C’est bien dans un contexte très particulier que les Français disputent ces Jeux Olympiques de Tokyo 2021. En effet, nous sommes encore en pleine crise Covid et les salles de basket sont totalement vides. Mais ce n’est pas ce qui va perturber nos Français qui vont gravir les échelons de cette compétition et vont rééditer un exploit vieux de plus de 20 ans, se hisser en finale olympique.
Un podium en Coupe du Monde qui envoie directement les français à Tokyo 2021
C’est en effet sur cette coupe du monde en Chine que la France va obtenir son ticket pour les Jeux. Pour cela, il fallait finir parmi les 2 meilleures nations européennes de la compétition. Un objectif qui s’annonçait très compliqué quand on voit le nombre d’équipes compétitives présentes sur ce continent.
Les Bleus commenceront donc leur parcours par un tour préliminaire parfaitement bien négocié avec notamment une courte victoire face aux Allemands 78-74. Il s’en suivra un tour principal très relevé et constitué d’équipes qui visent clairement une médaille internationale, à savoir l’Australie, la Lituanie, et l’Allemagne.
Le premier match les opposeront donc face aux terribles lituaniens. Un score très serrée qui verra nos Bleus vainqueurs 78-75 grâce à un dernier shoot lituanien manqué au buzzer par l’ancien joueur de l’ASVEL, Mantas Kalnietis.
Ce deuxième et dernier match opposera donc français et australiens pour la 1ère place de ce groupe. C’est dans un match ultra offensif que les deux nations vont se rendre coup pour coup, menés respectivement par deux joueurs d’exception, Evan Fournier (31 points) et Patty Mills (30 points).
Mais malheureusement dans une fin de match très serrée, c’est Patty Mills et toutes son expérience qui vont parler. Il va d’abord obtenir deux lancers francs permettant aux Australiens de reprendre à trois secondes de la fin deux points d’avance. Et il va ensuite intercepter le ballon de remise en jeu envoyer par Nando de Colo, condamnant les français à jouer leur quart de finale face à Team USA.
Et si dans ce match les deux équipes se tiennent têtes pendant 3 quart temps, c’est bien Team USA qui prend le meilleur départ dans le quatrième et mènent de 7 points à cause d’une grosse difficulté au rebond. Les français vont ensuite effectuer un retour progressif grâce à une meilleure efficacité offensive traduit par un shoot en mouvement de Frank Ntilikina qui ramène les siens à 76-76.
La suite, tout le monde la connait. Les Français font preuve d’une efficacité débordante face à des Américains qui perdent leur jeu collectif. Les Français enchainent les actions clutch à l’image de ce step-back de Frank Ntilikina sur Kemba Walker dans le corner ou encore de ce contre de Rudy Gobert sur ce même Kemba sur l’action d’après. Les Bleus s’imposent finalement 89-79 et valident leur ticket olympique après une bien heureuse défaite des Serbes face à l’Argentine dans le premier quart de finale.
Un effectif fantastique qui combine joueurs NBA et stars européennes
C’est avec un effectif qui regorge de talent que Vincent Collet va pouvoir entamer sa campagne olympique. Cet effectif s’inscrit également dans la continuité de la dernière coupe du monde où des associations en club sont clairement identifiées et où les leaders sont bien représentés.
C’est Nando de Colo qui gardera le poste 1 de l’Equipe de France. L’un des meilleurs joueurs de l’histoire de l’Euroligue (MVP de la saison 2015-2016) a encore réalisé une saison formidable avec Fenerbahçe (15.8 points et 3,9 passes avec des pourcentages exceptionnels 52-40-94). A 33 ans, il fait évidemment parti des cadres de ce groupe France et il faudra reposer sur son talent offensif pour guider l’attaque française.
Pour le suppléer, l’expérimenté Thomas Heurtel sera de la partie. Le joueur de l’ASVEL était le point d’interrogation de cette liste après avoir subit de nombreuses blessures pendant la saison, mais il a bien été retenu dans ce groupe. Et en 3ème lame, un joueur plus défensif en la personne d’Andrew Albicy, un autre homme d’expérience qui a l’habitude de ce genre de rendez-vous.
Evan Fournier occupera lui le poste d’arrière. C’est une saison très particulière pour Evan qui a été marquée d’une part par les blessures mais aussi par un changement de franchise en plein mois de Mars, lui qui rejoindra les Boston Celtics. Beaucoup d’évènements qui ne perturberont pas son niveau de jeu, il tournera à plus de 17 points de moyennes sur la saison avec une réussite derrière l’arc de 41,3%.
Le joueur des C’s sera épaulé par le très jeune Frank Ntilikina, un gamin qui a vécu une saison très compliquée du côté des Knicks mais qui possède déjà de gros atouts défensifs et des accomplissements importants avec l’Equipe de France.
Le poste 3 sera bien évidemment géré par l’intenable Nicolas Batum. Et quelle saison pour le capitaine des Bleus, dans sa première année avec les Clippers, où il aura eu une énorme progression à trois points, passant en une saison de 28,1 % à 40,1%. C’est bien évidement l’un des piliers défensifs de l’Equipe de France, un joueur capable de défendre sur presque tous les postes qui a des statistiques très parlantes dans ce domaine (1 interception et 0,7 contre par match en 25 minutes de temps de jeu).
Il sera accompagné par le brillant Timothé Luwawu-Cabarrot, un joueur 3&D qui a déjà fait ses preuves en NBA, du côté des Nets, avec une saison à 7,8 points en jouant 17 minutes par match.
Un peu de jeunesse pour gérer le poste 4 en la personne de Guerschon Yabusele. En effet le joueur de l’ASVEL a réalisé une très bonne saison pour sa première année complète en Euroligue. Le joueur formé à Rouen a su user de son physique très imposant mais aussi de son intensité débordante pour déjà s’imposer comme un joueur incontournable en Europe, sans oublier ses capacités au scoring (11,2 points par match en Euroligue).
La seconde option choisie par Vincent Collet se porte sur le palois Petr Cornelie, auteur d’une saison stratosphérique en Elite avec 14,4 points et 7,9 rebonds de moyenne.
Qui d’autre que Rudy Gobert pour couvrir la raquette française. Le pivot de l’Equipe de France a reçu cette saison et pour la troisième fois de sa carrière le titre de Défenseur de l’Année en NBA. Le français a également été sélectionné pour la 2ème fois consécutive au All-Star Game, ce qui vient récompenser ses gros progrès au scoring, lui qui a tourner à 14,3 points sur la saison.
Il devance dans la hiérarchie deux joueurs qui se partageront le reste du temps de jeu sur ce poste. En premier Vincent Poirier, la nouvelle recrue du Réal Madrid a vécu une saison très difficile du côté de Philadelphie et a manqué cruellement de temps de jeu pour gagner sa place dans un effectif NBA. Et en second Moustapha Fall, le pivot de l’ASVEL faisait cette saison, ses premiers pas en Euroligue et il a été plutôt convaincant avec 8,8 points et 5,5 rebonds à 70,1% au shoot.
Un premier tour parfait et plein d’espoir
Dans un groupe constitué des Etats-Unis, de la République Tchèque et de l’Iran, les Français semblent avoir tiré un groupe largement abordable pour obtenir leur qualification en quart de finale.
France – USA : un premier exploit retentissant
Après une préparation juste catastrophique où les Bleus ont fait un bien triste 0 pointé (2 défaites face à l’Espagne et 1 face au Japon), ils s’attaquaient au gros morceau des compétitions internationales, Team USA. Et cette mauvaise préparation des français va s’illustrer dans une première mi-temps où les américains prennent les devants et laissent les français à distance raisonnable, 37-45 à la mi-temps.
Mais les Bleus vont soudain revenir dans le 3ème quart temps grâce à une adresse débordante des joueurs extérieurs et une défense plus resserrée qui va complètement perturber l’équipe de Gregg Popovich. Team USA prend alors un dévastateur 25-11 durant ces 10 minutes, ce qui peut-être également être expliqué par l’indiscipline américaine, et notamment celle de Kevin Durant qui n’a joué que 21 petites minutes à cause de ses problèmes de faute.
Il fallait malgré tout compter sur Team USA pour réagir et c’est dans un dernier quart bouillant que vont se lancer les deux nations. Car oui, c’est bien dans la dernière minute de ce match qu’un nouvel écart va être créé, suite à un panier longue distance d’Evan Fournier (28 points) et des lancers obtenus par Rudy Gobert (14 points et 9 rebonds) que la France reprend l’avantage et s’impose finalement 83-76. Mais dans ce money time, c’est aussi les démons de 2019 qui sont réapparus pour les ricains, qui leur ont fait perdre une nouvelle fois, tous leur jeu offensif.
France – République Tchèque : des Français sereins et adroits
C’est un nouveau succès pour la France qui vient confirmer son succès quelques jours plutôt face à Team USA. Si la France aura été légèrement bousculé pendant le 1er quart par les qualités du meneur des Bulls, Tomas Satoransky et par l’adresse intenable des tchèques, c’est bien la France qui va reprendre le contrôle des opérations dès le deuxième quart temps grâce à des leaders en feu, Evan Fournier ( 21 points à 62% au shoot) et Nando de Colo ( 17 points et 8 passes).
Une confiance qui s’est réellement ressenti dans ce match avec des Bleus qui n’ont pas paniqué après un début de match compliqué. Un réveil qui a également mis en confiance les remplaçants qu’on sent très impliqués, à l’image d’un Vincent Poirier auteur de 14 points en sortie de banc. Tous cela vient conclure un succès bien construit 97-77 et une 1ère place dans ce groupe.
France – Iran : un match sérieux où l’effectif a tourné
Les français poursuivent leur route et vont dominer l’Iran dans un match sans embuche, où le vainqueur avait déjà été choisi avant le début de la seconde période (46-27). Et c’est face à des Iraniens déjà éliminés que les Français vont dérouler leur basket en s’appuyant comme souvent sur une défense ultra dominante. La France s’est de l’autre côté appuyé sur un coup de chaud de Thomas Heurtel qui a inscrit 10 points dans le second quart.
Et c’est dans un match sans enjeu que Vincent Collet et son staff ont fait logiquement tourner cet effectif, limitant presque tous les joueurs à moins de 20 minutes de temps de jeu. Un moyen d’éviter l’écueil d’une blessure tout en permettant à tout le monde de garder le rythme de la compétition.
Une France grandiose qui surfe sur sa confiance
Après un 1er tour historique où la France a devancé les Américains, les Bleus devront faire face au second du groupe B, l’Italie de Danilo Gallinari et de Simone Fontecchio.
France – Italie : les cadres font le job
Dans un premier quart temps dominé par la Nazionale, les Bleus manquent clairement d’intensité et de concentration. Des erreurs défensives et des pertes de balles à répétition permettent à l’Italie de rester dans le match dans cette première mi-temps, et ne sont menés que d’un petit point (43-42).
Mais dans le troisième quart les choses vont changer, et porter par un Nico Batum irréprochable en défense, les Bleus vont lâcher l’Italie et prendre un avantage de 10 points (64-54). Mais les transalpins ne s’avouent pas vaincus, avec une adresse retrouvée et des Français qui reperdent des ballons, l’Italie revient progressivement au score et égalise à moins de 3 minutes de la fin grâce à une série de shoot de Simone Fontecchio.
C’est finalement Thomas Heurtel qui va remettre de l’ordre dans l’attaque française avec un gros shoot à 3 points et 2 passes décisives pour Rudy Gobert. Une victoire qui s’est bien conclue par un dénouement français sur le score de 84-75. L’énorme prestation défensive de Nicolas Batum n’est pas sans lien, lui qui a pris 14 rebonds, réaliser 3 interception et 2 contres. Les Français affronteront donc les terribles slovènes de Luka Dončić, vainqueur très facile des Allemands 94-70.
France – Slovénie : un contre pour l’histoire
Le début de ce match est à l’avantage des Slovènes qui mettent beaucoup plus de d’intensité dans leur jeu. Bien aidé par un grand Luka Dončić dans le premier quart (10 points et 5 passes), la Slovénie fait logiquement la course en tête, 27-29.
Les Bleus vont par la suite devenir beaucoup plus inspirés défensivement et forcer les Slovènes à prendre des shoots difficiles. Malgré tout de l’autre côté l’adresse se stoppe également côté français et c’est toujours l’équipe de Luka Dončić qui fait la course en tête à la mi-temps, 42-44.
Au retour des vestiaires, les Français ne sont plus les mêmes et ils dominent clairement leur adversaire grâce aux énormes coups de chaud d’Evan Fournier et de Nando de Colo qui enchainent les paniers à longue distance. En fin de quart temps Jaka Blazic enchainent 2 shoots à trois points et ramène bien malheureusement les slovènes à 6 petits points des français (71-65).
Et c’est dans une fin de match totalement folle que ces deux nations vont se rendre coup pour coup jusqu’à la dernière minute. En effet à une minute de la fin le score est de 87-85 pour les tricolores, à ce moment là Rudy pénètre dans la raquette slovène et ressort le ballon miraculeusement pour Timothé Luwawu-Cabarrot qui rentre ce shoot ouvert à trois points (90-85, 56 secondes à jouer). Evan a l’énorme maladresse de provoquer deux fautes coup sur coup alors que la France est dans la pénalité, les slovènes reviennent alors à 1 petit point (90-89, 43 secondes à jouer).
Les Français mènent alors la possession au bout, et c’est Nando de Colo qui se lève à mi-distance et rate son shoot, rebond Luka Dončić. Sur cette dernière possession, cela parait évident c’est Luka qui va prendre ce shoot. Trop évident, car oui alors que Luka Dončić à obtenu un mistmatch face à Rudy Gobert, il envoie le ballon à Prepelic qui pénètre la raquette et réalise un lay-up. Un gros BANG retentit alors dans la salle vide quand Nico Batum contre ce ballon sur le plexi et qualifie les siens en finale olympique face à Team USA.
France – USA : un match pour l’histoire
C’est après un premier quart très disputé que les Américains vont faire la course en tête. En effet si du côté français le collectif est bien rodé, de l’autre les Américains se servent du réveil d’un extra-terrestre du nom de Kevin Durant pour revenir en fin de quart temps et mener finalement 18-22.
Nos Bleus perdent ensuite totalement leurs nerfs après un début de deuxième quart brouillon qui associe perte de balle et maladresse dûe à une intensité débordante du duo Jrue Holiday – Bam Adebayo qui mettent dans leur boite les pick and roll français de Nando et Rudy permettant à leur équipe de prendre 13 points d’avance, en milieu de 2ème quart temps (26-39).
Et il faudra attendre la sortie de ce duo en fin de deuxième quart temps pour revoir un Rudy bien servit dans la raquette, ce qui permettra finalement à la France de revenir au contact (39-44), malgré la performance XXL de Kévin Durant, auteur de 21 points en une mi-temps.
L’écart va à nouveau grimper et se stabiliser pendant 15 minutes autour des 10 points. On sent que la profondeur et la puissance de Team USA commence à faire son effet et les Français n’arrivent pas à rivaliser. Mais ils ne perdent pas pied, Evan et Nando endossent leurs rôles de patron et après un shoot primé de Frank Ntilikina, la France entrevoit un retour quand elle revient à 3 points.
Les États-Unis remettent alors un coup d’accélérateur mais la France tient bon grâce à un shoot en mode patron d’Evan Fournier qui ramène la France à 6 points alors qu’il reste 1 minute 30. L’espoir on l’entrevoit, mais malheureusement cet espoir ne durera après 2 séquences offensives catastrophiques conclues sur deux airballs. La France s’incline finalement 87-82, mais garde la tête haute et peut être fier du parcours accompli.
Comme en 1948 et en 2000, la France obtient l’argent, la plus cruelle des médailles. Des Français si près, si loin qui nous ont donné le sourire tant le jeu proposé tout au long de la campagne a été d’une qualité impressionnante. Mais ils ont surtout mis notre pays sur le devant de la scène internationale, en étant la seule équipe du tournoi à avoir mis en difficulté cette nation presque intouchable.
[…] nous ne sommes pas de retour en 2021. Et pourtant, la France et les États-Unis vont se rencontrer une nouvelle fois en finale des Jeux […]