Gail Goodrich

Gail Goodrich, dans l’ombre des géants

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La série Run & Gun nous raconte l’histoire des plus belles légendes de NBA entre l’année 1957 et 1973, et comme bien souvent dans la grande ligue, les géants dominent les débats. Un petit homme au surnom gentillet de « Stumpy » réussit malgré tout à éclabousser le championnat américain de toute sa classe. Méconnu et sous-estimé, découvrons ensemble le parcours de Gail Goodrich.

Ce qu’on dit de lui

Habituellement, on commence avec un résumé des éléments qu’on met en avant lorsqu’on présente notre joueur du jour, que ce soit dans des articles ou en vidéos. Cette fois, c’est un peu différent, car c’est une phrase prononcée dans une émission qui nous sert de support.

« Mais si, c’est le petit blanc qui joue meneur aux côtés de Jerry West ». Ces paroles ne tombent pas du ciel, elles proviennent d’un show célèbre. Rien de bien méchant, on peut tous avoir un trou de mémoire ou des lacunes. Loin de moi de l’idée de chercher à pointer du doigt qui que ce soit en rapportant cela.

Cependant, chaque mot ou presque de cette simple phrase peut à elle seule nous servir de base pour traiter le cas de Gail Goodrich.

Le petit gaucher intenable des Los Angeles Lakers est malheureusement aujourd'hui un joueur méconnu. ©NBA.com
Le petit gaucher intenable des Los Angeles Lakers est malheureusement aujourd’hui un joueur méconnu. ©NBA.com

Mais si …

Gail Goodrich, est donc un nom dont nous avons du mal à nous souvenir. Lorsqu’on évoque les années 60 et 70, il est loin d’être le premier cité parmi les grandes stars de cette époque. Pourtant, c’est un véritable gagneur et rares sont ceux qui peuvent se vanter d’avoir accompli autant de succès que lui. De plus, il s’impose avec la manière et un impact indéniable.

C’est en 1961 qu’il réalise son premier fait d’arme en remportant le tournoi des lycées de Los Angeles avec Sun Valley Poly High. C’est avec une cheville fracturée qu’il mène les siens à la victoire en faisant preuve d’une combativité exceptionnelle. Toutefois, c’est grâce à d’autres qualités qu’il tape dans l’œil d’un des plus gros programmes de Californie.

Nous sommes en 1960, John Wooden, entraîneur « pas encore légendaire » de UCLA est assis dans les gradins pour scouter une future recrue. C’est là qu’il découvre un guards de seulement 1m72 pour 65 kilos du nom de Gail Goodrich. Le coach se tourne vers un ami et lui dit ceci :

Ce petit gars de Poly est le joueur le plus intelligent sur le terrain. Il est rapide, ce n’est qu’un junior et je le surveillerai l’année prochaine. John Wooden

Suite à cela, on vient lui taper sur l’épaule et il découvre les parents de Goodrich qui veulent s’assurer qu’ils n’ont pas rêvé les mots qu’ils viennent d’entendre à propos de leur rejeton. Gail Senior est l’ancien capitaine de l’équipe de basket de l’université de South California. Son fils a de quoi reprendre le flambeau en s’engageant dans les pas de son père, mais une offre de UCLA ne se refuse pas.

C’est donc avec l’appui de ses proches qu’il rejoint le prestigieux programme californien, bien aidé par des relevés de notes plus que flatteur. John Wooden est un coach exigeant qui aime faire travailler son équipe durement. Gail qui jusque-là se repose sur son talent n’affectionne pas beaucoup cela et le fait savoir.

Bien entendu, ce n’est pas aux goûts de son entraîneur qui l’exclut plusieurs fois et le colle sur le banc une bonne partie de la saison. Le jeune arrogant doit encore apprendre avant d’être lancé dans le grand bain. C’est chose faite dès l’année suivante et il ne déçoit pas. Goodrich arrête de se plaindre sans cesse et écoute les consignes de John Wooden pour le bien général.

Car suite à sa titularisation, UCLA remporte deux titres consécutifs de NCAA, les deux premiers d’une série de 10 succès en 12 saisons. Pourtant, jamais il n’est vraiment récompensé de ses exploits comme si déjà l’histoire faisait en sorte qu’on ne se souvienne pas de son nom.

Lors de l’année 1963/64, les Bruins terminent avec un bilan de 30 victoires pour aucune défaite, avec un Goodrich à plus de 21 points par rencontre. En finale, il en score 27 sur la tête de Duke pour offrir le titre à sa fac. C’est malgré cela Walt Hazzard (11 points) qui est élu MOP du tournoi.

L’année suivante, Goodrich continue son récital. Désormais, il aligne 25 points à plus de 50 % aux tirs et il allume toutes les équipes qui s’opposent à lui lors de la March Madness. C’est d’abord, 40 points contre Brigham Young, 30 contre San Francisco, 28 contre Wichita et 42 contre Michigan en finale. Ces derniers ont éliminé le Princeton de Bill Bradley en demi, c’est pourtant lui qui est élu MOP de ce tournoi.

C’est donc par deux fois que l’histoire décide de ne pas inscrire le nom de Gail Goodrich sur ses tablettes. C’est là une malédiction dont il fait encore les frais quelques années plus tard lorsqu’il permet aux Los Angeles Lakers de remporter le titre en 1972.

Malgré qu’il aligne plus de 25 points par rencontre en cachant la maladresse folle de Jerry West et bien qu’il soit le leader de l’équipe en régulière et en playoff. C’est toutefois Wilt Chamberlain qui devient le MVP des Finals dans un registre plus défensifs. Les récompenses semblent bouder Gail, il est alors peu étonnant que son nom soit oubliable aujourd’hui.

Gail Goodrich avec les Bruins de UCLA, réalise un véritable récital en finale du tournoi NCAA en scorant 42 points face à Michigan. ©Bettmann/Getty Images
Gail Goodrich avec les Bruins de UCLA, réalise un véritable récital en finale du tournoi NCAA en scorant 42 points face à Michigan. ©Bettmann/Getty Images

c’est le petit blanc…

Les fans des Los Angeles Lakers sont en joie, l’enfant du pays rejoint le club de sa ville natale. Malheureusement, cette liesse n’est pas partagée par Gail qui déchante vite de son rôle au sein de la maison pourpre et or. C’est l’embouteillage sur le poste d’arrière, avec Jerry West, Archie Clark, Jimmy King et Walt Hazzard. Beaucoup d’entre eux ont moins de talents, mais plus de centimètres et d’expérience. Bill Van Breda Kolff, son entraîneur, le trouve trop petit et Gail doit ronger son frein sur le banc.

Pourtant, il montre des flashs d’une modernité incroyable, avec un premier pas dévastateur, de l’adresse, un jeu en pénétration létal et un fade away Kyriesque qu’il maîtrise à la perfection.

Gail a un fade away difficile, vous ne pouvez pas le contrer peut importe votre taille.

LeRoy Ellis

Il passe trois saisons à se morfondre et à se plaindre. Une fois de plus, on le met de côté, non pas parce qu’il manque de talent, mais à cause de sa taille. La NBA s’agrandit, de nouvelles équipes arrivent et avec elle, une draft d’expansion se pointe à l’horizon. Gail demande à figurer sur la liste des joueurs susceptibles d’être repêchés.

Cependant, même s’il n’en avait pas fait la requête, il se serait retrouvé parmi les sélectionnables. Les supporters des Lakers ne sont pas en accord avec ce choix, sans pour autant savoir qu’il est celui de Gail.

J’ai dû apprendre à mieux jouer défensivement, mais le poids ne m’a pas aidé autant que la rapidité. J’étais un shooteur, et les Lakers avaient beaucoup de shooteurs. J’ai dû apprendre à penser d’abord à la passe. Je me suis fait avoir. J’ai perdu confiance, même dans mon tir. Je n’ai jamais eu de vraie chance, et j’étais aigri et désespéré de m’éloigner de l’équipe. Je savais que si je n’avais pas ma chance bientôt, ma carrière serait terminée, et je pense que cela aurait été vrai. Je me suis dit que j’aurais une chance avec une équipe d’expansion.

Gail Goodrich

C’est ainsi que Gail se retrouve parachuté dans l’Arizona, dans la nouvelle franchise des Phoenix Suns. Dans cet environnement il peut enfin laisser libre cours à son immense talent. Les Lakers ont sous-estimé celui qu’Elgin Baylor a surnommé « Stumpy », un sobriquet qu’il n’a jamais aimé. Goodrich, s’apprête à prouver que son ancien club a eu tort de le juger sur sa jeunesse et sa taille.

Désormais, il a le ballon et en profite un maximum, à un point tel que c’est un de ses partenaires qui se met à râler. Connie Hawkins, débarque à Phoenix après une première saison au bilan catastrophique de 16 victoires pour 66 défaites. Très vite, il se plaint de l’individualisme de Gail Goodrich qui de son côté ne pense pas être en faute. Les choses semblent se calmer par la suite, même si Hawkins s’excuse de l’avoir traité de « merde blanche » dans son livre.

J’ai toujours pensé que nous nous entendions bien et que nous jouions bien ensemble. Nous avons eu quelques prises de bec, mais beaucoup d’autres joueurs aussi. Eh bien, il voulait le ballon. Je peux le comprendre.

All-Star dès sa première saison avec les Suns, il affiche une ligne de stat assez monstrueuse, mais au sein d’une équipe faible. Avec l’apport de Connie Hawkins, le bilan est quasiment à l’équilibre, avec 39 victoires. Il aligne 20 points, 4 rebonds et presque 8 passes de moyenne. On est quand même loin de la réputation de soliste que tente de lui coller son illustre partenaire.

Si ce n’est pas la taille qui compte, elle reste néanmoins un besoin central en NBA. Phoenix en manque cruellement et décide de transférer Goodrich contre le pivot Mel Counts. Ce n’est sans doute pas le mouvement le plus intelligent des Suns, mais il a l’avantage de combler les fans des Lakers qui voient leur chouchou faire son come-back dans la cité des anges.

Donc, on observe que sa petite taille a jouée un rôle crucial dans sa carrière. Il avoue en avoir beaucoup souffert, jusqu’au point d’en pleurer. Mais Gail ne se résout pas à ce déficit de centimètre et il souhaite être placé sur le terrain au poste d’arrière, même si cela suscite dans un premier temps les moqueries.

C’est sous le maillot des Suns qu’explose Gail Goodrich. Ses minutes s’envolent et ses moyennes également. ©The Madhouse on McDowell photo gallery

qui joue meneur…

Gail Goodrich a entendu toute sa vie qu’il est petit et cela a sans doute influencé son style de jeu. Le lutin (annoncé généreusement à 1m85) ne cherche pas à être meneur et de se cantonner au rôle de distributeur. Il veut être un arrière et scorer en masse. Cela, il le fait savoir dès son cursus universitaire devant ses partenaires incrédules qui n’y croit pas une seule seconde.

Je n’aime pas jouer meneur, mais j’aime avoir le ballon. Du coup, je n’aimais pas comment John Wooden m’utilisait au début. Mais par la suite, le fait de jouer avec Walt Hazzard (un vrai meneur de jeu) m’a appris à jouer sans la balle et c’est cela le plus important.

Goodrich, cherche à s’imposer dans un poste qui n’est pas réservé à quelqu’un de sa taille, il n’y a guère que chez les Suns qu’il occupe la mène. Contrairement à ce qui se raconte bien souvent, Jerry West est bien celui en charge de la création au poste de meneur. C’est lui qui gère l’attaque et c’est Gail qui se charge de donner le vertige aux défenses adverses.

Bien sûr, il est complètement capable de faire tourner la gonfle et sait parfaitement trouver un partenaire démarquer. Mais Gail a le scoring dans le sang et Bill Sharman, son coach avec les Lakers l’a bien compris. C’est sans problème qu’il lui confie des responsabilités au détriment de la star vieillissante Jerry West. Il devient ainsi le meilleur scoreur des Lakers lors de quatre saisons consécutives.

Ce dernier n’est pas gêné de cette situation bien au contraire. Goodrich est revenu meilleur que lors de son premier passage dans la cité des anges. Le jeune râleur égoïste a laissé place à un homme intelligent et travailleur. Aujourd’hui, ce n’est plus de l’arrogance qu’il affiche, mais de la confiance en lui.

Maintenant je suis confiant. Il y a une grande différence entre la confiance et l’arrogance. L’arrogance c’est penser que vous pouvez faire quelque chose et le dire. La confiance c’est savoir ce que vous êtes capable de faire et de ne pas le dire.

De plus, il devient un défenseur intraitable grâce à K.C Jones qui lui enseigne les rudiments de cet art qu’il a lui-même pratiqué avec excellence en son temps. Pour Bill Sharman il n’y a pas de doute, la doublette Gail Goodrich/Jerry West est le meilleur duo d’arrière de l’histoire du basketball. D’ailleurs, celui qu’on surnomme le Logo est dithyrambique lorsqu’il évoque son partenaire qu’il trouve tout simplement exceptionnel.

Des petits shooting guards, il y en a eu avant lui, des joueurs des années 50 dans une NBA aux gabarits plus modestes. Cependant, aucun n’est axé sur le scoring comme l’est l’arrière des Lakers. Lorsqu’on observe des années plus tard, ce qu’on appelle de nos jours des combos guards de petites tailles, il y a du Gail Goodrich en eux. Il est en cela un pionnier dans l’histoire de la ligue.

Le célèbre magazine américain ne s'y trompe pas. Les Lakers sont au top, et l'une des principales raisons de cette réussite est Gail Goodrich. © Sports Illustrated
Le célèbre magazine américain ne s’y trompe pas. Les Lakers sont au top, et l’une des principales raisons de cette réussite est Gail Goodrich. © Sports Illustrated

aux côtés de Jerry West.

Gail Goodrich n’a jamais vraiment été un franchise player, il l’est lors de sa première saison avec les Phoenix Suns. Mais dès l’année suivante, c’est le condor Connie Hawkins qui devient la star de l’équipe grâce à ses envolées toutes ailes déployées. Plus tard, quand Wilt Chamberlain et Jerry West se retirent, il est propulsé en tête d’affiche des Lakers. Cependant, la victoire n’est pas au rendez-vous dans ces deux cas.

Sa situation à Los Angeles se tend au point de sombrer dans le désamour. Désormais, il est la vedette et souhaite être payé en conséquence. Il demande un salaire de 300 000 dollars la saison, quand son pingre de propriétaire, Jack Kent Cooke, ne lui en accorde que 100 000. Dans les faits, les Lakers ne se sont pas qualifiés pour les playoffs et Gail Goodrich à maintenant 31 ans.

La signature du géant Kareem Abdul-Jabbar annonce une envie de renouveau. Désormais, le Californien n’est plus désiré sur ses terres. Il devient agent libre et signe en tant que vétéran avec les New Orleans Jazz, une franchise dont la star se nomme Pete Maravich. Une association d’arrières qui sur le papier peut faire mal, mais il y a une blessure et un déclin qui s’amorce à ce moment précis.

C’est le destin de Gail Goodrich, celui d’être un éternel lieutenant dans le sillage de stars plus prestigieuses que lui. Quand il démarre sa carrière avec les Lakers, il y a Jerry West et Elgin Baylor. Avec Phoenix, il est vite relégué derrière Connie Hawkins. Lorsqu’il revient à L.A, Jerry West est toujours là et Wilt Chamberlain est l’attraction de la franchise bien qu’il ne soit plus le pivot dominateur d’autrefois. Enfin, avec New Orleans, il est le faire valoir du génie Pete Maravich.

Même son passage à l’université n’est pas reconnu à sa juste valeur. Quand on évoque la suprématie de UCLA dans les années 60/70, on pense à Kareem Abdul-Jabbar et Bill Walton en oubliant qu’il est le premier à avoir offert un trophée au programme californien.

Ainsi, avant de se remémorer Gail Goodrich, on se rappelle d’abord ses illustres partenaires. C’est exactement ce qui se passe avec un autre arrière parmi les plus merveilleux à son poste. En effet, quand on parle des Detroit Pistons doubles champions à la fin des années 80, on pense d’abord à son leader Isiah Thomas. Puis, on évoque Bill Laimbeer, son body Guard attitré. On cite les autres chiens de garde comme Dennis Rodman et Rick Mahorn, ceux qui font l’image des célèbres Bad Boys.

Une fois cela fait, on met enfin le projecteur sur Joe Dumars. Pourtant, comme Goodrich, il est celui sans qui la victoire n’était pas possible. Toutefois, il ne souffre pas du même manque de reconnaissance en étant nommé MVP des finales en 1989. La place de lieutenant peut être ingrate et Goodrich en fait les frais pendant et après sa carrière en cultivant, sans le vouloir, un relatif anonymat.

Les Los Angeles Lakers champion en 1972. Avec Gail Goodrich (25), Jerry West (44), Wilt Chamberlain (13), Jim McMillan (5) et Pat Riley (12) dans le cinq majeur. ©Los Angeles Times

Gail Goodrich, point stats et comparaison

C’est le moment de remettre un peu de contexte dans les lignes de stats de Gail Goodrich. Comme on le répète à chaque fois, le rythme de jeu de cette période permet de jouer énormément de possessions. Il est donc possible pour certains d’afficher des statistiques complètement hors norme. Cependant, ce n’est pas le cas ici.

Le pic statistique de Goodrich s’étend sur 8 saisons et 628 rencontres sur 1031 au total. Ses chiffres bruts sont les suivants, 22,4 points, 5,5 passes, 3,6 rebonds pour 1,17 points par tirs tentés. Pour afficher ce genre de chiffre, il joue en moyenne 88 possessions par rencontre quand une star actuelle en joue environ 75.

Une fois la calculatrice sortie, ses moyennes deviennent, 20 points, 5 passes et 3 rebonds par rencontre. On observe donc qu’il y a peu de changement entre ses stats brutes de l’époque et celle sur 75 possessions. Nous sommes pour la première fois dans cette série sur le cas d’un joueur qui ne passe pas plus de 40 minutes sur le terrain. De plus, il explose vers la fin des années 60, et si le Pace reste élevé il l’est bien moins qu’au début de la décennie.

La liste des joueurs avec au moins une saison dans ce rang statistique est longue. Néanmoins elle se raccourcit quand il est question de reproduire cela sur le long terme. Un de ceux qui rivalisent avec Goodrich en termes de chiffres et de palmarès et à nouveau le nice guys de Detroit, Joe Dumars.

Comme Goodrich, c’est un arrière avec un physique plus proche de celui du meneur. Ensuite, si on regarde leur jeu, il y a bon nombre de similitudes. Bien sûr, Dumars a plus de skills liées à son époque et à l’évolution du jeu. Toutefois, la qualité de shoot, les départs en dribble, leur réputation de fort défenseur et leur discrétion sont comparables. Les deux joueurs partagent également ce rôle de lieutenant qui efface quelque peu la teneur de leurs accomplissements.

Conclusion

Le parcours de Gail Goodrich est celui d’un joueur qui, dans un premier temps, peine à s’imposer avant de devenir un arrière solide des deux côtés du terrain. Certains comme John Wooden, ou son partenaire Fred Schaus avaient bien décelé son talent dès le départ, mais pour d’autres il a fallu du temps.

Cependant, Gail n’était pas prêt à briller tout de suite. Car son histoire c’est aussi celle d’un jeune prodige râleur qui pense que tout lui est dû. Il doit alors passer par des moments de doute pour enfin comprendre comment maximiser ses capacités et se fondre dans un collectif. C’est comme cela qu’il devient pour son entraîneur Bill Sharman, le meilleur joueur sans ballon de NBA.

Son CV peut en laisser plus d’un rêveur, et on attribue sûrement cela à son association avec Jerry West et Wilt Chamberlain. Pourtant, c’est bien lui le leader offensif des Lakers lorsqu’ils remportent 33 victoires consécutives et le titre suprême en 1972. Mais Goodrich n’est pas un monstre de son époque. Il n’est pas un géant, il n’est pas un patron, il n’est pas un personnage.

Gail est un homme normal et discret. Au début de sa carrière, on lui reproche d’être issu d’une classe aisée, d’être un jeune arrogant né avec une cuillère en argent dans la bouche. Mais finalement, il n’y a pas de grandes histoires derrière Goodrich, pas de passé compliqué, pas de luttes, pas de failles, pas de statistiques monstres pour nourrir sa légende.

Goodrich est un amoureux du ballon, un travailleur discret et sérieux qui traverse la NBA sans faire de vague. Le journal Spectrum titre un article à son propos par, « Son seul vice est la crème glacée », pas vraiment de quoi marquer les esprits. Alors les oublis à son sujet, comme son nom, ou son parcours, sont excusables. Nous les passionnés avons souvent besoin de nous raccrocher à des récits incroyables, à des mythes.

L’ère du Run & Gun en offre beaucoup, parfois injustifié, parfois exagéré, mais ce n’est pas le cas pour Gail Goodrich. Malgré tout son talent, le petit arrière restera certainement à jamais dans l’ombre des géants de son époque.

Richard DRIE

43 ans - Rédacteur - Contrairement à ce qui se raconte, je n'ai pas côtoyé George Mikan. Mais je m'efforce de raconter du mieux que je peux l'histoire de la NBA. Avec un gros penchant pour les années 60 et 70. Le bon vieux temps des moustaches et des shorts courts.

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