Tim Duncan David Robinson Spurs

La place des Spurs dans l’histoire de la NBA

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Les San Antonio Spurs sont devenus une franchise marquante et respecté dans le paysage de la NBA. Mais comment cette franchise, située au fin fond du Texas a-t-elle pu devenir un monument, rivalisant avec certaines franchises situées dans de plus gros marchés ? C’est la question à laquelle nous allons répondre dans ce papier.

Les origines

Commençons par une petite remise en contexte. Pour parler de la franchise, il faut parler de ses origines.

La future franchise de San Antonio a été créé à Dallas en 1967, sous le nom des Dallas Chaparrals, au sein de la ABA (American Basketball Association). Mais l’équipe ne produisant pas assez de revenus, il fut décider d’en faire une équipe itinérante. La franchise sera ensuite dans une situation compliquée, à cause de propriétaires très avares . Heureusement, un groupe d’investisseurs se proposera pour racheter la franchise. Ils signeront ainsi un accord de prêt sur 3 ans, avec une opportunité pour racheter l’équipe.

L’achat sera une réussite, et l’équipe s’implante donc à San Antonio. La même année, la ABA fusionne avec la NBA, ce qui donnera l’occasion aux Spurs de récupérer George Gervin, afin de l’associer à James Sillas. La machine Spurs se lance enfin, et l’avenir sera brillant.

Comment obtenir le respect de ses pairs ?

Les Spurs se placent ainsi comme une place forte de la conférence Ouest lors des années 70, sans jamais parvenir à disputer une finale NBA. L’équipe menée par George Gervin se débrouillait bien en saison régulière, mais en Playoffs… C’était une autre paires de manches. On pouvait y croire au début des années 80, avec une fenêtre de tir de 2 ans, mais l’ombre des Lakers était trop grande. Il faudra attendre la draft 1987 pour que les Spurs puissent espérer une nouvelle fois, avec la draft de David Robinson en première position. Cependant, il n’arrivera dans la franchise qu’en 1989, à cause de son service militaire.

En fait, voilà ce qu’il faut pour obtenir le respect de la ligue : un talent générationnel que sera David Robinson, mais aussi un bon front office. Durant les années 80, les Spurs draftent les pièces essentielles, qui seront placés aux côtés de David Robinson : Alvin Robertson, Sean Elliott, ou Willie Anderson, entre autres. Des recrutements de free agents auront aussi lieu, notamment avec Terry Cummings en 1989, Avery Johnson en 1990, Dale Ellis, J.R Reid et Vinny Del Negro en 1992, ou encore Dennis Rodman en 1993. Tout cela donne un habile mélange de vétérans, de jeunesse et d’ex-stars pourtant toujours talentueux.

L’ère David Robinson

Entre 1990 et 1996, les Spurs ne tomberont jamais sous les 47 victoires, avec un pic à 62 victoires lors de la saison 1994-1995, qui verra David Robinson obtenir son seul titre de MVP. David Robinson aura instauré une véritable terreur dans les raquette lors de ces 6 ans, en rivalisant avec les plus grands de son époque. Les seules choses qu’ils manquaient encore aux Spurs pour décrocher le titre suprême étaient :

  • Une régularité au poste de head coach.
  • Une identité inébranlable.

Et ces deux éléments arriveront à un an d’écart chacun. Alors que David Robinson se blesse en 1996 et est out pour la saison, Gregg Popovich, alors General Manager, décidera de virer le coach Bob Hill en plein milieu de la saison, et de devenir lui-même le coach ! Après cette saison 1996-1997 de tanking non dissimulée, les Spurs auront le privilège de pouvoir sélectionné Tim Duncan à la draft 1997. Ce duo deviendra sans aucun doute le meilleur exemple de la relation coach/joueur dans l’histoire de la ligue.

Gregg Popovich aux côtés de Tim Duncan
Gregg Popovich et Tim Duncan, un duo emblématique des Spurs

Le duo Tim Duncan/Gregg Popovich, ou comment les Spurs sont devenus une grande franchise

Coach Pop apportera tout ce qu’il faut à cette équipe : de la rigueur, un jeu dur, une identité propre, et surtout de la continuité. Popovich instaurera une discipline quasi militaire dans l’équipe, et fera bien comprendre que rien n’est au dessus de l’institution Spurs. Sa stratégie se base sur les qualités déjà présentez dans son effectif :

  • Une défense de fer. Aucun point ne sera donné, et il faudra se battre pour en obtenir.
  • Son attaque est lente, et se finit souvent par un panier marqué au poste par Tim Duncan, la nouvelle pierre angulaire du système Spurs.

Quand on regarde l’équipe du premier titre, on constate qu’elle est assez moderne. Steve Kerr, Mario Elie, Sean Elliott, Antonio Davis, Jaren Jackson, ou encore Jerome Kersey prennent tous un bon tiers de leurs tirs derrière l’arc, pendant que l’intérieur est matraqué par Tim Duncan, David Robinson et Avery Johnson.

Par la suite, les Spurs se distingueront aussi par la draft. Le duo Pop/RC Bufford est expert dans le développement de joueurs passés sous les radars, en atteste les carrières de Tony Parker, Manu Ginobili, Bruce Bowen ou Stephen Jackson. Aucun de ces joueurs n’a été sélectionné avant la 28ème place de la draft, et ils jouent pourtant tous un gros rôle dans la conquête du titre de 2003. Les Spurs deviennent un modèle de régularité, avec trois titres remportés entre 2003 et 2007, toujours avec la même base d’équipe : Tim Duncan, Tony Parker, Manu Ginobili, et Gregg Popovich.

Une adaptation parfaite aux évolutions de la NBA

Là ou les Spurs s’illustreront aussi est dans le renouveau proposé dans les années 2010. A ce moment, la ligue évolue, mais avec la même base de joueurs, ls réussiront à s’adapter de la plus belle des manières. Un nouveau style de jeu est proposé en attaque, et il sera en totale opposition avec l’ancien.

Passant d’une attaque lente et méthodique se terminant quasiment toujours par un tir dans la raquette, les Spurs sont maintenant à la recherche du tir parfait, avec un jeu de passe léché et un tir extérieur plus présent. Pour preuve de cela l’augmentation des joueurs pouvant tirer de loin : 6 joueurs de l’effectif prenaient 1 tir ou plus derrière la ligne des 3 points lors de la saison 2002-2003, contre 9 pour la saison 2013-2014 ! Ajoutons à cela un pourcentage de l’équipe en augmentation, passant de 35,4% à 39,7% derrière l’arc.

En résumé : les Spurs se sont imposés comme l’une des meilleures équipes de la ligue entre 1997 et 2017, tout en gardant la même base. Et à force d’adaptation tactique, tout en étant un petit marché, les Spurs ont continué à dominer.

Manu Ginobili, Tony Parker et Tim Duncan entourant Gregg Popovich.
Gregg Popovich donnant ses instructions à ses soldats

L’exception

Vous l’aurez sans doute compris : les Spurs sont une exception dans l’histoire. Mais le fait qu’ils soient devenu un « ovni » vient d’un autre fait. Les Spurs sont basés à San Antonio, soit un petit marché en NBA. La ville n’attire que les touristes, et la philosophie Spurs n’est également pas très attrayante. C’est la loi du sport de haut niveau. Une équipe basé dans une région peu attirante, même avec des moyens égaux, ne peut concourir avec celles basés dans les grands marchés. Et ce hormis certaines exceptions, qui ne durent jamais dans le temps.

Comme dit précédemment, les Spurs sont l’exception de la ligue. Aucun autre petit marché n’a pu avoir une dynastie d’une telle longévité. Cette exception existe grâce au coach Gregg Popovich, en poste depuis 1996, ainsi qu’au staff et aux scouts, qui ont toujours su repérer les perles rares. Les exemples les plus flagrants sont encore une fois le trio Tony Parker, Manu Ginobili et Bruce Bowen. Avec leur condition de petit marché, les Spurs ont souvent dû compter sur des joueurs peu désirés au moment où ils rejoignaient l’effectif texan. Danny Green, Bruce Bowen, Steve Kerr, Marco Belinelli, ou encore Matt Bonner en sont de beaux exemples. Mais le coaching staff des Spurs a toujours réussi à leur trouver un rôle, et à leur donner la combativité nécessaire pour être une pièce dans une équipe championne.

Une identité au centre de la réussite

L’identité de l’équipe joue aussi un grand rôle dans l’histoire des Spurs. La franchise n’est pas habitué aux marasmes médiatiques, hormis en 2018 et 2022, et même les joueurs restent assez discrets tant qu’ils sont présent dans l’effectif. La philosophie Spurs se veut quasi militaire, et chaque membre de la franchise, joueur comme membre du staff, doit s’y plier pour le bon fonctionnement de l’équipe.

San Antoinio est devenue le symbole de « l’anti bling-bling », et une lueur d’espoirs pour toute les franchises situés dans des petits marchés, le summum de cela arrivant en 2005, lors des finales entre Spurs et Pistons.

En construisant cette véritable institution, les Spurs ont gagné le respect de toute la sphère NBA. Un respect qui peut encore se sentir, malgré des dernières années compliquées pour la franchise.

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