Les années 70 ont vu la fin de l’hégémonie soviétique sur le continent dans le monde de la balle orange, et la montée d’une autre puissance mondiale, la Yougoslavie. Alors qu’une nouvelle décennie commence, l’EuroBasket devient de plus en plus difficile à prédire. Enfin, le basket européen entre dans son ère moderne.
EuroBasket 1981, un mélange de formules
La Salle de sport de Prague, arène de la finale de l’EuroBasket 1981. Crédit : www.hcsparta.cz
34 ans après l’EuroBasket 1947, la Tchécoslovaquie est à nouveau l’hôte du Championnat d’Europe. Entre le 26 mai et 5 juin 1981, 12 équipes se sont affrontées pour être sacrée la meilleure équipe du continent. 3 salles ont été retenues pour accueillir les matchs : la Patinoire d’Havířov et ses 7 000 places, le Stade d’Hiver de Bratislava, avec une capacité de 10 000 sièges, et la Salle de sport ČSTV de Prague, pouvant héberger 15 000 personnes.
Cet EuroBasket 1981 reprend l’idée des deux groupes de six, comme en 1977, et un groupe de six pour la phase finale comme en 1979, avec les deux premiers se retrouvant en finale, tandis que le 3e et le 4e s’affrontant pour la médaille de bronze. Dans ce système, les 3 premiers de chaque groupe préliminaire se qualifient pour la phase suivante.
Champions en titre et médaillés de bronze aux Jeux Olympiques de 1980, l’Union Soviétique compte conserver son titre en cette année 1981. L’icône du basket soviétique, Sergei Belov, a pris sa retraite après les JO de 1980. Mais l’équipe peut toujours compter sur l’immense, par la taille et le talent, Vladimir Tkachenko. Médaillés de bronze en 1980, car c’est la Yougoslavie qui avait remporté la médaille d’or. Certes, des Jeux sans les Etats-Unis à Moscou, mais cela reste un grand triomphe pour le pays des Balkans.
Avec un grand Dražen Dalipagić, meilleur joueur Yugoslave en 1980, ainsi que Dragan Kićanović et Krešimir Ćosić, nommés dans le 5 majeur de l’EuroBasket 1979, cette équipe fait évidemment partie des favoris. A noter que Bogdan Tanjević fait son premier tournoi en tant que sélectionneur de la Yougoslavie, après avoir été assistant depuis 1977. Un absent notable est Moka Slavnić, héros des précédentes éditions.
Qui avait eu la médaille d’argent? L’Italie, qui a obtenu sa première médaille olympique en 1980. Emmenés par le duo Renato Villalta–Dino Meneghin, Gli Azzurri fait comme très souvent figure d’outsider pour cet EuroBasket. 6e à l’EuroBasket et 4e des Jeux Olympiques, l’Espagne est en train de remonter la pente après l’échec de 1977. Avec Candido « Chicho » Sibilio, leader lors des JO de 1980, l’équipe n’est pas à sous-estimer en 1981.
Médaillée d’argent au dernier EuroBasket, il est difficile d’imaginer l’Israël faire un nouveau parcours miraculeux. Malgré cela, Miki Berkovich, le MVP du Championnat d’Europe de 1979, et ses coéquipiers comptent bien obtenir une nouvelle médaille.
Enfin, la Tchécoslovaquie, 4e en 1979, veut se rattraper après une 9e place décevante aux Jeux Olympiques. Stanislav Kropilák, le meilleur joueur Tchécoslovaque, va devoir se surpasser pour retourner dans le dernier carré de l’EuroBasket.
L’URSS reste sur le trône de l’Europe
Dernières secondes du match Yougoslavie – URSS le 30 mai 1981, au premier tour de l’EuroBasket. Crédit : photographe inconnu
Les autres nations ont bien progressé, mais l’Union Soviétique reste le meilleur pays d’Europe dans le monde de la balle orange, et remporte en 1981 son 13e EuroBasket et conserve sa place après le triomphe de 1979. Placée dans le groupe B, l’URSS a remporté tous ses matchs. Sa rencontre la plus compliquée fut la première, contre la Pologne avec une victoire 101-89 où les 27 points de Tkachenko ont fait la différence. La dernière rencontre à Havířov, une victoire 88-108 contre la Yougoslavie grâce aux 32 points de Valdis Valters, a donné le ton. Cette équipe était supérieure au reste de la compétition cette année-là.
Deux joueurs soviétiques se sont démarqués lors de la phase préliminaire : Anatoly Myshkin et Valters. Le premier était présent en sélection depuis 1973, mais a enfin pu s’imposer en tant que cadre de l’équipe en cette année 1981. Le second venait tout juste de débarquer en sélection en tant que remplaçant de Sergei Belov, et a immédiatement su convaincre les observateurs.
A Prague, l’URSS continue de dominer, finissant premier de la dernière phase de groupe pour se qualifier en finale de l’EuroBasket. Seul l’Espagne aura su leur tenir tête, s’inclinant finalement 101-110 avec 25 points de Valters pour les maintenir à distance.
Arrive alors la finale, où avec 49 points combinés de Myshkin et Valters, l’URSS écrase la Yougoslavie 84-67. Les Yougoslaves étaient affaiblis par l’absence de Ratko Radovanović, c’est pourquoi le jeune Željko Poljak a débuté la finale. Le début de match a été dominant, et il a déterminé le cours de toute la rencontre. À la 8e minute, le score était déjà de 20-9 pour l’URSS, avec Ćosić marquant 8 points à lui seul.
À la mi-temps, le score était de 25-43, presque impossible à rattraper. Valdis Valters a marqué sans relâche depuis toutes les positions et a été le principal artisan de la victoire de l’armée rouge. À sept minutes de la fin, alors que le score était de 50-70, Tanjević a signé la capitulation et a fait entrer le fond de banc de la Yougoslavie.
Trop bons, trop forts, l’URSS termine invaincu de cet EuroBasket et renforce son statut de meilleure équipe de l’histoire du continent. Tkachenko, Myshkin et Valters sont tous les trois nommés dans l’équipe du tournoi en compagnie des Yougoslaves Kićanović et Dalipagić.
EuroBasket 1983, le retour à la simplicité
Le Palais des Sports de Beaulieu, arène de la finale de l’EuroBasket 1983. Crédit : Julien Gazeau – Nantes Métropole
En 1983, la France organise l’EuroBasket pour la 2e fois, 32 ans après le tournoi au Vélodrome d’hiver. 12 équipes se sont affrontées entre le 26 mai et le 4 juin dans 3 villes différentes : à Caen au Palais des Sports avec 2 590 places, à Limoges au Palais des Sports de Beaublanc avec une capacité de 6 500 personnes et à Nantes au Palais des Sports de Beaulieu, pouvant accueillir 5 500 spectateurs.
Les équipes ont été réparties en deux groupes de six équipes chacun, le groupe A à Limoges et le groupe B à Caen. Les deux meilleures équipes de chaque groupe se qualifient pour les demi-finales. Les vainqueurs des demi-finales à élimination directe se qualifient pour la finale, tandis que les perdants disputent un match pour la troisième place.
Les troisième et quatrième équipes de chaque groupe se sont affrontées de la même manière dans un tableau séparé afin de déterminer les places 5 à 8 du classement final. Il en a été de même pour les deux dernières équipes de chaque groupe afin de déterminer les places 9 à 12.
Double championne d’Europe et championne du monde en titre, l’Union Soviétique se présente à l’EuroBasket 1983 en tant que favorite. Problème, Vladimir Tkachenko, nommé dans le 5 majeur du Mondial 82, ne sera pas présent à cette édition. La pression est donc sur Anatoli Myshkin, lui aussi présent dans le 5 du tournoi, à qui revient la tâche de s’imposer en tant que leader de cette équipe.
Médaillée d’argent en 1981 et médaillée de bronze en 1982, la Yougoslavie compte retrouver la plus haute marche du podium. Dragan Kićanović, nommé dans le 5 majeur du Championnat du Monde, va devoir assumer son statut de patron en France.
L’Espagne quant à elle continue de jouer le rôle d’outsider. 4e au dernier EuroBasket et au Mondial, l’équipe peut compter sur Juan Antonio San Epifanio, nommé parmi les 5 meilleurs joueurs du tournoi de l’été précédent. Enfin, la Tchécoslovaquie, ressortant d’une décevante 10e place en 1982, compte bien retourner dans le dernier carré comme lors du dernier EuroBasket. Le duo Gustav Hraška-Stanislav Kropilák, les deux meilleurs joueurs de leur équipe l’été précédent, seront donc à suivre.
Le choc italien
Après les médailles d’argent de 1937 et 1946, après la traversée du désert jusqu’aux années 70, l’Italie, après avoir dominé la décennie précédente en EuroLeague, obtient enfin son premier EuroBasket en 1983. Un sacre inattendu, mais totalement mérité.
Un sacre qui aurait pu ne pas avoir lieu, car en effet, la foudre a effleuré le Boeing des Azzurri en route pour la France avant l’EuroBasket, créant une grosse frayeur auprès du comité italien. Deux ans auparavant, après avoir remporté la médaille d’argent aux Jeux olympiques de Moscou, l’Italie avait échoué aux Championnats d’Europe à Prague et Sandro Gamba lui-même s’était senti remis en question :
“C’est toujours comme ça, si on perd, c’est la faute de l’entraîneur, même si on perd d’un point et qu’on rate 20 lancers francs”.
“Il ne risque son poste que s’il fait mauvaise figure à Nantes”, corrige le président de la fédération Enrico Vinci.
Le noyau est consolidé, avec le leadership confié à l’axe meneur-pivot Pierluigi Marzorati-Meneghin qui a déjà remporté des victoires avec les clubs européens, mais pas avec le maillot bleu. L’Italie se trouve dans un groupe A difficile, avec la Yougoslavie, l’Espagne, la Grèce, la Suède et le pays hôte, la France.
La situation est compliquée par l’hostilité manifestée par Limoges envers les Azzurri. Héritage d’une histoire tendue entre l’équipe locale et le Banco di Roma, une polémique qui remonte à un match de la Coupe Korać de la saison précédente.
Les Azzurri font des débuts palpitants, avec un tir décisif de Marzorati qui fait une feinte et tir à mi-distance pour offrir une victoire 75-74 face à l’Espagne, couronnant ainsi la remontée inspirée par Romeo Sacchetti et Carlo Caglieris après avoir été menés 28-37 à la mi-temps. Cependant, lorsque les pivots Fernando Martín et Romay ont été expulsés à la 28e minute pour avoir commis cinq fautes personnelles, le match a basculé.
Alors que les années 80 ont marqué à bien des égards le début de l’ère moderne du basket-ball, la FIBA est quant à elle restée figée dans le passé. En raison de l’amateurisme auquel tenait la FIBA, la télévision française n’a diffusé la première mi-temps du match Espagne-Italie qu’après que les Espagnols aient retiré leurs maillots portant le logo de leur banque nationale.
Contre la Suède, l’Italie démarre mollement, mais prend le large en deuxième mi-temps pour gagner 74-89 grâce aux 24 points de Antonello Riva. Lors du match suivant, c’est Meneghin et ses 29 points qui permettent aux Italiens de remporter une large victoire 83-108 contre la Grèce de Nikos Galis, qui sera nommé dans le 5 majeur du tournoi. Toutefois, l’Italie a souffert pendant 30 minutes face aux Grecs.
Le match redouté contre les hôtes se résout en une formalité, les Azzurri s’envolent à 43-12 lors des premières minutes et glacent le public de Limoges. Lors du dernier match du groupe, l’Italie rencontre la Yougoslavie, qu’elle n’a pas battue depuis sept ans.
“Comment je compte les arrêter ? Je vais donner à mes joueurs un pistolet P38”, plaisante Gamba à la veille du match, mais malheureusement, cela n’est pas très loin de ce qui va se passer sur le terrain. À la 15e minute, un incident majeur s’est produit lorsque Marco Bonamico a frappé Kićanović avec un coup de poing et lui a blessé l’épaule droite. Le commentateur télévisé Dragan Nikitović a déclaré lors de l’émission :
“Les images montrent clairement que Bonamico voulait frapper Kićanović au visage, mais en esquivant, il l’a manqué et s’est blessé à l’épaule. S’il l’avait touché à la tête, notre capitaine n’aurait pas récupéré avant longtemps.”
Après la première mi-temps, la Yougoslavie menait de six points, mais les Italiens ont rapidement rattrapé leur retard. En fin de match, ils ont définitivement ouvert le score en prenant un avantage trop dur à combler pour l’équipe des Balkans.
À 5 minutes de la fin, alors que l’Italie mène 73-62, une bagarre éclate qui reste dans l’histoire pour les mauvaises raisons. La mèche est allumée par une confrontation entre Enrico Gilardi et Dražen Petrović, quelques secondes plus tard, Renato Villalta reçoit un coup de pied entre les jambes de Dragan Kićanović et la bagarre générale implique tout le monde.
Sandro Gamba poursuit Kićanović, tandis que Kićanović, Zoran Slavnić et Peter Vilfan grimpent sur les tables de presse, les autres échangeant coups de pied et coups de poing. Pour couronner le tout, Goran Grbović s’est approché de son banc et est revenu brandissant une paire de ciseaux qu’il avait pris dans la caisse des premiers soins avant d’être arrêté. Après le match, de nombreux commentaires et opinions divergentes ont suivi sur l’incident. Josip Đerđaa déclaré :
C’est vraiment incroyable que les arbitres n’aient pas vu Meneghin tirer les cheveux de Vilfan ; les Italiens sont les seuls responsables de ces incidents désagréables.”
“J’ai couru sur le terrain parce que Kićanović a attaqué notre physiothérapeute, qui est petit, j’ai dû le défendre”, a déclaré Gamba.
“Vous avez tout vu, Bonamico m’a frappé exprès”, a déclaré Kićanović à la presse. “Tout était prévu pour la victoire des Italiens.”
Il faut l’intervention de la gendarmerie française pour calmer les esprits, mais le match n’est plus en jeu, l’Italie l’emporte facilement. On craint des disqualifications, mais après une nuit de négociations entre les fédérations, l’Italie peut affronter la demi-finale contre les Pays-Bas presque au complet.
Les commentaires concernant la bagarre lors du match entre la Yougoslavie et l’Italie n’ont pas cessé après le buzzer final. Le secrétaire général de la FIBA, Borislav Stanković, s’est prononcé en faveur de sanctions sévères pour les émeutiers :
“Je serais très sévère envers Grbović, qui a délibérément déclenché une bagarre armé, ainsi qu’envers Kićanović, qui n’était pas en jeu et s’est précipité du banc pour se battre.”
Nemac Lisovski, membre de la Commission technique de la FIBA, s’est montré tout aussi indulgent, exigeant que les deux fédérations soient condamnées à une amende de 20 000 dollars chacune et exclues du prochain EuroBasket qui se jouera en RFA. Heureusement pour les deux équipes, ces annonces n’ont finalement rien donné.
L’équipe italienne peut continuer l’EuroBasket 1983 malgré cet incident. Crédit : Fabio Ramani – FIP
Des pénalités ont été infligées suite à des incidents lors du match entre la Yougoslavie et l’Italie. Dragan Kićanović a été suspendu un match et Goran Grbović a été disqualifié pour le reste du Championnat en raison de l’incident des ciseaux. Bonamico lui a été suspendu un match. Finalement, Kića n’a pas joué les deux matchs restants pour cause de blessure, tandis que Grbović n’a manqué qu’un seul match, celui de la dernière rencontre de son équipe nationale.
Le 24-0 que les Azzurri infligent aux Oranje pendant deuxième mi-temps leur offre la finale. Ils y retrouveront l’Espagne, extraordinaire dans sa victoire contre l’URSS du jeune Sabonis, âgé de 18 ans. L’entraîneur Espagnol Antonio Díaz-Miguel a déclaré à propos de cette rencontre:
Une finale latine, juste parce qu’elle récompense le basket le plus moderne du monde, qui mise sur une bonne défense, la contre-attaque et de bons pourcentages de tir”.
Après la défaite de Limoges, cependant, Diaz Miguel se laisse emporter par une polémique stérile :
“Ce n’est pas de la défense : on se défend avec les jambes et l’Italie le fait avec les mains, en palpant ses adversaires : soit on admet le contact, et cela doit valoir pour tout le monde, soit on ne l’admet pas et alors il faut punir tout le monde”.
« Sachez, Don Antonio, que les Italiens préfèrent généralement… palper les femmes.” Gamba réplique aussitôt. “Quoi qu’il en soit, c’est une finale très difficile : ils ont la meilleure attaque, [Juan Antonio] Corbalán est le meilleur meneur de jeu, Sibilio est le meilleur ailier. Nous devrons bloquer les contre-attaques et faire commettre des fautes à Martín et Romay”.
Pour la première fois depuis 1973, la finale garantit un vainqueur unique, et encore une fois, l’Espagne est de la partie. Le match commence mal pour l’Italie, Riva est en difficulté face à San Epifanio et les grands joueurs ibériques limitent Meneghin. Après 10 minutes, le score est de 18-27, mais Gilardi puis 8 points consécutifs de Bonamico ramènent les Azzurri au contact, 30-31 à la 14e minute.
La température et l’humidité sont insupportables, Gamba puise à pleines mains dans son banc pour maintenir le rythme : Corbalán en fait les frais, épuisé tour à tour par Marzorati, Caglieris et Roberto Brunamonti. Et quand Ignacio Solozábal est sur le terrain, l’Espagne perd inévitablement du terrain.
La deuxième mi-temps est un monologue italien, Diaz Miguel tente de secouer ses joueurs mais écope de deux fautes techniques qui creusent l’écart : les contre-attaques de Gilardi et Caglieris propulsent l’écart à 73-54. Au milieu de la deuxième mi-temps, 5 fautes chacun font sortir Vecchiato et Meneghin du terrain. Le retour ibérique effraie l’Italie, mais l’équipe tient bon.
Il reste vingt secondes à jouer et maintenant, je veux vraiment voir qui va réussir à nous ravir cette médaille d’or. Excusez-moi si je suis un peu ému, je l’avoue, mais en trente ans de commentaires télévisés et seize championnats d’Europe, je n’avais jamais vu une équipe italienne triompher comme c’est le cas ce soir. Corbalán marque, chapeau bas à lui, mais l’Italie a gagné 105 à 96 et est championne d’Europe”.
C’est avec ces mots entrecoupés de sanglots que l’iconique commentateur italien, Aldo Giordani, clôt la retransmission télévisée en direct de Nantes qui consacre le premier succès continental de l’équipe nationale italienne.
L’Italie est championne d’Europe pour la première fois de son histoire en 1983. Crédit : Fabio Ramani – FIP
Gamba et Rubini sont lancés en l’air par les joueurs, Sacchetti et Caglieris embrassent le parquet, Vinci se précipite sur le terrain pour embrasser son entraîneur. La paix est faite. Chose curieuse à noter, aucun italien ne sera retenu dans le 5 majeur du tournoi. Celui-ci est composé du MVP Juan Antonio Corbalán, Nikos Galis, Juan Antonio San Epifanio, Stanislav Kropilák et Arvydas Sabonis. Mais pour le sélectionneur italien, cela représente un plus gros symbole.
Il n’y a aucun doute sur la légitimité de cette victoire,” commente Sandro Gamba. “Le basket est l’essence même du jeu d’équipe et l’Italie a gagné parce qu’elle a su interpréter au mieux ce concept.”
“Terminer un championnat d’Europe sans défaite, c’est être au niveau de l’URSS”, commente Brunamonti.
“Cette année, j’avais perdu deux finales,” explique Meneghin. “Je ne pouvais pas en perdre une troisième, la plus importante. C’est la plus belle victoire de ma carrière”. D’autant plus que Dino, pour fêter la confirmation de son fils Andrea, avait promis de ramener une médaille d’or à la maison. Au final, Diaz Miguel leur adresse également des compliments sincères :
“Vous avez fait une grande démonstration de basket collectif. Une défense sale ? Non, une grande défense, la meilleure. Il utilise son physique, mais il le fait très bien : et puis Meneghin, le plus grand de tous”.
Un trophée, enfin. L’Italie est au sommet de son art en cette année 1983. Est-ce que les Azzurri peuvent continuer sur cette bonne direction et emporter de nouvelles médailles dans les années à suivre?
L’apogée néerlandaise
Les Pays-Bas ne sont pas réputés pour leurs prouesses en basket-ball. Et pourtant, lors de l’EuroBasket 1983, les Néerlandais ont connu leur plus grand succès historique sous la houlette de l’entraîneur Vladimir Heger. L’équipe nationale a terminé quatrième du tournoi, une performance inattendue pour les Oranges.
La première rencontre dans le groupe B donne le ton que cette équipe pourrait réaliser quelque chose de spécial. Une victoire 72-78 face à l’Israël dans une très belle performance collective où 5 joueurs ont marqué plus de 10 points, permettant aux Oranges de repousser une remontée en deuxième mi-temps et les 24 points de Berkowitz.
Mitchell Plaat, ici avec le maillot de ZZ Leiden, fut un des héros de l’EuroBasket 1983. Crédit : photographe inconnu
Lors du match suivant face à l’Allemagne de l’Ouest, la première mi-temps voit les équipes au coude à coude. Mais grâce aux 24 points de Mitchell Plaat, les Pays-Bas s’imposent 67-79. Hélas, deux lourdes défaites, 90-63 face à la Tchécoslovaquie et 112-63 face à l’URSS semblent indiquer un retour à la réalité. Mais, à 2-2, le pays reste en course pour une place en demi-finale.
Lors de la dernière journée, les Oranges sont à égalité avec l’Allemagne de l’Ouest et l’Israël, deux pays qu’ils ont déjà battus. Et ces deux derniers s’affrontent après eux. Il faut donc gagner contre une Pologne déjà éliminée, et les Pays-Bas seront dans le dernier carré.
Grâce au trio Roland van den Bergh–Al Faber-Plaat combinant pour 39 points, les Pays-Bas se sont imposés 73-62. Avec cette victoire, les Pays-Bas obtiennent un ticket pour les demi-finales pour la première fois de son histoire. Hélas, les deux derniers matchs des Néerlandais tournent à la démonstration. 88-69 pour les Italiens, puis 105-70 pour les Soviétiques, encore eux. Malgré cela, les Pays-Bas accrochent une 4e place historique. Malheureusement, les Oranges n’arriveront pas à poursuivre dans une direction positive dans les années à suivre, et cet exploit ne sera jamais refait.
La déception yougoslave
Depuis 1969, la Yougoslavie a ramené une médaille à chaque édition de l’EuroBasket. Hélas pour eux, cette série s’est arrêtée en 1983. Un choc pour une équipe qui faisait partie des favoris depuis le milieu des années 70. L’équipe nationale yougoslave s’est rendue au championnat dans un état d’esprit optimiste. Cependant, depuis le départ d’Aco Nikolić, après le championnat du monde à Manille en 1978, c’était la cinquième compétition et le cinquième entraîneur, cette fois-ci Josip Đerđa. Sans continuité au sein du staff technique, il était difficile d’espérer une continuité dans les résultats.
En faisant revenir Ćosić et Slavnić dans l’équipe nationale, Đerđa a opté pour une équipe très expérimentée. La moyenne d’âge de 27 ans était la plus élevée jusqu’alors. Les débutants dans l’équipe étaient Dražen Petrović, Goran Grbović, Ivan Sunara et Milenko Savović, qui avaient déjà suffisamment d’expérience pour que l’on puisse s’attendre à ce qu’ils apportent une contribution significative dès leur première compétition. Dans le camp yougoslave, on estimait que l’équipe se battrait comme à son habitude pour la médaille d’or avec la sélection soviétique.
La France, soutenue par 5 000 supporters, était un adversaire très coriace. À la 14e minute, elle menait 35 à 30, obligeant Đerđa à faire entrer Kićanović, blessé, qui ne devait pas jouer. Grâce à Kića, la Yougoslavie réussit à renverser le score et à mener 46-42 à la mi-temps.
Elle joua beaucoup mieux pendant le reste du match et atteignit son plus grand écart, 62-48, en deuxième mi-temps. Elle se relâcha ensuite, ce qui lui fit perdre son avantage. Cependant, malgré l’excellente performance de Richard Dacoury avec 17 points, la Yougoslavie remporta la victoire 80-76. Les pivots Ratko Radovanović, avec 26 points sur 13/18 tirs, et Rajko Žižić, avec 14 rebonds, ont été brillants.
Jusqu’alors, les Espagnols étaient les sparring partners habituels de la Yougoslavie. Elle comptait 14 victoires consécutives dans les grandes compétitions contre les équipes ibériques. Hélas, toutes les séries ont une fin. Ce fut une douche froide et, après cela, la Yougoslavie s’est compliqué la tâche.
En première mi-temps, l’équipe des Balkans a été efficace, menant à un moment donné de 12 points, et a atteint la pause avec un score de 54-48. L’écart n’était pas si important, compte tenu du fait qu’elle avait réussi un incroyable 74 % de ses tirs et qu’elle était également meilleure au rebond, 13 contre 8.
Malgré l’expulsion de Žižić à la 27e minute pour cinq fautes, et celle de Kićanović, nerveux, à la 31e minute, Dalipagić a mené son équipe au score le plus élevé, 87-75, puis ils ont coupé les moteurs. Díaz Miguel a changé sept fois son système de zone (2-3, 3-2 et 2-1-2) jusqu’à trouver la formule du marquage individuel, contre laquelle la Yougoslavie n’a pas su trouver de solution.
Corbalán, Epi et Juan Manuel López Iturriaga ont formé un trio extraordinairement agile, capable d’empêcher les tirs faciles de Slavnic, Kikanovic et Dalipagic ; ce dernier, qui avait marqué 16 points en première mi-temps, n’a pu en convertir que 4 en seconde période, démontrant clairement l’importance du marquage d’Iturriaga.
Epi s’est occupé de Kikanovic, qui n’a marqué que 5 points pendant cette période, et a remonté le moral de ses coéquipiers grâce à des tirs impeccables. Enfin, Corbalán a mené le jeu de toute l’équipe, faisant preuve de force et d’une capacité transcendante à punir l’adversaire avec des lancers francs et à ne manquer aucun de ses tirs.
Le tableau d’affichage indiquait 90-90 à 90 secondes de la fin. Malgré tous les efforts, un seul point a été marqué : le lancer franc d’Andrés Jiménez. La Yougoslavie a eu une occasion de gagner au buzzer, mais n’a pas réussi à la convertir. L’Espagne a profité du manque de mordant de la Yougoslavie dans les dernières minutes pour remporter une victoire serrée 90-91.
L’entraîneur Đerđa était furieux contre les arbitres pendant tout le match, et il aurait mieux valu qu’il soit furieux contre lui-même, car il a laissé passer une faute technique à une minute et 37 secondes de la fin, alors que son équipe menait 90-88, redonnant ainsi vie à l’équipe espagnole.
Contre la Suède, le match a finalement été plus facile et s’est soldé par une victoire certaine 103-84. Les remplaçants ont également eu leur chance et la plupart d’entre eux ont marqué. Avant le match contre la Grèce, l’entraîneur Đerđa redoutait surtout le début précoce du match à 14h30.
En première mi-temps, la Yougoslavie a contrôlé le match et menait 46-37. Cependant, elle a très mal entamé la seconde mi-temps et a laissé les Grecs revenir au score. Ils ont même pris l’avantage 56-61 à la 36e minute et ont failli créer la plus grande surprise du championnat. La nouvelle star du basket européen, Nikos Galis, était imparable, marquant 25 points. Heureusement pour la Yougoslavie, Dalipagić et Kićanović étaient en feu, et dans une finale tendue, ils ont célébré leur victoire 77-76.
Il était évident que l’équipe avait de nombreux problèmes. Les vétérans Ćosić, Slavnić, Dalipagić et Kićanović n’avaient plus les capacités nécessaires pour porter le jeu de l’équipe nationale comme ils le faisaient auparavant. Et il n’y avait pas de véritables remplaçants en vue, à l’exception du très jeune Dražen Petrović.
Avec la victoire convaincante de l’Italie sur la France, pays hôte, il est devenu évident que la bataille pour une place en demi-finale se jouerait entre la Yougoslavie, l’Italie et l’Espagne. L’équipe des Balkans avait besoin d’une victoire de deux points contre l’Italie pour se qualifier, tandis qu’en cas de défaite, elle serait éliminée.
Peter Vilfan et Moka Slavnić sur la table de presse lors de la bagarre à Limoges de l’EuroBasket 1983. Crédit : www.skyhook.es
Après 19 ans de supériorité face à l’Italie, la Yougoslavie a subi une défaite et a été éliminée de la course aux médailles. Le match a débuté de manière festive. Dragan Kićanović a reçu le trophée destiné au meilleur joueur européen de la saison précédente. Le capitaine Krešimir Ćosić a fêté son 300e match sous le maillot de l’équipe nationale. Cependant, la suite n’a pas été des plus festives. Les joueurs yougoslaves, irrités par leur mauvaise performance, le jeu grossier de leurs adversaires et un arbitrage problématique, n’ont pas pu se retenir, ce qui a conduit à la bagarre mentionnée plus haut.
Pour la première fois depuis 1967, la Yougoslavie revient de l’Eurobasket sans médaille. Les nombreuses faiblesses de l’équipe ont été mises en évidence lors de cette compétition. Le sélectionneur Đerđa n’a compté que sur six joueurs, ce qui était insuffisant compte tenu du système du tournoi. L’équipe manquait de préparation physique, ce qui a entraîné d’importantes fluctuations dans le jeu dues à la fatigue. Elle a eu du mal à égaler ses adversaires au rebond, ce qui l’a conduite à trop miser sur son tir extérieur.
La Yougoslavie n’a même pas eu l’honneur de se classer meilleure, s’inclinant face à Israël lors du premier match du tour de classement. Le début de la seconde période a été décisif : les Israéliens ont réalisé un convaincant 64-48, avec une série de 20-2, avant de s’imposer facilement 88-99. Fait intéressant, ils ont affiché un meilleur pourcentage de tirs et davantage de rebonds, mais aussi beaucoup plus de pertes de balle (21 à 10), ce qui a finalement décidé du match.
En l’absence de Kićanović, le jeune Dražen Petrović a enfin eu sa chance et a marqué 20 points. Ratko Radovanović a été le meilleur joueur de l’équipe yougoslave avec 27 points, tandis que Louis Silver (26), Berkovich (27) et Doron Jamchi (20) ont marqué pour les Israéliens. La Yougoslavie termine 7e après une victoire 104-88 contre l’Allemagne de l’Ouest. Après ce résultat décevant, il reste à voir comment l’équipe pourra remonter la pente et reprendre sa place parmi l’élite du basket européen.
EuroBasket 1985, une plus grande phase à élimination directe
La Salle Hanns Martin Schleyer de Stuttgart, arène de la finale de l’EuroBasket 1985. Crédit : Klaus Enslin
14 ans après, l’EuroBasket fait son retour en Allemagne de l’Ouest avec un tournoi organisé entre le 5 et le 16 juin en RFA. 12 équipes se sont affrontées dans 3 salles différentes : la Salle européenne de Karlsruhe avec une capacité de 5 000 places, la Salle Wilhelm Dopatka de Leverkusen, pouvant accueillir 3 500 personnes et la Salle Hanns Martin Schleyer de Stuttgart, avec 15 500 sièges.
Comme en 1981, les équipes ont été réparties en deux groupes de six équipes chacun. Le groupe A était à Karlsruhe, le groupe B à Leverkusen. Cependant, ici, les quatre meilleures équipes de chaque groupe se qualifient pour les quarts de finale. Les vainqueurs des demi-finales à élimination directe se qualifient pour la finale, et les perdants disputent un match pour la troisième place.
Les perdants des quarts de finale s’affrontent dans un tableau séparé pour déterminer les places 5 à 8 du classement final. Les cinquième et sixième équipes de chaque groupe s’affrontent dans un autre tableau pour déterminer les places 9 à 12 du classement final. Fait notable, ce tournoi en 1985 fut le premier à introduire la ligne à 3 points, la règle ayant été introduite dans les compétitions FIBA en 1984. Petit à petit, on se rapproche du basket que l’on connaît aujourd’hui.
L’Italie, championne d’Europe en titre, est bien évidemment attendue au tournant en Allemagne de l’Ouest. Les Azzurri comptent également se rattraper après une élimination surprise face au Canada en quart de finale des Jeux Olympiques de Los Angeles. Avec un Riva qui a monté en puissance lors des jeux précédents, l’équipe peut se montrer ambitieuse.
Médaillée d’argent en 1983 et 1984, l’Espagne veut enfin monter sur la plus haute marche du podium et obtenir son premier trophée majeur. Hélas, l’équipe sera sans Corbalán, ayant pris sa retraite internationale après les JO. C’est donc un autre Juan Antonio, San Epifanio, qui va devoir prendre les commandes de cette équipe lors de cet EuroBasket. Il pourra également compter sur Martín, impressionnant à Los Angeles.
La Yougoslavie s’est relativement rattrapée depuis son échec en France avec une médaille de bronze en 1984. Cela dit, Dalipagić, joueur clé à Los Angeles, est absent en 1985. C’est donc un autre Dražen, Petrović, âgé de 20 ans, qui va devoir porter son équipe vers une nouvelle médaille européenne. Un nouveau coach fait ses débuts avec l’équipe nationale, nul autre que Krešimir Ćosić. Après un rapide retour de Mirko Novosel pour les JO, c’est l’ancienne gloire Yougoslave qui arrive sur le banc.
Enfin, l’Union Soviétique était absente aux Jeux Olympiques de Los Angeles car… c’était à Los Angeles. Mais les médaillés de bronze du dernier EuroBasket comptent bien remonter sur la plus haute marche du podium. Avec un jeune Arvydas Sabonis, révélation du précédent Championnat d’Europe, et le retour de Vladimir Tkachenko, cette équipe a les armes pour faire mal cette année. Le nouveau sélectionneur Vladimir Obuchov va devoir réussir très vite.
Le dernier sacre de l’URSS
Avec un secteur intérieur impossible à arrêter, l’URSS remporte son 14e et dernier EuroBasket en 1985. Encore à ce jour, ils ont 10 sacres d’avance sur la meilleure équipe encore en activité. Une domination qui ne pourra plus jamais être répétée.
L’Union Soviétique a commencé en force avec une victoire 118-103 sur la France grâce aux 23 points de Valdemaras Chomičius. C’est un autre Lituanien, Rimas Kurtinaitis, qui brille lors du match suivant, avec 22 points contre la Roumanie lors d’une victoire 100-85. Vient alors le grand test face au rival, la Yougoslavie.
Bien que la Yougoslavie ait bien entamé le match, les Soviétiques n’ont jamais lâché l’avantage dès l’instant où ils ont pris l’avantage. À la mi-temps, le “Corps d’armée” comptait quatre points d’avance, et en seconde période, cet avantage n’a cessé de croître, atteignant son plus haut niveau à la 33e minute avec un plus 14. Au final, le score final était de 105-97, signe évident que l’équipe soviétique était tout simplement plus forte que son rival à ce moment-là.
Le match était également un duel entre les deux meilleurs jeunes joueurs d’Europe, Petrović et Sabonis. Malgré des fautes personnelles en début de match, le géant lituanien était tout simplement inarrêtable. 34 points, dominant sous la planche et excellent passeur. Pour le match le plus important du tournoi à ce jour, il a répondu présent.
Après une telle victoire, l’URSS était confiante… peut-être trop confiante. L’Espagne a réalisé un match quasi parfait contre l’URSS, s’imposant dès la mi-temps, 52 à 57, et dominant même le rebond, 26 à 22. Sibilio, Jiménez et Martín ont cumulé 49 points, rendant les 28 points de Sabonis insuffisants.
La performance du meneur Vicente Gil, qui a remplacé José Luis Llorente, en proie à des problèmes physiques, a été tout aussi remarquable. Finalement, l’équipe ibérique s’est imposée 99-92, surprenant une nouvelle fois les Soviétiques. L’entraîneur espagnol Antonio Díaz a donné une interprétation intéressante de la victoire de son équipe :
Il n’y avait pas de tactique. C’était de l’improvisation pure, tous les basketteurs étaient libres de résoudre les problèmes comme ils le jugeaient bon. Seuls la défense, l’entente et la discipline devaient être respectées”.
Nous ne savons pas si c’était vraiment le cas, mais les Espagnols ont remporté une grande victoire. Cependant, quelques jours plus tard, Valdis Valters a donné une explication intéressante à la défaite de son équipe.
Les Américains sont responsables. Nous avons regardé la finale des playoffs de la NBA entre les Boston Celtics et les LA Lakers toute la nuit jusqu’à six heures du matin le jour du match. Il faisait déjà nuit quand nous nous en sommes aperçus, nous n’avons donc pas pu nous reposer correctement.”
L’URSS se réveille lors de son dernier match et détruit la Pologne 122-99, avec 6 joueurs à plus de 10 points dont Heino Enden et Valdis Valters qui ont marqué 17 points lors de cette rencontre. Avec un bilan de 4-1, l’Union Soviétique est ex-aequo avec l’Espagne et la Yougoslavie. A cause de la différence de points dans les confrontations directes, les Soviétiques terminent 2e derrière les Yougoslaves et devant les Espagnols.
En quart de finale, l’URSS affronte la 3e équipe du groupe B, la Bulgarie. Pas de grande difficulté pour les Soviétiques, qui avec les 31 points de Valters, s’imposent 104-86 et retrouvent les demi-finales. C’est alors que l’Union Soviétique fait face à l’Italie.
Dans cet affrontement entre les deux derniers champions d’Europe, les tenants du titre se font massacrer. 40-73 en une mi-temps. Le match est déjà plié. Sabonis finit avec 36 points, et l’URSS l’emporte 96-112 pour retourner en finale.
Pour la dernière rencontre, l’URSS affronte un adversaire surprise : la Tchécoslovaquie. Vaillant, les Tchécoslovaques tiennent bon en première mi-temps avant de craquer en deuxième, perdant cette période 42-66. Valters, Kurtinaitis et Sabonis ont cumulé 74 points ensemble durant cette finale, pour une victoire 89-120.
1985 marque le dernier triomphe soviétique dans un EuroBasket. Crédit : photographe inconnu
Arvydas Sabonis est nommé MVP du tournoi tandis que Valdis Valters le rejoint dans le 5 majeur. Le reste de l’équipe type de l’EuroBasket 1985 est composé de Dražen Petrović, Detlef Schrempf et Fernando Martín. Personne ne pouvait se douter à l’époque que cela serait la dernière fois que l’URSS soulèverait le trophée de champion d’Europe.
La dernière grande équipe de Tchécoslovaquie
Avec le recul, l’EuroBasket de 1985 peut être considéré comme la fin d’une ère. Non seulement cette édition a vu le dernier titre européen de l’URSS, mais également le dernier beau parcours d’une équipe pionnière du basket sur le vieux continent : la Tchécoslovaquie. Après avoir fini 3e en 1981, la Tchécoslovaquie avait terminé à la 10e place au Mondial 1982 et à l’EuroBasket 1983, signalant peut-être le début d’une période de disette pour le pays d’Europe centrale.
L’objectif de l’équipe était de terminer à la 7e place et ainsi de se qualifier pour le prochain championnat d’Europe en Grèce. Cela signifiait qu’il fallait se classer parmi les quatre premiers du groupe. La sélection avait l’expérience et les atouts nécessaires pour y parvenir. La Tchécoslovaquie avait le cinq de départ le plus âgé du tournoi. Kropilák avait 30 ans, Jaroslav Skála 31 et Kamil Brabenec 34. “Mais cela les a aussi motivés”, expliquePavel Petera, l’entraîneur de l’époque.
Le tournoi a commencé avec une défaite 82-80 encourageante de la Tchécoslovaquie face au tenant du titre, l’Italie. Certes, perdre alors que tu mènes à la mi-temps ne fait jamais plaisir, mais ce match a démontré que la Tchécoslovaquie pouvait faire mal à n’importe qui.
Le match contre l’Israël a complètement changé le parcours de la Tchécoslovaquie à l’EuroBasket 1985. Crédit : Ján Súkup – Štartfoto
Suite à cela vient une victoire compliquée contre l’Israël. Après avoir été menée 54-42 à la mi-temps, la Tchécoslovaquie a entamé une remontée spectaculaire pour s’imposer 92-93. Doron Jamchi a inscrit 33 points au total, mais grâce à la défense d’Igor Vraniak, il a été ralenti en deuxième mi-temps.
Hélas, les matchs suivants ont failli faire dérailler les plans de la Tchécoslovaquie. Après une bonne première mi-temps contre la RFA, les Tchécoslovaques ont lâché prise, perdant 101-83. La défaite 68-84 contre la Bulgarie a failli être fatale.
Grâce à un concours de circonstances, la Tchécoslovaquie a terminé à la 4e place et s’est qualifiée pour la phase à élimination directe. Pour se qualifier pour les quarts de finale, la Tchécoslovaquie devait remporter son dernier match contre les Pays-Bas, 4e du Championnat d’Europe 1983.
Nos joueurs (du moins les meilleurs) ont déjà dépassé leur apogée. Ils jouent comme ils l’ont appris il y a de nombreuses années. Mais le monde joue tout à fait différemment. De manière plus moderne. Plus précisément, avec un engagement énorme en défense, sans crainte et avec détermination sous les deux paniers. Nous avons reçu une leçon”, écrivait le quotidien Šport avant le match contre les Pays-Bas.
La Tchécoslovaquie a largement battu les Pays-Bas 104 à 66, Oto Matický marquant 15 points dans le match. En effet, la leçon a été retenue par les joueurs, place aux quarts de finale.
Il ne faut pas céder à un optimisme excessif avant les prochains matchs. La défense s’est améliorée, mais nous avons du mal en attaque et notre précision de tir est inégale. Le fait que Kropilák, notre pilier, mais aussi Rajniak et d’autres joueurs cherchent encore leur forme optimale pose également un problème non négligeable”, a déclaré l’entraîneur au journal Rudé Právo.
La question dans le camp tchécoslovaque était simple : comment faire pour arrêter Dražen Petrović? Le Yougoslave était à ce moment-là le meilleur joueur du tournoi, et pour vaincre le pays des Balkans, il fallait une solution contre lui.
L’entraîneur Peter a appelé Kamil Brabenec dans son compartiment et lui a dit qu’il allait spécialement défendre Petrovič. Nous, les autres joueurs sous le panier, devions l’aider activement et rendre la vie difficile à Petrovič. C’était une stratégie intéressante, car Kamil était un excellent tireur, mais il n’était pas très doué en défense”, explique Matický.
Alors que les responsables étaient assis et se creusaient la tête à propos de Petrovič, j’ai déclaré avec arrogance : “Je vais le défendre !” Ils ont commencé à rire, car tout le monde savait que ma philosophie défensive était inexistante. […] “Les responsables m’ont demandé : “Comment vas-tu le défendre, comment imagines-tu cela ?
Je savais que je ne pourrais pas le défendre seul, qu’il avait un bon jumper et un bon dribble. Mais si les pivots m’aidaient, je pourrais m’en sortir. Nous avons convenu qu’ils se mettraient en travers de son chemin et le retarderaient. Je devancerai alors Petrovič, il ne recevra pas le ballon de ses coéquipiers et cela l’énervera. Il deviendra nerveux, commencera à tirer bêtement et ne marquera pas.”
Le match contre la Yougoslavie a bouleversé tous les pronostics. Brabenec a réalisé la performance de sa vie. Il a marqué 32 points et Petrovič en a marqué 25. Brabenec, Kropilák et Skála ont fait ce qu’ils avaient convenu. Petrovič n’a marqué que quelques paniers pendant toute la mi-temps. Grâce à l’aide des deux autres joueurs et du remplaçant Oto Matický sous le panier, j’ai réussi à le neutraliser”, se souvient Kamil Brabenec.
En deuxième mi-temps, les Yougoslaves ont trouvé une solution, mais nous avons quand même gagné et j’ai non seulement défendu Petrović, mais je l’ai aussi surpassé au tir. Mais nous avons gagné en équipe, nous avons joué de manière plus collective. Petro Rajniak a bien tiré, Stano Kily Kropilák s’est imposé sous le panier. Nous avons marqué plus de cent points contre les Yougoslaves, ce que personne n’attendait.”
L’équipe de la Tchécoslovaquie a mené presque tout le match, mais lorsque les Yougoslaves ont égalisé à 84-84 en deuxième mi-temps, il semblait qu’ils allaient remporter la victoire. Cela ne s’est pas produit et la sensation était là. La Tchécoslovaquie est de retour dans le dernier carré.
En demi-finale, La Tchécoslovaquie affrontait l’une des meilleures équipes du vieux continent. Les Espagnols défendaient leur médaille d’argent au tournoi, après avoir perdu uniquement contre les Américains aux Jeux olympiques de 1984 à Los Angeles.
San Epifanio Ruiz, considéré par beaucoup comme l’un des meilleurs joueurs européens des années 80, jouait pour l’Espagne. Comme contre la Yougoslavie, nous avons réussi à éliminer le cerveau de l’adversaire.” décrit Matický.
Il faut toutefois préciser que quelques minutes avant la fin, nous étions menés. Mais Petro Rajniak s’est alors réveillé, marquant des paniers à trois points importants, et Jardo Skála a réussi ses lancers francs. Nous étions sur une bonne lancée.”
À la 35e minute, alors que le score était de 84-76 pour les Espagnols, l’équipe tchécoslovaque a reçu l’ordre de passer d’une défense individuelle à une défense en zone, car la plupart des joueurs avaient déjà commis quatre fautes. En attaque, Rajniak a connu de grands moments, réduisant l’avance de l’adversaire grâce à d’autres tirs à trois points. Les Espagnols ont commencé à s’énerver et, à deux minutes de la fin, le score était de 86-86.
Les 120 dernières secondes ont été incroyablement dramatiques. Les Espagnols ont commis des fautes pour récupérer le ballon et les joueurs de la Tchécoslovaquie ont converti leurs lancers francs. Le match contre l’Espagne a été favorable à Peter Rajniak, Vlastimil Havlík a marqué beaucoup de tirs à trois points. L’équipe nationale a gagné 98 à 95 grâce à un tir à trois points à la toute fin du match.
Après le coup de sifflet final, une immense euphorie a éclaté. Les fans se sont mêlés aux joueurs et aux entraîneurs en liesse, mais les trois policiers ouest-allemands présents sur le terrain ne sont pas intervenus, se contentant d’observer la scène.
Nous savions que c’était notre apogée”, dit Matický.
En finale, la Tchécoslovaquie a perdu contre l’Union Soviétique 89 à 120, dans un match où il était clair que l’équipe avait estimé avoir déjà fait son travail.
Après nos victoires contre la Yougoslavie et l’Espagne, on ne s’est pas concentrés, on a plutôt fêté le fait qu’on allait au moins avoir l’argent. Nous aurions dû nous accrocher et tenir encore deux jours”, se souvient Brabenec.
Mais même ainsi, nous n’étions menés que de sept points à la mi-temps. Dans la deuxième mi-temps, nous voulions rapidement rattraper notre retard, mais nous avons tiré trop vite et mal. Nous avons encaissé des paniers sur des contre-attaques rapides, nous avons baissé physiquement et nous nous sommes effondrés.”
L’EuroBasket 1985 représente le dernier grand moment de la Tchécoslovaquie. Crédit : Ján Súkup – Štartfoto
Et c’est ainsi que, comme l’a écrit de manière un peu déformée la Deutsche Presse-Agentur, “le grand succès des vieux messieurs de la Vltava, menés par un petit grand homme taciturne”, est né.
La Yougoslavie chute encore
Après un retour sur le podium lors des Jeux de 1984, il était attendu que la Yougoslavie retourne également sur le podium européen en 1985. Hélas, c’est une nouvelle 7e place décevante qui les attend. L’entraîneur Krešimir Ćosić a été privé des services des joueurs les plus expérimentés, Dalipagić, Radovanović et Žižić, ce qui a permis à Zoran Čutura, Stojko Vranković, Sven Ušić et Borislav Vučević de faire leurs débuts dans les grandes compétitions.
La Yougoslavie a battu l’Espagne 99 à 83 lors du premier match après un combat acharné. Le résultat est d’autant plus convaincant que les Yougoslaves ont dû lutter pour remporter la victoire. En première mi-temps, leurs tirs n’ont pas vraiment été efficaces, en particulier ceux de Dražen Petrović (2/10), et ils ont donc atteint la pause avec un déficit de quatre points, 39-43.
Ce n’est qu’en deuxième mi-temps qu’ils ont ajusté leur tir, Ćosić passant d’une défense en zone à une défense individuelle, ce qui a déstabilisé les Espagnols. Le match ne s’est décidé que six minutes avant la fin, lorsqu’ils ont pris l’avantage 81 à 72.
Le match entre la Yougoslavie et la France s’est avéré beaucoup plus facile que prévu pour l’équipe des Balkans. Les Bleus, après une bonne performance lors du premier match contre l’URSS, pensaient peut-être qu’ils étaient bien meilleurs qu’ils ne l’étaient objectivement.
Dès la première seconde, l’équipe yougoslave a imposé un rythme qui lui convenait. Le match était pratiquement décidé dès la première mi-temps, qui s’est terminée sur un score de 65 à 40 en faveur de la Yougoslavie. Leur plus grand avantage était de plus de 30 points, et le score final était de 110 à 89.
Le pourcentage de tirs réussis illustrait parfaitement la différence de niveau entre les deux équipes, 69 % contre 49 % en faveur de la Yougoslavie. Le meilleur marqueur du match était Dražen Petrović avec 30 points, sur 9 tirs réussis sur 13, et Stéphane Ostrowskipour les Français avec 22 points.
Comme d’habitude, le match URSS-Yougoslavie était très attendu en 1985. Crédit : photographe inconnu
La défaite contre l’URSS a fait mal, mais l’équipe a su rebondir par la suite. La Yougoslavie avait encore deux matchs à disputer contre les équipes les plus faibles du groupe, la Pologne et la Roumanie, et deux victoires lui garantissait la deuxième place du groupe au pire. Elle bat la Pologne sur le score de 106 à 94. Dražen Petrović a de nouveau été le joueur le plus efficace avec 31 points. Une fois de plus, la meilleure adresse au tir (57,8 % contre 44,9 %) a été le facteur décisif.
Contre la Roumanie, dans un match plutôt terne, la Yougoslavie s’est imposée 102 à 93. Grâce à une défense peu rigoureuse, les Yougoslaves ont permis aux Roumains de marquer un grand nombre de points. Pour la première fois, l’entraîneur a essayé une équipe de cinq joueurs comprenant trois arrières, qui ont également été les joueurs les plus en vue du match, Petrović, Zoran Radović et Nebojša Zorkić.
Finissant première du groupe, la Yougoslavie affronta la Tchécoslovaquie en quart de finale, et il était attendu que ça soit une victoire facile avant d’atteindre le dernier carré de la compétition. Et si tout se passait comme prévu, l’équipe des Balkans affrontera l’Espagne en demi-finale, qu’elle avait battue de manière convaincante lors du premier match du tournoi. La voie vers la finale leur était donc ouverte, ainsi que la possibilité de remporter au moins une médaille d’argent.
En ce qui concerne la configuration tactique du jeu, il convient de noter qu’après plusieurs années au cours desquelles la Yougoslavie a joué avec quatre ou cinq pivots, cette fois-ci, l’équipe n’en avait pratiquement qu’un seul, le capitaine Andro Knega.
Très souvent, Ćosić combinait avec les ailiers Mihovil Nakić, Boban Petrović et Sunara. Le problème pour l’équipe était la blessure de Nakić, qui s’est avérée l’empêcher de jouer jusqu’à la fin du championnat, ce qui a encore réduit la rotation de l’équipe yougoslave.
Les Yougoslaves étaient déjà concentrés sur la finale contre l’Union soviétique, et ils devaient d’abord surmonter l’obstacle espagnol. La Tchécoslovaquie n’était même pas dans leurs pensées, et puis c’est arrivé. L’une des défaites les plus difficiles et les plus douloureuses dans les grandes compétitions.
L’équipe a abordé le match avec désinvolture, ce dont l’adversaire a profité pour prendre une avance significative de 18-28 dès le début, à la 11e minute. L’équipe des Balkans a tenté sans relâche de renverser la situation avec des tirs extérieurs, mais sans succès. À la mi-temps, la Tchécoslovaquie menait 51-43, grâce à une bien meilleure adresse au tir.
En deuxième mi-temps, les Yougoslaves ont joué de manière beaucoup plus agressive et engagée, et ont réussi à réduire le score à 51-53 grâce à un pressing intense. Cependant, la Yougoslavie n’a pas eu la force de renverser complètement la situation, et la Tchécoslovaquie a de nouveau pris une avance significative de 59 à 72. Grâce principalement à Nebojša Zorkić, qui a réussi à intercepter quelques ballons et à marquer sur des contre-attaques, le score était de 84 à 84 à trois minutes et demie de la fin.
Krešimir Ćosić a connu de meilleurs résultats en tant que joueur qu’en tant qu’entraîneur. Crédit : photographe inconnu
Grâce aux points de Kropilak, la Tchécoslovaquie a réussi à reprendre l’avantage et a finalement remporté une victoire sensationnelle 102-91. Bien qu’elle ait été encore meilleure au rebond, la mauvaise adresse au tir de la Yougoslavie (48,5 % contre 63 %) a été le facteur décisif. Le camp yougoslave était sous le choc et incrédule. L’entraîneur Ćosić a tenté de trouver une explication à cette défaite difficile et inattendue, mais sans grand succès.
En première mi-temps, il y avait une nervosité extraordinaire qui s’est presque transformée en peur lorsque les choses ont mal tourné. Parfois, j’avais envie de crier depuis le banc, mais j’avais peur que cela les paralyse encore plus. »
Avec cette défaite, la Yougoslavie se retrouva dans une situation où elle devait se battre pour obtenir au moins la septième place afin d’éviter les tours de qualification pour le prochain championnat d’Europe à Athènes. L’ampleur du choc causé par la défaite contre la Tchécoslovaquie se manifesta également lors de notre match suivant, contre l’Allemagne, l’équipe hôte, où il était clair que l’équipe ne s’était pas remis.
Les Allemands ont senti le sang et sont entrés dans le match déterminés à saisir l’occasion qui s’offrait à eux. Ils ont mené du début à la fin, Mike Jackel a écumé notre panier depuis toutes les positions et la défaite était inévitable. Dražen Petrović a probablement livré son match le plus faible sous le maillot de l’équipe nationale, ne marquant que deux points sur le terrain, 5 au total. Au final, la RFA a remporté une victoire méritée 98-84.
Il ne restait plus qu’à disputer le match pour la septième place contre la Bulgarie et à tenter de préserver au moins un peu de la réputation que la Yougoslavie avait commencé à gaspiller sans pitié. Des insultes ont commencé à fuser à l’encontre de l’entraîneur Ćosić et des appels à sa démission ont été lancés. Le leader de l’équipe nationale, Radomir Šaper, a réagi avec autorité à tout cela :
Le public n’a jamais nommé ni révoqué nos entraîneurs nationaux auparavant, et je pense qu’il ne le fera pas non plus cette fois-ci. Nous avons un conseil d’experts qui discutera de tout cela.”
Lors de son adieu au championnat, la Yougoslavie trouva la force de remporter une victoire assurée contre la Bulgarie et d’éviter les tours de qualification pour le prochain championnat d’Europe en Grèce. Elle mena du début à la fin, 56-44 à la mi-temps, et 105-86 à la fin. Dražen Petrović fut excellent dans ce match, contrairement au précédent, marquant 34 points. La tension monte autour de l’équipe nationale après ce deuxième échec consécutif. Il est clair qu’il va falloir apprendre de cet EuroBasket et vite afin de ne pas gâcher une pourtant belle génération et sa star montante, Petrović.
EuroBasket 1987, direction la Grèce
Le Stade de la Paix et de l’Amitié, ouvert en 1985. Crédit : Wikimedia
Pour la première fois, l’EuroBasket se déroule en Grèce, entre le 3 et le 14 juin 1987. 12 équipes s’affrontent au Stade de la Paix et de l’Amitié au Pirée, une salle omnisports moderne avec une capacité de 12 171 places. Les équipes ont été réparties en deux groupes de six équipes chacun. Les quatre meilleures équipes de chaque groupe se qualifient pour les quarts de finale. Les vainqueurs des demi-finales à élimination directe se qualifient pour la finale, tandis que les perdants disputent un match pour la troisième place.
Les perdants des quarts de finale s’affrontent dans un tableau séparé afin de déterminer les places 5 à 8 du classement final. Les cinquième et sixième équipes de chaque groupe s’affrontent dans un autre tableau pour déterminer les places 9 à 12 du classement final.
Champions en titre et finaliste au Championnat du Monde 1986, l’Union Soviétique fait une nouvelle fois office de favori de l’EuroBasket 1987. Hélas, l’équipe est sans Arvydas Sabonis, MVP de la précédente édition qui commence déjà à souffrir de problèmes aux jambes.
C’est donc au duo Valters-Valeri Tikhonenko, ce dernier étant nommé dans l’équipe type du Mondial, que revient la tâche de mener cette équipe jusqu’aux sommets. Alexander Gomelsky est de retour pour son troisième mandat en tant que sélectionneur de l’URSS.
La Tchécoslovaquie, finaliste du précédent EuroBasket, n’est pas attendue comme pouvant refaire son exploit, alors que son noyau Brabenec-Kropilák-Rajniak continue de vieillir. Cela dit, comme en 1985, il ne faut pas sous-estimer cette équipe. Médaillé de bronze en 1985 et 6e en 1986, l’Italie veut retrouver la plus haute marche du podium en 1987. Avec son duo Villalta-Riva, l’équipe a les moyens pour faire mal dans cet EuroBasket.
Après une nouvelle déception lors de l’EuroBasket précédent, la Yougoslavie a fini 3e du Championnat du Monde précédent, avec notamment Dražen Petrović qui a été nommé MVP de la compétition. 1 an plus tard, Ćosić ne peut pas se permettre un nouvel échec cuisant.
Enfin, l’Espagne, 4e du précédent EuroBasket et 5e du dernier Mondial, fait office d’outsider dans cette édition. L’incontournable Juan Antonio San Epifanio joue toujours le rôle de leader dans cette équipe, et va devoir fournir un maximum d’efforts pour retrouver le podium.
La Grèce choque l’Europe
Après sa médaille de bronze en 1949, la Grèce ne s’est plus jamais approchée du dernier carré d’une compétition. Elle n’était même pas présente lors de l’EuroBasket 1985. Et pourtant, devant son public, c’était la première fois que l’équipe nationale grecque remporte un tournoi majeur dans n’importe quel sport, faisant instantanément du basketball le sport national et rendant l’équipe nationale très populaire dans tout le pays.
Le 5 majeur grec à l’EuroBasket 1987. Crédit : photographe inconnu
La Grèce a été tirée au sort dans le groupe A, qui était également le plus difficile, avec pour adversaires l’Union soviétique, la Yougoslavie, l’Espagne, la Roumanie et la France. Le sélectionneur national Kostas Politis avait pris les rênes de l’équipe nationale en 1982 et s’était fixé pour objectif de créer une équipe jeune avec des objectifs à long terme.
Nous avons progressé pas à pas et, en 1987, cette équipe avait mûri et acquis de l’expérience. Elle commençait à se faire remarquer”, avait-il déclaré dans une interview.
La Grèce a commencé par une victoire facile contre l’équipe la plus faible du groupe, la Roumanie, sur le score de 109 à 77, avec 44 points marqués par Nikos Galis. Les tribunes du stade n’étaient pas pleines, seulement 8 000 personnes environ dans la salle, ce qui indiquait que les supporters ne croyaient pas au potentiel de l’équipe, malgré la présence de grands joueurs dans son effectif.
La victoire le lendemain contre la grande Yougoslavie de Dražen Petrović 84-78, après avoir été menée 42-49 à la mi-temps, a réveillé les consciences et incité les supporters grecs à envahir les tribunes du stade. Galis a marqué 44 points pour la deuxième journée consécutive, montrant qu’il était peut-être le meilleur joueur du tournoi. Le seul point négatif du match a été la blessure de Nikos Filippou.
L’euphorie suscitée par la victoire contre l’équipe bleue était encore grande le lendemain. Hélas, l’Espagne allait ramener l’équipe à la réalité. 106-89 pour les Espagnols, avec San Epifanio et Jiménez totalisant 51 points à eux deux. Malgré les 35 points de Galis et les 20 de Panagiotis Fasoulas, cela n’a pas suffi.
Une autre défaite allait suivre pour la Grèce, l’Union soviétique s’imposant 69-66 après avoir été menée 30-37 à la mi-temps. L’arbitre tchécoslovaque Lubomir Kotleba a provoqué des réactions négatives de la part du public avec ses décisions et, dès lors, il a été hué chaque fois qu’il est apparu dans le stade grec. Galis a marqué 31 points, mais cela n’a pas suffi pour remporter la victoire.
Nous arrivons au dernier match crucial de la phase de groupes, le 7 juin, où la Grèce devait battre la France pour se qualifier pour les quarts de finale et ne pas enregistrer un nouvel échec dans son palmarès. Avec le soutien du public et les 34 points de Galis, elle s’impose 82-69. Après être rentré aux vestiaires sur un score de 38-38, la Grèce a livré une excellente seconde mi-temps et a atteint son objectif principal, qui était d’entrer dans le dernier carré.
La Grèce a terminé quatrième du groupe A et a été appelée à affronter la première équipe de l’autre groupe, l’Italie. Dès le début, l’optimisme régnait quant à la possibilité pour l’équipe nationale de l’emporter sur les Azzurri. Les locaux n’avaient jamais battu l’Italie par le passé, mais, comme l’a déclaré Nikos Galis à la fin :
J’étais tellement sûr que nous allions gagner, dès le moment où les équipes ont été présentées. J’ai vu la peur dans les yeux des Italiens.”
L’équipe de Galis et Panagiotis Giannakis n’a laissé aucun doute quant au vainqueur. Avec 38 points de Galis, 22 de Giannakis et 12 d’Argyris Kambouris, qui a été la révélation du match, ils ont battu les Italiens 90-78 et se sont qualifiés triomphalement pour les demi-finales.
En demi-finale, ils ont de nouveau affronté la Yougoslavie. Ils l’ont battue une nouvelle fois grâce à un retour épique en deuxième mi-temps, passant de 35-45 à 81-77. Fanis Christodoulou, avec 18 points, a été le facteur décisif de cette grande victoire, qui a permis à l’équipe de Kostas Politis d’accéder à la finale de la compétition et de faire de la médaille d’or un objectif réalisable.
En finale, la Grèce affrontait à nouveau l’Union Soviétique, qui avait remporté l’autre demi-finale de la compétition. Toute la Grèce était rivée à son poste de télévision. Sur le banc de l’équipe nationale, le grand Rony Seikaly était là pour encourager les joueurs, même si un an auparavant, il avait participé à la Coupe du monde de basket-ball avec les États-Unis et avait perdu le droit de porter le maillot grec. Rony avait commencé à jouer au basket-ball en Grèce et avait joué avec le Panathinaïkos avant de rejoindre Syracuse.
Le match fut passionnant, Galis fut une fois de plus le héros avec 40 points, ayant même inscrit un panier qui encore aujourd’hui, reste l’un des plus incroyables de l’histoire de l’EuroBasket. La Grèce a maintenu son rythme de jeu élevé, ce qui a porté ses fruits puisqu’à la fin de la première mi-temps, elle menait 42-41. En deuxième mi-temps, elle a continué sur sa lancée, sans faiblir lorsque le match a mal tourné.
Après deux lancers francs de Liveris Andritsos, le score est à 89-89, à 36 secondes de la fin. L’Union Soviétique remonte le terrain. Valters tente un tir à 3 points, il le rate et la Grèce prend le rebond. 16 secondes à jouer. Memos Ioannou a le ballon et l’opportunité de tuer la rencontre, mais rate son lay-up à cause de la défense de Viktor Pankrashkin. Rebond pour les Rouges. Valters remonte le terrain, envoie le ballon à Sergejus Jovaiša qui marque… après la fin du temps réglementaire.
Le camp soviétique conteste la décision de l’arbitre de refuser le panier, mais celui-ci est bel et bien invalidé. Pour la première et unique fois jusqu’à présent, une finale de l’EuroBasket allait se décider en prolongation. Mais, les Grecs étaient menés 98-95 à 2 minutes de la fin. Ils recollent à -1 grâce à un panier contre la planche d’Andritsos. Valdis Valters tente d’aller au panier mais la défense blanche et bleue lui bloque le chemin. Rebond pour les Grecs. Galis reçoit le ballon, dribble jusqu’au panier adverse pour tenter de marquer. Faute sur lui, deux lancers lui sont accordés. Il rentre les deux et fait passer devant les siens 99-98.
La possession est dans les mains de l’URSS. Valdis Valters retente de marquer et subit une faute. Malheureusement pour lui, il rate ses deux lancers. Touche pour la Grèce après une lutte acharnée au rebond. Qui d’autre que Galis pour marquer, lui qui atteint la barre des 40 points inscrits. 101-98. Les locaux se rapprochent de l’exploit, mais Jovaiša égalise sur un panier à 3 points qui refroidit la salle. Il reste 36 secondes à écouler dans cette prolongation, 101-101.
Ballon par la Grèce, Argiris Kambouris obtient une faute. Ayant le ballon du titre, il ne tremble pas et inscrit ses deux lancers. C’était l’effusion de joie pour les supporters helléniques. Le banc grecque était intenable et sentait le parfum de la victoire finale se rapprocher. Mais il reste 4 secondes à jouer. Tout est encore possible, même sir l’URSS n’a pas de lancer franc.
Le ballon est envoyé loin devant, un dernier tir à 2 points de Jovaiša est tenté mais le ballon termine sa trajectoire sur la tranche du panneau. C’est fini. La Grèce triomphe à domicile et les joueurs, le staff, les supporters peuvent tous envahir le terrain et célébrer ce titre inespéré, et cette victoire dans l’un des plus grands matchs de l’histoire du basket européen.
Nikos Galis, avec une moyenne impressionnante de 37 points, a été nommé meilleur joueur du tournoi, et l’équipe du tournoi était composée de Nikos Galis, Panagiotis Giannakis, Andrés Jiménez, Šarūnas Marčiulionis et Alexander Volkov.
Au coup de sifflet final, une fête se déroule dans tout le pays. C’est le chaos dans les vestiaires. L’actrice grecque Melina Mercouri se retrouve soudainement dans les bras de Fasoulas et l’équipe arrive à l’hôtel Glyfada, après trois heures de route. Filippou a été contraint de descendre du car et de monter sur un deux-roues de la police routière afin d’arriver plus rapidement à Glyfada.
Là, Kostas Politis était attendu par sa mère, qui était malade et s’était levée pour se rendre à l’hôtel afin d’embrasser son fils. Le lendemain, l’armateur Yannis Latsis a envoyé un poème très émouvant à Politis, accompagné de chèques en blanc à distribuer aux joueurs. Les cadeaux provenant de partout et les invitations à séjourner sur différentes îles étaient un acte spontané de gratitude.
Le 14 juin 1987 a été un tremplin pour le développement futur de ce sport, mais surtout, il a marqué tous les Grecs à l’intérieur et à l’extérieur des frontières. Le sport grec avait besoin d’un succès, les Grecs attendaient un miracle et les hommes de Kostas Politis ont pris la tâche de devenir les héros dont toute la Grèce avait tant besoin.
Peu importe que le football ait toujours été le sport qui prévalait dans l’esprit des fans grecs. En moins d’une minute, deux tirs bien placés d’Argyris Kampouris lors de la finale contre l’Union soviétique ont suffi pour déclarer le basketball sport national.
Le déclin final de la Tchécoslovaquie
Deux ans après avoir fini sur le podium à la surprise générale, la Tchécoslovaquie repart en arrière et termine à la 8e place, éliminée dès les quarts de finale de l’EuroBasket 1987. Le premier match dans le groupe B avait donné le ton pour les Tchécoslovaques, avec une défaite 99-83 face à l’Israël. L’équipe était impuissante face à Jamchi et ses 37 points durant cette rencontre.
La Tchécoslovaquie s’est rattrapée ensuite avec une victoire sur l’Allemagne de l’Ouest. Un 95-72 convaincant avec le trio Juraj Žuffa-Kropilák-Brabenec combinant pour 64 points ensemble. Hélas, le lendemain, l’équipe chute encore, cette fois-ci de justesse face à la Pologne. 84-87, avec Dariusz Zelig inscrivant 30 points à lui tout seul, étant impossible pour la nation d’Europe Centrale à arrêter.
Malgré les 30 points d’un Rik Smits de 20 ans, les Pays-Bas n’arrivent pas à vaincre la Tchécoslovaquie. 89-108, avec une deuxième période exemplaire de la part des hommes de Pavel Petera. Le trio de Josef Jelínek-Brabenec-Havlík a combiné pour 70 points ensemble, et offre une victoire cruciale pour l’équipe nationale.
Avec un bilan de 2-2, la Tchécoslovaquie n’est pas encore sûre d’être qualifiée. Pour cela, il faudra faire mieux que l’Israël lors de la dernière journée du groupe B. Si les Israéliens battent la Pologne, alors les Tchécoslovaques devront battre l’Italie juste après.
Heureusement pour eux, l’Israël perd 77-83. La Tchécoslovaquie est qualifiée pour les quarts de finale, mais une lourde défaite 90-66, avec une deuxième mi-temps misérable et l’équipe incapable de ralentir Riva qui finit avec 32 points, ne rassure pas les observateurs quant à leurs chances au prochain tour.
4e du groupe B, la Tchécoslovaquie doit affronter le grand favori du tournoi, l’URSS, en quart de finale. Sans surprise, l’URSS l’emporte sans trembler : 110-91. Encore une fois, la seconde période a coûté le match aux Tchécoslovaques. Le duo Volkov-Valters a combiné pour 48 points, et a été un calvaire à gérer pour leurs adversaires.
Après deux défaites contre l’Allemagne de l’Ouest et la Pologne, la Tchécoslovaquie termine 8e. Après 1985, plus jamais la Tchécoslovaquie ne jouera pour une médaille à un EuroBasket. Elle ratera l’édition 1989, puis se fera éliminer en phase de groupe en 1991, avant la dissolution du pays en 1993.
EuroBasket 1989, le plus petit en 40 ans
Le Dom sportova de Zagreb, hôte de l’EuroBasket 1989. Crédit : Wikimedia
Pour la troisième fois, la Yougoslavie est l’hôte de l’EuroBasket. Entre le 20 et 25 juin 1989, 8 équipes se sont affrontées à la Maison des Sports de Zagreb, pouvant accueillir 3 100 personnes pour les matchs de basketball. Les équipes ont été réparties en deux groupes de quatre équipes chacun. Les deux meilleures équipes de chaque groupe se qualifient pour les demi-finales. Les vainqueurs des demi-finales à élimination directe se qualifient pour la finale, tandis que les perdants disputent un match pour la troisième place. Les troisième et quatrième équipes de chaque groupe se sont affrontées dans un autre tableau afin de déterminer les places 5 à 8 du classement final.
Champion d’Europe en titre, la Grèce compte bien conserver son titre, et peut toujours compter sur la machine à scoring Nikos Galis, le héros du précédent EuroBasket. Un nouvel entraîneur est en place cependant : Efthimis Kioumourtzoglou. Kioumourtzoglou était le premier assistant de Kostas Politis au sein de l’équipe nationale grecque qui a remporté la médaille d’or en 1987. Il prend la tête de l’équipe nationale grecque en octobre 1988.
Pour la deuxième fois de son histoire, et cette fois-ci sans grande controverse, l’URSS a remporté les Jeux Olympiques en 1988. Finaliste également du précédent EuroBasket, l’Union Soviétique est sans surprise favorite de cette édition. Arvydas Sabonis est de retour, et après d’excellents JO, il peut compter également sur Marčiulionis et Volkov, les meilleurs joueurs soviétiques en 1987.
Encore un nouveau nom sur le banc : Vladas Garastas. Le natif de Linkuva a fait son nom à Žalgiris Kaunas, où il a remporté le championnat de l’URSS à 3 reprises et fut finaliste de l’EuroLeague en 1986. Devant son public, la Yougoslavie compte retourner sur la plus haute marche du podium, après avoir fini 3e en 1987 et 2e en 1988. En plus de l’incontournable Dražen Petrović, Vlade Divac, qui sera drafté plus tard dans le mois par les Lakers, est un joueur également à suivre pour l’EuroBasket 1989. Dušan Ivković remplace Ćosić, qui a quitté son poste après le tournoi de 1987. Ivković était son assistant et a maintenant la tâche de faire mieux que son prédécesseur.
Enfin, l’Espagne 4e du dernier EuroBasket, compte se rattraper après une élimination surprise en quart de finale face à l’Australie lors des Jeux de 1988. Avec un excellent Andrés Jiménez comme leader, cette équipe n’est pas à sous-estimer.
La reconquête de la Yougoslavie
12 ans après leur dernier sacre, la Yougoslavie retrouve enfin le sommet de l’Europe en remportant l’EuroBasket 1989. Tout comme lors de la dernière édition dans le pays des Balkans, l’équipe nationale a su se surpasser devant son public pour offrir un sacre resté dans les mémoires.
Ivković a poursuivi le processus de rajeunissement amorcé par Ćosić en sélectionnant Predrag Danilović, âgé de 19 ans pour le Championnat d’Europe de 1989, mais aussi en complétant l’équipe avec plusieurs joueurs expérimentés, tels que Željko Obradović pour les Jeux olympiques de Séoul ou Mario Primora à l’EuroBasket de Zagreb.
Vlade Divac et Dražen Petrović, deux futures stars de la NBA. Crédit : photographe inconnu
Mike D’Antoni, alors meneur américain détenteur d’un passeport italien, a déclaré le jour du début de l’EuroBasket que la Yougoslavie comptait quatre joueurs qui pouvaient immédiatement rejoindre la NBA (Dino Rađa, Divac, Petrović et Toni Kukoč) et “peut-être Vranković et [Žarko] Paspalj aussi”. Les six ont rejoint la NBA dans les années qui ont suivi.
Au cours de six jours inoubliables pour les amateurs de basketball, l’équipe locale a remporté les cinq victoires, avec une avance moyenne de 20 points. Depuis l’époque glorieuse de l’Union soviétique, personne n’avait jamais remporté le titre de champion d’Europe avec une telle domination. La différence totale de points sur les cinq matchs était de +101.
Placée dans le groupe B, la Yougoslavie a commencé son tournoi avec une mise en garde pour le reste du continent : 103-68 face aux champions en titre. Galis a certes marqué 30 points, mais Petrović en a marqué 35, et le duo de Predrag Danilović et Dino Rađa a combiné pour 32 points.
Lors du deuxième match, le maillon faible du groupe est vaincu sans difficultés. 78-98 face à la Bulgarie, avec 33 points de Petrović. Déjà qualifiée, la Yougoslavie affronte la France qui a besoin d’une victoire pour espérer accéder au dernier carré.
Les Bleus donnent tout ce qu’ils ont, avec un duo Dacoury-Ostrowski exceptionnel qui finit la rencontre avec 54 points cumulés, et permet aux Bleus de mener 48-41 à la pause. Hélas pour les Français, la Yougoslavie passe à la vitesse supérieure en deuxième mi-temps, et avec le duo Petrović-Paspalj combinant pour 52 points pour mener les troupes, les locaux l’emportent 89-106. Mais, la France sort avec l’honneur d’avoir été la seule équipe à avoir tenu tête aux futurs champions pendant une période.
En demi-finale, les Yougoslaves rencontrent les voisins italiens. Ils ne laissent aucun espoir aux Azzurri, remportant la rencontre 97-89. Petrović, Kukoč, Paspalj, Divac et Rađa ont été inarrêtables et ont démontré la force de cette équipe. Certes, Dražen est excellent, mais il n’est plus tout seul. Il est l’arme principale d’une super team. En finale, ils vont retrouver la Grèce, qui grâce aux 45 points du héros Gilas, a battu l’URSS d’un point en demi-finale.
La Yougoslavie est arrivée en finale en grand favori et a pleinement justifié sa place. L’équipe a dominé, de l’entre-deux initial de Dino, aux panier à trois points de Petro, en passant par le 98e point de Zdravko, pour une victoire 98-77. Ce fut un jeu du chat et de la souris, une démonstration rare des Yougoslaves, qui n’a pas hésité en première mi-temps.
La Grèce était déjà menée de 15 points à la 10e minute, 16-31. Nikos Galis a ensuite enchaîné huit points consécutifs, et les champions d’Europe en titre ont réduit l’écart à seulement sept points à la 16e minute. Puis, pendant moins de cinq minutes, Petrović, Paspalj, Rađa, Divac et Jure Zdovc, aidés par Kukoč, ont fait un véritable carnage, et la Yougoslavie a atteint la mi-temps avec un score de 54-35.
Au début de la seconde mi-temps, les Grecs, reposés, ont retrouvé leur sang-froid et ont atteint un score acceptable de 44-55. Mais pas pour longtemps. En seulement six minutes, les locaux enchaînent un 21-3, et c’était pratiquement la fin de l’histoire. S’il y avait le moindre doute, il était complètement dissipé.
Que ça soit en contre-attaque ou en attaque posée, la Yougoslavie était trop efficace. Tous les joueurs étaient motivés, Petrović, Paspalj, Divac et Rađa se sont distingués, mais l’entraîneur Ivković a donné sa chance à chacun en seconde période, souhaitant que chacun ressente l’ambiance de la finale, car ils faisaient partie de cette grande équipe promise à un brillant avenir.
Nikos Gilas et Dražen Petrović, les deux meilleurs joueurs de l’EuroBasket 1989. Crédit : photographe inconnu
Félicitations à l’équipe hôte. Elle dispose de la meilleure équipe, sans aucune concurrence. Nous n’avons pas pu réitérer notre performance du match de demi-finale contre l’Union soviétique. En fait, si nous l’avions réitérée, cela ne nous aurait guère aidés”, a déclaré de manière très réaliste Galis.
Dražen Petrović a déclaré que ce n’était “que la première d’une série de médailles d’or que cette génération remporterait”, mais en raison de circonstances non sportives, ils ne sont restés ensemble que deux ans de plus. Mundo Deportivo a intitulé son article sur la finale “La génération qui restera dans l’histoire”. La Yougoslavie a réussi 34 tirs sur 50 à 2 points, 6 sur 11 à 3 points, 12 sur 18 lancers francs, a pris 26 rebonds, a intercepté 23 ballons, en a perdu 17 et a réalisé 20 passes décisives contre seulement 3 pour la Grèce. Galis a marqué 30 points, mais avec un faible pourcentage de tirs réussis, 10/25 pour 2 points.
Les statistiques globales du tournoi ont prouvé la supériorité écrasante de l’équipe yougoslave. Le pourcentage de tirs réussis était fantastique, avec 62 % pour les tirs à 2 points et 50 % pour les tirs à 3 points. Sans surprise, Dražen Petrović est nommé le MVP de l’EuroBasket. Il est accompagné dans l’équipe type du tournoi par ses coéquipiers Dino Rađa et Žarko Paspalj, ainsi que Stéphane Ostrowski et Nikos Galis.
Dražen Petrović avec le trophée de l’EuroBasket 1989. Crédit : photographe inconnu
Aux yeux de tous les observateurs, cette génération yougoslave qui a dominé l’EuroBasket 1989 allait être l’équipe des années 90. Hélas pour eux, tout ne va pas se passer comme prévu, et l’extra-sportif allait influencer la balle orange de manière définitive.
2000 - Boston Celtics - rédacteur
Plus qu'un fan des Celtics, j'adore faire des recherches sur le basket et mettre en avant les histoires et nations auxquelles on ne pense pas tout le temps. Un historien amateur qui espère éveiller votre sens de la curiosité dans ce monde intriguant de la balle orange!
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