Les Jeux Olympiques de 1976 à Montréal ont été un moment crucial pour le basketball masculin, marquant le retour des États-Unis au sommet après la controversée défaite de 1972. Ce tournoi a été témoin de performances exceptionnelles, de rivalités intenses et d’une compétition féroce qui ont laissé une marque indélébile dans l’histoire du sport olympique.
Contexte historique
En raison du massacre de Munich, la sécurité de ces jeux était visible. Les mesures de sécurité étendues comprennent l’obligation pour tous les travailleurs de détenir une accréditation valide. Une surveillance acoustique a été mise en place dans le village olympique où les athlètes étaient logés. En outre, pour la première fois dans l’histoire des Jeux olympiques, une installation systématique de vidéosurveillance a été tentée.
Les Jeux de Montréal se sont déroulés dans un contexte de tensions politiques et économiques. Vingt-neuf pays, principalement africains, ont boycotté les Jeux de Montréal lorsque le Comité international olympique a refusé d’interdire la Nouvelle-Zélande, après que l’équipe nationale de rugby eut effectué une tournée en Afrique du Sud plus tôt en 1976, au mépris des appels des Nations unies à un embargo sportif en raison des politiques racistes d’apartheid de ce pays.
Les tensions au Québec étaient encore présentes, 6 ans après la Crise d’Octobre, bien que ces événements ont marqué une perte significative de soutien à l’aile violente du mouvement souverainiste québécois. Le débat autour de la présence de la Reine d’Angleterre pour la cérémonie d’ouverture faisait rage au sein de la sphère politique.
En 1976, Trudeau, cédant à la pression de la République populaire de Chine, prend un arrêté interdisant à Taïwan de participer en tant que Chine aux Jeux olympiques de Montréal, bien que cette question soit techniquement du ressort du CIO. Son action a tendu les relations avec les États-Unis et a été largement condamnée comme ayant jeté l’opprobre sur le Canada en cédant aux pressions politiques pour empêcher la délégation chinoise de concourir sous son nom.
La compétition de 1976
Le tournoi de basketball masculin se déroula du 18 au 27 juillet 1976, avec la participation de 12 équipes représentant divers continents. Les matchs eurent lieu au Centre Étienne Desmarteau, une arène qui a été utilisée principalement comme salle de hockey sur glace depuis. La phase finale elle se déroula au Forum de Montréal, le bâtiment le plus célèbre de l’histoire du hockey.
Les États-Unis, dirigés par l’entraîneur Dean Smith, arrivèrent avec une équipe de jeunes talents universitaires, dont Adrian Dantley et Walter Davis, futurs sextuple All-Star, Phil Ford, MVP du tournoi ACC en 1975, et Mitch Kupchak, joueur ACC de l’année 1976 et futur triple champion NBA. Ce groupe espère pouvoir redorer le blason de la Team USA après l’échec de 1972.
« Je pense que (l’entraîneur Smith) nous a montré le film du match de 72, la controverse qu’ils ont eue à la fin du match », a déclaré Scott May. « Et c’était assez explicite sur ce que vous avez vu. Nous étions en mission, et peu importe qui se trouvait sur notre chemin, nous avons joué comme nous l’avons fait ».
L’URSS arrive à Montréal en tant que championne olympique et du monde en titre. Les deux Belov, Alexander et Sergei (pas de lien de famille), sont de retour, et sont accompagnés par Alexander Salnikov, nommé dans l’équipe du Mondial 74. La Yougoslavie, championne d’Europe en titre et médaillée d’argent en 74 compte revenir sur le podium des Jeux Olympiques comme en 68. Pour cela, elle peut compter sur Dragan Kićanović, MVP du dernier Championnat du Monde, Vinko Jelovac, nommé dans l’équipe du tournoi, Krešimir Ćosić, MVP de l’EuroBasket 75, et Dražen Dalipagić, nommé dans l’équipe du tournoi. Une équipe remplie de talent, symbole de l’âge d’or du basket yougoslave.
Cuba, médaillé de bronze lors des derniers JO et 4e en 1974 compte recréer l’exploit. Pour cela, les deux meilleurs marqueurs de la nation insulaire à Munich, Pedro Chappe et Alejandro Urgelles, ce dernier ayant été nommé dans l’équipe du Mondial 74, et Ruperto Herrera Tabio, devront encore une fois répondre présent. Enfin, l’Italie joue une nouvelle fois le rôle d’outsider, un cimenté par la troisième place obtenue à l’EuroBasket 75 par une génération en développement. Le trio de Pierluigi Marzorati, Carlo Recalcati et Dino Meneghin a les armes pour faire mal durant ce tournoi de 1976.
Les moments clés
Les États-Unis, grâce à leur jeu rapide et leur défense rigoureuse, dominèrent la phase de groupes en 1976, remportant leurs matchs avec une marge confortable avec trois exceptions. La première, un 95–94 tendu face à Porto Rico. Alfred Lee a réussi 15 de ses 18 tentatives de tir et a marqué 35 points pour Porto Rico face aux Américains, pourtant largement favoris.
Porto Rico a eu l’occasion de prendre l’avantage dans les dernières secondes, mais Lee a été sanctionné pour un passage en force alors que les États-Unis menaient 93-92. Phillip Ford a ensuite marqué les deux lancers francs qui ont tué le match. Les 20 points et 10 passes décisives de Ford ainsi que les 17 points et 9 rebonds de Mitch ont été très importants.
Deuxième exception, 2-0 face à l’Égypte. Après une défaite 64-103 face à la Tchécoslovaquie, l’Égypte s’est retirée des Jeux Olympiques de 1976, suite au boycott de plusieurs pays africains contre la Nouvelle-Zélande. Tous les matchs impliquant l’Égypte ont alors été déclarés forfaits.
En parlant de la Tchécoslovaquie, le pays européen a également mis les États-Unis en danger durant la phase de groupe. Cette fois-ci, c’est le duo de Kupchak, 14 points, et May, 12 points et 11 rebonds qui ont permis aux USA de l’emporter 81-76, malgré les 24 points et 6 passes décisives de Kamil Brabenec et les 20 points et 9 rebonds de Stanislav Kropilák.
La façon dont les Américains jouaient était dynamique, ce qui leur a permis de surmonter les nombreuses critiques formulées avant les Jeux d’été de Montréal.
« Toutes les choses que nous avons entendues lors des matchs d’exhibition étaient : « Oh, ils sont trop petits. Ils ne prennent pas assez de rebonds. Oh ceci, oh cela, » » a déclaré May. « Nous avons tout entendu. Mais je pense que les gens n’ont pas réalisé à quel point nous étions durs, dévoués, solidaires, proches en tant qu’équipe, altruistes. Et cela compensait en grande partie notre taille. Nous étions extrêmement rapides. Nous avons beaucoup couru. »
Qualifiée avec les américains est la Yougoslavie, qui n’aura perdu qu’un match, celui contre la Team USA sous le score de 93-112. Pour les européens étaient devant à la mit-temps avec le score de 55-51. L’équipe de Dalipagić (22 points) semblait être en passe de créer un exploit. Les Etats-Unis se sont alors concentrés sur le travail défensif, le marquage intense des couloirs de passes et la pression sur les joueurs au poste. Ils ont sacrifié leur intelligence personnelle au profit de l’effort défensif et de l’utilisation de leurs capacités de contre-attaque. Le résultat a été un score écrasant de 61-38 à la fin de la deuxième mit-temps. Mais cela dit, la Yougoslavie était toujours en course.
Cependant, le match qui aurait pu tout faire basculer était celui contre l’Italie. Avant-dernière journée de la phase de groupe, la Yougoslavie a vu son dernier match contre l’Égypte être annulé. La victoire était donc impérative pour l’Italie pour rester dans la compétition de 1976.
Menée 41-57 à la mi-temps, l’équipe des Balkans est revenue dans le match, portée par Dragan et Drazen, avec 17 et 16 points respectivement, qui sont parvenus à arracher la victoire. Malgré les 16 points de Luciano Vendemini et 15 d’Ivan Bisson, deux héros peu attendus, ce fut insuffisant. Victoire 88-87 de la Yougoslavie, et une qualification assurée pour les demi-finales de 1976.
Pendant ce temps dans le groupe B, l’URSS faisait le parcours attendu d’eux en 1976. 5 victoires dominantes, portées par le duo des Belov qui a notamment combiné pour 43 points ensemble lors d’une victoire 129-63 face à l’équipe japonaise. Une équipe qui a créé la surprise cependant, c’était le Canada. Eux qui n’ont plus marqué les esprits depuis 1936 et étaient absents des deux derniers Jeux, ils n’ont perdu qu’un seul match durant cette phase de groupe, contre l’URSS avec le score de 108-85.
Ce parcours a notamment contenu une victoire 84-79 face à Cuba qui a complètement basculé les ambitions canadiennes en 1976. Pour résister aux 31 points d’Herrera, il aura fallu 25 points de Phil Tollestrup et 16 points et 14 rebonds de James Russell. Tollestrup sera crucial pour chacune des victoires canadiennes qui auront suivi. Grâce à lui entre autres, le Canada pourrait maintenant avoir une chance à une médaille pour la première fois en 40 ans.
Hélas, le parcours du Grand Nord fut arrêté par les voisins américains en demi-finale, 77-95 étant le score final. Impossible d’arrêter une équipe menée par les 22 points de May et les 12 points et 11 rebonds de Dantley qui qualifient les États-Unis. La petite finale ne fut guère mieux, avec une nouvelle défaite écrasante. 72-100 pour les soviétiques avec 23 points et 14 rebonds d’Alexander qui assurent la victoire. Pas de médaille pour le Canada en 1976, mais un parcours remarquable.
Médaille de bronze pour l’URSS, car les champions en titre se sont fait sortir par la Yougoslavie en demi-finale, comme en 1968. Les deux étaient au coude à coude à travers toute la rencontre, et c’est finalement les yougoslaves qui ont pris les devants à la fin, grandement aidés par les 27 points de Kićanović qui a permis à son pays de retourner en finale des Jeux Olympiques en 1976.
La finale, disputée le 27 juillet 1976, oppose les États-Unis à la Yougoslavie. Ce n’est pas le match retour tant espéré par la Team USA, mais une finale devait quand même être gagnée. Les Américains remportèrent une victoire convaincante avec un score de 95-74, confirmant leur retour au sommet du basketball olympique. Adrian Dantley, avec ses 30 points en finale, fut l’un des joueurs les plus remarquables du tournoi, démontrant non seulement son talent mais aussi le potentiel des jeunes joueurs américains à dominer sur la scène mondiale.
L’équipe américaine, grâce à une défense solide et une attaque efficace, retrouve la médaille d’or, marquant un moment de rédemption après la défaite de 1972. Union soviétique ou pas, la médaille d’or n’a en rien diminué l’importance de l’équipe américaine.
Impact et héritage
Les Jeux Olympiques de 1976 eurent un impact profond sur le développement du basketball mondial. La victoire des États-Unis réaffirme leur domination, mais le tournoi met également en lumière la compétitivité croissante d’autres nations, telles que la Yougoslavie et le Canada. Cette édition des Jeux encouragea une attention accrue à l’arbitrage et aux règlements, notamment après les controverses de 1972.
Le basketball masculin aux Jeux Olympiques de 1976 à Montréal représente un chapitre essentiel de l’histoire olympique et du développement du sport. Il symbolise la rédemption des États-Unis après la défaite de 1972 et la confirmation qu’il n’y a pas que deux, mais trois puissances majeures dans le basketball avec le retour de la Yougoslavie. Mais est-ce que cette nation arrivera un jour à prendre sa place au sommet du podium commes les USA et l’URSS?
[…] nouvelles prétentions pour la médaille d’or. La Yougoslavie, médaillée d’argent en 1976 et championne du monde en titre, est l’une des deux grandes favorites du tournoi. Le trio […]
[…] 1976 […]