Alors que le Utah Jazz a terminé sa saison depuis le mois d’avril et que le bilan de l’équipe soit mitigé, il est temps de faire le point sur un pilier de l’avenir de la franchise. Walker Kessler sort d’une saison relativement frustrante et un retour en arrière sur ses deux premières saisons est nécessaire avant d’évaluer son potentiel pour les années à venir.
En 2023, Walker Kessler avait terminé sa saison rookie à la troisième place du Rookie Of The Year avec des statistiques surprenantes en tournant à 9,2 points, 8,4 rebonds, 0,9 passe, 0,4 interception et 2,3 contres en seulement 23,3 minutes. Il avait déjà fait oublier le départ de Rudy Gobert avec lequel les analystes ont déjà dressé un parallèle tant les similitudes entre les deux joueurs sont présentes. Les deux pivots ont le même profil de jeu, très défensif avec une excellente protection de cercle. Walker Kessler s’était imposé comme le steal de la Draft 2022, du moins il était bien parti pour l’être.
Walker Kessler, une deuxième saison décevante
Alors que seul Kelly Olynyk, un vétéran de niveau moyen pour un titulaire était devant lui dans la rotation sur le poste 5, il était plutôt évident de penser que Will Hardy tenait son futur pivot pour les prochaines saisons, surtout au vu de sa bonne saison rookie avec un temps de jeu qui ne peut qu’augmenter d’année en année. Mais malheureusement, il n’en est rien.
La saison sophomore de Walker Kessler reste amer et assez décevante au vu des attentes placées en lui. Ses moyennes n’ont pratiquement pas bougé voire même diminué avec 8,1 points, 7,5 rebonds, 0,9 passe, 0,5 interception et 2,5 contres. De 72% de réussite au tir, il est descendu à 65,4% et son defensive win share a chuté de 0.8.
Alors que les dirigeants voyaient en lui un rim protector sur les mêmes bases que Rudy Gobert dont ils devaient essuyer le départ, ils sont finalement passés de la 24ème défense de la ligue en 2023 à la 29ème en 2024. Ses statistiques ne sont évidemment pas rassurantes pour les fans du Jazz qui mettent en lui leurs espoirs de retrouver de beaux jours. Mais rien de dramatique, il a simplement stagné et n’a pas rempli les attentes mises sur ses large épaules. De plus, s’il n’a pas assuré, c’est également en partie à cause d’une très mauvaise gestion de la part du Jazz.
Les raisons derrière sa mauvaise saison
Pas besoin d’avoir le bagage intellectuel de Stephen A. Smith, ni d’avoir le savoir de Gregg Popovich pour savoir que Utah est en reconstructio. S’ils jouent au mieux pour une place au Play-In Tournament, en aucun cas le Jazz n’a des ambitions d’aller loin en playoffs pour les deux prochaines saisons au minimum.
Néanmoins, pourquoi le Jazz a accordé autant de minutes à Kelly Olynyk que la saison précédente ? Pourquoi offrir 12 matchs en tant que pivot titulaire à Omer Yurtseven, fraîchement arrivé en provenance du Miami Heat, en qui aucune attente n’est réellement placée. Pourquoi John Collins est devenu le pivot titulaire du Jazz ? Un choix relativement inattendu parce que l’ex-intérieur des Hawks ne mesure « que » 2m06 pour 106kg et qu’il n’a jamais évolué à ce poste de toute sa carrière.
Walker Kessler mesure 2m13 pour 111kg, un bon profil défensif capable de dominer sous le cercle. Pourtant, le joueur a été contraint de se contenter d’un rôle de remplaçant freinant automatiquement sa progression tant attendue avec un temps de jeu similaire (23,3 minutes) et seulement 22 matchs dans le 5 de départ contre 40 la saison passée. Cette situation embarrassante pour Walker Kessler joue aussi évidemment sur sa confiance et se ressent sur ses performances.
Lors de sa saison rookie, il avait fait quelques matchs références notamment 20 points, 21 rebonds et 2 contres contre Wolves (16/01/2023) ou une rencontre à 18 rebonds et 7 contres contre le Thunder (23/02/2023). Lors de sa deuxième saison, il n’a pas fait mieux qu’un 15 points, 15 rebonds 4 contres contre les Bulls (06/11/2023).
Le pivot qui a rendu service à Team Usa en septembre dernier pour la Coupe du Monde reste tout de même un pilier de la défense de l’équipe et produit de meilleur stats que Kelly Olynyk et Omer Yurtseven combinés. Seul Lauri Markkanen et John Collins qui jouent 10 et 5 minutes de plus que lui prennent légèrement plus de rebonds (moins de 1 par match). Tout ceci donne vraiment envie de le voir avec plus de minutes pour le voir performer.
Sur 36 minutes, il affiche une ligne statistique intéressante de 14,4 points, 13,1 rebonds, 1,5 passes, 0,5 interception et 3,7 contres sur sa saison rookie. Même s’il ne joue pas autant lors de la prochaine saison, ce serait intéressant de le voir s’approcher des 30 minutes de jeu par match. Sans jeter la pierre à John Collins, son association avec Laurri Markkanen et Walker Kessler n’a pas été alignée suffisamment pour en tirer une conclusion, mais force est de constater que les doutes sont présents.
Cela semble plutôt évident, il n’y a qu’une option envisageable, si Lauri Markkanen ne peut pas jouer ailier pour remettre John Collins à son poste naturel et permettre à Walker Kessler de retrouver une place de titulaire, John Collins va sans doute devoir être transféré car il est difficilement imaginable de le voir sortir du banc. Mais cependant, il existe d’autres facteurs qui vont lui maximiser ses chances de réussites pour la saison 2024-25.
Les solutions pour relancer Walker Kessler la saison prochaine
Bien qu’il ait fait une saison sophomore sans progression, rien n’est perdu, et son avenir reste plus que prometteur. Premièrement, le départ de Kelly Olynyk aux Raptors en cours de saison va lui libérer du temps de jeu pour la saison prochaine. Reste à voir quelle utilisation Will Hardy va en faire, en espérant du changement au vu du potentiel défensif.
En regardant la saison rookie de Keyonte George, Danny Ainge tient son axe 1-5 pour les prochaines saisons et peut proposer quelque chose d’intéressant. Il faut simplement qu’ils apprennent à se connaître puisque pour le moment leur association sur le terrain n’est pas glorieuse avec une moyenne de -10.9 points lorsqu’ils sont ensemble sur le terrain. Mais ce n’est que le début et leur pick-and-roll a moyen de porter leur attaque à la même manière que Rudy Gobert posait des écrans stratégiques.
Si Jordan Clarkson reste l’option la plus probable au poste d’arrière, il serait judicieux de faire glisser Collin Sexton en 6ème homme pour développer Keyonte George, le futur meneur de l’équipe. Le 26 juin prochain, le Front Office possède le 10ème choix pour la Draft. Pour le bien de Walker Kessler, il serait plus intéressant de choisir un joueur pour renforcer les lignes extérieures, surtout au vu du manque de talent sur les postes intérieurs disponibles entre les picks 7 et 15.
Les perspectives de son avenir
Afin de lui prédire le meilleur avenir possible, quelques comparaisons sur le même poste avec des statistiques similaires sont pertinentes. Dans la même cuvée de Draft que lui, Jalen Duren avait légèrement plus de minutes lors de sa saison rookie et avait des statistiques quasi-similaires hormis les contres où il était nettement moins bon, sa saison sophomore a vu son temps de jeu grimper à 30 minutes et ses statistiques ont gonflés au point où d’être bien au-dessus du double-double.
Entre sa saison rookie et sa saison sophomore, Jalen Duren est passé du 8ème au 4ème temps de jeu de son équipe tandis que Walker Kessler est passé du 10ème au 6ème. Pour sa troisième saison, il serait plutôt cohérent de le voir s’installer dans le top 5 des joueurs avec le plus de minutes de l’effectif.
Dans la comparaison la plus pessimiste, sa carrière peut prendre une tournure à la Mitchell Robinson. Un temps de jeu qui stagne et donc des statistiques qui restent les mêmes saisons après saisons, cantonné à un rôle certes important mais sans jamais jouer les premiers rôles et dont les blessures ne cessent de limiter son apport.
La suite de carrière la plus optimiste serait de prendre la même trajectoire que Rudy Gobert. Il avait vu sa saison sophomore à 26 minutes de moyenne, et une ligne statistique du même niveau que Walker Kessler : un quasi double-double avec plus de 2 blocks de moyenne. Sachant que l’ascension du pivot tricolore était 10 ans plus tôt sous le maillot de Utah, Walker Kessler a de quoi marcher dans les pas du quadruple défenseur de l’année (contre qui les Wolves l’avaient aussi échangé après sa Draft en l’envoyant au Jazz). Rien que sa saison rookie prometteuse avait déjà fait oublier le départ de Rudy Gobert.
Plusieurs scénarios sont possibles mais il est fort probable que Walker Kessler soit en double-double de moyenne la saison prochaine et qu’il soit candidat à une All-Defensive Team. Malgré une saison sophomore en légère « sous performance », Walker Kessler joue son avenir à Salt Lake City. Si les espoirs suite à sa première saison dans la Grande Ligue sont vite redescendus, faut-il qu’il ait les cartes en mains pour prouver ce dont il est capable de faire afin de se hisser au même rang que les futurs meilleurs pivots de la NBA.