Le 29 avril 2013, Sports Illustrated sort un nouveau numéro. Dans celui-ci, on y lit une asyndète mise en évidence : «I’m 34-year-old NBA center. I’m black. And I’m gay». Récit d’un précurseur mais surtout d’un homme libéré.
Le contexte des Etats-Unis
Nous sommes en avril 2013, la moitié des états des USA interdisent le mariage homosexuel et l’adoption homoparentale, le dépénalisation de l’homosexualité date d’à peine 10 ans dans certains états et l’homophobie est encore omniprésente dans le monde.
Jason sort de sa douzième saison de NBA entre Boston et Washington, il a 34 ans et il est agent libre. Sportivement, il n’a jamais été si fort, avec seulement 6 points et 6 rebonds dans ses meilleures années à New Jersey et il n’est, à l’époque, qu’un pivot de bout de banc qui persiste grâce à son hustle et son expérience. En signant chez les Celtics, où son habituelle numéro 34 est occupé par Paul Pierce, il choisir le numéro 98. Si il disait à l’époque que ce choix était du à l’idée d’embêter les arbitres, la réalité est surtout que ce numéro est une référence à Matthew Sheppard, étudiant homosexuel assassiné en 1998.
Et c’est donc le 29 avril que Jason révèle sa véritable identité en devenant le premier joueur actif d’une des 4 ligues majeures étatsuniennes (la NBA, la NFL, la NHL et la MLB) à faire son coming-out homosexuel. En NBA, seul John Amaechi avait fait son coming-out parmi les athlètes de la NBA mais il était déjà retraité depuis quelques années (annonce qui avait donné à des propos odieux en 2007, notamment de Tim Hardaway).
Les réactions de l’époque
Les réactions de l’époque furent globalement positives. De Barack Obama à Steve Nash en passant par Spike Lee, beaucoup de gens ont soutenu et félicité Jason pour son courage. Parmi les soutiens, on retrouve aussi les stars Kobe Bryant et Pau Gasol, des ancienne gloires comme Baron Davis, des politiques comme Bill Clinton ou encore le commissionnaire de l’époque, David Stern. Cependant, et il fallait s’en douter, pas tout le monde n’était aussi sympa avec Jason. Des chrétiens croyants comme Mark Jackson ou Chris Broussard qualifiait Jason Collins comme un homme dans le pêché et Larry Johnson a dit qu’avoir un coéquipier homosexuel le gênerait, ajoutant ensuite que les personnes homosexuelles n’ont pas leur place dans les vestiaires.
L’impact et la situation actuelle
Aujourd’hui, la NBA se montre avec un visage d’acceptation sur les questions LGBT+. En effet, elle organise les NBA Cares, des Pride Nights certains soirs de match, certains joueurs ou ancien joueur défendent ces causes là comme Dwyane Wade ou Reggie Bullock et la ligue a même refusé le All-Star Game à Charlotte en 2017 à cause des lois discriminatoires dont faisait preuve la Caroline du Nord face à la communauté LGBT+. Sauf que dans les faits, cela semble bien différent. Si la ligue féminine (WNBA) semble être ouverte à ce niveau avec de nombreuses stars ou anciennes stars ouvertement en couple avec d’autres femmes (Sue Bird, Diana Taurasi, Brittney Griner ou encore Sheryl Swoopes) et même une personne non-binaire en Layshia Clarendon, c’est plus compliqué pour la NBA. Pour ne prendre qu’un exemple parmi tant d’autres, Anthony Edwards, star des Wolves, a fait circuler une vidéo dans lequel on le voit tenir des propos homophobes (même si il s’est excusé rapidement après).
Jason Collins n’était, malheureusement, pas le bon candidat pour ça. Une rising star de la ligue aurait été plus efficace pour diffuser un puissant message d’émancipation aux personnes «dans le placard», Jason n’était qu’un bout de banc de la NBA qui a mis quelques mois à retrouver un contrat derrière avant de prendre sa retraite. Même si ces dernières années, certains joueur comme Isaac Humphries récemment, ont fait leur coming-out, l’omerta semble rester réelle et puissante autour de l’homosexualité en NBA, et de nombreux récits sont là pour le prouver. Cependant, on félicite quand même Jason et on ne peut être qu’heureux pour lui de ne plus vivre caché et dans le mensonge depuis 10 ans.