Jimmy Butler a tenu sa promesse : analyse d’une revanche

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Cet article a été écrit avec Gaël, rédacteur fan du Miami Heat. Vous pouvez aller voir son contenu sur @ang3nieux.

Du 18 au 30 mai 2023, les Boston Celtics et le Miami se sont affrontés dans ces Playoffs, dans le cadre des finales de la conférence Est. Les deux franchises possèdent une rivalité particulière ces dernières années.

Des années 2010 lorsque les tous nouveaux Tres Amigos affrontaient le décadent mais toujours performant Big 3 de Boston, à aujourd’hui où la confrontation Celtics/Heat est devenu un classique des Finales de Conférence, les deux franchises commencent à se connaître par cœur en Playoffs. Cette rencontre était d’ailleurs la 3ème opposition en finales de conférence sur ces 4 dernières années, après les Playoffs Bubble de 2020 et la victoire des Celtics au Game 7 de 2022. Preuve en est de deux franchises qui trustent le haut du plateau depuis désormais un bon bout de temps à l’Est.

Le Heat de LeBron James, opposé aux Celtics de Paul Pierce, lors des finales de conférence 2012

Cette confrontation possède une véritable histoire derrière elle. En 2022, Boston avait réussi à l’emporter face au Heat, à l’issue d’un Game 7 étouffant où Jimmy Butler a raté son dernier shoot à 3 points, et donc à aller aux Finals pour la première fois depuis 2010. La joie est immense côté Boston, au même niveau que la déception est pour le Heat. Jimmy Butler affirma, en conférence de presse, « We’ll be back next year », et il s’apprête donc à réaliser ce que personne ne pensait pouvoir être possible en cours de saison : battre les Boston Celtics, au même niveau que l’année dernière.

Avant la série

Dire que cette série était attendue serait un véritable malentendu, car absolument personne ne pensait que le Heat serait aux Conference Finals au début des Playoffs. Il faut dire que cette équipe n’a pas fait preuve de véritable domination, et a fini avec un bilan de 41-41, pour arracher le seed 7.
Mais entre temps, ils échoueront à battre au play in le seed 8, les Hawks, pour jouer un match décisif face aux Chicago Bulls. Match qu’ils remporteront, sans la manière certes puisqu’ils furent mené à 3 minutes 40 de la fin de match, mais qu’ils remporteront pour obtenir le dernier ticket des Playoffs.

Sauf que Miami doit immédiatement affronter les Bucks, le seed 1, l’équipe la plus solide de cette saison régulière sans aucun doute. Giannis, Jrue Holiday, Brook Lopez… Cette équipe semble être vraiment trop au-dessus pour que Miami n’ait ne serait-ce qu’une chose de prendre plus d’un match. Et tout ça ne s’arrange pas quand Tyler Herro se blesse violemment au Game 1, avec une fracture à la main, le privant de toute la suite de la série.
Sauf que beaucoup avaient encore une fois oublié un élément essentiel : Playoffs Jimmy Butler. Et cette version est monstrueuse. Milwaukee, certes privée de Giannis pour les Game 2 et 3 après une blessure, semblaient toujours avoir plus d’armes ; mais Jimmy Butler. Il sort le très grand jeu au Game 4 avec 56 POINTS en 41 minutes de jeu, et finit par tuer les Bucks à Milwaukee, en envoyant 42 points sur la tronche de Giannis, Middleton et compagnie. Un seed 8 venait de battre un seed 1, et personne en NBA n’en revenait. Pas même les fans du Heat.

Jimmy Butler et Bam Adebayo hypés, durant le Game 5 du premier tour face aux Milwaukee Bucks

Ce n’était cependant pas un one shot, le Heat n’en avait pas fini. Le prochain adversaire qui s’avançait était de surprenants Knicks, emmenés par un énorme Jalen Brunson qui a surpris un Cleveland peut-être trop confiant en leurs forces. Et là-encore, ce Heat ne lâchera rien. Cette fois, c’est le meneur Gabe Vincent qui viendra suppléer Jimmy Butler, en envoyant des performances à plus de 20 points au Game 1 et 2, mais aussi Kyle Lowry ou Bam Adebayo, et l’emportera 4-2, après un match remporté à l’arraché au Game 6. Oui, le seed 8 est en finale de conférence, et c’est déjà un petit exploit en soi.

Côté Boston, l’histoire est un poil différente. Avec le renfort de Malcolm Brogdon à l’intersaison, précédemment meneur titulaire à Indiana, la franchise du Massachussetts s’est affirmé très vite comme un candidat au titre NBA. Et ce malgré une intersaison particulièrement agitée, puisqu’en l’espace d’une semaine, Danilo Gallinari est out pour la saison avec un tendon d’Achille rompu, et Ime Udoka est suspendu pour avoir eu une relation consentie avec un membre du staff, ce qui est formellement interdit par le code de conduite de la franchise celte.

Pourtant, les Celtics vont être dominateurs durant la régulière, en finissant avec un bilan de 57 victoires pour 25 défaites, et une deuxième place à l’Est, avec un Jayson Tatum en mode MVP, un Jaylen Brown qui progresse encore plus, et des roles players performants, tout cela emmené par un Joe Mazzulla qui a encore plus développé l’attaque celte, le point faible l’année dernière.

Atlanta est la première franchise qui s’avance sur le chemin de l’Unfinished Business des Celtics, mais va pousser la série en 6, dans le sillage d’un Trae Young qui, malgré de mauvais premiers matchs, va sortir une très grosse performance au Game 5, en climatisant le TD Garden. Boston s’en sort, mais des problèmes ressortent dans le jeu : cette franchise est loin d’être aussi dominatrice que prévue.

Face aux Sixers, le niveau s’élève, et les Celtics sont poussés dans leur retranchement. Joel Embiid semble certes diminué, mais un certain James Harden va s’occuper de faire très mal à Boston au Game 1 et 4, pour mener 3-2 dans la série.
Cependant, c’était sans compter sur la capacité de choke des Sixers et sur un Jayson Tatum qui sortira de sa boîte à ce moment, pour envoyer une performance légendaire au Game 7 à 51 points, pour mettre fin aux rêves de Philadelphie.

Jayson Tatum faisant le signe « 50 », lors du Game 7 des demi-finales de conférence face aux Philadelphia 76ers

Boston est de nouveau en finales de conférence, avec ce qui semble être un boulevard, pour faire ce dont ses fans rêvent : gagner le trophée Larry O’Brien.

Cette rencontre entre Celtics et Heat s’annonce donc explosive. Les Celtics partent favoris, mais le Heat a l’intention de ne rien lâcher, comme d’habitude. A la clé, une place aux Finals en jeu. Messieurs, c’est à vous !

Déroulé de la série

Tout commence à Boston, pour le Game 1. Un match qui est d’abord globalement maîtrisé par les Celtics sur toute la première mi-temps : on les sent en maîtrise, pas vraiment inquiétés, et Boston mène de 10 points au TD Garden. Et puis, assez dramatiquement et à l’image de cette postseason, Boston va complètement se relâcher. A un point où le 3ème quart temps va être catastrophique : 46 à 25 pour le Heat !

Oui, Boston a craqué, mais Miami est une équipe qui se saisit de chaque opportunité offerte par l’adversaire, et qui sur ce coup, ne va absolument pas se gêner. Que dire encore une fois de Jimmy Butler, qui finit à 35 points, 5 rebonds, 7 assists ET 6 INTERCEPTIONS ? Jamais les Celtics ne se relèveront de ce craquage, et Miami prend le Game 1 à Boston. Mission amplement remplie.

Arrive le Game 2, où Boston se doit de réagir. Ils ont habitué leurs fans à perdre le 1er match, mais il s’agissait déjà d’un must win pour les Celtics. Mais le Heat a l’occasion d’alourdir le score et n’a pas l’intention de lâcher le morceau. Tout ça nous donne un match vraiment serré, où aucune des deux équipes ne veut lâcher. Au retour des vestiaires, Boston prend cette fois le bon bout, et met un 33 à 21 au Heat. Et semble se diriger tout droit vers une victoire au Game 2, et voir les Celtics égaliser à 1 partout. C’était avant le drame.

A 6 minutes de la fin du match, Grant Williams met un gros 3 points, et commence à parler à Jimmy Butler. Immédiatement après, Jimmy Buckets met le panier avec la faute sur Grant, et s’ensuit une confrontation animée entre les deux joueurs, dans la pure tradition de l’intensité des Playoffs.

Sauf que Grant Williams a fait une grosse erreur à ce moment : il a réveillé la bête Jimmy Butler. Et quand cette bête est réveillée, elle devient innarêtable. Jimmy Buckets va ainsi tout faire aux Celtics : il va tout mettre sur Grant, et tuer Boston dans ce Game 2, avec un run de 24 à 9. Les C’s sont KO debout : ils pensaient tenir le match, mais l’ami Jimmy Butler n’en avait surtout pas l’intention.

Et ainsi, Miami réalise ce qu’on pensait être inimaginable : repartir de Boston avec un 2-0 en leur faveur. C’est une réussite.

Nous voilà à Miami, pour la Game 3. Le Heat est en très bonne position, et là où le Game 3 doit voir ABSOLUMENT les Celtics l’emporter, sous peine de se mettre dans une situation quasiment impossible à remonter. Sauf que ce Heat-là n’était pas venu pour s’amuser, et va blowout Boston.

Emmenés par un Gabe Vincent en feu à 29 points, avec Duncan Robinson et Caleb Martin qui suivent bien le rythme, Miami n’a pas du tout à forcer son talent, de même que Jimmy Butler et Bam Adebayo, qui ne vont pas du tout à avoir à s’employer. En plus, en face, c’est une masterclass de tout ce qu’il ne faut pas faire dans un Game 3 pour Boston : trop de jeux persos, croquages, seulement 3 joueurs à plus de 10 points… Absolument AUCUNE envie ne se dégageait des Celtics, et c’est problématique quand tu es mené 2 à 0.

Gabe Vincent devant Malcolm Brogdon lors du Game 3

Bref, le Heat mène 3-0, avant un match 4 pour possiblement sweeper les Celtics, alors que personne ne s’y attendait en début de série. Le Heat surprend, les Celtics déçoivent énormément, et on se dirige tout droit vers un sweep.

Cependant, ce n’était pas fini. Alors que tout le monde avait lâché l’équipe de Boston, même ces supporters, ce roster si talentueux va se réveiller. Vaut mieux tard que jamais, et le run qu’ils allaient commencer va redonner espoir à toute une fanbase.

La machine Celtics, celle qui était destiné à rouler sur la Ligue en début de saison, va faire preuve de toute son efficacité. D’abord lors du Game 4, où la sentence va être pliée au troisième quart, avec un JT en forme et 6 joueurs au-dessus de la barre des 10 points ; et puis lors du Game 5, où la différence va se faire dès le premier quart, et Miami ne réussira jamais à réduire l’écart, devant un TD Garden en feu. Les lieutenants Marcus Smart et Derrick White répondent présents, on a JT et JB qui sont là, et Boston revient à 3-2 dans la série. Ce qui était presque inespéré deux matchs auparavant.

Jayson Tatum et Marcus Smart satisfaits lors du Game 4

Le Game 6 s’annonce ainsi très important, trop important pour les deux franchises. D’un côté, on a Boston qui commence à espérer réaliser ce qu’aucune franchise, en 151 tentatives, n’a réussi à faire, soit revenir d’un déficit de 3-0 ; de l’autre, Miami a une dernière possibilité en Floride de conclure l’affaire, et d’aller aux Finals. Ca s’annonce donc particulièrement tendu…

Et effectivement, on ne va pas être déçu. Tout le long du match, les deux équipes ne se lâchent pas, avec toujours un avantage pour Boston. Aux trois points de Caleb Martin, de Duncan Robinson et les pénétrations de Jimmy Butler, va répondre les Celtics avec Jayson Tatum, Jaylen Brown et Marcus Smart. Toute la tension des Playoffs en un match, si important pour tout le monde.

Et arrive ainsi la dernière minute du match, où Boston mène de 4 points. A partir de là, je vais tenter de vous conter au mieux cette fin de match absolument dingue. Tout d’abord, Jimmy Buckets prend le ballon, pénètre dans la raquette, et va scorer sur Al Horford… AVEC LA FAUTE ! Jimmy Butler qui ramène tout le monde à 1 point !

Sur l’action suivante, les clés du camion sont confiés à Jayson Tatum. Il décide lui aussi de pénétrer, mais il est incroyablement bien défendu par Gabe Vincent et s’emmêle les pinceaux. Il finit quand même par récupérer rapidement le ballon et tente un layup… CONTRÉ PAR BAM ADEBAYO ! Ca commence à tourner en faveur d’un Heat, qui a pourtant toujours été derrière ! 30 secondes, Miami a la balle de la série.

Bam fait la passe très vite à Duncan Robinson, seul à 45 degrés… mais ce dernier rate ! Jayson Tatum récupère un rebond très important, et fait la passe sur Marcus Smart, sur qui on fait faute, et qu’on envoie aux lancers. Il y a +1 Boston, 16.9 secondes à jouer, et ça pue à nouveau pour Miami.
Mais le basket avait décidé de ne pas en terminer là. Marcus Smart rate son premier lancer, mais met le second. Maintenant, Miami a à nouveau une balle de match, et devinez quoi ? C’est Jimmy Butler qui a cette balle de match.

Donc que faire ? Pénétrer pour un deux points et peut-être la faute ? Tenter un trois points ? Jimmy Butler prend la décision de s’enfermer à trois points, alors qu’il est bien défendu par Al Horford. Il tente le shoot… ET LES ARBITRES SIFFLENT FAUTE SUR LE SHOOT ! Oh cette décision si importante, avec 2.1 secondes à jouer. Evidemment, tout le monde veut challenger, car Boston ne pense pas que Al Horford a fait faute, et Miami pense que c’est faute sur un shoot à trois points.
Les arbitres vont revoir cette action tellement importante… Et après review, ils accordent TROIS LANCERS ! Faute sur le shoot, et derrière la ligne des trois points. Jimmy Butler a les lancers pour l’emporter, alors que la cloche va être ramené à 3 secondes. Attention, retenez bien ce chiffre, cette décision aura une grande importance.

Al Horford faisant faute sur Jimmy Butler, à 3 secondes de la fin de match du Game 6 

Jimmy Buckets a donc 3 lancers, lui qui tourne à 80% jusqu’à alors dans l’exercice dans ces Playoffs. Tout le monde retient son souffle. Il met le premier ; il met le second… ET IL MET LE TROISIEME ! Jimmy Butler n’a pas tremblé, et Miami mène ! Timeout Boston, pour 3 secondes de folie. A partir de maintenant, le reste appartient à l’histoire.

En sorte de temps-mort, balle en touche pour Derrick White. Tout le monde fait le tour pour finir dans les mains de Marcus Smart à trois points, qui shoote… In-and-out. MAIS DERRICK WHITE AVAIT SUIVI ET DÉPOSE UNE CLAQUETTE ! Mais le buzzer a retenti. La claquette est-elle dans les temps ? Aux arbitres d’en juger, alors que leur décision on-field est panier. Oh que c’est important.

Replay… C’EST BON ! LE BALLON EST RENTRÉ A 0.1 SECONDE DE LA FIN ! BOSTON WINS ! Ouh là là. Ouh là là. Derrick White et Boston viennent de rendre silencieux toute une salle, toute une ville, et précipitent un Game 7 au TD Garden ! C’est une dinguerie.

On en arrive donc au Game 7, et plus que jamais, ils semble possible pour Boston de réaliser l’exploit, ce que 151 équipes n’ont jamais faits : remonter un 3-0. 4 équipes sont remontés à 3-2 auparavant, mais aucune n’avait à jouer un Game 7 chez eux. Le momentum est totalement du côté celte.
En face, on se demande comment Miami va revenir de tout ça. Mentalement, l’équipe vient de se prendre un buzzer historique, et être remonté d’un 3-0. Mais Butler et les siens sont confiants : ils veulent gagner. Ils vont gagner. Alors, que va-t-il se passer ? Tout le monde est impatient.

Le match commence, et sur la première action de Boston, c’est le drame : Jayson Tatum retombe mal sur le pied de Gabe Vincent, et sa cheville tourne. C’est une catastrophe, qui se produit si tôt dans le match. Tout le TD Garden est refroidi, mais cela n’est pas fini.

Cependant, tout ça se gâte pour les Celtics. Boston ne va pas réussir une seule fois à se relancer après le premier quart, puisque les C’s ne vont pas réussir à trouver la solution. D’abord, Jaylen Brown, qui était censé prendre la suite de JT blessé, va passer complètement à côté de son match : 19 points à 8 sur 23 aux shoots, dont 1 sur 9 à 3 points ! Un match terrible, absolument terrible pour lui, alors qu’il devait prouver sa valeur. Seul Derrick White, et également Robert Williams III, limiteront la casse, en vain.

Et d’un autre côté, un joueur côté Miami, qu’on n’attendait pas, va surprendre son monde : Caleb Martin. L’homme du match 7 côté Heat, c’est lui, avec un match à 26 points et 10 rebonds, à 11 sur 16 aux shoots ! Il a tué Boston à presque lui tout seul. Dès que Boston revenait un peu, ce dernier replongeait la franchise du Massachussetts dans les doutes.

Et finalement, Miami va s’avérer plus fort. Boston ne reviendra jamais dans le match, et c’est ainsi que Jimmy Butler atteint son pari, non sans s’être fait peur : Miami est revenu au même niveau que l’année dernière, et Miami est cette fois aux Finals. Malgré le changement de momentum, c’est le Heat qui se qualifie 4-3, et envoie les Celtics à Cancun.

Les clés de la série

Maintenant, il est temps de voir ce qui a bien pu faire que la série s’est joué en 7 matchs, et a vu le Heat l’emporter. Plusieurs explications, côté Celtics et côté Heat, pourraient être apporter pour comprendre tout cela.

Une équipe trop à réaction

Tout d’abord, si on regarde à Boston, comment ne pas parler du problème numéro 1 de cette série, et peut-être des Playoffs : les Boston Celtics fonctionnent trop sur de la réaction.

Vous pourrez demander à n’importe quel fan celte par rapport à ces Playoffs, il vous répondra qu’il en ressort frustré. Et particulièrement sur cette série. Pourquoi ? Car les Celtics se sont réveillés une fois mené 3 à 0. Cette équipe a un potentiel qui aurait dû lui rendre la tâche bien plus facile dans toutes ses séries. Que ce soit face à Atlanta ou Philadelphie, ils auraient pu plier la série en 5 ; ils ne l’ont pas fait. Et Miami est simplement la suite logique des choses, avec cette fois une défaite.

Ici encore, les Celtics ont réagi beaucoup trop tard, et se sont compliqué la tâche tous seuls. Encore une fois face au Heat, Boston aurait pu vraiment mieux jouer bien plus tôt. Oui, les matchs 1 et 2 se jouent finalement sur des détails, qui tournent en faveur du Heat, et bien sûr le match 6 aurait pu tourner en faveur du Heat également. Mais il reste que Boston a vraiment perdu tout seul parfois, et c’est de là que vient un sentiment de frustration du côté de la fanbase celte.

Alors comment expliquer tout ça ? On peut parler d’une équipe trop confiante en elle et en son statut, qui est arrivé lors des Playoffs en se disant que ce serait facile au début. Qui a peut-être trop sous-estimé ses différents adversaires, qui a eu trop de suffisance. Mais l’une des principales raisons est, selon moi, que cette équipe a, encore une fois, manqué d’expérience. Les regrets pourront être importants, durant une année où Boston avait vraiment une occasion en or pour gagner le titre.

Derrick White, le vrai facteur X… pour rien

Derrick White attaquant le panier

Dans ce moment si important, alors que tout semblait perdu, un joueur s’est réveillé pour permettre à Boston de croire toujours en ses chances de titre. Cet homme, c’est Derrick White.

Le héros de la série face à Atlanta avait un peu disparu face à Philadelphie. Et dans le début de la série face à Miami, on ne l’avait également pas trop vu. A partir du Game 4, c’est le meilleur front de la Ligue qui a pris les choses en main : 16 points au Game 4 ; 24 points au Game 5 à 8 sur 11 aux shoots ; 18 points au Game 7, en faisant tout ce qu’il pouvait pour gagner, avec beaucoup trop d’actions héroïques ; et évidemment, comment ne pas parler du Game 6 et de son buzzer beater ?

Derrick White aura tout fait, tout ce qu’il pouvait pour que son équipe ait une chance de l’emporter, et de revenir aux Finals. Peut-être, si Boston avait gagné au Game 7, Derrick White aurait été nommé MVP des Finales de Conférence ? Mais cela ne restera que du conditionnel. En tout cas, Derrick White aura été un facteur X pour Boston. Pour pas grand chose au final.

Les blessures ont-ils plombé les chances de Boston ?

Une question pourrait aussi se poser : Boston a-t-il été victime de trop de malchance pour l’emporter ? Alors ATTENTION : ce serait difficile de donner ça comme une excuse, il y a tellement d’autres raisons qui expliquent cet échec. Mais c’est quelque chose qu’il ne faut pas oublier.

Boston a dû faire face, dans un premier temps, à la blessure de Malcolm Brogdon, au niveau du coude. Une déchirure partielle au tendon qui limite forcément la production du 6ème homme de l’année, qui après le Game 2, ne fut plus que le fantôme de lui-même. Au pire moment pour les Celtics, alors qu’ils avaient terriblement besoin de ce dernier.

Et évidemment, la blessure qui aura peut-être vraiment changé le narrative de cette série, c’est celle de Jayson Tatum au Game 7. Premier action du match, réatterri sur le pied de Gabe Vincent, et sa cheville tourne. A partir de là, chaque mouvement est devenu compliqué pour Jayson Tatum, et il n’a pu que limiter la casse du mieux qu’il pouvait.

Jayson Tatum se tenant la cheville lors du Game 7

Alors encore une fois, dire que les blessures sont le pourquoi de Boston a perdu serait ridicule et faux. Bien sûr, Boston aurait pu gagner malgré tout ça, et on pourrait très bien rappeler le fait que Miami joue sans Tyler Herro et Victor Oladipo… depuis presque le début des Playoffs ! Mais il est vrai qu’un fan des Celtics peut être frustré de cet enchaînement, qui a plombé leurs chances, bien qu’il ne doit pas se réfugier simplement là-dedans.

Une équipe encore trop dépendante de sa réussite aux shoots

Enfin, il faut pouvoir rappeler que dans le jeu, les Celtics ont semblé rester dans le même schéma que lors du reste des Playoffs : shooter, shooter, encore shooter. Mais pas avec la réussite attendue.

Sur cette série face au Heat, Boston a tourné à seulement 30% à 3 points, mais surtout a tiré 38 fois en moyenne derrière l’arc ! Le Heat a tiré 8 fois de moins en moyenne à 3 points, mais a tourné à 43%. La différence se joue là en partie, et a frustré les fans des Celtics.

C’est vrai que les solutions ne manquaient pas à l’intérieur, mais la sensation a été pour beaucoup qu’ils n’ont pas arrêté de forcer à 3 points tout le temps. Evidemment, la grande réussite de l’équipe adverse, pourtant la pire équipe au niveau de la réussite en saison régulière, n’a pas aidé. Mais il y a la sensation qu’en ayant fait plus de choses différentes, ça n’aurait pas été la même chose.

Caleb Martin, ce tueur venu de nulle part

On ne peut commencer de parler des facteurs côté Heat sans parler DU facteur, celui qui livre toujours à l’heure. Qui d’autre que Caleb Martin, tournant à 19 points, accompagné de 6 rebonds et 2 passes ? Le tout à 60% au shoot, dont 49% à 3 points. Et comme le facteur, il livre tout les jours : pas un seul match en dessous de 14 points, lui qui tournait à 9.6 pts/match durant la saison régulière.

Adresse phénoménale, grosse défense sur Tatum, confiance à 1000%, le joueur parfait pour épauler Butler dans les moments plus compliqués. Il sort un ÉNORME match 7 au TD Garden, avec 26 points. Mais attention, ne vous levez pas trop vite de votre siège : 26 points à 11/16 au shoot dont 4/6 du parking, accompagné de 10 petits rebonds. L’homme du match.

Caleb Martin au shoot devant Derrick White lors du Game 7

Avec une défense (logiquement) centré sur Butler et Adebayo, les espaces étaient bien plus ouvert pour Caleb sur cette série.

La zone de Spoelstra, ou comment réduire à néant l’attaque des Celtics

Ensuite, parlons de la zone de Spo. Beaucoup de zones furent utilisés par Miami, qui ont été très mal attaqués par Boston. Du shoot à 3 points à outrance, et compte tenu de l’incapacité des Celtics à rentrer leurs tirs de loin, le Heat tenait bon en défense.

Avec Bam en point d’ancrage, les Celtics sont parvenus à attaquer la raquette seulement lors des séquences où Miami défendait en individuel.

Une adresse floridienne infernale

On peut aussi parler de l’adresse folle des hommes de South Beach, tournant à plus de 43% à 3 points tandis que Boston tournait à peine à 30%, un basculement complet par rapport à la saison régulière. Symbole de ce feu d’artifice, monsieur Caleb Martin.

Mais on peut aussi citer Gabe Vincent, qui a tourné à 52 f***ing pourcents de loin, avec un 16 sur 31 du parking. Même Kevin Love, malgré un temps de jeu réduit, a rentré 5 de ses 9 tentatives de loin lors de cette série.

Un Miami Heat particulièrement agressif

Et pour finir, dernier facteur, l’agressivité. Le Heat en a plus voulu, notamment lors du match 7, et c’est cela qui leur a permis d’accéder aux Finals.

Une équipe du Heat agressive en défense

Exemple tout bête : lors du match 2, Adebayo prend un rebond de titan sur un shoot raté de Butler pour remonter et dunker sur la tête d’Horford. Cette action est significative de l’agressivité du Heat, car elle leur permet de prendre 5 points d’avance tandis qu’il reste 1 minute à jouer. Les Celtics eux aussi ont été agressifs, à la manière du buzzer-beater de Derrick White, qui s’arrache pour prendre le rebond et marquer sur le fil, permettant aux Verts de forcer le match 7 ; mais en globalité, on peut dire que Miami l’a bien plus été.

Tout ces détails nous ont donné une domination fébrile du Heat, mais une domination tout de même.

Et maintenant ?

Côté Boston, on peut l’affirmer sans peine : l’intersaison risque d’être particulièrement agitée. L’objectif du début de saison était clair : gagner le titre, quoi qu’il en coûte. Une véritable équipe avait été mis en place dans ce but ! Mais le constat est également là : ils n’y sont pas arrivés. Et maintenant, ils sont en droit de se poser des questions, à l’aube d’une intersaison capitale.

Evidemment, ce qui rend cette intersaison si importante, c’est la prolongation de Jaylen Brown, qui pourrait resigner un contrat supermax. Vous avez d’ailleurs un excellent article signé par @lucaslonchampt, qui nous parle de son contrat et de pourquoi il ne faudrait pas lui donner un supermax, ce qu’on peut voir sur ce lien. Et en plus de ce dernier, il y a Grant Williams, dont le contrat va être important à observer, pour pouvoir essayer de ne pas se mettre dans une situation complexe en termes de contrat.

Grant Williams sous le maillot des Celtics en 2023. Pour la dernière fois ?

En bref, il y a des réflexions à mener, pour que Boston puisse revenir plus fort et attendre l’objectif si important pour la franchise et ses fans : la 18ème bannière. Après du beau basket, chaque franchise prend donc deux directions différentes : une en finale, l’autre en vacances. Mais cette série nous aura bien appris une chose : c’est que rien n’est jamais fini à l’avance, dans tous les sens du terme. C’est ça, ce qui fait la magie du basket !

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Kévin Laurent - The Green Cigar

Ma franchise a plus de titres que les Lakers.
Je te déteste toujours LeBron.

Tient également le compte @TheGreenCigar sur Twitter.
Rédac | Podcaster | Spécialiste du basket FR sur Le Roster

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