Le président de la FFBB, Jean-Pierre Siutat, a donné une deadline (10 octobre) à Joel Embiid concernant son choix de jouer pour l’équipe de France. Une histoire qui date depuis quelques années.
Au début de l’année 2018, Joel Embiid répond à son avenir international, lui qui ne s’est toujours pas engagé dans une compétition FIBA. Il répond alors que le Cameroun reste sa priorité numéro 1 mais qu’il ne ferme pas la porte à l’équipe de France.
Cinq ans plus tard, la question est toujours en suspens et même si Joel n’a toujours pas choisi, le Cameroun semble effacer de la course. Cela est regrettable quand on sait que le Cameroun joue encore sa place pour aller aux JO, en se qualifiant au TQO après avoir battu le Nigeria ce 21 août 2023, et qu’il pourrait former une très belle paire avec Pascal Siakam qui lui aussi n’a jamais rejoint la sélection camerounaise.
En somme, l’autre possibilité pour Joel Embiid est de jouer pour les USA. Ces derniers semblent très intéressé par l’idée, pas surprenant quand on voit leur faible raquette sur les dernières compétitions internationales.
La possibilité d’avoir Jojo dans les rangs français a même divisé au sein du groupe France. Evan Fournier semblait plutôt réticent à l’idée début 2018 il tweete :
« Pour moi jouer pour un pays avec lequel tu n’as pas d’attaches c’est dérangeant. L’équipe nationale c’est pas juste un challenge sportif ».
À l’époque c’est un joueur à très haut potentiel et fêtera sa première sélection dans un All-Star Game. Des années après, il est devenu l’un des tous meilleurs joueurs de la ligue avec les Sixers devenant même MVP sur la saison 2022-2023.
Finalement, à l’heure actuelle la majorité des joueurs et la fédération française semble plus que prêts à l’accueillir. Comme le dit Nicolas Batum : peut-on vraiment dire non à un MVP ?
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Quelques cas de naturalisation
On distingue 2 grands cas de figure.
Premier cas : des forts joueurs d’EuroLeague qui auront des rôles importants dans des équipes compétitives. On peut citer 2 exemples très récents : Lorenzo Brown avec l’Espagne à l’Eurobasket 2022 ou Mike Tobey avec la Slovénie depuis 2021.
Deuxième cas : des joueurs de banc de NBA, parfois juste passé par la NBA et jouant en Europe et qui deviennent des stars d’un « petit » pays. Sur cette coupe du monde tout le monde a remarqué un joueur aux allures de Kobe Bryant mais c’est bien Rondae Hollis Jefferson (305 matchs en NBA en 6 saisons évoluant actuellement en Corée du Sud) naturalisé avec la Jordanie juste avant la compétition. On peut également citer Omari Spellman pour l’Iran ou Kyle Anderson pour la Chine.
La plupart n’ont vraiment pas d’attaches avec le pays d’origine et la décision de « recruter » Lorenzo Brown pour pallier l’absence de Ricky Rubio avait fait débat chez les Espagnols.
Dans son histoire, l’équipe de France a utilisé la possibilité de naturaliser des joueurs quelques fois. On pourra citer le papa d’Edwin Jackson, Skeeter Jackson, ou encore Crawford Palmer présent dans le groupe des JO de Sydney 2000.
Enfin Joakim Noah, aurait pu choisir les USA, la Suède ou le Cameroun mais a finalement opté pour la France, même s’il ne participera qu’à l’épopée de l’Euro 2011 se soldant sur une médaille.
Le cas de Joel Embiid est alors complètement différent de ceux cités précédemment car jamais un joueur de ce calibre n’a eu à faire de choix entre 2 équipes qui ont pour objectif une médaille aux JO.
Projection d’une EDF avec Joël Embiid
Un vrai casse-tête pour former une raquette. Partons du principe que Joel Embiid choisit de jouer pour la France. La France aurait l’une des meilleures raquettes de l’histoire de la FIBA avec Yabusele – Wembanyama – Gobert – Embiid. Le 5 majeur devient un vrai casse-tête, car si Embiid accepte de jouer pour la France c’est pour être titulaire.
Se dresse alors 3 possibilités :
Gobert – Embiid
La complémentarité Gobert – Embiid est un gros problème avec des profils défensifs assez similaires et un spacing qui pose question. En effet le jeu principal d’Embiid est de jouer au poste de qui nécessite d’avoir des joueurs capables d’écarter le terrain, chose que ne fait pas Rudy.
Yabusele – Embiid
La complémentarité semble excellente avec une raquette très physique capable de défendre à l’intérieur et au large. Yabusele c’est fortement amélioré sur son tir extérieur et est une vraie menace. Il peut aussi jouer au poste avec un Embiid qui s’écarte au large.
Wembanyama – Embiid
Wemby est encore jeune mais sera le leader à venir de l’équipe de France. L’utiliser en tant que titulaire dès les JO 2024 paraît la piste à privilégier. En terme de complémentarité, ça peut marcher en défense comme en attaque même si le shoot exterieur du numéro 1 de la draft 2023 n’est pas encore entièrement fiable.
Une possibilité à ne pas exclure serait s’aligner un front court Wemby – Yabusele/Gobert – Embiid, bienvenue chez les géants.
Dans tous les cas, un des piliers de l’équipe de France sera relégué sur le banc que ça soit en début ou en fin de match : est-ce que ça sera Rudy Gobert, pilier de la défense ? ; Guerschon Yabusele, l’un des meilleurs joueurs ces 3 dernières années en EDF ? ; Victor Wembanyama, futur (et déjà actuel) visage du basket français ?
On peut dire au revoir à des joueurs ayant rendu de bons services, bien que parfois mal utilisé comme Moustapha Fall.
Une fausse bonne-idée ?
L’arrivée de Joel Embiid en équipe de France soulève des questions notamment sur son implication. Peut-il supporter de se soumettre à des rituels d’une équipe nationale, comme porter des petits polos « FRA », lui qui n’a jamais participé à une compétition FIBA.
Concernant son intégration dans le groupe, et malgré quelques réticences au début comme mentionnées plus haut, chaque échelon, de la fédération aux joueurs en passant par le coaching staff, semble prêt.
On peut aussi s’interroger sur la gestion de Vincent Collet plus réputé pour son côté tactique que son côté meneur d’homme.
Du côté tactique justement, la France n’a pas su bien jouer au basket sur cette coupe du monde, notamment en ne réussissant pas à mettre le ballon à l’intérieur. Si elle accueille ce fantastique joueur, elle ne peut pas se permettre de proposer une attaque aussi faible. Cela implique de changer son style de jeu offensif pour joueur autour d’un véritable ancrage intérieur. Avec les problèmes tactiques de cette coupe du monde, cela peut faire peur.
Concernant la défense, on ajoute l’un des meilleurs défenseurs intérieurs à une équipe qui est, censée, être réputée pour sa défense.
Alors est-ce que Joël Embiid doit jouer pour l’équipe de France ?
Ma réponse est oui. On parle d’un MVP qui nous fait passer d’une attaque moyenne à potentielle très forte attaque. Même si cela posera énormément de questions sur la gestion d’une star et sur les tactiques de jeu, il faudrait être fou de pas tenter l’expérience, surtout pour des jeux olympiques 2024 en France et après une campagne internationale 2023 catastrophique.
La vraie question qu’il faut se poser semble plutôt être est ce que Joel Embiid va jouer pour la France ?
S’il veut maximiser ses chances d’avoir une médaille olympique alors il choisira les USA. S’il veut un véritable challenge sportif, alors il choisira la France pour ramener la médaille d’or et battre cette team USA qui ressemblera sûrement aux Avengers.
Mon avis personnel et qu’il finira par jouer dans aucune de ces équipes. Lui qui fait attendre la France depuis 5 ans maintenant mentionne toujours le fait de jouer pour une équipe nationale sans franchir le cap. De plus, il est trop souvent blessé pour réaliser des compétitions estivales et préfère se concentrer sur son avenir NBA, lui qui est toujours en course d’un premier titre.
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