Des jumeaux Horace et Harvey, jusqu’aux fils de ce dernier, la famille Grant est trop souvent oubliée dans l’histoire des grandes familles du basket.
Horace et Harvey Grant : les jumeaux des années 80
Premièrement, on a affaire à des jumeaux avec Harvey et Horace Grant. Comme tout jumeau, ils commencent ensemble et font parler d’eux au lycée. Déjà à l’époque, Harvey attire légèrement moins l’attention que son frère, la faute à une blessure au poignet.
Toutefois les deux rejoignent la fac de Clemson en 1983. Harvey ne joue pas la première saison, alors qu’Horace a déjà 20 minutes de temps de jeu tous les soirs. Ce dernier reste 4 ans dans la même fac et pour sa dernière saison, il est élu joueur de l’année de sa conférence en tournant à 21 points et 9.6 rebonds de moyenne. De quoi intéresser de nombreuses équipes NBA, dont les Bulls qui le draftent en 1987 à la 10ème position.

Le parcours universitaire d’Harvey est plus complexe.
S’il ne joue pas la première saison, c’est qu’Harvey est suspendu pour raisons académiques. Déçu de son temps de jeu, lors de la deuxième saison, il décide de quitter la fac et son frère. Il passe d’abord par un Junior College, lui permettant de se montrer auprès des grandes universités. Son choix paie, et il décide d’aller à Oklahoma Unversity pour deux saisons. Il trouve enfin du temps de jeu, et sur sa deuxième et dernière saison, il tourne à 21 points et 9.4 rebonds de moyenne, et se décide à aller rejoindre la NBA en 1988.
Alors que les Bulls, où joue Horace, ont le 11ème pick, il est choisi une position après. Harvey Grant arrive alors aux Washington Bullets, une équipe de milieu de tableau. Malheureusement pour lui, les bilans de la franchise ne vont pas vraiment s’améliorer.
Après deux premières saisons poussives où Harvey essaie de se faire sa place, il explose enfin en 1990-1991. Passant de 8 à 18 points, il est pleinement devenu le titulaire de l’équipe. Avec son shoot midrange, Harvey montre ses qualités, principalement offensives. Il enchaîne trois saisons de suite à plus de 18 points de moyenne mais dans une équipe des Washington Bullets, atteignant difficilement les 30 victoires. Et c’est là, l’une des grandes différences entre les deux frères : le succès collectif.
En effet, dans le même temps où Harvey performe, un peu dans le vide, Horace Grant fait partie intégrante du premier threepeat des Chicago Bulls de 1991 à 1993. Bien installé en tant que titulaire depuis sa saison sophomore, il est le troisième meilleur joueur de cette équipe derrière Scottie Pippen et Michael Jordan, grâce à sa défense et son efficacité en attaque.
Si vous voulez deux actions qui symbolisent l’importance de Grant dans la réussite Bulls, on peut aller voir la fin des finales 1993, lorsque les Bulls mènent 3 à 2. Les équipes se rendent coup pour coup, et à quelques secondes de la fin du match, Horace envoie une passe décisive pour John Paxson qui marque à 3 points. Bulls +1, à 4 secondes de la fin. L’ailier fort se retrouve sur Kevin Johnson en 1 contre 1, et parvient à bloquer son tir, scellant la victoire et le troisième titre consécutif pour cette équipe.
De 1993 à 1996, Harvey Grant Rejoint Portland où il connaîtra ses premières joutes de playoffs. Alors qu’il est un excellent shooteur à mi-distance, il subit une opération sur son poignet droit, qui l’a déjà fait souffrir au lycée et à l’université. Les aventures en playoffs tournent court, l’équipe se faisant sortir au premier tour à chaque fois.
Sa fin de carrière arrive rapidement. Il retourne à Washington pour deux ans et une dernière saison aux Sixers, toutes en sortie de banc avec un temps de jeu en chute libre. Harvey Grant ne connaîtra jamais les années 2000 en tant que joueur et prend sa retraite à 33 ans.
De son côté, Horace va continuer à gagner. Premièrement, il est All-Star en 1994, profitant du départ à la retraite de MJ. Agent libre à la fin de cette saison, il décide de rejoindre le Magic de Penny, mais surtout du Shaq avec qui il forme une raquette très complémentaire. Pour sa première année en Floride, il atteint les finales NBA, malheureusement perdues 4-0 face aux Rockets. La saison suivante, alors qu’ils alignent 60 victoires en saison régulière, ils tombent sur le retour de Jordan en finale de conférence Est et sont encore battus 4 à 0.

Malgré le départ de O’Neal aux Lakers, Horace reste avec le Magic jusqu’à se faire trader en 1999 à Seattle. Il ne restera qu’une petite saison avant d’être échangé à Los Angeles où il retrouve le Shaq. Combinaison gagnante pour cette équipe qui ne perdra qu’un seul match dans leur run de playoffs. Horace remporte alors son quatrième titre NBA.
Suite à cette quatrième bague, il décide de repartir au Magic et se fait couper en décembre 2002. Songeant à prendre sa retraite, il réalise un dernier tour de piste avec les Lakers en 2003-2004, en tant que back up de Karl Malone. Blessé au moment des playoffs, il ne prendra part à aucun match, et l’équipe de LA s’incline en finale face aux Pistons.
Parlons du signe reconnaissable d’Horace Grant, les goggles ou lunettes de protection. Horace est quasiment aveugle sans correction, et a d’abord porté ses lunettes par intérêt. Mais plus tard, il réalise une opération chirurgicale, corrigeant sa vue. Pourtant, il a continué a abordé ses grosses paires de lunettes rondes. Quand on lui demande pourquoi, il répond :
… des grands-parents et des parents venaient me remercier de les porter. Leurs enfants et petits-enfants subissaient des moqueries pour porter des lunettes de protection pour faire du sport, alors j’ai continué à les porter pour que ce soit plus cool pour eux. »

Harvey n’a certainement eu la reconnaissance associée à son talent, la faute à des contextes collectifs où il est difficile de se mettre en valeur. Son frère jumeau, lui, a un palmarès qui ferait pâlir de nombreux joueurs passés par la Grande Ligue, avec 4 titres NBA, 1 sélection au All-Star Game, et 4 sélections dans la All-Defensive Team.
Dernière différence entre les deux frères, Harvey a 3 fils qui ont tous fini basketteurs professionnels.
Les carrières professionnelles des fils Grant
Le plus vieux Jerai Grant, a partagé la même fac que son père et son oncle en restant quatre saison à Clemson. Il a ensuite fait le tour d’une partie du monde en jouant en Australie, Italie, Lettonie, Lituanie, France, Grèce ou encore le Mexique et le Venezuela.
Le second Jerian Grant a eu sa chance en NBA en étant sélectionné en 19ème choix de la draft 2015. Après 4 franchises et 5 années dans des équipes moyennes en sortie de banc, il décide de rejoindre le vieux continent. Le meneur-arrière est d’abord allé en Grèce, en Italie et en Turquie, où il est élu MVP de la saison 2022-2023 d’EuroCup.
Actuellement au Panathinaikos, il est considéré comme un des meilleurs défenseurs d’Europe.
Enfin, le plus jeune, Jerami, est celui qui a le plus réussi en NBA. A 31 ans, il est même considéré comme un vétéran de la ligue. Drafté en 2014 par les Sixers en 39ème position, il ne connaîtra que la défaite avec Philadelphie, dans une équipe qui n’arrive pas à se reconstruire. Transféré au Thunder, il joue plutôt bien le rôle de remplaçant de Carmelo Anthony. Le front office lui fait confiance en le signant sur un contrat de deux ans, pour l’installer en tant que titulaire sur la saison 2018-2019. Mais dès la fin de la saison, il est encore échangé aux Nuggets.
Après une bonne saison à Denver, prétendant au titre, il préfère aller chercher un gros contrat dans une équipe moyenne plutôt que rester dans une équipe qui joue le titre. A 25 ans, il signe alors sur 3 ans pour 60 millions de dollars aux Detroit Pistons. Forcément, ses responsabilités augmentent, sa production aussi. Il passe de 12 points en 9 tirs tentés à 22 points en 17 tirs, le plaçant deuxième du vote au MIP. C’est plus ou moins la même chose la saison suivante, mais l’équipe ne gagne que 43 matchs en deux ans.

Pour essayer de rester performant, les Portland Trail Blazers vont le chercher sur le marché des transferts. Après une mauvaise saison collective, le General Manager le prolonge pour 160 millions sur 5 ans, avant de voir s’envoler Damian Lillard. Désormais surpayé dans une équipe qui tanke, et souvent blessé, il est très souvent cité sur la liste des joueurs transférables.
Alors que son profil de 3 and D devrait intéresser, son gros contrat, sa production qui laisse parfois à désirer et sa tendance à être souvent blessé semble, repoussent pour l’instant les équipes contender. A bientôt 31 ans, Jerami semble avoir placé l’argent au-dessus le projet sportif. Le temps file en NBA et sa chute de production récente, pourrait le placer comme un des pires contrats de la ligue, alors que la reconstruction de Portland se fera sans lui.
Pourtant, Jerami reste un steal de draft. Peu de joueurs draftés dans le second tour, ont réussi à n’avoir ne serait-ce qu’un quart de sa carrière. Il faut également mentionner qu’il remporte la médaille d’or aux Jeux Olympiques de Tokyo, en jouant 5 minutes au total sur la compétition.
Avec plusieurs membres de la famille ayant joué de très nombreuses saisons en NBA, la famille Grant s’inscrit finalement dans l’une des plus impressionnante de l’Histoire du basket. Pourtant les noms d’Horace ou d’Harvey Grant tendent à disparaître petit à petit. L’un a tout de même été 4 fois champion NBA, au côté des plus grandes stars de ce sport tandis que l’autre n’a jamais eu la chance d’évoluer avec de tels joueurs. Ces fils ont également eu de belles carrières, qu’elle soit dans la grande ligue ou non.