Jalen Green

Jalen Green et moi : je t’aime, moi non plus

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Jalen Green et moi, c’est une histoire compliquée. Une histoire d’amour ou ne nous aimons jamais en même temps, comme si le destin ne voulait pas que cela arrive. Laissez-moi vous raconter cette histoire très personnelle mais encore plus ordinaire afin de retracer le début de carrière d’un joueur plus complexe qu’il n’y paraît.

Une rencontre très loin du coup de foudre avec Jalen Green

Tout commence à l’aube de la Draft 2021. Comme tous les ans, j’observe les jeunes prospects qui vont débarquer en NBA, et j’essaie d’en analyser plus en profondeur certains. Parmi les futurs candidats au prestigieux first pick, j’ai un coup de foudre, un vrai. Il a toutes les qualités que j’aime chez un prospect, c’est un grand ball-handler avec du toucher qui maîtrise le rythme d’un match comme personne : oui comme beaucoup j’ai jeté mon dévolu sur Cade Cunningham. Dans cette cuvée qui s’annonce relevé, un candidat a la côte derrière l’ancien d’Oklahoma State : un certain Jalen Green. 

The Dream Take looks into Jalen Green and Jonathan Kuminga - The Dream Shake
Jalen Green lors de sa saison pré-draft en G-League, ici avec Jonathan Kuminga

 

 

 

 

 

 

 

J’avoue ne pas partager tout cet engouement, pour moi les défauts sont bien trop importants. Jalen est un phénomène athlétique c’est vrai en plus d’être déjà une star médiatique mais à part ça le produit est trop brut. Le handle est très moyen, le playmaking vraiment à travailler avec parfois (souvent) une vision tunnel et la sélection de tirs est questionnable. Et puis l’irrégularité est à en perdre ses derniers cheveux mais ça encore, ce n’est pas très grave, c’est un très jeune joueur. La défense non plus n’est pas terrible. En bref, son jeu manque vraiment de cérébralité, et moi je ne suis pas fan de ce profil. 

Et pourtant les Rockets vont jeter leur dévolu sur ce diamant brut en 2e choix, alors qu’à l’époque je ne l’estimais qu’à la 4e place de mon ‘board’ de scout amateur. A la bataille avec Suggs et Barnes mais loin, très loin d’Evan Mobley. 

Une première saison intriguante, l’envie de se laisser tenter

Fil-Am Green picked by Rockets - Manila Standard
Jalen Green au moment de sa draft

 

 

N’étant pas un scout vraiment confirmé à ma petite échelle, je vais alors voir d’autres scoutings reports pour essayer de comprendre qu’ont vu les gens que je n’ai pas vu ? Je comprends alors plusieurs choses mais principalement une : les Rockets avaient besoin avant tout d’une star dans leur début de projet avec une équipe moribonde : Jalen Green en est une. Mais si une chose est sûre avec le scouting c’est qu’il faut être ouvert d’esprit, accepter de s’être trompé mais surtout accepter que les joueurs peuvent évoluer. Laissons la chance à Jalen de montrer ce qu’il vaut. 

La saison passe et me voilà forcé de constater que cette saison 1 du projet laisse entrevoir de grandes choses. Le rookie montre des flashs absolument dingue : le premier pas est lunaire, il semble pouvoir créer la différence avec n’importe qui, mais vraiment. Et puis le shoot rentre plutôt bien. Sur l’ensemble de sa saison rookie, il score avec une efficacité de 97 TS+, seulement 3% moins efficace que la moyenne NBA, c’est ultra encourageant pour un jeune guard, encore plus au vu de sa sélection de tirs et du fait qu’il joue sans meneur de jeu…   

Jalen Green avec les fans des Rockets lors de sa saison rookie

Plus excitant encore, sur les 30 derniers matchs de régulière c’est 21 points de moyenne mais surtout 39% de loin sur 7 tirs/match ! Et si on juge l’efficacité globale sur cette période : 1.19 pts/tir soit, déjà +5% par rapport à la moyenne de la ligue cette saison. Ce n’est qu’un échantillon de 30 matchs, mais qu’il est alléchant pour un jeune scoreur… 

Et plein de choses hors basket me rassurent et me donnent envie d’aimer Jalen : sa mentalité, il semble profondément aimer le basket et être un passionné du jeu, on apprendra même plus tard qu’il a remis en place lui-même des vétérans du vestiaire pendant sa saison rookie.

Et puis ça vaut ce que ça vaut mais il semble très investi dans la communauté de la ville de Houston, organise des événements de charité, semble vraiment aimer prendre du temps pour les fans… Bref il semble humain, presque trop parfois tant la confiance peut aller du tout au tout mais c’est aussi pour ça qu’il est attachant. Et le fait qu’il soit dans un marasme absolu de basket, sans coach ni meneur de jeu, me donne de l’empathie pour lui. Et puis c’est précisément ça, il performe déjà à bon niveau dans ces conditions, alors imaginons dans de meilleures…

Je m’engage et tu me déçois, nous serions nous trompé ?

L’année 2 commence pour Jalen et à l’aube de celle-ci, j’ai énormément d’attentes pour Jalen, mais je suis surtout très excité de le revoir après cette fin de saison canon. Les fans des Rockets le sont aussi et même toute l’organisation semble croire au projet : you re gonna be a star. Ca se sent, dans le jeu, on veut élargir ce bagage technique pas si fourni : Jalen prend beaucoup plus de mi-distance, le tir réservé au superstar. Il joue également bien plus de P&R, tout est fait pour le passer au révélateur et essayer d’en faire ce guy sur qui on peut construire. Les résultats sont mitigés. 

Certaines choses sont très encourageantes : là encore, les flashs de création pour soi-même sont incroyables. Il peut créer la séparation sur un pas, un step-back à peu près sur demande. Les lectures sur P&R sont très positives, notamment avec Sengun en poseur d’écran. Leur jeu à 2 marche très fort et dans ce domaine précis le jeu semble vraiment ralentir pour lui. Il gère bien mieux les prises à deux qu’il subit. L’autre progression notable : il provoque bien plus de fautes qu’avant : son Free Throw Rate passe de 24% à 34% c’est une très bonne progression.

Mais d’un autre côté le tir ne rentre plus si bien, on se demande si ce n’était pas une surchauffe. Et puis certains défauts majeurs ne sont toujours pas gommés : la défense est absolument catastrophique sans aucune envie ni aucun fondamentaux. La sélection de tirs est très inquiétante, peut-être pire que la saison passée puisqu’on l’encourage désormais à prendre des mi-distance. Il passe de 20% de tirs pris à mi-distance à 30%. Et puis l’irrégularité… comment mieux la résumer que par ce back2back face aux Wolves où JG enchaine 40pts puis… 8pts.

Au final, je suis déçu j’ai l’impression de m’être trompé sur son cas une deuxième fois : 92 de TS+ sur la saison, c’est moins bien que l’an passé et c’est inquiétant à ce niveau là. Le costume de superstar semble trop large mais malgré tout, n’oublions pas les progrès indéniables et puis surtout les circonstances sont plus qu’atténuantes. Ime Udoka arrive, ça pourrait lui faire vraiment passer ce cap…

Jalen Green lors de son career high de 42pts face aux WOlves lors de sa saison sophomore

 

Et maintenant, où en sommes-nous ? À la recherche de l’efficacité

Les Rockets 2023-24 sont une équipe bien mieux construite que ce que l’on aurait pu penser cet été mais malgré tout encore perfectible. Autour d’Alperen Sengun en hub offensif et des ailiers défensifs d’élite que sont Jabari Smith et Dillon Brooks, il manque clairement un scoreur d’élite, capable de se créer son tir, c’est flagrant comme le nez au milieu du visage. Ça devrait être Jalen Green, mais où en est-il dans sa progression ? 

Après 3 premiers matchs compliqués, Jalen monte en régime, il trouve un peu d’efficacité, sur le mois de novembre : 1.18 pts/tir (= au-dessus de la moyenne). Mais surtout ses progrès dans les autres aspects sont ceux qu’on attendait avec l’arrivée du nouveau coach : il est capable de très bonne séquence défensive on-ball, et le playmaking semble suivre sa courbe de progression. On le voit même réaliser ses premières lectures avancées dans un match contre Denver où Van Vleet est absent, il finit à 9 assists.

Et puis patatra, plus rien ne rentre, la crise de confiance est plus criante que jamais. Sauf que cette fois-ci, Houston n’a plus le temps d’attendre et veut gagner. Résultat ? Jalen Green va se faire bencher salement par Ime Udoka. Et c’est logique, il est inefficace à un point où c’est un vrai poids pour l’équipe. 

Mais pour autant, on ne semble pas laisser tomber le projet du côté du coaching staff, et ça semble logique au vu du talent et du fait que ce sont seulement ses premiers mois avec Udoka. Depuis quelques matchs, on semble avoir pris un virage pour faire enfin trouver de l’efficacité à Jalen Green. Dehors les mi-distance qui ne rentrent même pas à 40%, bienvenue le bombardement à 3 pts. Depuis le 27 décembre : 9 tirs de loin par match pris par l’arrière. 

Jalen Green et Ime Udoka lors du match face aux Grizzlies le 22/11/2023

Le but est simple, ouvrir le jeu à Jalen. Il faut absolument changer sa sélection de tirs, une telle inefficacité ne pouvait plus durer. 1.08pts/tir au global cette saison : 92 TS+, -8% par rapport à la moyenne, pour un scoreur ça fait tâche. Et c’est peut-être en faisant de lui un shooteur en premier lieu que cela va changer. Le jeu sans ballon doit être travaillé mais ce n’est pas le plus dur.

L’avenir nous dira si JG4 peut tenir un tel volume mais forcé de constater que pour l’instant, ça fonctionne : 42% de loin et 1.2 points/tirs. Et cette gravité de shooteur qu’il essaie de créer pourrait aussi lui ouvrir tout le reste, notamment des lignes de drive ou de cut où malgré ses qualités naturelles, il galère toujours. 

Aujourd’hui, Jalen Green a déjà atteint mon scénario optimiste concernant son playmaking et sa défense. Pour autant, son plus gros problème est son scoring en dent de scie. Vraiment curieux pour un joueur drafté justement pour son aisance à mettre la balle dans le panier. Doit-on abandonner le projet pour autant ? Je ne pense pas, les flashs sont toujours là, et surtout ce sont ses premiers mois avec Udoka. Le travail commence vraiment maintenant. Avec une meilleure sélection de tirs, peut-être la confiance va venir et peut-être trouvera-t-il enfin son rôle, dans une équipe compétitive. Mais s’il n’y arrive pas rapidement, croyez-moi sur parole, Cam Whitmore ne se fera pas prier… 

L'homme aux multiples threads sur Twitter, je dors peu pour regarder souvent les exploits de Jalen Brunson et consorts. Mais pas que, j'aime le basketball avant tout. Un sport magnifiquement complexe, alors tentons de le rendre accessible à tous.

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