Pékin, 24 août 2008. Après une quasi-décennie de disette, Team USA est de retour au sommet de la planète basket-ball. Un retour vers la gloire qui a mis plusieurs années avant de se concrétiser. Alors comment cette équipe Américaine a pu toucher le fond avant de retrouver les sommets ? La réponse dans cet article avec toute l’histoire derrière la Redeem Team.
La déchéance de Team USA
Une préparation aux Jeux Olymiques 2004 compliquée
Depuis 1992 et l’arrivée des joueurs NBA aux Jeux Olympiques, Team USA n’a pas perdu le moindre match olympique et comptait bien continuer cette folle série à Athènes. Rapidement, plusieurs problèmes pointent le bout de leur nez. En premier, un sentiment de lassitude commence à émerger chez les joueurs. Après 3 titres consécutifs remportés sans grande difficulté, les joueurs se demandent pourquoi ils devraient encore sacrifier une partie de leurs vacances pour représenter la bannière étoilée ?
Deuxième élément qui vient mettre des bâtons dans les roues de cette Team USA 2004 : Le contexte géopolitique. Il s’agit des premiers Jeux après le 11 septembre et l’action unilatérale des États-Unis en Irak. À travers le monde, le comportement américain n’est que très moyennement validé par la communauté internationale. De fait, il y a une réelle crainte autour de la sécurité de leurs athlètes lors du voyage à Athènes. Pour preuves, ils ne sont pas logés au village olympique, mais sur un bateau en périphérie.
Ainsi, entre manque d’envie de jouer et crainte pour leur sécurité, beaucoup de joueurs décident de faire l’impasse sur le voyage à Athènes.
Dans les locaux de l’équipe de basket-ball de Team USA, c’est la panique à bord. Les jeunes Dwyane Wade, LeBron James et Carmelo Anthony sont appelés à la rescousse pour combler les trous avec la lourde mission de ramener l’or de Grèce.
Le fiasco d’Athènes
Les Jeux Olympiques 2004 démarrent, pour Team USA, sans aucune certitude, avec un effectif incomplet et inexpérimenté. La sonnette d’alarme ne se fait pas attendre. Le 1er match oppose Team USA à Porto Rico, un adverse a priori facile. Pourtant, les Américains se font surprendre et s’inclinent, pour la première fois en 16 ans aux JO, sur un score de 92 à 73. Néanmoins, il ne s’agit que d’un match de poule, rien n’est fait et surtout tout est encore à faire pour les Américains. Avec une deuxième défaite contre la Lituanie, Team USA finit 4e de sa poule et arrache la dernière place qualificative pour les ¼ de finale.
Pour ce premier match à élimination directe, ils se défont de l’Espagne pour aller défier l’Argentine avec un enjeu simple : une place en finale. Derrière un excellent Manu Ginobili à 29pts, les Américains s’inclinent une nouvelle fois sur le score de 89-81. Pour la première depuis l’arrivée des joueurs NBA aux Jeux Olympiques, Team USA ne ramène pas l’or. C’est un véritable tremblement de terre aux États-Unis et cette équipe devient la risée de tout le pays.
L’arrivée de Jerry Colangelo : le tournant
Après le fiasco d’Athènes, il faut trouver des solutions. Ce qui dérange particulièrement les Américains, en dépit des résultats, c’est qu’ils ont l’impression que les équipes internationales leur manquent de respect alors qu’ils ont fondé le jeu. Jerry Colangelo est contacté pour prendre en main Team USA et la remettre sur le droit chemin. Sa première mission est de trouver un entraîneur solide. Case remplie avec l’arrivée du coach de l’université de Duke, Mike Krzyzewski.
Une nouvelle qui suscite certaines questions notamment sur la capacité du nouvel entraîneur à gérer un tel effectif avec son expérience qui se limite à l’université. Ce nouveau duo a un objectif simple : ramener l’or de Pékin et remettre les États-Unis sur le toit du monde. Pour cela, Coach K présent tous les joueurs présents pour la coupe du monde 2006 qu’ils doivent s’engager pour l’été 2006, mais aussi l’été 2007 et bien sûr l’été 2008.
Des débuts compliqués
Cette nouvelle Team USA fait ses premiers pas au championnat du monde 2006. Là, la sonnette d’alarme est tirée, encore une fois, lors d’un match de poule contre Porto Rico que les Américains vont remporter, avec difficultés 111 à 100. En demi-finale, Team USA tombe sur la Grèce. Comme aux JO d’Athènes, ils se font surprendre aux portes de la finale. Néanmoins, contrairement à l’élimination, deux ans plus tôt, celle-ci n’est pas un scandale et est même synonyme d’enseignement. Rome ne s’est pas faite en un jour et cette nouvelle la Redeem Team, non plus.
Coach K repense son coaching et dresse un constat simple. Lui et ses joueurs pensaient connaître le basket-ball, mais ce n’est le cas. Ils savent jouer dans un format NCAA ou NBA, mais pas dans le format FIBA qui présente des différences importantes. Ainsi, il dit à ses joueurs qu’ils vont apprendre à jouer au basket tel qu’il est joué dans le reste du monde.
Kobe Bryant, le game changer
À l’été 2007, Kobe Bryant rejoint l’effectif, ce qui est un véritable tournant dans la carrière du Black Mamba. Il traverse des années compliquées depuis le départ de Shaq, sa réputation est entachée à cause de l’accusation de viol qui lui a été faite en 2003. Le joueur des Lakers espère bien se racheter une image avec la sélection étoilée.
Son arrivée apporte une toute nouvelle mentalité à Team USA. Il apporte une incroyable énergie aux entraînements, mais surtout il apprend à ses coéquipiers ce qu’est l’assiduité. Chaque jour, Kobe est présent à la salle entre 4h30 et 5h du matin à l’heure où le reste de l’équipe rentre pour aller dormir. LeBron et D-Wade sont les premiers à se plier à la discipline spartiate du Black Mamba. Ils sont ensuite suivis par tout le reste de l’équipe, ce qui permet de créer une réelle cohésion.
Malgré tout, Team USA n’a toujours pas son billet pour Pékin. Les hommes de Coach K doivent le récupérer aux Championnats des Amériques 2007. Avec seulement deux places qualificatives, Team USA n’a pas le droit à l’erreur. Par conséquent, ils sont attendus au tournant. Pour la première fois depuis le fiasco d’Athènes, les Américains répondent aux attentes et roulent sur la compétition avec une victoire de 27 points en finale contre l’Argentine.
Les Jeux Olympiques de 2008, la consécration
Le Revenge Tour
L’effectif final de celle qui se fait surnommer la Redeem Team est donc fixé :
- Kobe Bryant
- LeBron James
- Dwyane Wade
- Chris Bosh
- Carmelo Anthony
- Chris Paul
- Tayshaun Prince
- Carlos Boozer
- Dwight Howard
- Deron Williams
- Jason Kidd
- Michael Reed
12 joueurs présents pour en découdre et ramener l’or à la maison. Les phases de poule commencent avec des retrouvailles contre la Grèce et une victoire 92 à 69. Le match marquant a lieu contre l’Espagne. Kobe choisit cette rencontre pour faire passer un message : « Sur le terrain, je n’ai pas d’ami ». En effet, l’effectif de la Roja compte Pau Gasol, son coéquipier aux Lakers. Sur une des premières actions du match, l’espagnol pose un écran au Black Mamba. Au lieu de l’esquiver, celui-ci charge le frère Gasol qui s’écroule. Le message est clair, rien ni personne n’empêchera les Américains de ramener l’or. Team USA s’impose sans grande difficulté 119 à 82.
Cette campagne 2008 a de sérieuses allures de Revenge Tour pour Team USA. Après avoir battu la Grèce, ils tombent sur l’Argentine en demi-finale. Coach K trouve un moyen pour motiver ses joueurs et un en particulier, Dwyane Wade. À la fin des années 2000, il y a un nombre assez important d’observateurs qui pense que Manu Ginobili est le 2e meilleur arrière de la Ligue, derrière Kobe, mais surtout devant Dwyane Wade. The Flash a un sérieux problème avec cette idée.
Mike Krzyzewski imprime des coupures de presse qui affirment que El Manù est meilleur que le joueur du Heat. La stratégie fonctionne et fonctionne même un peu trop bien. Team USA arrive le couteau entre les dents prête à démonter l’Argentine et Manu Ginobili. Rapidement, les Américains prennent 20 points d’avance, mais la star albicéleste se blesse. À ce moment-là, les hommes de Coach K semblent perdus sur le terrain et l’Argentine remonte à -6. Malgré tout, les coéquipiers de Dwyane Wade se reprennent 101 à 81 et se qualifient pour la finale où ils vont défier l’Espagne.
Le meilleur match de tous les temps
24 août 2008, Pékin. Tous les curieux ou les fans de basket à travers le monde qui se mettent devant leur télévision ne sont pas au courant qu’ils s’apprêtent à voir l’Histoire s’écrire sous leurs yeux. Après l’écrasante victoire américaine du premier tour, beaucoup s’attendent à voir le même scénario se produire pour cette finale. L’histoire racontée en ce 24 août va être radicalement différent. Pour commencer, l’Espagne ce n’est pas n’importe qui. Il s’agit de la nation championne du monde en titre et finaliste du dernier Eurobasket. Cette rencontre est donc une opposition entre les deux meilleures équipes de la planète. La Roja contre la Redeem Team.
Le match démarre sur les chapeaux de roues avec une adresse insolente des deux côtés qui finissent ce premier quart-temps avec 60% de réussite au tir. Le score ? 38 à 31 en faveur de la formation américaine. Ces mêmes Américains passent la vitesse supérieure pour le 2e quart-temps et prennent 12 points d’avance. Cependant, l’Espagne reste au contact grâce aux frères Gasol et n’est menée que de 8 points, 69 – 61, à la mi-temps.
Au retour des vestiaires, Team USA essaye de remettre un coup pour prendre 10 points d’avance à l’entame du dernier acte. Encore une fois, la Roja ne lâche pas l’affaire et revient à 5 longueurs à 3 minutes du terme. Sauf que la balle atterrit dans les mains de Kobe Bryant qui se retrouve à attaquer sur Rudy Fernandez. Jab Step, tir à 3 points. BANG avec la faute en prime. Le Black Mamba a cloué le match et célèbre doigt sur la bouche. Il ne tremble pas sur la ligne et la rencontre est officiellement scellée. Team USA finit par s’imposer 117 à 108 et la Redeem Team est de retour sur le toit du monde.
Cette finale vu le scénario qu’elle présente est considérée comme le meilleur match de l’Histoire est donc évidemment un must-see.
Comment expliquer le succès de la Redeem Team ?
Une méthode militaire
Le talent ne suffit plus à gagner des titres et ça, Team USA l’a bien compris lors du revers au championnat du monde 2006. Ils ont failli le comprendre davantage face à l’Espagne, une formation qui a fait de la continuité de son effectif, la recette de son succès. Si la formation espagnole est toujours l’une des meilleures du monde, c’est bien pour une raison.
Mike Krzyzewski était un ancien militaire. Pour motiver ses troupes, il a fait appel à l’armée américaine afin que ses joueurs comprennent pour qui ils jouent et quelles sont les valeurs qu’ils défendent sur le terrain. Surtout, Coach K a réussi à instaurer un véritable esprit de revanche et a su piquer les siens dans leur fierté avec la planète basket recommence à mettre du respect sur les États-Unis.
Le scandale de Munich : de la motivation supplémentaire
Mike Krzyzewski a également fait appel à Doug Collins, victime malheureuse du scandale de Munich aux Jeux Olympiques de 1972. À l’époque, Team USA était invaincue aux JO et se retrouve face à l’URSS pour remporter une nouvelle fois la médaille d’or. Dans un match serré, Doug Collin a deux lancers francs pour offrir la victoire à son équipe. Il inscrit les deux et la formation américaine mène 50 à 49 avec 3 secondes à jouer. L’URSS effectue la remise en jeu, mais ne parvient pas à marquer alors que le buzzer retentit et la sélection étoilée remporte l’or.
Sauf que cela ne va pas se passer ainsi. Pour comprendre l’ampleur du scandale qui suit, il faut considérer deux paramètres. À l’époque, il était impossible de prendre un temps mort après deux lancers francs. Deuxièmement, un coach qui voulait prendre un temps mort devant se tourner vers la table de marque ou appuyer sur un bouton rouge. Avec le premier lancer de Doug Collins, Kondrachine, le coach de l’URSS maintient avoir appuyé sur le bouton pour demander un temps, mais il n’a pas été écouté selon la table de marque. Il est impossible de vérifier s’il dit vrai, mais il est fou de rage après le buzzer final, furieux de ne pas avoir eu son temps mort.
La fin du match est donc rejouée avec une seconde à jouer. Bis repetita, l’URSS ne marque pas. Cette fois-ci, c’est bon Team USA est championne olympique. Toujours pas. Le secrétaire de la FIBA, Renato Williams Jones, intervient et il dit qu’il faut rejouer la fin du match non pas avec une seconde restante, mais 3. Cette troisième tentative est la bonne, l’URSS marque et s’impose d’un seul petit point pour infliger la première défaite de l’histoire de Team USA aux JO.
Mike Krzyzewski fait donc intervenir Doug Collins pour qu’il raconte son histoire. Le récit de ce scandale a été source de motivation. Ainsi, malgré le scepticisme qui pouvait régner au moment de sa domination, Coach K a réussi à créer une véritable équipe, soudée et unie, pour remettre Team USA sur le toit du monde. Aujourd’hui encore, la Redeem Team est réputée pour être l’un des meilleures équipes de l’Histoire au même niveau que la Dream Team de 1992.
[…] qui a « seulement » décroché le bronze en 2004. Puis il a été choisi pour jouer au sein de la prestigieuse Redeem Team qui a ramené l’or de Pékin, en 2008. Enfin, il a décroché une seconde médaille d’or en […]