En 75 ans d’existence, la NBA nous aura offert un nombre d’histoire à raconter absolument infini, mais l’une des plus tragicomiques et mystérieuses est sans nul doute l’histoire de Bison Dele. 8 saisons dans la grande ligue, un titre de champion aux côtés de Jordan, Pippen et consorts, puis un tour du monde et une disparition étrange au beau milieu de l’océan Pacifique.
Sa vie avant la NBA
Brian Williams est né le 6 avril 1969 à Fresno en Californie, il est le 2e fils de Eugene Williams, l’un des chanteurs du groupe mythique The Platters. L’enfance de Brian et de son frère Kevin est très difficile : en effet, ils ont été très marqués par le divorce de leurs parents, et ils ne s’entendaient pas du tout. Le jeune Brian souhaitait à l’origine se diriger vers une carrière de sprinteur grâce à des qualités physiques et athlétiques hors normes.
A l’époque, il n’aime pas trop le basket, et la balle orange ne l’intéresse que très peu : en effet, il y joue avec ses amis, mais rien de plus. A cette période, Brian va connaître une immense poussée de croissance qui va lui permettre d’attendre la taille de 2m06 : il rejoint alors l’équipe de basket de son lycée. Sa taille immense et ses capacités athlétiques, largement au-dessus de la moyenne de ses autres camarades de classe, lui permettent de dominer complètement quiconque se mettait en travers de son chemin. Son maillot sera même retiré de la St.Monica Catholic High School de Santa Monica en Californie, et il sera sélectionné pour le McDonalds All-American Game 1987, qui réunit les meilleurs lycéens du pays.
Ces performances tapent dans l’œil des scouts de l’université du Maryland, et Brian s’envole donc à l’autre bout du pays pour porter les couleurs des Terrapins pour la saison NCAA 1987-88. Malgré son potentiel monstrueux, Brian subit quelques déboires dans le Maryland, et après une seule saison et de très très nombreuses engueulades avec son coach Lefty Driesell, il décide de changer de fac et de traverser une nouvelle fois les USA, pour rejoindre l’équipe des Wildcats de l’université d’Arizona. Après une première saison compliquée en raison de restrictions NCAA liées à son transfert, Brian progresse et tourne à 14 points et presque 8 rebonds de moyenne sur la saison 1990-91.
Il se présente donc à la draft NBA de 1991, et il est clairement l’un des gros poissons de cette cuvée, qui comportait pourtant des grands noms comme Larry Johnson en 1st pick, Dikembe Mutombo, ou encore Kenny Smith. Et c’est la jeune équipe d’Orlando qui récupère notre bon Brian, avec le 10e choix de cette draft.
L’arrivée de Bison Dele en NBA
Ça y est, Brian est enfin dans la grande ligue. Et lors de sa saison rookie, le natif de Fresno envoie de bonnes stats en sortie de banc, avec 9 points et 6 rebonds de moyenne. Malheureusement, cela n’empêchera pas le Magic de finir avec le pire bilan de la conférence Est, avec 21 victoires pour 61 défaites. Cela bilan permet au Magic de disposer du 1st pick pour la draft 1992, et comme le hasard fait bien les choses, c’est Shaquille O’Neal qui est disponible cette année. Le front office d’Orlando ne perds pas une seconde, et sélectionne le phénomène de LSU avec leur premier choix.
Voilà une décision qui ravi tout le monde chez Mickey. Tout le monde ? non. En effet, avec l’arrivée de Shaq, le temps de jeu et les moyennes de Brian baissent, et il ne score plus que 4,6 points de moyenne ; alors que pendant ce temps-là, le jeune Shaq casse tout sur son passage, que ce soit les boxscores, les paniers, et les gens assez idiots pour essayer de l’arrêter. Cette situation ne sera pas du tout bénéfique pour Brian, qui sera diagnostiqué dépressif chronique après une tentative de suicide. Mais ce n’était pas la première fois qu’il tentait de se donner la mort, puisqu’en effet, lorsqu’il était plus jeune, il ne passa pas loin de la mort à cause d’une overdose de somnifères.
Malgré cela, Brian a su rester professionnel, et ne manquait jamais aucun match ni entraînement, et ce même s’il souffrait également de malaises récurrents. Cependant, beaucoup de personnes autour de lui ont eu du mal à le cerner, car il ne semblait pas porter beaucoup d’intérêts à sa carrière de basketteur professionnel. En effet, John Gabriel, GM du Magic à cet époque, disait sur lui : « Il était ce genre de gars qui vous regardait dans les yeux, mais qui regardait aussi à travers vous. Il était très difficile à atteindre ». A la fin de la saison 1992/93, Orlando ne compte plus vraiment sur l’intérieur californien, et décide de le transférer durant l’intersaison à Denver, en échange de grosso modo 2 bouts de ficelle et un Twix.
Dans le Colorado, Brian joue 20 minutes par match, et plante 8 points de moyenne, ce qui est un petit peu décevant quand on connait le potentiel que lui prêtaient nombre de spécialistes à l’époque. C’est à cette période que Brian commence également à se faire remarquer en dehors des terrains, notamment en s’habillant de façon très excentrique selon son agent de l’époque, qui le comparait à une rockstar. Il aura cependant un rôle capital dans l’upset incroyable réalisé par les Nuggets face aux Sonics lors du 1er tour des Playoffs de 1994, en tant que doublure de Mutombo. Après deux saisons passées du côté de Denver, Brian est transféré dans sa Californie natale, chez les Los Angeles Clippers. Là-bas, son temps de jeu augmente et il arrive enfin à développer une partie de son potentiel, avec une très belle ligne de stat de 15,8 points et 7,6 rebonds de moyenne.
À la fin de cette saison, notre ami Brian est agent libre. Et au vu de sa dernière saison, il cherche à jouer dans une meilleure franchise que les Clippers, qui était alors dans les bas-fonds de la Conférence Ouest. Mais Brian se montre beaucoup trop gourmand, et ne parvient pas à trouver de deal avec une équipe NBA avant la reprise de la saison. Cette situation n’inquiète pas plus que ça Brian : un exemple, c’est que lors d’un saut en parachute, il aggrave une blessure au genou qu’il traînait déjà depuis plusieurs saisons. Au lieu de s’inquiéter, il se montrera très détaché vis-à-vis de la situation. Il déclarera même : « J’ai juste sauté en parachute, comme George Bush ».
Son arrivée aux Chicago Bulls
Pendant le mois d’Avril 1997, les Chicago Bulls cherchent à renforcer leur raquette, en vue de l’approche des Playoffs. C’est donc 9 matchs avant la fin de la saison régulière que Brian rejoint l’équipe de Jordan, Pippen et Phil Jackson. Petit à petit, Brian gagne en temps de jeu en sortie de banc, et se retrouve même avec un temps de jeu similaire à celui de Luc Longley, alors pivot titulaire de la franchise de Chicago.
Il participe donc aux 19 matchs de Playoffs des Taureaux, qui remporteront leur 5ème titre en 7 ans face au Utah Jazz. On pourrait penser que l’histoire est belle et qu’elle s’arrête là ; mais de nouveau sur le marché des agents libres après son court mais prolifique passage à Windy City, Brian réclame encore une fois un énorme contrat. Mais, maintenant qu’il est champion NBA et qu’il a eu rôle important dans la quête de ce titre, une franchise saute le pas, et ce sont les Detroit Pistons. Ces derniers lui offre un énorme contrat pour l’époque : 47 millions sur 7 ans, ce qui en faisait le joueur le mieux payé de l’histoire de Detroit.
Après une très bonne saison dans le Michigan, à 16 points et 9 rebonds de moyenne, Brian Williams décide, un beau jour, qu’il ne s’appellera plus Brian Williams, mais Bison Dele. Pourquoi ? Selon lui, pour rendre hommage à ses ancêtres natifs américains et africains. Après tout, pourquoi pas ?
À cette période, la vie du désormais Bison Dele devient un joyeux bordel. Plus personne à Detroit ne le supporte, et il fait des trucs complètement insensés, du genre ouvrir la porte d’un avion en plein vol pour, selon lui, regarder quelque chose dehors. Lors d’un temps mort, et alors que toute l’équipe se rassemble sur le banc pour écouter les conseils du coach, Bison décide de s’entrainer aux lancers francs : tout simplement lunaire. Et alors que sa 2ème saison avec les Pistons est moins bonne, les dirigeants vont envisager de le transférer. Mais c’est plus ou moins la pire décision qu’ils auraient pu prendre : en effet, en apprenant ça, Bison Dele décide tout simplement de prendre sa retraite. Oui, il s’assoie sur 47 millions de dollars et prend sa retraite, car pour lui, on ne transfère pas Bison Dele.
Sa vie après la NBA
Une fois qu’il a raccroché ses baskets, Bison se met à la musique : il a toujours été un grand passionné de cet art, bien plus que le basket. Il a même dit un jour à un ancien coéquipier d’Orlando, Tom Tolbert, après avoir fondu en larmes en lisant la biographie de Miles Davis : « J’aurais adoré avoir la même passion pour le basket que Miles avait pour la musique ». Nous sommes en 1999, et après 8 saisons dans la grande ligue, Bison est désormais retraité, et décide d’apprendre le violon, le saxophone et la trompette.
Puis, il s’envole pour le Liban, où il jouera à droite et à gauche en visitant le pays. A la fin de son voyage, Bison s’envole pour l’Australie, et il décide de devenir capitaine d’un bateau. Il achète un catamaran qu’il baptisera « Hakuna Matata », rien que ça ! Avec ce dernier, il voyage beaucoup et s’installe en 2000 à Tahiti avec sa compagne Selena. Avec tout cela, on pourrait croire qu’il allait désormais pouvoir enfin vivre sa vie sans aucun soucis. Mais vous connaissez le personnage désormais, ce n’est pas la fin de l’histoire.
En janvier 2002, alors que Bison et sa femme Serena Karlan séjournent à Auckland, ils reçoivent la visite du frère de Bison, qui lui aussi à décider de changer de nom : il n’est plus Kevin Williams, mais s’appelle désormais Miles Dabord ! Oui, quelle famille. Cette venue du frère de Bison est assez étrange, car il aurait toujours été jaloux de son succès ; mais malgré tout, Miles décide de vivre avec eux sur le bateau… ou plutôt de s’imposer. Les deux frères passaient leur temps à se disputer, à tel point que le couple décide de quitter le navire. Puis, le 24 juin 2002, Bison et Serena décident de remonter à bord de leur bateau, dans le but de se rendre à Hawaii. Bien évidemment, Miles s’impose une fois de plus dans tout cela. Cette fois, nos trois protagonistes sont également accompagnés d’un skippeur français, Bertrand Saldo, qui est censé les guider vers Hawaii
Début juillet, et alors que toute la petite bande vogue vers Hawaii, Serena appelle le manager de Bison. Malheureusement, il s’agira des dernières nouvelles que l’on aura du groupe, car la suite de l’histoire prend une tournure dramatique. Lors du mois d’août 2002, alors que Miles aurait accosté le bateau en juillet à Tahiti, la meilleure amie de Serena s’inquiète du retard de l’arrivée à Hawaii : elle demande alors de l’aide au manager de Bison, qui est le dernier à avoir eu des nouvelles du groupe. Ce dernier remarque une activité suspecte sur le compte en banque de l’ancien joueur : en effet Bison aurait déboursé 150 000$ dans de l’or. Les parents de Bison et Miles s’inquiètent également de ne plus recevoir de nouvelles de leur fils. Ils contactent alors les autorités tahitiennes afin qu’elles recherchent Bison ; mais aucune nouvelle
Le 5 septembre, la police organise une opération dans le but de piéger Miles, qui avait imité la signature de son frère pour s’acheter de l’or. Il s’est également servi du passeport et de la carte de crédit de Bison, pour se rendre à Tijuana au Mexique (oui, c’est à peine cliché). Lorsque Miles débarque à Phoenix, la ville de ses parents, pour y récupérer son butin, il est arrêté par la police. Il se fera interroger pendant 5h, et lors de cet interrogatoire, Miles Dabord leur explique qu’il a été envoyé par son frère pour chercher de l’or, mais qu’il ne peut pas dire pourquoi. Il affirme également que Kevin Porter, le manager, peut confirmer ses dires. Lorsque ce dernier arrive, Miles lui dit : « Si tu peux me faire sortir d’ici, je te raconterais tout ce qu’il s’est passé », et quand Kevin lui demande où sont Bison et Serena, il répond qu’ils sont en danger à Tahiti, et qu’il essaye de rassembler de l’argent pour leur venir en aide. Après son interrogatoire, Miles Dabord est libéré, il se rend au Mexique, et entre en contact avec sa petite amie pour lui raconter une toute autre version des faits.
Selon cette version, que sa petite amie confiera plus tard, Bison et lui-même se seraient disputés jusqu’à en venir aux mains, et que devant cette situation, Bertrand essaye de les séparer, mais se fait repousser par Bison. C’est alors que Serena surgit, et a également tenté de séparer les 2 frères, en s’accrochant au dos de son compagnon. Ce dernier, pensant qu’il s’agit de Bertrand, lui donne un violent coup à la tête. Dans sa chute, Serena aurait heurté le bateau ce qui la tua. Après cela, Bison pensait que Bertrand était le responsable de la mort de Serena, et a tout simplement tué par arme à feu le marin français ! Il aurait ensuite demandé de l’aide à Miles pour se débarrasser des corps mais, ce dernier apeuré et en état de choc, aurait saisi une arme et abattu son frère. Il aurait ensuite jeté les cadavres par-dessus bord. Un enchaînement terrifiant.
Le 13 septembre, le Hakuna Matata est retrouvé au large de Tahiti, mais les plaques où étaient inscrites le nom du navire ont été démontées, et on retrouva ce qui ressemblait à des impacts de balles sur la coque. Cependant, nous ne serons jamais ce qui s’est vraiment passé sur ce bateau, car au même moment, Miles Dabord téléphone à sa mère pour lui dire qu’il n’aurait jamais fait de mal à son frère et qu’il ne survivrait pas à la prison. Ce même jour, ce 13 septembre 2002, Miles est retrouvé sur une plage de Tijuana alors qu’il faisait une overdose d’insuline : il n’y survivra pas. Miles s’était suicidé, et avait emporté avec lui pour toujours les secrets de ce qui s’est passé sur le Hakuna Matata, un beau jour de juillet 2002.
Voici donc le point final d’une enquête qui n’a toujours pas été résolue. Les corps de Bison, Serena et Bertrand n’ont jamais été retrouvés, probablement perdus pour toujours en mer. Et aujourd’hui encore, l’ombre d’un grand mystère plane toujours sur cette affaire, qui a marqué la fin de vie de ce personnage spécial qu’était Bison Dele.