Je pensais assister à un simple All Star Game “version handisport”. J’ai découvert un sport, plus physique, plus rapide et plus technique que tout ce que j’avais imaginé. Cette première édition m’a secoué dans le bon comme dans le moins bon.
Je suis arrivé au Prisme de Bobigny avec curiosité, sans vraiment savoir à quoi m’attendre de ce All Star Game « version handisport ». La salle, partiellement remplie malgré les terrains LED flambant neufs, baignait dans une ambiance encore timide. Avant le match principal, place au 3×3 féminin et U23, un avant-goût déjà très révélateur.
Jeu rapide, contact permanent et gestes techniques. J’ai été très surpris de voir à quel point les athlètes parlaient entre eux, se guidaient, se plaçaient, utilisaient le fauteuil comme un véritable outil stratégique, notamment pour créer des blocs en opposition.
L’échauffement des invitées a confirmé mes intuitions. Alain Bernard, Alexandra Boucher ou encore Sasha Zhoya, tous venus tester le basket fauteuil, peinaient à maîtriser ces fauteuils avec : deux grandes roues incurvées, trois ou quatre petites comme sur une chaise de bureau, un dossier ajusté selon les joueurs. Clarisse Agbégnénou, bonnet de noël vissé sur la tête, lâchait un honnête : “C’est très dur… mais un peu moins que le tennis !”
Même les contres m’ont bluffé, la vitesse est telle que les roues décollent parfois du sol. Entre deux actions, j’observais ces mini-équilibres sur une roue, ces changements de direction sans les mains, et je réalisais que la technique de tir restait quasiment la même qu’en basket traditionnel, simplement adaptée. Dans le 4 vs 4 EDF vs IDF, certains prenaient des tirs à trois points en pleine course. J’en restais bouche bée.
Un All Star Game qui débute timidement
Quand le vrai show devait commencer, le Skill Show, la salle était encore loin d’être pleine. Slalom, petit panier, mi-distance, demi-finales, finale. C’était propre, technique, mais étrangement peu sacralisé. Pas de jeux de lumière, pas de montée en tension. Seul Jhan-Carlos Quintero (Team Monde) semblait vraiment jouer le rôle de showman, jusqu’à battre Killiann Médus (Team France) en finale.
J’ai noté ce premier flop : un contenu très bon, mais peu mis en scène du basket fauteuil. Le show du All Star Game promis ressemblait plus à un échauffement amélioré qu’à un moment phare. Dommage.
Lorsque la Team France (en doré) et la Team Monde (en blanc) ont fait leur entrée, l’ambiance a changé de dimension. Jeux de lumière, fumée, drapeaux français distribués dans le public. Le Prisme se montre enfin.
Dès la mise en jeu, la vitesse du basket fauteuil m’a frappé. Le premier panier français a mis tout le monde debout, immédiatement suivi d’un trois points de la Team Monde. Ensuite, ce fut un mélange fascinant d’intensité et d’ingéniosité : Des contre-attaques stoppées net par des blocs parfaitement réglés, des fauteuils qui se percutent presque comme des auto-tamponneuses, une stratégie axée sur l’accès à la raquette, très peu de tirs mi-distance ou longue distance et des retournements de fauteuils tout au long du match, toujours suivis d’un retour en jeu express.
Un match qu’ils veulent gagner

Dès le premier quart-temps de ce All Star Game, les contacts sont secs, les blocs agressifs, les transitions menées à toute allure. À la fin du QT1, la Team Monde vire en tête, 21-19. La salle, encore en rodage, commence à monter en température, portée par l’arrivée des cheerleaders et des goodies lancés dans les tribunes. Le public du Prisme se réveille de sa première sieste.
Le deuxième quart-temps change de dynamique. La France, plus disciplinée défensivement, verrouille la raquette et s’offre plusieurs contre-attaques. Le public sent qu’il se passe quelque chose, et l’ambiance bascule quand les Bleus virent en tête, 39-33. Le freestyler Suitman, venu faire son numéro de basket acrobatique, finit d’électriser les gradins pendant la pause.
La bataille du All Star Game entre les deux sélections se prolonge avec le concours à trois points. Et là encore,Sébastien Evanno frappe fort : mécanique pure, cadence rapide, il surclasse tout le monde 16 points en demi puis 15 pour la finale. La victoire du Français semble confirmer que la soirée pourrait bien tourner à l’avantage de l’équipe dorée.
Toujours pendant la pause, le “Shoot du siècle” permet à deux spectateurs de se glisser dans un fauteuil pour tenter de marquer un lancer franc (et remporter un 1 an de salle de sport offert). Un moment assez drôle au vu de leur maladresse, mais qui rappelle à quel point c’est compliqué de shooter assis, sur un panier de 3,05 mètres.
Quand le jeu reprend, la France repart fort et garde son avantage. Fin du QT3 : 49-41. Le public repart en sieste (cette fois digestive), heureusement que le lanceur de goodies est un sniper et réveille les endormis.
Le dernier quart-temps va tout renverser. La Team Monde, piquée dans son orgueil, hausse le ton. Une erreur de lumière, la salle qui s’assombrit sans prévenir, vient perturber quelques secondes de jeu. Mais les dix dernières minutes ressemblent à un bras de fer continu. Le public (enfin debout), et les deux bancs vivent chaque action, mais malgré la domination française pendant trois quarts-temps, c’est finalement la Team Monde qui l’emporte 64-59, dans une fin de match sous haute tension.
Si la victoire est pour les étrangers, les récompenses se partagent :
- MVP : André Massouanga (France)
- Skill Show : Jhan-Carlos Quintero (Monde)
- 3 points : Sébastien Evanno (France)
Ce que j’en retiens : un sport incroyable, un événement encore perfectible
Mes Tops : L’intensité du match, bien plus physique que prévu. La qualité technique des joueurs, les intermittents du spectacle (cheerleaders, le freestyler Suitman, le tireur de goodies), l’accessibilité du sport : j’ai compris, en quelques minutes la façon de jouer et les stratégies.
Mes Flops : Un cruel manque global de show sur l’entièreté de l’événement, une salle trop vide au début et qui s’endort trop souvent, quelques couacs techniques, dont la lumière qui se baisse en plein match, un Skill Show qui mériterait d’être traité comme un vrai moment fort, et pas seulement un truc qu’on jette sous le bus.
Je suis sorti du Prisme assez content dans l’ensemble. Le basket fauteuil n’est pas une déclinaison “adaptée” du basket, c’est un sport exigeant, spectaculaire, physique. Et ça ne reste que la première édition d’un événement qui ne peut que s’améliorer.





