Présenté au moment de sa Draft comme un shooteur ultra-efficace, on peut dire que Desmond Bane n’a pas déçu. Il a montré dès son arrivée dans la ligue qu’il pouvait être létal à trois points, lui qui tourne à 42,5% de loin en carrière avec 5,9 tentatives par soir. Pourtant il a développé d’autres facettes de son jeu. Sont-elles suffisantes pour faire de lui un potentiel All-Star ?
Un shooteur d’exception
Lorsqu’on voit jouer Desmond Bane, on remarque immédiatement la difficulté des tirs qu’il prend. Les catch-and-shoot ne représentaient en effet que 50% de ses shoots à trois points la saison dernière. Il est pourtant l’un des joueurs les plus efficaces, comme le montre son Adjusted True Shooting Percentage de 105 (comparé à la moyenne de la ligue, sa réussite est supérieure de 5%) ou bien son nombre de points par tir tenté (1,23 ; 82e centile).
En réalité, c’est sur pull-up que l’arrière de Memphis a progressé pour devenir élite.
Il tourne en effet à un très joli 40,1% sur ces tirs de loin, ce qui est excellent. Si on se focalise sur les joueurs en tentant au moins 3 par rencontre, il est le 2e meilleur de NBA en termes d’efficacité, derrière Stephen Curry bien évidement.
Mais c’est surtout en transition où il utilise à merveille cette arme pour scorer. Desmond Bane est en effet le 3e joueur à inscrire le plus de points en contre-attaque. Même s’il se projette très vite pour aller au cercle, le pull-up en transition reste une part importante. Il est d’ailleurs devenu un véritable spécialiste sur ce type de play.
Cette capacité à pouvoir sanctionner par le shoot lui permet alors de créer off-ball. On observe qu’il est toujours en mouvement une fois qu’il lâche le ballon. Il est régulièrement impliqué dans des situations de give-and-go avec ses intérieurs, où il peut dès lors proposer des actions de hand-off intéressantes.
Il a par ailleurs une bonne compréhension du jeu, notamment dans la lecture des écrans où il est plutôt satisfaisant pour se démarquer tout au long du match grâce à son endurance. On voit d’ailleurs dans les chiffres qu’il tourne à 0,98 point sur ce type de play sur les deux dernières saisons, ce qui le place légèrement au-dessus de la moyenne de la ligue.
Par sa gravité liée à son tir, il reste menaçant même quand il est loin du ballon. Il écarte donc les défenses, ce qui ouvre des lignes de drives intéressantes pour ses coéquipiers – comme Ja Morant –. Il permet notamment de créer du mouvement à cette attaque de Memphis qui peut-être un peu trop statique par séquence.
Une progression surprenante balle en main
Au-delà de ses qualités de shooteur, Bane est devenu un joueur bien plus complet. Il s’est vraiment amélioré au niveau de son handle, ce qui lui permet d’être bien plus agressif balle en main (25,6% d’usage rate ; 88e centile).
Il a progressé sur l’attaque d’intervalle en utilisant son dribble. On remarque que son nombre de drives par rencontre a plus que doublé, passant de 3,5 en 2021 à 8,9 en 2023. Grâce à sa vitesse ainsi que son centre de gravité assez bas, il est un danger pour les adversaires qui veulent le contenir. Il est bien évidemment loin d’être un spécialiste sur ces actions puisqu’il se situe au même niveau de volume que Mike Conley ou Killian Hayes.
Cela lui permet d’ajouter une menace supplémentaire à son jeu quand les défenses se montrent très agressives sur lui. Il peut dès lors poser plusieurs dribbles pour aller chercher des points dans la raquette. Sa fréquence de tentative au panier à bien augmenté l’année dernière puisqu’il prenait 30% de ses tirs à moins 1,5m du cercle (56e centile à son poste), contre 20% sur ses deux premières saisons.
On peut néanmoins regretter une efficacité assez moyenne sur ces shoots-là (62% ; 37e centile) qui s’explique principalement par un manque de diversité dans ses finitions. On l’a vu à plusieurs reprises essayer de terminer en force en utilisant sa musculature bien développée, ce qui justifie la hausse du nombre de lancers obtenus (3,5 contre 0,7 en 2021). Attention puisqu’il reste tout de même en dessous des standards de la ligue en termes de lancers provoqués (82 de Free Throw Rate Adjusted).
Il est pourtant devenu une menace sur pick-and-roll (PnR) où la gravité de son shoot offre de meilleurs angles de passes. Il a ainsi des lectures de jeu très intéressantes – que je place personnellement un peu au-dessus de la moyenne – en particulier sur des « pocket pass » pour ses intérieurs.
On remarque que depuis 2021 il s’est amélioré sur PnR à la fois en volume et en efficacité. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant s’il était l’un des créateurs principaux de sa team la saison dernière (20,2% d’assist percentage ; 95e centile), notamment quand Ja Morant et/ou Tyus Jones n’étaient pas là.
Je pense néanmoins que cette progression est à nuancer. Desmond Bane est certes un bon initiateur pour son équipe, mais il reste loin d’être élite pour la création personnelle. Il n’est pas un joueur d’un contre un, comme le montrent ces faibles chiffres en isolation, et semble dépendre du mouvement de balle pour être optimal. Ainsi, même s’il a enregistré une baisse de son pourcentage de panier assisté (de 82% à 60%), cela doit encore être confirmé.
Il n’est par ailleurs pas un véritable métronome quand il a le ballon. On remarque en effet qu’il reste avant tout un scoreur plutôt qu’un passeur. Ces qualités lui permettant néanmoins d’être un – très ? – bon second ball-handler pour sa team. On l’a d’ailleurs vu la saison dernière pas mal responsabilisé balle en main quand il évoluait avec la 2nd unit.
Quel type de défenseur est-il ?
Du haut de ses 1,96m, Desmond Bane a prouvé depuis son arrivée dans la ligue qu’il pouvait être un très bon défenseur sur le backourt. Il est en effet un joueur réfléchi qui prend rarement des risques et qui préfère rester face à son opposant plutôt que de tenter l’interception hasardeuse. Desmond Bane montre pour autant beaucoup d’envie pour gêner son adversaire directe.
Il possède une bonne mobilité latérale qui lui permet de rester face à ces adversaires. Sa vitesse et également un atout lorsqu’il doit s’occuper de joueurs plus vifs. On remarque d’ailleurs qu’il défend beaucoup sur les meneurs adverses par son combo de rapidité et de force physique.
Il est un élément primordial à la défense de son équipe puisque la saison dernière, Memphis avait un défensive rating de 110,7 points quand il était sur le parquet (équivalent à la 2e meilleure défense) tandis qu’il chutait à 113,3 points lorsqu’il n’était pas présent (soit la 9e meilleure défense).
Cette baisse est bien évidemment à relativiser, car Memphis reste tout de même une défense top 10 en l’absence de son arrière. L’objectif est ici de souligner l’importance qu’a pris Bane dans le système de sa team au fil des années. Pour la première fois depuis son arrivée dans la ligue, la défense de Memphis diminue autant en son absence.
On peut néanmoins reprocher à Bane son envergure (« seulement » 195cm, soit moins que sa taille) qui le limite grandement. Il ne peut pas être très efficace lorsqu’il vient en aide puisque sa taille l’empêche de protéger son cercle ou de gêner les lignes de passe.
Il peut par ailleurs manquer de concentration par séquence off-ball. Cela se remarque notamment aux rebonds où il lui arrive d’oublier de faire les box-out. L’arrière est en réalité un bien meilleur défenseur on-ball, où il peut justement ne pas avoir à se focaliser sur autre chose que son adversaire directe.
Il est donc difficile pour lui de s’occuper des ailiers qui sont plus grands, plus lourds et qui possèdent également une envergure plus importante. Or il semblerait que Taylor Jenkins envisage de le faire jouer davantage au poste trois quand Ja Morant sera de retour.
Quel sera son rôle à Memphis cette saison ?
On a vu en début de saison dernière un Desmond Bane très responsabilisé, nous gratifiant de grosses performances (24,7 points, 4,9 rebonds, 4,8 passes sur les 12 premiers matchs). Même s’il a eu un peu de mal à revenir après sa blessure à l’orteil droit – qui a nécessité une opération cet été –, il a tout de même bien fini, notamment quand Ja Morant a été mis de côté. Il a d’ailleurs fait une assez bonne série contre les Lakers où même s’il a connu une légère chute d’adresse (32,0% de loin), il a continué à prendre des initiatives (23,5 points, 6,0 rebonds, 3,2 passes).
Mais après ce dernier exercice très compliqué tant sur le parquet que dans les coulisses, Memphis veut redevenir un candidat sérieux à l’Ouest. La franchise a réalisé quelques changements cet été, en se débarrassant notamment de Dillon Brooks qui n’était plus en odeur de sainteté en raison de son comportement – et également de sa sélection de shoots –.
De par la suspension de son meneur titulaire, Bane devrait être vraisemblablement aligné au poste 2 en début de saison, où il sera associé à Marcus Smart. Leur duo sera très fascinant à observer du fait de leur possible complémentarité à la fois en attaque et en défense.
Mais avec le retour de Ja Morant, il pourrait davantage évoluer à l’aile, à moins qu’un autre joueur franchisse un cap (coucou Ziaire Williams et David Roddy). Il sera d’ailleurs intéressant de voir comment Jenkins organise ces rotations en fin de match, lui qui possède un effectif assez complet.
Bien évidemment, Desmond Bane sera un élément central de son système. L’équipe du Tennessee était dans le ventre mou en termes d’offensive rating sur la saison (15e avec 114,6 points), alors même qu’ils avaient été excellents l’année précédente en étant la 5e meilleure attaque. L’absence de Bane a pesé sur sa team, qui tournait à un moyen 35,3% de loin sur l’entièreté de la saison (15e de la ligue).
On remarque d’ailleurs que lorsque Bane n’était pas sur le terrain, Memphis avait une attaque médiocre (112,9 points à l’offensive rating) puisque cela était équivalent à la 6e pire de ligue. Mais à parti du moment où l’arrière était sur le parquet, ce chiffre montait à 119,4 points par 100 possessions, soit la meilleure attaque de toute la NBA. Cela est d’autant plus vrai à trois points étant donné que son équipe passait de 32,6% de loin quand il n’était pas là à 37,9% dès qu’il était présent.
Voyant son développement et l’importance qu’il a pris sur le terrain, ces dirigeants n’ont pas hésité à le prolonger à prix d’or cet été (207 millions sur cinq ans). Sous contrat jusqu’en 2029, il est bien évidement un joueur central de la franchise.
J’ai néanmoins des doutes sur la marge de progression qu’il lui reste. À cause de son physique, il pourrait être limité sur certains aspects qui l’empêcheront d’être élite autrement qu’au shoot. Ses qualités de création sont certes intéressantes, mais il ne semble pas avoir l’âme du passeur.
Il parait en l’état actuel impossible pour lui de devenir All-Star, à moins de s’améliorer sensiblement à la création tout en prenant encore plus de shoot, notamment en l’absence de Ja Morant. Ou bien en réalisant une superbe saison collective avec Memphis, forçant les votants à sélectionner au moins deux joueurs de Memphis.
Est-ce qu’on n’aurait pas finalement face à nous la version – presque – ultime de Desmond Bane, à savoir une très bonne 3e option au sein d’une équipe contender ?
Toujours est-il que Desmond Bane est aujourd’hui un joueur référencé à son poste. Même s’il ne semble pas avoir un potentiel de All-Star, il est sûrement l’une des meilleures troisièmes options de toute la ligue. Complémentaire à Ja Morant et Jaren Jackson Jr, il est assurément un des éléments majeurs du projet de Memphis, qui attend toujours de remporter son premier titre.
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