En cette année Olympique, tous les internationaux français n’avaient qu’un seul but en tête, les Jeux de Paris. Isaïa Cordinier, lui a fait le job. Auteur d’une saison complète en Italie, dans le club du Virtus Bologna, le poste 3 français a une nouvelle fois montré qu’il était un joueur indispensable de cette équipe. Et si les déceptions collectives ont été fortes cette année, il a tout de même su garder la tête haute jusqu’aux derniers moments de la saison pour obtenir sa place dans le groupe élargi de Vincent Collet. Retour sur la superbe saison de Isaïa Cordinier.
Une saison complète pour une place aux Jeux ?
Depuis maintenant 3 saisons, l’enfant né à Créteil porte fièrement les couleurs du Virtus Bologna. Convoité par le club italien à la suite de 2 saisons exceptionnelles passées du côté de Nanterre, il était censé palier la blessure d’Awudu Abass mais a su finalement s’imposer comme un vrai titulaire dans l’équipe poussant les dirigeants à le conserver.
Depuis de nombreuses saisons maintenant, le club de la ville de Bologne vit une progression juste exceptionnelle, mais qui est loin d’être un hasard. Passant de simple équipe de milieu de tableau à vainqueur du championnat italien mais également de l’EuroCup, le Virtus peut remercier un homme qui va changer le destin de son club formateur. Et cet homme c’est Marco Belinelli, la légende italienne retrouve son club formateur après 13 années passées de l’autre côté de l’Atlantique.
Il va être le point central du projet en attirant énormément de gros joueurs, assez expérimentés. On pense notamment à des gars comme Tornike Shengelia, Iffe Lundberg, ou Ante Zizic. Le plan de recrutement de cette équipe a également été très intelligent car ils ont réussi à récupérer des joueurs évoluant dans des clubs russes au début du conflit entre l’Ukraine et la Russie, avec une masse salariale qui est donc moins importante car ces joueurs avaient besoin d’une solution rapide.
Et quand un projet est aussi bien ficelé, il n’est vraiment pas simple de se créer une place dans un effectif aussi compétitif. Pourtant le jeune Isaïa Cordinier y est parvenu, et est devenu un élément plus qu’indispensable à ce groupe. Durant ces 2 premières saisons il a su gagner la confiance du staff et commence donc cette nouvelle année en Euroligue dans le 5 majeur, devant Awudu Abass. D’un point de vue statistique, l’international français aura été impactant dans tous les domaines, terminant sa saison à 8,6 points, 3,8 rebonds et 2,6 passes, tous ça en shootant à 48% de réussite.
Il a été ultra régulier offensivement pendant cette saison, et a fait de gros progrès dans de nombreux secteurs. On peut parler par exemple de son shoot à trois points qui est depuis ses débuts, son plus gros défaut. Passant de 23,9% à 33,8%, l’ailier français nous a enfin montré qu’il s’était adapté aux défenses intensives des clubs d’Euroligue.
Mais il a également retrouvé son sens collectif. Des qualités qu’on avait pu remarquer chez lui lors de son passage à Nanterre, mais qui s’était malheureusement perdu en route depuis. Et c’est un atout de son jeu qui est très important, car sa vitesse sur les premiers pas lui permet de créer des espaces conséquents pour ses coéquipiers. Statistiquement il a presque doublé son nombre de passes décisives, passant de 1,5 en 2023 à 2,7 cette saison.
Défensivement, il reste un très bon atout. Et si les stats ne sont pas très impressionnante (0,9 steal), elles ne sont absolument pas représentative de son apport. C’est un joueur très dynamique qui s’est très bien adapté à l’intensité de l’Euroligue et est devenu un voleur de ballon solide dans l’Elite européen. Il est aussi à l’aise sur des défenses individuelles que collectives ce qui permet à son staff de changer de styles défensif selon les besoins.
Son impact défensif s’est d’ailleurs fait ressentir en fin de saison, lorsque l’international français manquera les 5 derniers matchs de la saison régulière d’Euroligue. Son absence a été une vraie perte de repères pour toute son équipe qui a finit la saison sur 5 défaites, écartant définitivement Bologne du top 6. Pour vous donnez une idée, le Virtus a encaissé sur ses 5 matchs 91,6 points par match, contre 82,1 sur le reste de la saison.
Une absence qui avait donc fait tâche dans les résultats de Bologne. Leur coach Luca Banchi avait d’ailleurs évoqué l’absence et l’importance d’Isaïa Cordinier dans ce groupe à la suite du dernier match de saison régulière.
« Quand vous commencez à perdre match sur match et qu’ensuite vous perdez votre meilleur scoreur (Shengelia) et votre meilleur coéquipier, le gars qui stabilise notre défense (Cordinier), c’est vraiment compliqué de relancer une nouvelle dynamique. »
Un joueur qui a donc su s’imposer comme un élément indispensable de son club. Un vrai métronome qui s’est satisfaire son équipe dans tous les instants. Vincent Collet avait déjà eu l’occasion de le tester et il a toujours répondu présent quelque soit l’enjeu, un profil très intéressant qui pourrait bien faire parti de l’aventure Bleu aux Jeux Olympiques.
Un ailier athlétique et un coéquipier en or: Le 12ème homme parfait ?
Isaïa Cordinier aura l’occasion d’apporter son énergie et son punch en sortie de banc. Derrière un Bilal Coulibaly et un Nicolas Batum, le joueur de Bologne aura clairement sa carte à jouer grâce notamment à ses nombreuses qualités athlétiques. Un profil complet qui peut également dépanner au poste 2.
En effet c’est un athlète excellent qui base son jeu sur sa rapidité. Il est également doté de capacités de saut impressionnantes. Il fait également preuve dans ses mouvements, d’une agilité et d’un contrôle corporel assez remarquables. Sur le plan physique, si il n’est effectivement pas le plus robuste, ni le plus grand, il a en revanche une très bonne envergure et a le profil type du voleur de ballon par excellence.
Défensivement, c’est un très bon défenseur extérieur qui use beaucoup de ses qualités athlétiques pour être performant. On peut notamment noter sa rapidité latérale et son intensité débordante qui sont souvent très usante pour ses adversaires. Mais c’est un joueur également très smart, il a une compréhension de la défense collective que très peu de joueurs ont la chance d’avoir. Il est donc également un très bon intercepteur, et cela s’explique par son profil physique et son sens du timing.
Offensivement, il a également un jeu très basé sur ses qualités athlétiques et particulièrement sur sa vitesse. Il montre par exemple de solides capacités sur des cuts ou plus généralement dans le jeu sans ballon avec un changement de vitesse et de direction efficace, grâce à son excellent jeu de jambes. Il a donc un très bon instinct lorsqu’il s’agit d’aller mettre des points, ce qui ne veut pas dire qu’il ne possède pas un sens collectif très développé.
Le joueur de Bologne n’est vraiment pas égoïste, ce qui n’est pas à négliger. Sa capacité à être un playmaker est indéniable et rend son jeu très peu stéréotypé. Sa qualité au shoot n’est certes pas des plus impressionnante, mais il fait tout de même d’énormes progrès et est devenu au fur et à mesure des années, un joueur de plus en plus fiable dans ce domaine.
Un très bon two-way player que le staff de l’Equipe de France commence à connaitre. Il a notamment vécu l’année dernière suite au forfait de Frank Ntilikina, sa première compétition internationale avec l’élite du basket français, et a pu montrer sa polyvalence tout au long de la compétition.
Une expérience en Bleu qui va peser dans les choix
Après avoir porter le maillot des Bleus presque 30 fois, l’ancien joueur de Nanterre a réussi à gagner pleinement la confiance de Vincent Collet lors de la dernière coupe du monde de basket. Une première dans une grande compétition internationale qui lui a très bien réussi, bien plus qu’au reste du groupe qui a du se contenter d’une décevante 18ème place. Son attitude remarquable a d’ailleurs été souligné très fortement par Vincent Collet:
« Je lui ai dit qu’il a eu la bonne attitude. Dès les premiers entraînements, on a vu qu’il avait faim. Il a loupé de peu d’être beaucoup plus que le meilleur joueur du dernier match. En tout cas, il a marqué des points avec qui que ce soit. C’est bien pour lui. »
Et oui Isaïa Cordinier a su sortir la tête de l’eau pour montrer toute sa valeur au staff de l’Équipe de France. Après une élimination précoce dès le tour préliminaire, le moral des troupes était au plus bas mais il savait que lui jouait peut-être sa place aux JO sur ces quelques matchs.
Après 2 performances correctes face à l’Iran et au Liban, il va nous livrer une partition pas loin d’être parfaite sur le dernier match face à la Côte d’Ivoire. Une performance avec 19 points, 5 rebonds, 4 passes à 75% au shoot qui a vraiment laissé des traces positives dans ce mondial si cruel. Ce match reste toujours son plus bel accomplissement sous le maillot Bleu.
Isaïa Cordinier avait été appelé pour la première fois en Bleu, en février 2020. A la suite d’un début de saison incroyable avec Nanterre que ce soit en Eurocoupe ou en Jeep Elite, le joueur formé à Antibes va vivre logiquement sa première expérience avec l’Equipe de France. Et pour une première, elle a été plutôt concluante.
Très constant et en confiance avec son shoot tout au long de la campagne de qualification, Isaïa a été le métronome de ce groupe où il a su clairement acquérir la confiance de son coach autant par ses performances (7,8 points, 4,5 rebonds avec une réussite au shoot de 58,1%) que par son très bon état d’esprit.
Autre élément à noter, sa présence dans le money time. Dans le seul match serré des qualifications pour les Bleus face au Moténégro, Isaïa Cordinier s’est révélé en homme fiable pour Vincent Collet. Auteur de 5 de ses 9 points dans les 3 dernières minutes du match, l’actuel joueur de Bologne a mis d’accord tous le monde en mettant un floater ultra clutch à moins de 30 secondes de la fin, scellant d’une part le sort de ce match et sa présence dans les futurs rassemblements de l’Equipe de France.
Alors que nous nous approchons du dénouement de la liste des joueurs qui seront du voyage pour les JO, Isaïa Cordinier apparait comme un élément idéal pour le banc de l’Équipe de France. Sortant d’une bonne saison avec le Virtus Bologna, il aura probablement à cœur de montrer toute sa polyvalence des deux côtés du terrain pendant toute la prépa. Son expérience et son caractère motivateur sont également de très bons arguments, et lui permettront peut-être de s’imposer dans ce groupe où la concurrence ne manque pas.