Un accord a été trouvé in extremis entre Céline Forte et Lionel Peluhet pour la reprise du CSP Limoges. Un recours gracieux a été déposé dans les temps, et le club a été réintégré en Betclic Elite après son audition devant la commission de la DNCCG pour valider, ou non, ce sauvetage miraculeux. Retour sur ce feuilleton interminable.
Embourbé dans une crise financière depuis des mois, le CSP Limoges ne pouvait plus repousser l’échéance. La situation du club, endetté fiscalement ainsi qu’auprès de différents fournisseurs, a contraint la Direction Nationale du Conseil et du Contrôle de Gestion (DNCCG) à prendre une mesure radicale. Pour assurer son maintien dans le monde professionnel, le club devait trouver de nouveaux investisseurs le samedi 08 juin 2024, sous peine d’être relégué en Nationale 1. Mais comment en est-on arrivé là ?
Début 2000, le seul club français vainqueur de la plus grande des coupes d’Europe a failli disparaître, déjà. Mais Frédéric Forte, ancien joueur et vainqueur de l’Euroleague en 1993, reprend le club en 2004 et le ramène de la Nationale 1 au toit de la France en 2014 et 2015. Le 31 décembre 2017, le héros local s’éteint et son ex-femme, Céline Forte reprend les reines, contre la volonté de son défunt époux. S’en suit une série de décisions contestées au sein des différentes sphères de Limoges. Une guerre d’égos s’installe et peu à peu le public du Palais des Sports de Beaublanc, les ultras en tête, montrent régulièrement leur mécontentement.
À cela, s’ajoutent des difficultés financières. En juin dernier, le club avait déjà été sanctionné pour cette raison. Dans le même temps, Celine Forte annonce « mettre tout en oeuvre pour sauver le club ». Dans les actes, hormis la mise en place de quelques leviers financiers, comme la cession du bail d’exploitation de la brasserie et de la buvette du Palais des Sports de Beaublanc, rien n’est fait.
Depuis l’arrivée de l’ancienne joueuse au club, le CSP est déficitaire de près de 3 millions d’euros. Un bilan à mettre tout de même dans un contexte de crise sanitaire, et à la crise des droits TV, loin de ceux présents en NBA. Déjà épinglé par la DNCCG en juin dernier pour ses comptes dans le rouges et des promesses non tenues, le club a fait l’objet d’une obligation de vente pour rester dans le monde professionnel. Pour autant, le clan Forte restait désireux de conserver sa pace à la tête du club après un éventuel rachat. Des conditions impossibles pour tout nouvel investisseur vu la situation du CSP sous la houlette de Celine Forte.
Le CSP Limoges face à une reprise inévitable ?
Une cession des parts du club que Céline Forte, dont la famille en détient 84%, a voulu éviter à tout prix. Cette dernière a par ailleurs invoqué une offre miracle de 4,6 millions d’euros en provenance d’un « investisseur congolais avec un numéro de téléphone basé à Hong Kong qui passerait par la Suisse pour effectuer le virement ». Oui oui, c’est la version officielle que rapporte Matthieu Marot, journaliste du Populaite du Centre. Une chose est sûre, c’est que le virement normalement effectué le 10 mai n’apparaissait toujours pas sur les comptes du club à la date annoncée du 04 juin, selon le journal l’Équipe.
Info confirmée toutefois il ne s'agirait pas d'un million d'euros mais de 5 millions de dollars. Le virement serait partie le 10 mai mais n'est toujours pas arrivé sur les comptes. Céline Forte a promis que ce serait le cas au plus tard le 4 juin. https://t.co/hPJawOYVOJ
— Matthieu Marot (@MatthieuMarot7) May 28, 2024
Une offre fait tout de même l’exploit de mettre d’accord la ligue, les collectivités locales et les supporters. Celle de Frédric Pelhuet, le numéro 2 d’Intermarché, un partenaire historique du club. Une pétition lancée par Xavier Popelier, président emblématique du CSP, demandant à Céline Forte d’accepter l’offre de Frédéric Pelhuet, a même rassemblé plus de 8500 signatures. L’offre promet de rembourser les différentes dettes de la structure, tout en rachetant les parts de la famille Forte, pour une somme visiblement symbolique.
Et ce n’est pourtant pas financièrement que le deal a capoté à plusieurs reprises. Les raisons avancées par Céline Forte pour ce refus catégorique ? Lionel Peluhet ne lui a pas présenté le projet sportif et économique qui suivra en cas de rachat. Une nouvelle fois une excuse plutôt qu’une réelle justification. Pas difficile de comprendre que ce rachat bloque pour une raison simple. Céline Forte veut rester à la tête du CSP Limoges, point final.
Point final ? Pas vraiment…
Dans les toutes dernières minutes, un accord a finalement été trouvé entre Céline Forte et Lionel Peluhet, numéro 2 d’Intermarché : Mme Forte n’est plus la propriétaire du CSP. Immédiatement après, un recours gracieux a été déposé par Celine Forte et le CSP Limoges auprès de la DNCCG. Le dossier est repassé mercredi 12 juin devant la commission du gendarme financier. Et la bonne nouvelle est tombée dans la matinée du 13 juin : le CSP Limoges est réintégré en LNB.
Cette décision n’est pas une surprise : le président de la LNB, Philippe Ausseur, a soutenu le projet du numéro 2 du géant du commerce français à plusieurs reprises. Mais devant l’entêtement du clan Forte et ses refus à plusieurs reprises de céder le club, les Limougeauds ont eu très chaud. Le CSP peut désormais ouvrir une nouvelle page, sans Céline Forte et son clan, et se concentrer sur le sportif.
Grâce à cet accord, le CSP Limoges a été sauvé, et peut désormais ouvrir une nouvelle page de son histoire. Toute une région peut enfin respirer. Mais les egos et les guerres d’intérêt ont failli mettre à terre ce club historique du basket français.
Super bien écrit Malo, je te rassure je passe aussi mes nuits sur le league Pass 🙂 Quelle ingratitude des limougeaux envers la famille qui les a fait revenir en PRO A …. A voir comment le club va évoluer