Ils sont nombreux les Frenchies à être déterminés à jouer en NBA : Nolan Traoré, Tidjane Salaün, Noa Essengue, Maxime Raynaud, … mais aussi des profils plus âgés comme Olivier Sarr ou Killian Hayes qui poussent depuis plusieurs années pour trouver leur place dans la grande ligue. Mais quelles sont les chances réelles de passer de la “development league” au roster principal.
La G-League, souvent idéalisée comme une « mini NBA », se révèle en réalité être une ligue de développement incertaine. Malgré la proximité physique avec les franchises mères NBA (n’est-ce pas la Skyforce de Sioux Falls), cette proximité ne garantit ni visibilité ni opportunité immédiate, et les matchs se déroulent dans des salles peu remplies. Pour réussir, les joueurs doivent adopter une mentalité spécifique, une agressivité constante et jouer avant tout pour soi. Les occasions d’intégrer la NBA sont rares et imprévisibles, la ligue permet avant tout de garder le rythme, les systèmes et l’exigence NBA. Pour les Français, c’est l’occasion de travailler les automatismes, la défense sur pick-and-roll et la gestion des rotations.
Ils ne veulent pas lâcher le rêve américain

Absent depuis le début de saison en raison d’une hanche, Killian Hayes reprend du poil de la bête en G-League en enchaînant les grosses performances avec les Cleveland Charge : 31 points à 43,5% le 23 novembre contre Grand Rapids Gold puis 40 pions sur la tête des Windy City Bulls 6 jours plus tard. Son profil de meneur, capable de création et de gestion en fin de match, fait de lui un profil intéressant, mais qui souffre par sa fiabilité au shoot, son gros point noir. Aujourd’hui, quelle franchise serait vraiment prête à tenter le pari, dans une NBA où le 3 points est de plus en plus présent.

Olivier Sarr a relancé sa carrière avec les Raptors 905 après une rupture du tendon d’Achille. Sa meilleure sortie (18 pts, 4 rebonds) prouve qu’il retrouve de la densité. Les Raptors, qui lorgnent parfois un intérieur supplémentaire face aux blessures et aux besoins défensifs, pourraient offrir à Sarr une opportunité concrète : il coche la case « big man moderne » (mobilité, défense, capacité à finir près du cercle). Pour lui, la G-League est possiblement la rampe d’accès la plus crédible, le voir pointer le bout de son nez cette saison en NBA n’est peut-être plus qu’une question de temps.
Chez les nouveaux (plus ou moins) ?

Maxime Raynaud. Après avoir été drafté par les Sacramento Kings, une Summer League glorieuse et une pige en G League. Raynaud s’est vite montré comme le Français le plus en vue cette saison : lors du match du 4 décembre 2025, il a signé son record en carrière avec 25 points à 10/15 aux tirs. Son volume de jeu et sa présence proche du cercle en font un jeune intérieur prometteur capable d’apporter de l’énergie en sortie de banc. Il est la seule lumière (violette) à Sacramento.

Noah Penda. Utilisé avec parcimonie en début de saison, son passage rapide en G-League où il a profité d’une sortie réussie (13 pts, 8 rebonds, 4 passes, 1 contre, 2/2 à trois points) a permis de rappeler qu’il avait des atouts à faire valoir. Son temps de jeu oscille, mais son profil athlétique et polyvalent capable de scorer, de shooter et de bouger. Reste un profil intéressant à développer pour le Magic.

Sidy Cissoko. Bien que son temps de jeu reste limité, Cissoko s’est illustré récemment en NBA : 11 points, 4 rebonds et un dunk marquant face aux Cavaliers, avec un bon pourcentage au tir (4/6). Le pari de son coach… Splitter (par intérim) lui réussit un repositionnement en meneur de jeu, profitant des blessures de ses coéquipiers. S’il parvient à stabiliser son adresse extérieure, son profil défensif et sa mobilité sur les postes extérieurs peuvent en faire un joker intéressant sur les rotations. Cette saison Portland reste une ville NBA, pas de G-League en vue.

Nolan Traoré. Drafté en 2025 par les Nets, Traoré continue de confirmer en G-League, démontrant qu’il peut gérer le ballon et organiser le jeu. Mais son temps de jeu, oubliable, n’aide pas ses performances compliquées dans la grande ligue. La G-League doit lui servir à prendre le rythme et peaufiner son tir, deux éléments essentiels pour espérer un rappel en NBA.

Daniel Batcho. Même s’il n’a pas encore explosé aux yeux du grand public, Batcho s’installe doucement avec les Stockton Kings, l’équipe G-League affiliée aux Sacramento Kings : Lors de ces matchs il a pu montrer qu’il pouvait apporter de la valeur dans la rotation intérieure. Signé sur un contrat “Exhibit 10”, il a une vraie chance de décrocher un two-way si son développement se confirme, un premier pas pour un Français non drafté qui souhaite toucher la NBA.

Tidjane Salaün. Envoyé en G-League en début de saison après un premier passage NBA mitigé, Salaün a profité de son passage avec Greensboro Swarm pour se relancer : un match à 26 points, 9 rebonds et 6 passes dont un panier décisif à la dernière seconde a relancé la machine. Rappelé dans le roster des Charlotte Hornets, son volume de jeu, sa taille et son énergie lui donnent une vraie carte à jouer en tant que 4/3 moderne avec un rôle de “joker longiligne” dans une rotation NBA, à condition qu’il se stabilise.

Noa Essengue. Choisi dès la lottery picks par les Bulls, il a vu sa première saison NBA brutalement interrompue. La cause, une blessure à l’épaule gauche pendant un match de G-League, qui nécessite une opération chirurgicale. Cette opération lui vaut de manquer le reste de la saison 2025-2026 un véritable coup d’arrêt. Une saison qui n’a jamais vraiment démarré 2 matchs, 3 minutes de moyenne et 0 points en NBA.

Mohamed Diawara. Choisi en 51eme position par les Clippers puis transféré dans la foulée aux Knicks, Diawara peine à avoir un vrai temps de jeu avec New York. Un passage aller-retour en G-League avec Westchester, où il montre par séquences les flashs intéressants, accompagné d’une bonne prestation récente (15 points, 6 rebonds). À New York, où la concurrence sur les ailes est féroce, il n’est pas encore en position de gratter des minutes NBA, mais la G-League peut lui servir d’atelier quotidien pour peaufiner son jeu.

Pacôme Dadiet. Drafté par les Knicks l’année dernière (2024) puis envoyé en développement avec Westchester, Dadiet a besoin de rythme et de responsabilités pour s’exprimer. Ses récentes performances, oscillant entre montée en température et passages plus discrets, illustrent un joueur encore irrégulier mais doté d’un potentiel offensif clair. Dadiet doit continuer à muscler son jeu, gagner en constance défensive et améliorer son shoot. En attendant, la G-League est son laboratoire à défaut d’avoir un temps de jeu important en NBA.
La G-League reste un pari
La trajectoire des Français en G-League montre bien que ce championnat n’est ni un piège, ni un ascenseur garanti vers la NBA, c’est un lieu d’entre-deux où tout dépend du contexte, du timing et parfois simplement de la chance. Certains profils démontrent que cette ligue peut réellement servir de tremplin, l’exemple le plus parlant reste Moussa Diabaté, qui a parfaitement exploité son passage chez les Ontario Clippers. Dominant en G-League, constant dans l’effort, il a fini par gratter de vraies minutes NBA, notamment lors de séquences où son énergie, son rebond offensif et sa polyvalence défensive lui ont assuré un rôle régulier.
À l’inverse, le cas Ousmane Dieng illustre l’autre versant de la G-League, celui où le développement patine, où les allers-retours répétés deviennent un signal d’alerte. Malgré un talent évident, une taille idéale pour un ailier moderne et une vision de jeu intrigante, Dieng peine à s’installer durablement en NBA. Ses passages en G-League lui permettent d’engranger du volume de jeu, mais le gros problème reste la difficulté à engranger du temps de jeu dans une équipe championne en titre et qui chaque année picks des futurs cracks.
La G-League n’est pas une salle d’attente passive : c’est un endroit où il faut produire tout de suite, frapper fort, accepter l’instabilité et prouver, encore et encore, que l’on mérite un appel du dessus. Il suffit parfois d’un match, d’une blessure ailleurs… ou d’un moment comme Moussa Diabaté pour se faire une place dans la grande ligue.






