Chaque année, à la fin des playoffs NBA, je me pose la même question : comment vais-je combler ce vide de basket-ball ? Les années paires, la solution est vite trouvée grâce à l’Euro ou la Coupe du Monde de football et parfois les Jeux Olympiques. Or, nous sommes aujourd’hui en 2025 et comme le Tour de France se fait attendre, j’ai décidé de me pencher sur une ligue qui me faisait de l’œil depuis un certain temps : la WNBA.

Le championnat de basket féminin le plus relevé de la planète a démarré sa saison, il y a quelques jours, dans un anonymat de moins en moins confidentiel. Après avoir visionné plusieurs matchs, mon bilan est sans appel : j’ai pris un pied phénoménal ! Alors montez dans le train, j’ai listé quelques points variés qui pourraient enjouer vos prochaines semaines.

Un univers en développement

La WNBA est une ligue plutôt jeune, elle fêtera ses 30 ans l’an prochain. C’est un des critères (en plus de l’invisibilisation systémique des milieux exclusivement féminins, mais ça c’est un autre débat) qui explique la faible notoriété de ce championnat. Durant des lustres, elle a survécu grâce au soutien financier de sa grande sœur, la NBA. Difficile de faire une meilleure carrière que son aînée, demandez à Monica Cruz, la cadette de Pénélope. Vous ne la connaissez pas ? Moi non plus.

Cette confidentialité n’est pas à associer avec un désert médiatique pour autant, et c’est un des points à souligner. J’avais peur de débarquer dans un océan de méconnaissance sans lanterne pour me guider, ce n’est pas le cas, quelques personnes sont présentes pour allumer la lumière. L’équipe de Swish Swish sur leur site internet, Who Got Next et Greg MBV sur YouTube notamment. Pour ce qui est de la diffusion des matchs, un système de league pass est instauré comme en NBA avec comme principale différence le prix : comptez une trentaine d’euros pour la saison, une aubaine en d’autres termes.

Il n’y a pas que l’environnement médiatique qui se développe, la WNBA en elle-même aussi. La ligue cherche à grandir et pour cela, elle va accueillir 3 nouvelles franchises d’ici les prochaines saisons. Une à Golden State qui a commencé cette aventure en WNBA cette saison, une à Toronto qui fera son apparition en 2026 et une à Portland qui devrait arriver à la même date. Ces additions positives participent à la création d’une émulation pour les propriétaires, les marques ou les suiveurs : c’est un bon moment pour accrocher le wagon.

Caitlin Clark

Caitlin Clark face au Sky de Chicago. Credit : Trevor Ruszkowski

Tous les suiveurs de basket-ball ont entendu parler de cette jeune femme élue « athlète de l’année » en 2024. Elle est parvenue à transgresser l’ordre des genres en provoquant des audiences télé absolument folles aux Etats-Unis et fracasser des records NCAA historiques. Bref, pas besoin de la présenter, la planète basket la connaît déjà. Mais au-delà des chiffres, des performances et des publicités, il y a le jeu.

Caitlin Clark est une joueuse exceptionnelle, ça saute aux yeux dès les premières secondes. Je n’ai pas envie de décrire son jeu en utilisant des superlatifs parce que je n’aime pas ça, je préfère reste proche des termes technico-tactiques ça évite de s’emballer pour des flammes éphémères. Oui sauf qu’avec Clark, j’ai envie de parler de coup de cœur, ce qui est assez éloigné de ce que j’expose deux lignes plus haut vous en conviendrez. Son basket n’est pas encore totalement juste, elle entame sa deuxième saison professionnelle rappelons-le. Paradoxalement, les poussières dans les rouages de son jeu ajoutent un petit truc en plus, elles rappellent que nous ne sommes qu’à l’aube d’un phénomène générationnel.

Elle est incontestablement la joueuse que je retiendrai au sein de mon initiation à la WNBA. Elle m’a semblé un cran au-dessus des autres dans sa capacité à dicter le rythme d’un match. Sa relation avec Aliyah Boston, sur pick and roll notamment, met en valeur ses qualités de playmaking déjà élite. Le duo risque d’être un des points clés de la saison du côté d’Indiana, espérons qu’elles restent en bonne santé.

Du mouvement et des cuts

Une des principales singularités tactiques qui m’a sauté aux yeux, c’est l’importance des déplacements. Les joueuses bougent beaucoup, peut-être plus que leurs homologues en NBA. Le jeu de coupe est primordial.

L’un des moyens les plus utilisés pour mettre en valeur cette qualité de jeu sans ballon, c’est d’éloigner le pivot adverse du panier. J’ai vu énormément de possession impliquant l’intérieure très haut afin de laisser de l’espace dans la raquette. Pour cela, pas mal de sets en « horns » ont été utilisés comme ci-dessous. Deux joueuses dans les corners et deux grandes en tête de raquette qui forment une sorte de A.

La mode du « roaming », lorsqu’un intérieur lâche son joueur, souvent un mauvais shooteur à 3-points, afin de protéger le panier, ne semble pas avoir atterri en WNBA. Les protectrices de cercle sont, pour le moment, assez disciplinées à rester sur leur vis-à-vis. Une fois la grande éloignée du cercle, l’accès au panier est souvent simplifié. D’où l’importance de savoir jouer sans ballon et de multiplier les cuts bien sentis.

Dans le même registre, beaucoup d’intérieures sont utilisées en « hub ». Ce sont elles, et non pas des guards, qui sont à l’origine de la création offensive avec des mains à mains et du jeu en short roll. L’une des joueuses que j’ai retenue est Jessica Shepard, intérieure chez les Lynx de Minnesota. Elle possède une bonne mobilité pour sa taille, un jeu de passe de qualité et pose de bons écrans. Une des joueuses que je vais suivre avec attention durant l’été.

L’aspect télévisuel

Cet hiver, par pur amour envers Killian Hayes, je me suis infligé un match de G-League. Rien ne m’a plu dans cette expérience, que ce soit le niveau de jeu, la réalisation télé ou encore les maillots au design effroyables. J’avais peur que la WNBA soit du même acabit. J’avais tort.

Le rendu télévisuel est de grande qualité et n’a rien à envier à la NBA. Je n’ai vu aucun zoom intempestif ni changement de plan en plein drive comme en G-League. Pour ce début de saison, les salles sont garnies. L’année dernière, la Ligue a battu son record d’affluence moyenne sur une saison, de bon augure pour la suite. Forcément, l’ambiance était remarquable dans la plupart des matchs.

Le Chase Center quand il accueille les Valkyries. Credit : AFP

Pour ce qui est des maillots, j’en ai retenu 2 qui valent le coup d’œil. D’abord, la toute nouvelle franchise de Golden State, les Valkyries, ont mis le paquet sur leur identité visuelle et ça se voit. Baignée dans une atmosphère violette et noire, la salle est magnifique. Les tenues quant à elles, sont plutôt sobres, un mélange de blanc, noir et violet. Une réussite. 

La seconde équipe est le Fever d’Indiana, la franchise de Caitlin Clark. Les maillots n’ont rien d’extravagant mais m’ont tapé dans l’œil malgré tout. Les liserés jaune, rouge et noirs à l’allemande fonctionnent parfaitement avec le bleu marine. Mention spéciale à la seconde tunique, un rouge uni que je trouve très réussi.

Les Washington Mystics

Parmi toutes ces bonnes nouvelles, il fallait bien que je cite une équipe en particulier. Ce sera Washington, non pas les Wizards mais bien les Mystics.

Parmi les choses positives à dire sur cette franchise, commençons par une individualité : Jade Melbourne. Il s’agit d’une australienne, oui parfois les noms de famille sont bien faits, évoluant au poste d’arrière qui entame sa troisième saison dans la ligue. Quand on se branche sur les matchs de Washington, c’est impossible de passer à côté de son profil. Elle ajoute une énergie folle des deux côtés du terrain, que ce soit par son agressivité ou le rythme offensif qu’elle impose. Elle est capable de choses assez variées et risque de s’imposer rapidement comme une titulaire. Ses qualités en défense off-ball peuvent devenir une clé dans la zone 2-3 que proposent parfois les Mystics. Pour approfondir ce sujet, voici analyse de son jeu.

L’australienne s’inscrit dans un effectif rempli de joueuses jeunes qui ont brillé lors des premiers matchs. Parmi elles, les rookies Kiki Iriafen et Sonia Citron. Elles brillent déjà avec des performances importantes dans les victoires des Mystics. La première est une intérieure déjà « WNBA ready » avec un super toucher près du panier. La seconde est le choix numéro 3 de la dernière Draft, un arrière qui s’est mise en valeur grâce à ses coupes backdoor et son panier clutch dimanche soir. Hâte de voir leur évolution au sein d’une équipe qui ne vise rien cette saison.

Enfin, quelques mots sur Brittney Sykes. Après Caitlin Clark, c’est la joueuse qui a le plus retenu mon attention. Il s’agit d’une arrière, encore une fois, au profil bien différent des précédentes cependant. Elle est dans le prime de sa carrière puisqu’elle entame sa neuvième saison en WNBA. Dans le sac de Sykes, de nombreuses récompenses individuelles telles que de nombreuses nominations dans les All Defensive Team ainsi que 2 podiums au DPOY. Il s’agit donc d’une formidable défenseuse sur l’homme, pourtant plutôt sous dimensionnée puisqu’elle mesure 1m75.Mais ce n’est pas ce qui m’a le plus impressionné chez elle. Ce que Brittney Sykes possède de plus que les autres, c’est sa capacité à driver. Elle a terrorisé les défenses d’Atlanta et de Connecticut avec ses pénétrations sur sa main droite comme sur sa main gauche. Le tout en obtenant de nombreux lancers francs. Avec le playmaking de Clark, le drive de Sykes est la capacité la plus « élite » que j’ai vu.

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