise sont bien plus qu’un symbole.