Les Indiana Pacers ont rappelé que le collectif pouvait encore être roi en NBA. Grâce à sa défense solidaire, son attaque en mouvement et sa vision du jeu, la franchise d’Indianapolis a marqué sa patte sur toute la ligue. Au final, les Pacers ont été auteurs de 50 victoires en saison régulière, champion de la conférence Est et ont accroché une finale NBA, perdue lors du Game 7 contre Oklahoma City.
Dans une ligue où la lumière est accaparée par les individualités, Indiana a pris un autre chemin. Celui d’un jeu à cinq, d’un ballon qui vit, d’une équipe qui joue ensemble. Ce n’est pas une équipe qui joue pour les highlights mais pour le panier d’après. Les Pacers ne sont pas champions NBA (battus au Game 7 par Oklahoma City, champion NBA emmené par un grand Shai Gilgeous-Alexander, MVP de la saison régulière et des finales) mais ils ont marqué la saison.
Ils ont terminé 4 ème à l’Est avec 50 victoires (une première depuis 2014), remporté la conférence en dominant New York, et atteint la grande finale (une première depuis 2000, finale perdue face aux Lakers de Los Angeles). Ces résultats marquent le résultat d’un plan, d’une exigence et d’un entraineur, Rick Carlisle, revenu pour donner une âme à cette franchise.
Une défense collective qui fait la différence
Tout commence de l’autre bout du terrain. Ce qui a porté Indiana, c’est d’abord sa défense, collective, réactive et rigoureuse. Ils n’ont pas de spécialistes incontournables du domaine mais une mécanique bien huilée, une communication constante et des efforts partagés.
Face au Thunder d’Oklahoma City, meilleure attaque de la saison et future championne, Indiana n’a jamais lâché. Myles Turner, pourtant pierre angulaire de la raquette, a connu des finales très compliquées. Avec une moyenne de 10 points, 4 rebonds et seulement 37% au tir, le pivot de 2m11 a déçu. Malgré ces chiffres, Turner a continué de se battre. Autour de lui, l’effort a été collectif.

Aaron Nesmith a assumé des missions défensives intenses sur les lignes extérieures. Dans le même temps, T.J McConnell a apporté son impact défensif. D’autant plus que Bennedict Mathurin, Obi Toppin ou encore Andrew Nembhard ont chacun amené leur énergie. Le tout orchestré par l’idée de défendre à cinq tout le temps, de fermer les lignes de passes et de forcer l’adversaire à douter.
Indiana n’a pas une défense de stars mais une défense d’équipe. Et c’est grâce à cette défense que les Pacers ont existé jusqu’au bout malgré les blessures et la pression.
Un jeu façonné par la passe
En attaque, Indiana a fait le choix du mouvement, celui du ballon. Un jeu basé sur les coupes vers le cercle, des relais et des lectures. Les Pacers n’ont pas fait d’isolation rapide ou de « Hero ball » mais ont adopté un jeu fluide incarné par leur meneur de jeu, Tyrese Haliburton.
Il n’était pas le meilleur scoreur des Pacers mais leur cerveau. Haliburton était celui qui donnait le tempo à son équipe. Celui qui faisait le liant entre les joueurs, qui lançait les systèmes, qui trouvait les timings ou encore celui qui mettait en valeur ses coéquipiers. Cette saison, l’américain a tourné à 9,2 passes décisives pour 1,6 ballons perdus par match. Longtemps vu comme un joueur « surcoté », parfois même moqué par les fans de NBA, Haliburton a su faire taire les doutes cette année jusqu’à cette finale.
Le Game 7 aurait pu être le sien mais le sort en a décidé autrement. À la fin du 1er quart-temps, l’américain se rompt le tendon d’Achille. Déjà gêné au mollet dans ces finales, Haliburton a mis son corps au profit de l’équipe, témoignant encore de l’esprit d’équipe dont Indiana a fait preuve cette saison. D’ailleurs, le chroniqueur et ancien joueur Frédéric Weis déclarait après le match 7 au micro de Bein Sport «Je peux prendre le pari tout de suite qu’il ne sera plus jamais le joueur le plus surcoté de la ligue ».
Le jeu restait en place autour de lui. Pascal Siakam, champion NBA en 2019 avec Toronto, a apporté son expérience et son intelligence de déplacement. Il a été incontestablement le meilleur joueur d’Indiana lors de ces finales. À coté de lui Toppin, Nembhard et McConnell ont enchainé les relais, pendant que Mathurin a pesé en transition. Personne n’a forcé le jeu, chacun a pris ce que le jeu lui donnait.
Rien n’est laissé au hasard, les Pacers jouent proprement et ensemble, le scoring est partagé.
C’est le résultat d’un cadre clair, bâti patiemment par Rick Carlisle.
L’architecte Rick Carlisle
En 2021, alors que la franchise n’était que l’ombre d’elle même, une équipe sans identité et sans direction. Rick Carlisle (entraineur adjoint entre 1997 et 2001) revient à Indianapolis avec une vraie vision. « Tricky Ricky » ne fait pas partie de ceux qui crient pour exister. C’est un coach qui structure, qui exige du collectif, de la discipline et de la confiance.
Tyrese Haliburton l’a parfaitement résumé en zone mixte après la victoire au match 4 contre Cleveland « Le coach est un savant dès qu’il s’agit de faire des ajustements et de tirer le meilleur des gars. »
Effectivement, chaque pièce recrutée s’intègre dans un cadre depuis 3 saisons. Haliburton, Siakam, McConnell, Nembhard, Toppin, Mathurin; aucun n’est une superstar au sens classique,tous sont des éléments compatibles.
Carlisle a remis en place les fondamentaux d’une franchise historiquement attachée au jeu collectif. Aujourd’hui, cela se voit sur chaque possession et sur chaque rotation défensive.
Ce qu’a bâti Carlisle à Indiana, c’est plus qu’une équipe, c’est une culture.

Indiana n’a pas remporté le titre, mais a gagné une forme de respect. Les Pacers ont remis le collectif au centre. Ils ont rappelé que, même dans cette NBA ultra individualisée, on pouvait encore jouer ensemble.
Leur parcours s’est arrêté au Game 7, dans une finale où le destin a basculé. Sans Haliburton, difficile de rivaliser jusqu’au bout avec Oklahoma City. Le vainqueur NBA aurait pu être différent. Mais ce n’est pas une fin, ce n’est qu’un début. Les Pacers sont jeunes, leur structure est claire et leur identité est posée, l’an prochain, ils seront là, et encore plus redoutés.