Avec la reprise de l’Euroleague, nous avons décidé de vous proposer une liste des joueurs à suivre cette saison. Pour cette première partie, nous allons nous attarder sur les joueurs des équipes qui devraient être les moins compétitives, à moins que celles-ci nous surprennent.
ASVEL : Théo Maledon (arrière, 23 ans)
Statistique 2023-24 : 4,2 points ; 1,8 rebonds ; 2,2 assists en 16 minutes (NBA)
Retour à la maison pour le jeune meneur français. Présent dans la ville lumière de 2017 à 2020, le jeune espoir s’est expatrié outre-Atlantique afin de goûter au rêve américain. Mais après 4 saisons à bourlinguer entre la NBA et la G-League, Théo Maldeon s’est finalement résigné à revenir en Europe. Et pas n’importe où, puisqu’il revient du côté de Lyon-Villeurbanne.
Il avait déjà joué deux saisons en Eurocup, puis découvert l’Euroleague lors de sa dernière saison en France. Peu de temps de jeu, mais un profil qui avait plu aux scouts NBA. Aujourd’hui, Maledon revient à l’ASVEL dans un rôle totalement différent. Montrant de belles qualités de playmaking et de création de shoot lors de son passage aux US, le jeune Français doit confirmer et continuer à progresser.
Dans une équipe de Lyon vieillissante, Maledon fera figure de joueur majeur dans cet effectif, assez pauvre en talent. Les arrivées de Shaquille Harrison et Amiral Schofield, anciens NBAers également, pourraient faciliter la création d’un esprit collectif dans ce groupe. Mais offensivement, c’est bel et bien Théo qui sera attendu comme le leader en l’absence de Nando De Colo sur le terrain.
Il disposera sûrement d’un temps de jeu notable, notamment à cause d’une rotation plutôt légère sur les lignes arrière. Et malgré son passage américain, Maledon a tout à prouver. Pas présent lors des JO, le jeune meneur-arrière a tout de même effectué la préparation avec l’équipe de France, avant de se faire couper. Cette période est aussi une expérience notable pour notre Frenchie, qui a pu engranger pas mal de connaissances et de sagesse au contact des meilleurs joueurs français.
Toutes ces expériences devraient et doivent servir à Théo Maledon afin de devenir le véritable leader offensif de cette équipe villeurbannaise, qui aurait bien besoin d’un capitaine afin de redresser la barre. En perdition depuis plusieurs années, l’ASVEL pourra-t-il compter sur Maledon afin de le sortir de ce marasme ambiant présent depuis quelques années ? Affaire à suivre….
Cvezna Zvezda : Codi Miller-McIntyre (meneur, 30 ans)
Statistiques 2023-24 : 9,6 points ; 4,4 rebonds ; 7,3 assists en 30 minutes (Euroleague)
C’est du côté de l’Espagne et du Baskonia que Codi Miller-McIntyre vient de vivre sa première saison en Euroleague. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le “rookie” de 30 ans aura laissé sa marque, finissant notamment meilleur passeur de la compétition !
Ce que l’on ne risque pas d’oublier (”on” pouvant comprendre les supporters de l’ASVEL), c’est ce fameux triple-double réalisé le 8 février face aux Rhodaniens. En cumulant 11 points, 11 rebonds et 20 passes décisives, le meneur réalise alors le quatrième triple-double de l’histoire de l’Euroleague, tout en glanant au passage le record du nombre de passes décisives en un match.
Au-delà de cet exploit, Miller-McIntyre aura été l’un des grands acteurs d’une saison plutôt satisfaisante du côté de Baskonia, qui est parvenu à obtenir une place en playoffs en sortant huitième du play-in.
Pour sa deuxième saison en Euroleague, CMM rejoint l’Étoile Rouge de Belgrade pour partager les lignes arrières avec un certain Milos Teodosic. Si l’on regrettera de ne pas le voir évoluer sous les ordres de Pablo Laso dans le Pays basque cette saison, il est indéniable que son apport fera un bien fou du côté de Belgrade.
Véritable meneur gestionnaire, Codi sait poser le jeu et trouver ses coéquipiers dans la meilleure des situations. Meilleur passeur donc, mais également parmi les joueurs perdant le moins de ballons (seulement 2,6 par match l’année dernière), on espère voir le nouveau joueur de l’Étoile Rouge réellement prendre les rênes de l’équipe, lui qui évoluait plutôt dans l’ombre de Markus Howard l’année dernière. Il faudra tout de même faire attention au scoring, où CMM était à peine moyen au Baskonia. Pour cela, retrouver une adresse extérieure, qui a chuté de 33% en carrière à 29% pour l’année 2023-2024, lui permettrait de remonter une efficacité qui risque de faire tâche si le meneur devient une option principale de l’équipe Serbes.
D’un point de vue collectif, l’objectif optimiste serait de revoir Codi Miller-McIntyre au premier tour des playoffs en accrochant un play-in. La réalité risque d’être bien plus compliquée que ça. Alors que certaines équipes présentent tout simplement plus de certitudes, d’autres, dont le voisin du Partizan, ont effectué un recrutement bien plus excitant que celui de l’Étoile Rouge que beaucoup voient (encore) à la traîne cette année.
Même si les objectifs collectifs ne semblent pas bien plus élevés que de sauver les meubles, la deuxième saison personnelle de Codi Miller-McIntyre reste très intéressante à suivre, pour un joueur qui doit avoir à cœur de devenir l’un des tous meilleurs d’Europe à son poste.
🚨 𝑳’𝑬𝑼𝑹𝑶𝑳𝑬𝑨𝑮𝑼𝑬 𝑹𝑬𝑷𝑹𝑬𝑵𝑫 𝑫𝑨𝑵𝑺 2️⃣0️⃣ 𝑱𝑶𝑼𝑹𝑺 𝑺𝑼𝑹 𝑺𝑲𝑾𝑬𝑬𝑲 !!!
⭐️ Quoi de mieux pour illustrer ce D-20 avant le début de la meilleure compétition européenne que la masterclass de Codi Miller-McIntyre face à l’ASVEL ?
▶️ Ce soir là il réalise… pic.twitter.com/1BplVRPco8
— SKWEEK (@skweektv) September 13, 2024
ALBA Berlin : Trevion Williams (pivot, 24 ans)
Statistiques 2023-24 : 14,8 points ; 10,8 rebonds ; 4,4 assists en 28 minutes (Eurocup)
Malgré un projet sportif très questionnable, l’ALBA Berlin a fait une très jolie acquisition en récupérant Trevion Williams. L’intérieur de seulement 24 ans s’est imposé la saison dernière comme l’un des meilleurs intérieurs passeurs en Europe, finissant avec 4,4 assists par match en Eurocup. Capable de trouver ses coéquipiers coupant au cercle, l’Américain apprécie particulièrement post-up les autres intérieurs pour exploiter les prises à deux. On peut lui reprocher quelques déchets dans ses choix (3,4 turnovers), mais les flashs montrés sont très excitants pour la suite, lui qui a par exemple un ratio de playmaking supérieur à 1.
Cela est d’autant plus utile qu’il est un très bon finisseur au cercle. Grâce à sa puissance physique et à son toucher de balle, Williams est un intérieur difficile à arrêter sur pick-and-roll. Il tournait l’année dernière à 64% de réussite au cercle (65e centile). On peut tout de même lui reprocher son manque de shooting qui représente un frein à sa progression. Il ne tournait qu’à 28,8% de loin avec Ulm, lui qui n’a inscrit que 9 trois points (sur 29 tentatives) en quatre saisons NCAA. Cela est d’autant plus inquiétant que l’indicateur des lancers-francs ne laisse pas vraiment présager une progression sur cet aspect (66,1% l’année dernière).
Mais Trevion Williams est un joueur qui est très utile en défense. Doté d’une bonne mobilité latérale, il est capable de performer dans des schémas agressifs, où son envergure (221cm) est un réel avantage. On l’a par exemple vu régulièrement intercepter des pocket-pass du côté d’Ulm, où il pouvait ensuite se projeter très rapidement en contre-attaque. S’il est loin d’être un dissuadeur au cercle, l’Américain reste tout de même un super rebondeur grâce à un bon sens du timing. Il était la saison dernière le meilleur rebondeur d’Eurocup avec 10,8 prises par match, et devrait sans aucun doute être un candidat à ce titre en Euroleague cette saison.
Même si les joueurs sont différents, les comparaisons avec Nikola Jokic sont totalement compréhensibles. Il sera intriguant de l’observer dans la plus grande des compétitions européennes, lui qui devrait être le joueur majeur de la saison pour le club allemand.
Maccabi Tel-Aviv : Jordan Loyd (arrière, 31 ans)
Statistiques 2023-24 : 10,5 points ; 2,7 rebonds ; 2,0 assists en 23 minutes (Euroleague)
2x Champion de France, 1x MVP des finales, 1 Final Four disputé, Jordan Loyd a réussi son passage monégasque. Parmi les plusieurs leaders offensifs de la Roca Team en 2022-2023, l’arrière Américain n’a que peu joué l’année dernière. Souvent blessé, le Jordan Loyd MVP des finales face aux Metropolitans de Victor Wembanyama semblait bien loin. Pourtant, il avait joué seulement 18 matchs en championnat de France lors de cette saison. Mais cette année, ce chiffre descend jusqu’à 12.
Son rendement offensif a baissé cette année, passant notamment de 12.5 points par match en 2022-2023 à 10 en 2023-2024. Dans l’ombre d’un Mike James ou même d’un Elie Okobo lorsque ce dernier sortait du banc, l’arrière du Maccabi n’a jamais su s’imposer en tant que véritable leader offensif. Mais Jordan Loyd a le talent, ce n’est pas ça qui lui manque.
Tournant à plus de 17 points de moyenne en Euroleague avec l’Étoile Rouge en 2020-2021, l’Américain cherche à retrouver ce rôle de leader qui lui avait si bien réussi. Et pour cela, quoi de mieux que le Maccabi Tel-Aviv, orphelin de Wade Baldwin, Lorenzo Brown et Josh Nebo (entre autres). Compilant à eux 3 plus de 40 points l’année dernière, le vide laissé derrière eux est monumental. Et le Maccabi compte sur un homme pour (en partie) régler ça : Jordan Loyd.
Capable de gros cartons, expérimenté, gros défenseur, l’arrière devra mener son équipe afin d’espérer une qualification en post-season. Mais un autre problème se pose : sa santé. Blessé régulièrement et sur des durées assez longues pendant les deux dernières années, le Maccabi devra espérer que leur nouvel arrière reste en bonne santé. À maintenant 31 ans, le risque de blessure augmente de saison en saison pour le natif d’Atlanta. Les deux dernières saisons étaient-elles simplement une anomalie, ou alors le début du déclin physique ?
Nouveau leader offensif du Maccabi, Jordan Loyd devra prendre ses responsabilités afin de montrer au Maccabi qu’ils ne se sont pas trompés en le recrutant pour diriger cette nouvelle équipe de Tel-Aviv. En espérant aussi que les blessures le laissent tranquille…
Paris Basket : T.J. Shorts (meneur, 26 ans)
Statistiques 2023-24 : 18,0 points ; 3,4 rebonds ; 7,3 assists en 26 minutes (Eurocup)
Depuis son arrivée en Europe en 2019, T.J. Shorts passe tous les paliers un à un, au point d’être considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs meneurs du Vieux Continent.
On parle en effet d’un meneur créateur d’élite, capable d’imprimer son propre rythme à la rencontre. C’est surtout un passeur ultra-précis, qui est un maître à jouer sur pick-and-roll, avec très peu de déchets compte tenu de ses responsabilités. Il était en EuroCup dans le 98e centile à l’assist percentage (pourcentage de panier où TJ Short fait la passe décisive quand il est sur le terrain) et dans le 89e centile au turnover percentage (plus le centile est élevé, et moins le joueur perd de ballon).
Shorts excelle également sur le mid-range, une distance dont il maîtrise les moindres recoins. Cette menace du pull-up permet de lui ouvrir des espaces pour aller au panier, où il peut finir avec sa patte gauche malgré sa petite taille, lui qui, on le rappel, ne mesure que 1,75m. Néanmoins, son tir à trois points est loin d’être aussi efficace, lui qui tournait la saison dernière à 25,2% à trois points toutes compétitions confondues. Il a un shoot qui part en effet un peu trop sur son côté gauche et qui est très souvent trop court, preuve que le joueur ne maîtrise pas encore cette distance. C’est d’ailleurs un aspect que les défenses n’hésitent pas à cibler, puisqu’on se souvient qu’en finale de LNB, Monaco le laissait prendre ces tirs, qu’il n’a pas inscrits (0/12 sur la série).
Il sera intéressant de voir comme Tiago Splitter l’utilisera en défense. Du fait de ces attributs physiques, le meneur de poche américain est la cible des coachs adverses, qui sont constamment à la recherche de mismatch avec lui. Si Tuomas Iisalo avait réussi la saison dernière à proposer un système très agressif avec beaucoup d’aides à l’opposé, il sera intéressant de voir comment le néo-coach parisien s’adaptera. D’autant plus que Shorts devrait être aligné sur certaines séquences avec Nadir Hifi, qui est lui aussi loin d’être un joueur qui excelle en défense.
FC Bayern Munich : Shabazz Napier (meneur, 33 ans)
Statistiques 2023-24 : 10,4 points ; 2,1 rebonds ; 3,3 assists en 23 minutes (Euroleague)
On peut dire que le 24e choix de la draft 2014 a connu une saison 2023-2024 très mouvementée. Annoncé comme une recrue majeure du côté de l’Étoile Rouge de Belgrade, Shabazz Napier n’a jamais réussi à se faire sa place au sein de la rotation de Ioannis Sfairopoulos. L’altercation avec ce dernier au cours d’un match décembre a d’ailleurs poussé le club à se séparer de leur meneur, lui qui avait perdu sa place dans la rotation. De retour à l’Olimpia Milano, qu’il avait connue lors de la saison 2022-2023, le Portoricain n’a pas pu permettre à son équipe d’accrocher les playoffs, finissant à une décevante 12e place.
Avec Napier, on a ici affaire à un meneur créatif balle en main, capable de sanctionner de loin sur pull-up. Néanmoins, il n’a pas réussi à trouver la mire, tournant à 29,3% de loin sur l’ensemble de la saison en EL. Cela contraste énormément avec la saison précédente, où il était à 45,6% à trois points. Il est très probable que son réel niveau soit entre les deux, c’est-à-dire autour des 36%-38% de loin, surtout que l’indicateur des lancers-francs est très rassurant. C’est surtout un joueur capable d’actions d’éclat dans le clutch, ce qui devrait ravir les supporters bavarois.
Défensivement, il est un bon défenseur sur l’homme actif avec ses mains pour voler des ballons. Sans dire qu’il est un lockdown de ce côté, il reste un joueur qui pourrait être complémentaire à Carsen Edwards sur certaines séquences. À voir maintenant comment Gordon Herbert, ancien sélectionneur de l’Allemagne qu’il a menée au titre de champion du monde en 2023, organisera ses rotations, mais il est certain que Napier aura de grandes responsabilités offensives.
Pourra-t-il permettre à son équipe de ne pas finir dans les bas-fonds du classement ? J’ai beaucoup plus de doutes.
[…] aurait-il fallu retourner en Europe? Théo Maledon est un autre joueur qui a été coupé la saison dernière et qui n’a pas été retenu pour […]