Du 29 août au 7 septembre 2024 aura lieu le tournoi paralympique de basket fauteuil. Une opportunité de renouer avec un passé glorieux.
Depuis sa création dans les années 1950 en Grande-Bretagne dans une résidence pour les blessés de la Seconde Guerre mondiale, le basket fauteuil ou handibasket a parcouru du chemin de son intronisation aux Jeux Paralympiques de Rome en 1960 à nos jours en devenant l’une des disciplines les plus prisées dans le monde du handisport qui ne cesse d’émerger années après années.
En effet, depuis le scandale de la médaille d’or de l’Espagne en basket adapté (avec des règles adaptés pour les joueurs atteints de déficience mentale avec un QI inférieur à 75) remportée avec une équipes de joueurs valides ; cette discipline a été retirée des Jeux laissant le basket fauteuil comme unique version du basket. Ce n’est pas aujourd’hui que l’on verra une version pour les amputés en prothèse malheureusement.
Avant de présenter les grands favoris du tournoi pour décrocher l’or, voici un rappel des règles afin que les novices puissent mieux comprendre les différence avec le basket et ainsi avoir un regard optimal sur les rencontres :
Les règles du basket fauteuil
L’équipement : malgré certaines croyances, les arceaux sont bel et bien à 3m05 de hauteur tout comme les joueurs valides et les lignes du terrains sont de la même taille et de la même distance (y compris à 3 points). Contrairement aux fauteuil classiques, ces derniers possède une petite roue à l’arrière pour plus de stabilité ainsi qu’une sangle afin de permettre un meilleur équilibre aux joueurs. Les deux roues principales sont également inclinées pour une rotation plus facile.
Les violations : pour ce qui est des règles de limites du terrain, cette fois, les pieds ne peuvent pas sortir donc le moindre contact d’une roue avec une ligne de fond, ligne médiane ou les couloirs est comptée comme une sortie (ou un retour en zone). Puisqu’ils n’y a pas de pas, les joueurs qui mettent le ballon sur leurs cuisses n’ont pas le droit à plus de deux poussées pour faire avancer le fauteuil avant de devoir dribbler auquel cas c’est un marché. De plus, les reprises de dribbles ne sont pas sifflées. Quant aux règles de temps, elles sont les mêmes que la version classique à l’exception des 3 secondes dans la raquette.
Lorsqu’il s’agit des fautes offensives, les poseurs d’écrans ont plus grande tolérance de mobilité. Enfin, les joueurs n’ont pas le droit de se lever du fauteuil mais peuvent gagner en verticalité en se mettant sur une roue pour les joueurs qui y arrivent.
La plus grande complexité se trouve surtout dans le 5 majeur que le coach a le droit d’aligner sur le terrain. En effet, en fonction du degré de handicap des athlètes, ces derniers n’ont pas la même valeur sur le terrain et sont classés par points allant de 1 à 4,5. La classe 1 concerne les athlètes les plus handicapés et 4,5 les athlètes les moins handicapés (5 étant considéré comme valide). Ces systèmes de points ont leur importance puisque le coach ne peut pas aligner sur le terrain un 5 majeur où les joueurs totalisent plus de 14,5 points.
Les grands favoris pour décrocher la médaille d’or
Qui de mieux pour succéder aux Etats-Unis que les Américains eux-mêmes. Sur les deux dernières Olympiades, ils ont remporté le tournoi à Rio (2016) et Tokyo (2020), ils ont dominé le jeu depuis le début en 1960 jusqu’en 1988, avant de retrouver l’or en 2016 après 28 ans de disette. Leur effectif reste sensiblement le même porté par leur leader Matt Scott et gardent des doyens tels que William Waller, 50 ans, et Eric Barber âgé de 53 ans. Par ailleurs, cette discipline permet une plus grande longévité des athlètes car ils n’ont pas les mêmes exigences physiques puisque seul le haut du corps est développé (et le gainage pour ceux qui le peuvent).
Autre favori pour faire tomber les étatsuniens, le Japon. Ils sont finalistes en titres à domicile à Tokyo et sont bien décider de prolonger cette ère dorée que le handibasket Japonais est en train de connaître.
Autre prétendant sérieux, l’Espagne. S’ils ont été médaillés d’argent à Rio en 2016, la dernière Olympiades n’a pas vu la Roja chuter pour autant pusiqu’ils ont quand même décroché le bronze.
Attention toute fois au Canada qui a certes baissé en régime depuis un peu plus de 10 ans (ils avaient remporté l’or en 2000 à Sydney, à Athènes en 2004 et à Londres en 2012, ainsi que l’argent à Pekin en 2008) mais qui compte dans son effectif un certain Patrick Anderson (Bidaidek Bilbao), considéré comme le meilleur joueur de basket fauteuil de tous les temps.
Les Bleus de retour depuis 20 ans
Voici l’effectif des Bleus, de retour aux Jeux Paralympiques pour la première fois depuis Athènes 2004. Le parcours fut long et difficile mais Mamady Traoré et ses compères sont parvenus à se qualifier à domicile, une certaine pression pour leur retour ?
Peut-on parler de pression pour une équipe qui joue ses premiers Jeux et dont le parcours au denier Euro à Rotterdam était quasi anecdotique (7ème) ?
Un retour aux Jeux qui plus est à domicile à moyen de relancer une ère victorieuse en Bleu. Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’on rêvera cette génération dorée dans les années 1980 (médaille d’or à l’Euro 1982, 1987, 1989 et 1991, une médaille d’or aux Jeux de Los Angeles en 1984 et une médaille de bronze aux JO de 1988 à Séoul ainsi qu’une médaille d’argent au championnat du monde en 1983 et une médaille d’or en 1990) mais les fondations peuvent être posées dès cette année pour avenir prometteur.
Patrick Montel, vous avez rappelé à multiples reprises que vous êtes un grand admirateur de handisport en les qualifiant notamment de surhomme. Même si ce n’est pas votre spécialité, vous avez toujours ce regard de fan qui fait votre marque de fabrique. Quel est votre ressenti sur le retour des Bleus au basket fauteuil à la maison alors qu’ils n’avaient pas joué les Jeux depuis 2004 ?
Patrick Montel : Je suis très fier de ce qu’ils font. Après, les adversaires sont très costauds.
Même si les chances d’un dernier carré sembles minimes, il faut profiter de ce parcours après une si longue période noire. Pour ce qui est des joueurs, la priorité est de profiter de ce retour pour relancer la machine à médaille du passé et ainsi engranger un maximum d’expérience :
Mamady Traoré, est-ce qu’en commençant le basket fauteuil, vous pensiez intégrer l’Equipe de France et même jouer les Jeux Paralympiques ?
Mamady Traoré : En commençant le basket fauteuil je ne pensais vraiment pas intégrer l’Equipe de France et jouer les Jeux Paralympiques.
Mamady Traoré : J’ai commencé grâce à mon prof de sport qui était dans le centre de rééducation où j’étais. Il était président du CSMO le club dans lequel j’ai commencé. C’est lui qui m’a poussé à jouer au basket, qui m’a motivé à venir aux entraînements. De là en 2016, j’ai fait un stage jeune à potentiel là où l’Equipe de France espoir qui s’entraînait à côté. Ils m’ont proposé de faire un entraînement avec eux, ça c’est bien passé et ils m’ont proposé de rejoindre le pôle espoir France à Bordeaux à 14 ans et depuis, j’ai suivi ce chemin jusqu’à cette qualification aux Jeux.
Peut-on croire à un exploit pour une troisième médaille Olympique de leur histoire (une première médaille depuis 12 ans et l’Euro 2012). Pour se faire, il faudra se défaire d’un groupe composé du Canada, de la Grande Bretagne et de l’Allemagne avant de jouer les phases finale (quart de finale le 3 septembre, demi-finale le 5 septembre et finale le 7 septembre). Que cette équipe de basket fauteuil nous fasse rêver sur ces Jeux !