Eric Gordon aurait pu avoir une meilleure carrière.
Eric Gordon aurait pu avoir une meilleure carrière.

Eric Gordon, talent NBA générationnel gâché par… la NBA

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Et si la NBA avait sapé la carrière de l’un de ses joyaux ? C’est en tout cas ce qui ressort quand on se penche sur l’aventure NBA de Eric Gordon. Le shooteur sans couronne aurait pu prétendre à une plus grande carrière, si la NBA en avait décidé autrement.

Nous sommes en 2011. Depuis trois ans, le jeune Eric Gordon fait les beaux jours des Clippers, dans l’ombre de l’autre franchise de Los Angeles. Excellent shooteur, l’ancien de la fac d’Indiana enchaîne les bons exercices et atteint un premier paroxysme après deux saisons. Ses pourcentages au tir sont stables, mais pour volume plus important. Il éclabousse de son adresse aux côtés de Blake Griffin, qui propose déjà un basket spectaculaire. Chacun d’eux finit la saison à plus de 22 points de moyenne par match.

Eric Gordon formait un jeune duo parfait avec Blake Griffin, encadré par le vétéran Baron Davis.

Eric Gordon est salué par les observateurs, qui le placent dans le top des arrières de la Ligue. Avec l’émergence de Deandre Jordan, le basket « Lob City » pointe le boute son nez. Il ne manque qu’un sérial passeur, rôle que peut endosser Gordon dont la progression est exponentielle, afin d’alimenter les deux big men gloutons et ainsi avoir des résultats.

Eric Gordon, victime de la NBA

À l’époque, l’un des meilleurs passeurs de la Ligue s’appelaient Chris Paul. Mais CP3, alors aux New Orleans Hornets, intéressent les Lakers qui veulent combler le manque à la mène à côté du génial Kobe Bryant. Un trade à trois équipes est bouclé : il envoie le petit meneur aux Lakers, pendant que Pau Gasol irait à Houston. Dans l’opération, New Orleans recevrait Luis Scola, Lamar Odom et Kevin Martin, des vétérans aux contrats longue durée qui pourraient donner un cadre à la franchise.

Problème, le propriétaire de NOLA à l’époque n’est autre que… David Stern, aussi commissaire de la NBA. La raison ? New Orleans est une franchise à vendre, et la NBA assure l’intérim entre deux propriétaires. David Stern voit alors d’un mauvais œil ce trade, et abuse de sa position de commissaire pour poser un veto sur le trade.

Sûrement l’un des plus grands « what if » de l’histoire récente : combien de titres auraient remporté Chris Paul avec Kobe Bryant sans le veto de David Stern ? Crédit : Andrew Bernstein.

Les échanges auraient imposé trois gros contrats au futur propriétaires des Hornets. Pas très vendeur si le repreneur veut reconstruire comme il le souhaite. Le « produit Hornets » perdrait en attractivité.

Le trade capote. Les Lakers voulaient répondre à Miami en constituant un big three all star avec Chris Paul, Kobe et Dwight Howard qu’ils comptaient aussi chercher. Il n’en sera rien. Pire encore, Paul prendra bien la direction de LA, mais rejoint les Clippers dans un surprenant trade incluant le rookie Al-Farouq Aminu, Chris Kaman un premier tour de draft et… Eric Gordon. À la surprise générale, Stern permet et pousse même ce trade qui offre de l’espace aux Hornets, tous les joueurs arrivants étant un contrat rookie, deux expirants et une pièce de reconstruction.

Un potentiel sans lendemain

Eric Gordon était à l’aube d’une immense prolongation chez les Clippers : il n’en sera rien non plus. Pire encore, le shooteur perd la santé, et rate 26 matchs pour des « problèmes de genou ». Difficile de ne pas y voir un mental touché. Il reviendra de sa blessure mais n’est plus le même joueur.

Dans l’ombre de The Beard, Eric Gordon a semblé revivre des bribes de son potentiel, loin de ce qu’il aurait pu imaginer aux Clippers. Crédit : NBA

Plus jamais Eric Gordon ne finira un exercice à plus de vingt points de moyenne. Sa réputation décline, il passe de joueur majeur à basketteur bien oubliable.

Un dernier frisson a lieu en 2017 lorsque l’arrière aux 31 printemps termine Sixième homme de l’année. Une belle revanche sur New Orleans, qui a mis du temps avant de lui proposer un contrat important malgré son talent, par peur d’une divergence avec le futur GM. Mais l’équipe sort au premier tour face aux redoutables Warriors.

Eric Gordon posant avec son trophée de sixième homme de l’année 2017.

Si l’on pouvait penser à un retour en grâce du sniper, il est barré par la concurrence de la raison de tous ses maux. Chris Paul rejoint James Harden pour un backcourt alléchant sur le papier, mais le rendement n’est pas au rendez-vous : les Rockets sont meilleurs durant la blessure de Chris Paul, quand Eric Gordon prend sa place. Mais CP3 reprend sa place dès son retour. Le temps de jeu sur la saison est élevé pour Gordon (31 minutes) mais faussé par cet intérim.

Il perd en rythme en même temps qu’il perd la forme au fil des années. Preuve en est, il a déjà contracté plus de 53 blessures depuis 2017. Pas facile de se faire une place dans le cinq du chantier de Houston, ni de légitimer son gros contrat à plus de 12 millions par an.

Fin de carrière sous le soleil ?

Pour la première fois de sa carrière, il est transféré en cours de saison des Rockets aux Clippers en 2023. Le retour à la maison se passe bien avec les fans qui l’adulent. Les propriétaires comptent sur lui pour épauler les superstars Paul George et Kawhi Leonard. Malgré ses attentes autour de son apport, son temps de jeu diminue de nouveau et passe sous les 25 minutes. La faute à une concurrence exacerbée, et à un âge qui commence à peser.

La belle histoire prend fin à l’expiration de son contrat à l’été 2023. Preuve de sa réputation auprès des joueurs, il quitte un fort projet pour un autre : les Phoenix Suns. Un contrat de 6 millions sur deux ans, idéal pour les finances des Suns qui garnissent leur second unit d’un élément d’expérience.

Derrière Devin Booker, Kevin Durant, Bradley Beal et même Grayson Allen, l’arrière apporte 11 points de moyenne, plus faible total de sa carrière. Il s’était d’ailleurs dit mécontent de son rôle en attaque. L’avenir nous dira si son expérience en post-season lui redonnera du temps de jeu et des responsabilités en playoffs.

Jamais Eric Gordon n’aura donc atteint son plein potentiel, malgré quelques flashs chez les Rockets de James Harden, mais dans un rôle de second couteau. La NBA venait peut-être de gâcher une future superstar. Mais un destin brisé était bien le cadet de ses soucis…

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Arthur Puybertier

Drafté par l'IFP Paris, formé à l'Académie ESJ Lille. J'écris aussi pour la Presse de la Manche. Co-fondateur du média MONEO (@moneo_media sur Instagram).
Supporter du Thunder depuis Russell Westbrook et des Bucks depuis Michael Redd (pas toujours facile mais ça paye).

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