JJ Barea, l’ascension d’un héros inattendu des Finales 2011

Pour ce 4ème épisode de la série « The Mavs Legacy », revenez avec nous sur l’une des plus belle histoire de la saison 2010-2011. José Juan Barea, plus connu sous le nom de « JJ Barea » est une des figures de ce qu’on peut appeler la résilience. Nous vous racontons aujourd’hui l’histoire d’un petit meneur portoricain d’1m78, non drafté, qu’aucun scout n’aurait imaginé en NBA mais qui va finalement devenir le héros d’un titre et d’une bannière, que le Nord-Est du Texas attendait depuis plus de 30 ans. 

Un immigré pas comme les autres

L’histoire de Barea commence le 26 juin 1984, quand ce dernier nait à Mayagüez, l’une des villes les plus importantes de Porto Rico. Il y grandira avec ses deux frères dans une famille issue de la classe moyenne où il y développera un goût très prononcé pour le sport grâce à sa mère qui était une ancienne professeure de volley et de tennis. Quand le choix d’un sport doit être fait, il choisit rapidement le basket qu’il a découvert en regardant le club professionnel de sa ville. 

Le meneur s’y révèle pendant ses jeunes années, et devient un joueur de l’équipe professionnelle alors qu’il n’a que 17 ans. Il y réalisera une saison impressionnante avec 20 points et 8 passes décisives de moyenne, remporte le titre et s’y crée une réputation nationale. Mais Barea ne relâche pas non plus ses études, lui qui finira également diplômé du lycée Acadamia de la Inmaculada Concepcion. Il mène en effet brillamment un double projet scolaire-sportif, mais annonce à ses parents vouloir accorder plus d’importance au basket. 

Contacté par la Miami Christian School, il s’installe en Floride pour sa dernière année de lycée et espère décrocher une bourse universitaire. Sans ses parents, il vit dans un environnement qui lui est hostile et doit s’adapter tant bien que mal. Là-bas, il y est considéré comme un « voleur » qui aurait piqué la place d’un Américain et d’un enfant local. Barea et son coach savent tous deux que son arrivée ici est la conséquence de nombreux sacrifices et d’un travail hors du commun. Le jeune Portoricain va continuer à développer son jeu et son physique.    

JJ Barea dans l'équipe universitaire de Northeastern
JJ Barea dans l’équipe universitaire de Northeastern. Crédit : Red & Black

Un travail qui va attirer l’oeil de Frank Martin et de Ron Everhart, tous deux coachs à l’université de Northeastern Basketball, située à Boston. Ils feront le voyage jusqu’à Miami pour admirer le petit génie et lui offriront un contrat moins d’une heure après qu’ils l’aient rencontré. Son coach lui confie déjà les clés de l’équipe dans ses mains et c’est peut-être là que tout va changer pour lui. JJ déclarera d’ailleurs que les mots de son coach ont très vite fait écho en lui. Il redonne aujourd’hui le même conseil que son coach universitaire lui a donné. 

Je dis aux gamins qu’ils doivent aller dans un endroit où ils veulent d’abord de vous et ensuite vous donner une chance. Ils veulent aller dans les grandes écoles, et je leur dis simplement d’aller dans un endroit qui leur sera utile et pour ma part, ils m’ont donné le ballon en première année, et je me suis amélioré. 

Car si Barea n’était en effet pas dans le prodige d’une université cotée, médiatisé et qui attirait un bon nombre de recruteurs NBA, la clé de son succès en période universitaire reposera sur son temps de jeu et les nombreuses responsabilités que son coach lui donnera tout au long de son passage dans le Massachusetts. Devenu Husky, Barea poursuit ses études comme toute personne en sport-étude et essaye d’équilibrer son rythme entre ses études de sociologie et sa passion pour le basket.

Mais c’est bien le basket qui l’anime et son engagement pour ce sport vient de prendre un départ canon à Boston. Comme promis, pour sa saison rookie, il a été titulaire sur chaque match et a enregistré 17 points, 4 passes et 1,8 interceptions sur la saison. Des promesses pour un petit bonhomme d’1m75 qui a charbonné toute l’année pour réussir avec un emploi du temps très chargé: « 6 heures du matin, puis à l’école, puis à 15 heures, l’entraînement, et il se terminait quand Everhart le voulait ». 

Il y passera 4 saisons et en plus des leçons de vie qu’il a apprises et qui se traduiront sur le terrain, il deviendra le meilleur joueur de l’histoire de l’université en finissant meilleur passeur et le deuxième meilleur marqueur de l’histoire de son université. Son succès l’amènera systématiquement dans les équipes All-Division de sa région. Bien qu’il y ait appris beaucoup de choses et que cette expérience lui ait permis d’aborder la case NBA de manière plus sereine, JJ avoue également que son adaptation n’a pas été des plus simple:

J’ai traversé les moments les plus difficiles de ma vie ici à Northeastern, avec l’école, le basket, le coach [Everhart]. Quand j’ai rejoint la NBA, je n’avais pas besoin d’aller à l’école, je devais juste écouter [mes entraîneurs NBA]. Et j’avais déjà eu affaire à Ron Everhart, donc c’était facile.

Non drafté en 2006, Barea dispute la summer league avec les Mavs où il aura été très convaincant, terminant à 12 points de moyenne. Il n’est finalement pas signé par Dallas et doit retrouver sa terre natale après cette désillusion. Il réalisera 9 matchs avec le club principal de son pays avant qu’une heureuse déconvenue intervienne. Le meneur back-up de Devin Harris, Anthony Johnson se blesse et Barea est rappelé par Mark Cuban dès la mi-novembre pour finir cette saison 2006-2007. 

Sachant qu’il n’allait que très peu jouer pendant la saison avec un effectif aussi imposant que celui de Dallas (33 matchs avec 5 minutes de moyenne par match), JJ passait tout son temps à la salle de sport pour s’entrainer afin d’être prêt les jours où on lui laisserait un peu plus de temps de jeu. Mais la saison suivante ne lui promettait aucune évolution à ce niveau-là.

Pour cause, le retour de nul autre que Jason Kidd dans le Nord-est du Texas après plus de 10 ans d’attente. Les promesses de le voir évoluer encore longtemps en NBA deviennent malheureusement de plus en plus minces mais opportuniste, le jeune meneur va réussir à rentrer dans l’estime de son nouveau coach, Rick Carlisle.

Du fond de banc à l’éclosion : les fondations d’une carrière prometteuse

Après une saison rookie compliquée et en manque de temps de jeu, les choses ne vont pas s’arranger pour JJ qui ne joue pas plus que l’année précédente et qui est donc envoyé très rapidement en G-league, chez les Fort Worth Flyers, équipe dans laquelle tout le monde le voit finir sa saison, pour quitter une bonne fois pour toutes la NBA.

Mais c’est mal connaître l’Hispanique qui va surperformer pendant son passage en janvier où il tournera à 27,3 points, 5 rebonds et 7,8 passes de moyenne sur ses 8 matchs, avec deux performances à plus de 40 points. Rick Carlisle comprend alors que la G-League n’est pas faite pour lui. JJ Barea retrouve l’effectif principal pour le reste de la saison. 

JJ Barea et son plus grand fan, Dirk Nowitzki. Crédit : Reddit - Dallas Mavercks
JJ Barea et son plus grand fan, Dirk Nowitzki. Crédit : Reddit – Dallas Mavercks

Il devra ensuite attendre la toute fin de saison et les 4 derniers matchs pour enfin obtenir un temps de jeu respectable. Il va parfaitement le mettre à profit en réalisant 3 de ses 4 matchs à plus de 13 points. Déclic pour Rick Carlisle qui a pleinement découvert sa personnalité et son style de jeu pendant cette fin de saison et qui aura des mots très forts à son égard en interview d’après match : « C’est un attaquant, un vrai combattant sur le terrain et je pense qu’il en a surpris plus d’un ».  

Résultat de cette fin de saison, JJ Barea a gagné très gros. Il est enfin jugé à sa juste valeur et nul doute que son profil atypique pourra aider sa franchise. Et oui, car si sa taille n’est pas son point fort, il compense avec une vitesse et un instinct de basketteur excellents. Extrêmement complet, JJ Barea se démarque par son énorme volume de jeu offensif. Que ce soit par le shoot, par la passe ou par son sens du jeu, il s’est imposé comme un meneur de jeu redoutable et créatif dès qu’il a le ballon dans ses mains, en alliant un style de jeu espagnol et une imprévisibilité américaine.  

Et si ses défauts étaient très visibles et identifiables des deux côtés du terrain, son dévouement pour le basket et son équipe prenait souvent le dessus. Il devenait alors le calvaire des défenseurs adverses, mais gagnait l’amour des supporters texans.

Rick Carlisle l’a bien compris et avec les blessures de Jerry Stakehouse et de Jason Terry, son coach ne va pas hésiter à lui donner plus de responsabilités derrière son idole, Jason Kidd. Il passe d’un rôle secondaire à un vrai élément de la rotation des Mavs, toujours très constant en affichant sur les 2 prochaines saisons des statistiques respectables, mais non représentatives de son apport (7,7 points et 3,4 passes). 

Il avait un vrai apport pour souvent redynamiser le jeu d’un Jason Kidd vieillissant. De la rapidité et de l’engagement, c’est ce qu’apportait principalement Barea en sortie de banc au-delà des statistiques, partageant une activité très contagieuse. Entre supporters et front office, il n’y en avait que pour Barea qui avait clairement gagné la confiance de tout ce beau monde en commençant tout doucement à montrer son âme de leader qui se fera très largement ressentir pendant la saison 2010-2011.

Après deux dernières saisons plus que réussies, JJ Barea a complètement convaincu ses dirigeants d’activer sa team option à hauteur d’1,8 millions de dollars. Un prix très bas pour un meneur qui assure parfaitement son rôle de meneur back-up. Toujours en progression, JJ Barea tournera à 9,5 points et 3,9 passes de moyenne dans une saison où il bataille avec Rodrigues Beaubois pour intégrer la rotation de l’équipe qui disputera les play-off. Bien que le rookie français nous ait sorti quelques exploits comme son match à 40 points face aux Warriors, c’est bien la régularité et la stabilité physique de Barea qui sera choisie. 

Play-offs 2011 : l’odyssée des Mavericks incarnée par la naissance de la légende Barea

C’est bien dans cette période de post-season que la légende Barea va s’écrire. Contender, les Mavs retrouvent dès le second tour les champions en titre qui ne sont nul autre que les Los Angeles Lakers de Kobe Bryant et de Pau Gasol. Une série qui s’annonçait compliquée mais qui va se finir très simplement par un sweep légendaire que les fans de L.A.L ne sont pas prêts d’oublier. JJ Barea est devenu en une série le cauchemar absolu des Lakers sur tous les fronts. 

Mort de faim en sortie de banc, JJ se jette sur tous les ballons et donne son corps à sa franchise. Offensivement et malgré la présence du « Jet » ou de Dirk sur le terrain, tous les ballons vont dans ses mains, un peu comme à l’époque des Celtics d’Isaiah Thomas qui possédait tous les ballons une fois qu’il rentrait. Son impact dans le 4ème quart-temps du second match est exceptionnel et presque à lui seul, il donne la victoire à Dallas.

Il finira la rencontre à 12 points et 4 passes en 17 minutes, ainsi qu’avec un joli coup de Ron Artest qui est venu passer ses nerfs sur celui qui leur a fait vivre un calvaire total pendant cette fin de match. 

Après ce match un Phil Jackson dépité vante le travail de Barea en disant qu’il aurait cru voir CP3 sur le terrain pendant que Kobe totalement abattu déclara publiquement « Barea nous a botté le cul ». Les Mavs remportent avec difficulté le match 3 avant que la foudre de Barea frappe à nouveau lors du game 4.

Deuxième marqueur de l’équipe, Barea finit la rencontre avec 22 points et 8 passes dans un match d’anthologie. Les Lakers subissent la loi du meneur portoricain et ce dernier va à nouveau subir un geste de mauvais goût. Après qu’il ait réussi à pénétrer la raquette, le meneur des Mavs se fait violemment percuter par le pivot Andrew Bynum qui lui lance son coude alors qu’il s’apprête à monter au cercle. 

Une nouvelle preuve qui montre que Barea n’aura pas été qu’un simple combo guard en sortie de banc mais bien le diable de cette série. Directement expulsé et rongé par la frustration, Andrew Bynum ne reconnaitra pas tout de suite son geste, avant de présenter ses excuses quelques jours après son acte : 

Ma faute était très dangereuse. Nous étions énervés car ils nous ont brillamment fait tomber. Je m’excuse pour lui et pour la ligue. 

Les Mavs rejoignent ensuite les finales de conférences et Barea infligera le même sort à la jeune garde d’Oklahoma. Avec une moyenne de 11,5 points par match, le meneur portoricain n’aura fait qu’une bouchée du jeune Russell Westbrook et de son backup, Daequan Cook. Encore très important dans les 4ème quart-temps, il apparaît désormais comme le facteur X de cette équipe. Dallas se qualifie donc pour les Finales NBA après le Game 5, mais Rick Carlisle va faire une erreur qui aurait pu lui coûter très cher dès le début de la série.

Absolument pas favori face au Heat du trio Dwyane Wade-LeBron James-Chris Bosh, Rick Carlisle prend la décision de baisser le temps de jeu de son banc au profit de son 5 majeurs et de Deshawn Stevenson. Seulement 16 minutes de moyenne pour JJ Barea sur les 3 premiers matchs, ce qui n’est clairement pas suffisant pour qu’il s’exprime dans cette série. Mais voyant que les choses ne marchent pas, il cherche une solution. 

Soufflé par Kevin Draper (premier entraineur statistique présent sur un banc de NBA), il choisit de remettre JJ Barea au centre de la rotation, une décision qui va une nouvelle fois faire mouche. Une nouvelle fois oui, car c’était lui qui avait suggéré au coach des Mavs de laisser les Lakers shooter à trois points. Un choix gagnant pour les Mavs qui remporteront le 4ème match de 3 points en Floride. Et bien qu’il ne soit pas encore à 100%, l’effet Barea se fait ressentir, et Dallas joue un jeu beaucoup plus propre et entreprenant. 

La tactique Barea se met pleinement en place lors des games 5 et 6, lorsqu’il est placé dans le 5 de départ. Une stratégie qui lui permet de débuter les 1er et 3ème quart-temps face à Mike Bibby, un meneur plus âgé et plus lent au lieu d’être contre Mario Chalmers. Phénoménal en sortie d’écran, JJ Barea inscrira respectivement 17 et 15 points avec une excellente réussite à trois points. Il est devenu le vrai facteur X de ces finales et les Mavs, après 6 matchs, renversent le Heat pour s’offrir son premier et seul titre NBA, la consécration d’une franchise et le rêve d’un homme. 

Après ce titre JJ Barea réalisera un court passage du côté des Timberwolves avant de retrouver son premier amour pour finir sa carrière NBA. Après avoir gravé son nom dans l’histoire des Mavericks, la carrière NBA de Barea a connu une fin bien tragique. Après avoir connu une blessure au tendon d’Achille en 2019, le front office de Dallas décida de le couper 1 an plus tard. Cette décision, bien que pragmatique, a laissé un goût amer aux fans texans qui voyaient en lui bien plus qu’un simple joueur de banc.

Il était adoré des fans, plébiscité par Carlisle, et il était surtout le cauchemar de pas mal de ses adversaires. José Juan Barea, c’était le dernier des champions de 2011, 11 saisons sous nos couleurs et éternel Maverick dans nos coeurs. Après cet adieu, c’était bien plus qu’un rôle player qui s’en allait pour les fans, mais bien l’âme et le coeur de cette franchise. Merci pour tout José Juan Barea. 

Ne manque pas un article !

Rejoins la communauté Le Roster en t'abonnant à notre newsletter !

Damian Lillard indique l'heure